Saturday, December 16, 2006

Con mi burrito sabanero voy camino de Belén, si me ven, si me ven, voy camino de Belén (Ricardo Cuenci - Mi burrito sabanero)

En bonne guide touristique, je commence par emmener Sumi faire un tour dans la Candelaria. Le ciel est menaçant, mais pas assez pour nous arrêter (photos signées Sumi).


Après un premier tour, les estomacs se creusent, mais… damned ! Ma cantine préférée de la Candelaria – Tentacion Candelaria – est fermée le week-end !! On se rabat sur un "restaurante casero", où on commande l’"almuerzo corriente". On est entourée d’hommes : des ouvriers du coin en pause déjeuner, des groupes d’amis alignant les bouteilles de bière, des pères de famille avec leurs fils. C’est intimidant au départ, mais finalement l’ambiance est très conviviale. La soupe est délicieuse (rien n’égale le coriandre frais) et la viande en sauce est à tomber par terre. Sumi n’en croit pas ses papilles.

On décolle enfin et je lui montre les musées qu’elle visitera les prochains jours pendant que je serai au travail. Après quelques heures de marche, le besoin de carburant se fait à nouveau sentir, alors on se pose à l’étage de La Puerta Falsa. C’est le plus vieux restaurant de Bogota, ouvert depuis 1816. Les quelques tables et les bancs en bois sont serrés les uns contre les autres, mais un énorme miroir du bas en haut du mur donne l’impression d’être dans un grand restaurant. La Puerta Falsa ne sert pas de repas, mais juste des en-cas typiques du centre de la Colombie : tamales, almojabanas… et bien sûr le célèbre chocolate santafereno. Sumi est aux anges et trouve que son séjour en Colombie ne pouvait pas mieux commencer.

Friday, December 15, 2006

J'allais enfin retrouver ma famille que j'avais laissé de l'autre coté de l'océan depuis si longtemps (Perle Lama - Plus jamais seule)

Je vais chercher Sumi à l’aéroport. Vu qu’en général, c’est moi qu’on vient chercher et qu’après 10h de vol on ne pense qu’à sortir le plus vite possible de ce truc, je ne connais pas bien les lieux et je demande à un policier où sont les arrivées. "Derrière vous", me dit-il. Je me retourne et là, je me retrouve nez à nez avec une foule impressionnante ! Tous endimanchés, du bébé à la grand-mère, préparant caméscopes et appareils photos pour immortaliser l’instant, brandissant des bouquets de fleurs, des cadeaux, voire carrément des posters et banderoles de bienvenue avec les photos des êtres chers, le tout dans une atmosphère d’euphorie généralisée !

Ce soir-là, trois vols arrivent des Etats-Unis en moins d’une demi-heure. Je réalise alors l’ampleur de l’immigration des colombiens, surtout aux Etats-Unis (1.2 millions!!), et ce que cela signifie concrètement pour le pays. Ici, tout le monde connaît au moins un cousin ou un voisin parti à l’étranger. Et avec la période des Fêtes qui approche, ce sont les retrouvailles avec les émigrants. Plus de la moitié des passagers qui arrivent sont clairement des émigrants : hommes et femmes dans la force de l’âge ; acclamés par leur famille comme des héros. Et voilà Sumi qui se fraie un passage ! L’accueil est moins bruyant, mais le cœur y est :-)

Thursday, December 14, 2006

Sky is the limit and you know that can have what you want, be what you want (Notorious BIG feat 112 - Sky's the Limit)

Ca y est ! J’ai réussi en partie mon projet colombien !! Je suis sur un nuage !!! C’est la fête !!!!

Aujourd’hui à 16h30, j’ai reçu un coup de fil m’annonçant que j’ai été sélectionnée pour le job pour lequel j’ai passé l’entretien téléphonique le jour de mon annif. Ca m’a donc vraiment porté chance.

C’est un début, et j’espère, un déclic. C’est un contrat initial de mi-temps pendant deux mois, prolongeable ensuite en un contrat de quatre mois, sûrement à temps plein celui-là. Et la cerise sur le sundae : c’est la Banque Inter-Américaine de Développement qui finance le poste, et ça sera donc un contrat direct avec eux. Dispensé d’impôts vu que c’est un contrat avec une organisation internationale, s’il vous-plaît :-) Je vais donc travailler dans– ou plutôt être – le Secrétariat d’organisation d’une conférence internationale qui aura lieu en mai 2007 à Bogota, sur le thème de l’évaluation des projets de coopération internationale. Autant dire que c’est une occasion de se construire un joli carnet d’adresses histoire d’assurer l’après conférence. Je vais travailler dans les locaux d’une Fondation spécialisée dans l’évaluation de projets de coopération internationale en Colombie, dans un quartier commerçant très sympa et très central (Chapinero). Et je commence… lundi !

Bon, pour mon premier Noël les doigts de pied en éventail sur le sable fin des Caraïbes, c’est raté. Et mon amie de Concordia University arrive demain pour ce qui allait être trois semaines de visites et de voyages ensemble à travers la Colombie. Il va falloir improviser :-) En même temps, je vais enfin gagner des sous au lieu d’en dépenser, et ça va faire du bien !

Tuesday, December 12, 2006

Me voy a regalar, en esta Navidad, un cariño nuevo (Marc Anthony - Me voy a regalar)

Le mois de décembre en Colombie, c’est comme le mois d’août en France. Courses de Noël en plus, évidemment. Et donc, au lieu que la ville se vide de ses vacanciers, elle se remplit de consommateurs ! Depuis quelques jours, c’est la pagaille en ville. Monter dans une buseta devient une plaie, et trouver une place assise tient de l’héroïsme. Et ce n’est que le début des soucis ; puisque la buseta roule 10m avant de se retrouver dans le bouchon du siècle… Les heures de pointe débordent largement sur le milieu de la journée. Les temps de trajet en taxi, voiture et buseta sont multipliés par 2. Heureusement, il reste mon cher TransMilenio, mais il faut aimer le contact humain !

Cette année, la ville inaugure la première ciclovia nocturne, spéciale période de Noël : le 14 décembre, un des axes rouges de Bogota sera fermé aux voitures en soirée. Et toute une zone piétonne a été créée autour de la Plaza de Bolivar. Ouf, on respire un peu !

Sunday, December 10, 2006

My christmas tree doesn't look the same as it always has before (The Temptations - My Christmas tree)

La "Noche de las Velitas", c’est le vrai début de la période de Noël pour les colombiens. Les magasins et les parcs ferment plus tard. Les radios passent des salsas, des merengues et des chansons rétro sur le thème de Noël. Etrangement, la plupart de ces chansons sont des chansons à boire plus que religieuses, hahaha… Beaucoup de bureaux ont fermé jeudi dernier au soir, et les travailleurs sont donc en vacances pour un mois, comme les étudiants qui ont terminé, eux, dès fin novembre.

A partir du 7 décembre, toutes les décorations de Noël sont donc en place. Chez ma propriétaire, ça a été le branle-bas de combat ces derniers jours. Tous les bibelots, vases, et porcelaines ont été évacués. Et des caisses et des caisses de décorations ont fait leur entrée. La dame aura mis 3 jours pour tout installer ! En plus du sapin, des dizaines de bougeoirs, de clochettes, de couronnes, de rubans, de bonhommes de neige, de lutins et de Pères Noël de toutes les tailles et de toutes les consistances, plus une collection de crèches miniatures ont envahi toutes les pièces de l’appartement (salles de bain comprise). Même le labrador a un foulard spécial Noël…


Friday, December 08, 2006

Que linda la fiesta es en un ocho de diciembre (Diomedes Diaz - Las cuatro fiestas)

Malgré le fait de fêter mon annif presque seule à l’autre bout du monde, j’ai eu une jolie consolation. En effet, le 7 décembre au soir dans le centre du pays, le 8 à l’aube sur la Côte, tous les colombiens allument des bougies. C’est la "Noche de las Velitas" dans tout le pays, en l’honneur de la Vierge, fêtée le 8 décembre. Et donc j’apprends… que le 8 décembre est un jour férié en Colombie, ce qui veut dire que dorénavant je vais pouvoir fêter mon annif jusqu’au bout de la nuit et lézarder sous la couette le lendemain. Trop bien cette tradition ;-)

Thursday, December 07, 2006

Jai sei chutar a bola, agora so me falta ganhar (Tribalistas - Ja Sei Namorar)

Aujourd’hui, c’est mon annif ! Pour autant, je me réveille avec l’estomac noué. Hier, j’ai appris que j’aurai un entretien téléphonique à 12h30. Ben finalement ; ça change pas… Avant, il y avait toujours un partiel qui tombait le jour de mon annif ! Là, c’est un entretien téléphonique, car deusw responsables sont à New York et la troisième est à Cali. C’est assez bizarre et intimidant. D’abord, d’attendre le coup de fil en pyjama dans ma chambre ! Et puis, on ne peut pas dissimuler ses hésitations, on ne voit pas les réactions des interlocuteurs et surtout pour moi : on ne peut pas s’aider de la gestuelle pour mieux comprendre la langue (et éventuellement : l’accent). Mais en fait, ça a aussi ses avantages : pour que tout le monde se comprenne malgré la distance et la qualité variable des lignes téléphoniques, mes interlocutrices ont parlé lentement et en articulant, ce qui m’a facilité la tâche. Bon, maintenant il ne me "reste plus" qu’à transformer l’essai et décrocher un screugneugneu de job…

A 13h30, je peux enfin commencer à savourer mon annif. La dame qui m’héberge et sa fille m’ont offert une parure (collier et boucles d’oreille) avec l’ordre de l’étrenner lors de mon premier jour de travail, hehehe… J’ai reçu quelques coups de fil, mais pas de Môman, vaincue par la technologie du paiement par Internet de crédits téléphoniques, hihihi… Et le soir… fiesta avec Suzie et quelques potes à la Casa de la Cerveza. Dans le groupe, un pote fête son annif le 8 décembre, donc à minuit j’ai passé le relais ;-)

Monday, December 04, 2006

Baby, can't see a damn thing out my window, it's so dark, so dark, so dark (Prince - So dark)

Vers 19h, je sors de chez Elfi. Comme toujours à cette heure , c’est le bordel sur la Carrera 11. Je continue à descendre pour prendre le TransMilenio. La nuit est anormalement obscure. Arrivée au bus, je comprends enfin ! Les bars sont éclairés à la bougie ; la station de bus est à peine éclairée par un générateur. "Se fue la luz", comme on dit ici…

Le bus file à toute allure, longeant la Avenida Caracas totalement bouchée. Vu depuis le pont du TransMilenio, c’est la pagaille dans toute la ville puisque pas un seul feu rouge ne fonctionne. Arrivée dans mon quartier, je trouve mon chemin grâce aux bougies des gardiens d’immeuble. J’ai mon petit lecteur MP3/radio, et le présentateur annonce une coupure d’électricité dans presque tout Bogota, une partie de Medellin, Cucuta et tout l’Eje Cafetero. Innocemment, je me dis que le réseau n’a pas résisté à toutes les décorations lumineuses de Noël. Mais lorsque j’annonce les dernières nouvelles au gardien et à la dame qui m’héberge, ils ont la même réaction : "c’est une bombe ! ". Ils m’expliquent qu’une coupure d’une telle ampleur a sûrement été provoquée par une bombe des FARC, comme il y a quelques années. On restera dans le noir pendant plus de trois heures ce soir là…

En fait, c’est une combinaison de facteurs qui a provoqué cette coupure d’électricité. Le samedi précédent, les FARC ont effectivement saboté une centrale près de Bogota. Le sabotage d’infrastructures (électrique, pétrolière…) est une méthode très utilisée par la guerrilla pour nuire à l’Etat colombien. Ce sabotage est d’ailleurs le numéro 152 de l’année 2006, rien que sur les infrastructures électriques. Ces jours-là, il y avait aussi des travaux sur le réseau reliant le centre du pays à la Côte Caraïbe. Et enfin, le réseau n’a pas pu gérer tant de problèmes à la fois pendant une période de forte demande d’électricité. Il a rendu l’âme… Plus d’un million de colombiens se sont retrouvés dans le noir pendant 3h. Et j’ai pu découvrir que dans certains quartiers, comme El Nogal, où sont situées plusieurs ambassades, de nombreux immeubles ont leur propre générateur et leurs habitants ne se sont même pas rendus compte de la coupure ! Quant à nous, on a dû sacrifier les bougies de déco de Noël :-)

Friday, December 01, 2006

Allumer le feu et faire danser les diables et les dieux (Johnny Hallyday - Allumer le feu)

Ce soir à 19h30, le maire de Bogota, Luis Eduardo (Lucho) Garzon, a allumé les décorations de Noël. De nombreuses avenues et de nombreux parcs sont illuminés. Au centre de la Plaza de Bolivar, il y a carrément un château de lumière.





Dans le parc de la Carrera 15 # Calle 87, c’est un champ de petits sapins de lumière. Dans le Parque de la 93, c’est un faux sapin de 30 m de haut brillant de mille feux. A Usaquen, c'est la féerie autour de l'Eglise.



Dans le Parque Simon Bolivar, deux dragons illuminés sortent du lac. Dans le Centro Andino, il neige (du polystyrène). Dans la Zona T, c'est un ciel d'étoiles.



En fait, c’est tout un parcours d’illuminations que la Mairie a mis en place pour le période des Fêtes.

La Mairie est en avance, car ici la tradition c’est de décorer à partir du 7 décembre. Mais c’est le lancement des festivités, et toute la semaine les particuliers, les gardiens d’immeuble et les magasins installent petit à petit les décorations. Des sapins poussent partout, devant les centres commerciaux et sur les places importantes. Comment fait-on pour semer des sapins géants à tous les coins de rue si près de l’Equateur ? C’est simple. On monte une armature métallique en forme de cône renversé. Puis on lui fixe des fausses branches en rangs serrés, et on décore comme si c’était un vrai sapin. Je dois dire que c’est assez bien fait ; ça ne fait pas trop "sapin en plastique"… et ça ne sème pas des aiguilles partout ! Les immeubles résidentiels des quartiers chics rivalisent de décorations : sapin dans le hall d’entrée, guirlandes clignotantes sur la façade, biches et traîneaux lumineux sur les pelouses. C’est le festival ! Je retrouve pas mal de ce que j’avais découvert à Montréal. Les goûts en matière de décoration sont similaires, même s’il n’y a pas la neige pour donner la dimension féerique.

Wednesday, November 29, 2006

It's hard to believe that I'm all alone, at least I have her love, the city she loves me (Red Hot Chili Peppers – Under the Bridge)

Calle 26 # Carrera 6a, 10h :

Une jeune femme traverse tranquillement la rue en piochant dans son paquet de chips ; tout dans son apparence montre qu’elle n’est pas d’ici. Les traits européens, les cheveux et les yeux clairs… elle est visiblement occidentale, même si on peut se tromper. Elle porte un petit débardeur et une jupe légère alors qu’à Bogota les Colombiens ont toujours froid, avec des chaussures de marche façon trek au Tibet. Cerise sur le sundae, comme on dit à Montréal : elle porte sur les épaules un énorme sac à dos façon Décathlon 150L spécial camping, 15 poches et lanières qui pendent de partout.

Tous les passants se retournent sur son passage les yeux écarquillés. Bah oui ! Pourquoi chercher à se fondre dans la masse quand on a maîtrisé le look du parfait Routard en vadrouille à ce point ?! Et après tout, pourquoi se prendre la tête à passer inaperçu dans l’un des 10 pays les plus dangereux du monde ? Hein ? Je vous le demande… C’est inutile d’être parano en Colombie, mais y’a quand même un minimum… Mais bon, c’est beau de voir qu’il y a encore des vrais routards "peace & love" qui ont confiance en la bonté naturelle de l’Etre Humain… jusqu’à la prochaine buseta à Cartagena ?

Tuesday, November 28, 2006

They call me Superman, I'm here to rescue you (Eminem - Superman)

Carrera 13 # Calle 60 – Chapinero, 15h :

Un super héros marche tranquillement dans la rue. Combinaison multicolore avec un grand S fluo sur le torse. Sur les épaules, deux containers métalliques façon réservoirs de carburant : on dirait qu’en appuyant sur un bouton, des flammes vont sortir en-dessous des containers et que le gars va s’envoler comme le Professeur Tournesol.

Soudain, il pousse son cri de super héros : "Tinto, tinto, tintoooooooooooooooooooo !!!!!!" Eh oui, c’est SuperCafé, le vendeur de café chaud, avec ses thermos géants sur le dos :-D

Tous les vendeurs ambulants de café ne sont pas en uniforme, et la plupart portent à la main leurs thermos en plastique, mais attention! SuperCafé... c'est le super héros du café !!!

Sunday, November 26, 2006

Poulet est trop petit-oh, ça peut pas te rassasier-oh, c’est caïman braisé-oh, je vais te donner-oh (Magic System – Premier Gaou)

Cora est repartie à Ottawa hier soir, sniff… On a convenu que la première fois qu’on se verrait, on parlerait français, hahaha… N’empêche, c’était ma première visite à Bogota, et ça m’a vraiment fait plaisir.

Ce midi j’ai été invitée à déjeuner chez Catalina. Au menu du jour : bandeja paisa, une spécialité de la région de Medellin (Antioquia). Je vous explique : haricots rouges avec chicharrones (lard frit), riz et viande hachée, banane frite, arepa (galette de farine de maïs), avocat, salade composée… Autant dire que je n’ai rien mangé le soir…

Dans l’après-midi, histoire de digérer, on a regardé Broken Flowers, de Jim Jarmusch, avec Bill Murray. Euh… appel à ceux qui ont vu le film : avez-vous compris quelque chose ?? C’est typiquement le genre de film qui pourrait être super, très bien joué, très bien mené, mais où le scénariste a trouvé vachement plus drôle de terminer l’histoire en queue de poisson, histoire de laisser le spectateur dans le flou le plus total, parce que ça fait tellement plus "Sundance Festival" qu’un vulgaire dénouement… Si le but c’était de dérouter le spectateur, il valait mieux faire un finish à la Usual Suspects… Bref, décevant à mon humble avis… La digestion de la bandeja paisa aurait mérité mieux ;-)

Saturday, November 25, 2006

Que no existan diferencias entre nosotros Hispanos (Gloria Estefan - Hablemos el mismo idioma)

Avec Cora, je me rend compte qu’à mesure que mon espagnol s’est fluidifié, il s’est aussi "colombianisé", et que je me suis aussi habituée aux expressions régionales.

Cora avait besoin d’acheter quelques fringues. Je lui ai proposé d’aller dans "un almacén" pour avoir plus de choix que dans "una tienda". Et là je vois que Cora me regarde d’un air dubitatif… Après explications, il ressort qu’en Colombie "almacén" c’est plutôt un grand magasin et "tienda" une petite boutique alors qu’en Argentine… c’est exactement le contraire ! Dans le magasin, elle s’arrache les cheveux avec les vendeuses pour des questions de vocabulaire : "camiseta" argentine contre "blusa" colombienne, "falda" colombienne contre "pollera" argentine…

Plus tard, j’ai essayé d’expliquer à Cora comment prendre le TransMilenio (mais en bonne usagère novice, elle s’est évidemment perdue !). Je lui dis : "No tengas pena en preguntar a la gente". A quoi elle répond qu’elle ne voit pas pourquoi ça devrait la traumatiser de demander son chemin aux gens. Effectivement, "tener pena" en Colombie, c’est être gêné, alors que pour tous les autres hispanophones, c’est être triste !
Euh... on parle tous la même langue en théorie, mais en pratique c'est autre chose!

Friday, November 24, 2006

Dile a Catalina que me mande el guayo que la yuca se me está pasando (Sierra Maestra - Dile a Catalina)

Ce soir-là, on est allés boire un verre dans le quartier de Chapinero. Cora m’a présenté à ses amis colombiens et leur a ordonné de me prendre sous leur aile, hahaha. Catalina (au centre) parle français parce qu’elle a passé un an à Paris, donc on échange les cours de conversation et de vocabulaire ;-) Le groupe d’amis s’est formé à la fac… de Droit, et donc ils sont tous… avocats ! C’est un mystère pour moi de constater que la moitié de mes connaissances sont avocats ou juristes alors que j’ai toujours détesté le Droit et que je n’ai jamais suivi un seul cours d’introduction à la matière. A force, je me demande s’il n’y a pas quelqu’un qui cherche à me faire comprendre quelque chose ?!!

Thursday, November 23, 2006

Soy del Sur, como los aires del bandoneon (Gotan Project - Vuelvo al Sur)

Cora, une amie de Concordia University, est arrivée en Colombie la semaine dernière. Elle est à Bogota pour le travail, mais elle a pris quelques jours de plus pour visiter car c’est la première fois qu’elle vient en Colombie. La dernière fois qu’on s’est vues, c’était il y a presque 5 ans, à Montréal… et en anglais. Cora était venue d’Argentine pour faire un Master d’Economie, la même année où je faisais ma Maîtrise en échange à ConU. Je suis rentrée en France puis en Colombie ; elle est partie en Bolivie puis est revenue au Canada.

A l’époque, je ne parlais presque jamais espagnol même avec mes amis latinos, par timidité et aussi parce que je me mélangeais avec l’anglais. Et puis on étudiait dans une université anglophone, donc c’était plus simple et plus fédérateur de parler anglais entre étudiants québécois, français, argentins, mexicains, indiens, chinois, nigérians etc… Maintenant par contre, je baigne dans l’espagnol et ça me vient naturellement. Et puis ça aurait été bête de parler anglais avec une Argentine dans la rue. Mais l’habitude est forte, et les premiers moments ont été très étranges puisqu’on avait pas l’habitude de s’entendre parler espagnol. C’est comme comprendre ce que te dit la personne, mais en ayant l’impression que ce n’est pas elle qui parle parce que la mémoire l’associe automatiquement à une autre langue !

Le premier jour, on a fait une grande balade dans le quartier historique de La Candelaria.

Puis on a fait une pause bien méritée dans une petite cantine sympathique au premier étage d’une maison du quartier: "Tentación Candelaria". Je commande raisonnablement un jus de maracuya (fruit de la passion) et un medio ajiaco, plat typique de Bogota, mais en version mini vu la composition : c’est une sorte de potée de poulet, maïs, 3 sortes de pommes de terre -criolla, pastuza et sabanera-, des câpres et l’herbe qui donne le goût particulier du plat : la guasca. L’ajiaco est accompagné de riz et d’avocat en plus. Cora, enthousiaste, commande un miti miti, c’est-à-dire un medio ajiaco avec son riz et son avocat, accompagné d’une viande, d’une arepa et d’une pomme de terre au four, avec un jus de guanabana. Autant dire qu’on a fini par partager, sinon la pauvre Cora rentrait directement à son hôtel faire la sieste !!

Tuesday, November 21, 2006

Sans intérêt, comme un ciel triste et tempéré (Sinsemilia - Je préfère cent fois)

Dans le bus B74 – TransMilenio, 15h:

A Bogota, comme je vous l’ai déjà dit, le climat est tempéré. Ni chaud ni froid : certains jours il fait 15°C, d’autres 25°C. Malgré tout certaines personnes ont leur parapluie ouvert tous les jours : contre la pluie et contre le soleil intense de l’altitude. Quant à moi, s’il ne pleut pas je ne porte pas de manteau, juste un pull, une jupe et des bottes et c’est parti.

La jeune femme assise à côté de moi, elle, a une curieuse façon de résoudre l’équation du "ni chaud ni froid". Elle porte un pull épais et des gants en laine… une mini jupe vraiment très mini en coton léger… et des tongs à fleurs !!! Le contraste est saisissant...

Au fait, il pleut de moins en moins et la température semble augmenter un peu en journée ces derniers temps. Il paraît que c'est bientôt l'été!! Deux étés en moins de six moix... pas mal comme climat finalement...

Sunday, November 19, 2006

Me voy, que lastima pero adios! (Julieta Venegas - Me voy)

Dimanche soir : c’est ma dernière soirée à Cartagena. Les casse-cou du quartier improvisent un concours de hip-hop-capoeira-gymnastique devant la maison. Jerry l’acrobate, qui passe plus de temps à marcher sur les mains que sur les pieds, est évidemment de la partie.

Le petit Sergio Andrés n’est pas en reste. C’est l’avantage des petits d’être léger et souple et de faire sans problème ce que les grands n’arrivent à faire qu’après des heures d’entraînement, hehehe…
Quelques photos surprises pour les souvenirs: le copain de Cori, Carlos, et Sergio Andrés devant la télé, et Cori flashée à la sortie de la chambre.


Et ça y est, il faut à nouveau boucler son sac pour repartir à Bogota… Mais cette fois-ci l’attente sera mois longue : je reviens pour Noël, dans un mois !

Friday, November 17, 2006

I'm young, willing and able, what you want is what I got (Minnie Riperton - Young, Willing and Able)

Vendredi matin, on appelle Cori pour un entretien pour un poste de réceptionniste dans un hôtel du centre-ville. C’est une de ses amies, réceptionniste dans un hôtel proche, qui l’a mise sur le coup. On croise les doigts pour qu'elle soit prise, et aussi pour qu'elle ne soit pas trop mal payée. Les salaires sont tellement bas en Colombie que Cori a déjà dû démissionner parce qu'elle perdait de l'argent au lieu d'en gagner, le salaire ne couvrant même pas ses frais de transport quotidiens pour se rendre sur son lieu de travail.

J’accompagne ma cousine, et après son entretien on va rendre visite à la copine dans l’hôtel où elle travaille. C’est dans une petite rue à l’intérieur des murailles. Comme c’est souvent le cas dans le centre, un bijou d’architecture coloniale se cache derrière une imposante porte en bois, et l’hôtel n’est indiqué que par une discrète plaque de métal doré. Lorsque les portes n’ont pas d’œillet il faut s’identifier en criant son nom et l’objet de sa visite à travers la porte, mais là heureusement, le groom ouvre un petit panneau dans la porte puis nous fait entrer. Cet hôtel, comme celui où ma cousine a passé l’entretien, est considéré comme familial et ne faisant pas partie des hôtels de luxe de Cartagena. Si ça ne tenait qu’à moi, je préfère largement une chambre simple dans cet hôtel à une suite dans un des palaces en béton qui défigurent la baie de Bocagrande. Jugez par vous-même les parties communes : le lobby, l’entrée, et l’escalier qui monte aux chambres…

Thursday, November 16, 2006

If you a fly gal, get your nails done, get a pedicure, get your hair did (Missy Elliot - Work it)

Le jeudi, comme si de rien n’était, pas un nuage dans le ciel et le soleil tape comme s’il voulait rattraper le temps perdu.
Eric, arrive avec un bonnet sur la tête par 30 degrés à l’ombre. C’est quand il l’enlève que je comprends la fonction du bonnet sous les Tropiques… il a défait ses tresses :

Cori et moi on profite du beau temps pour aller faire un tour au centre et demander à ma tante Rosa de me couper les cheveux. Le plus jeune neveu de Cori, Sergio Andrés, me fait un beau compliment en s’exclamant : "Hoy si te ves Cartagenera !". La vérité sort de la bouche des enfants, hehehe…

Wednesday, November 15, 2006

Ecoute le coulis de l'eau sur la terre, dis toi qu'au bout il y a la mer (Tryo - L'Hymne de nos Campagnes)

Mercredi matin, 7h30, le ciel est dangereusement gris. Le soleil s’est à peine levé. A partir de 8h c’est officiel : il pleut. Ou plutôt : IL PLEUT !!!!!!!!! Une bonne vraie pluie tropicale. Il tombe des trombes et des trombes d’eau. Toutes les 15 minutes on se dit que c’est impossible qu’il pleuve plus fort, et toutes les 15 minutes encore plus d’eau tombe du ciel. Parfois pendant un quart d’heure il pleut un peu moins. Disons que ça diminue au niveau de ce qui serait la pluie du siècle à Paris. Puis ça reprend version tropicale. Vers 9h, de plus en plus de voitures et de taxis remontent la rue de ma tante, qui est d’ordinaire très calme. Une demi-heure plus tard les busetas apparaissent à leur tour, et là on sait que l’avenue en contrebas s’est transformé en fleuve. Vers 11h, il pleut toujours avec autant de force, mais il ne monte presque plus de voitures. Une grosse pluie tropicale à Cartagena, c’est comme une bonne bordée de neige à Montréal : on sait que ce jour-là il n’y a rien d’autre à faire que de rester chez soi…

Dans une certaine mesure la pluie est une bénédiction à Cartagena. Les maisons en dur, même les plus humbles, sont toutes faites de la même façon : surélevées avec une terrasse côté rue et un patio à l’arrière de la maison. Mais pour les quartiers déshérités de Cartagena, c’est le ciel qui leur tombe sur la tête. Les maisons en tôle ou en planches sont bâties au niveau de la rue. Dans le quartier Olaya Herrera, à la sortie de Cartagena, les rues sans asphalte deviennent des torrents de boue qui pénètrent dans les maisons. Dans les quartiers de la Quinta, La Esperanza et tous les quartiers situés sur le flanc de la "Popa", la colline qui surplombe Cartagena, c’est l’angoisse des glissements de terrain meurtriers.

Chez ma tante, chacun s’occupe comme il peut. Le mari de ma tante, comme d’autres voisins, s’arme d’un balai brosse et sort sous le déluge pour nettoyer la terrasse. Et il n’oublie pas de placer une bassine en plastique sous l’arrivée de la canalisation qui évacue l’eau du toit. La bassine se remplit d’eau en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, mais là n’est pas le but : avec la force de la pluie tropicale, la canalisation concentre l’eau du toit en un jet d’une telle force qu’il pourrait exploser le carrelage de la terrasse s’il arrivait directement. On remplit les réservoirs d’eau dans le patio. Les enfants du quartier font des batailles d’eau dans la rue.

Pas d’entraînement ce matin pour les neveux de Cori – 4 de ses 5 neveux jouent au base-ball et sont entraînés façon futurs champions par le grand-père. L’espoir c’est qu’au moins un des quatre décroche un contrat avec une équipe étrangère et puisse aider la famille avec une partie de ses revenus. Mais malgré tout l’entraînement du monde, ça risque d’être difficile car la tendance est aux joueurs de plus en plus grands, et les Colombiens ne sont pas réputés pour leur grande taille… Néanmoins c’est l’effervescence dans la famille ces jours-ci car une délégation américaine vient passer quelques jours à Cartagena pour repérer les futurs champions. Avec cette pluie, c’est un jour perdu pour espérer se faire remarquer des chasseurs de tête. Mais Jerry, le clown officiel de la famille, a bien d’autre façons de se faire remarquer : le voilà défiant la canalisation et profitant pour faire le pitre, puis il sort faire un tour en vélo ( ??!!).


Eric, lui, n’est pas du genre à se faire remarquer pour ses pitreries mais par son look : short baggy qui laisse voir la moitié de son caleçon au grand dam de sa grand-mère, tresses sur la tête, straping sur le bras droit (le bras de la batte de base-ball), et chantant toute la journée les derniers tubes de champeta. Le portrait du Cartagenero version 2006, quoi…

Quant à moi… j’ai pris froid !! Entre la pluie torrentielle à Bogota et à Cartagena et les batailles d’eau des Fêtes, ça fait une semaine que je rentre tous les soirs trempée jusqu’aux os… Je tue le temps en discutant avec Cori. Son copain et des amis devaient venir nous chercher, mais ce jour-là, il pleuvra sans interruption toute la journée et toute la soirée. Tant pis, demain est un autre jour…

Tuesday, November 14, 2006

Je ne crois plus en l'illicite, c'est ma croyance, mon thème et mon titre (Kerry James - Je ne crois plus en l'illicite)

Mardi 22h, dans une ruelle à l'intérieur des murailles:

Un homme est accroupi en plein milieu de la chaussée, une lampe de poche à la main. Il farfouille dans un trou dans l'asphalte en parlant dans sa barbe... Il est en train de trafiquer son compteur d'eau pour qu'il tourne plus lentement!

En Colombie, l'eau comme l'électricité ont des tarifs différents selon la catégorie socio-économique (estrato social, allant de 1 à 6). Mais tout le monde sans exception se plaint du prix de l'eau. De plus, la Colombie est riche en eau potable mais même quand on a l'eau courante, elle n'arrive pas tous les jours. Ma tante Clara habite dans un quartier d'estrato 3 alors que les autres oncles et tantes habitent dans des zones estrato 2, mais chez elle l'eau n'arrive qu'un jour sur deux. La cuisine, les salles de bain et la patio sont donc envahies de citernes. Du coup les colombiens utilisent l'eau comme un bien précieux, et il n'est pas question de la gaspiller ni dans un foyer pauvre ni dans une famille aisée. Bon, quant au sabotage de compteur... pas très civique! C'est le fameux dilemne du "passager clandestin": l'eau est chère donc ca incite les gens à frauder, ce qui renchérit encore plus le service pour les honnêtes citoyens qui payent leurs factures sans broncher. On va dire qu'on n'a rien vu...

Sunday, November 12, 2006

A natural beauty should be preserved like a monument to nature (Neil Young - Natural Beauty)

Et le lundi c'est le jour tant attendu (hum, hum...) de l'élection de la Señorita Colombia, qui représentera le pays lors du concours de Miss Univers (tout un programme...).

Dans un pays -ou plutôt un continent- obsédé par l'esthétique, les candidates sont toutes plus parfaites les unes que les autres. On se demande si c'est un concours de miss ou un concours de chirurgiens esthétiques! Cependant la gagnante, la Señorita Cesar, est apparemment l'unique candidate 100% naturelle du concours 2006, parce qu'elle a "peur du bistouri"... On la croit sur parole... Bon, sa mère a gagné le concours du "off" des mamans de candidates, donc on peut reconnaître qu'elle a des bons gènes :-) Et au moins, ce n'est pas encore une parente de la miss de l'année précédente. En effet, les Señorita Colombia 2004 et 2005 sont cousines (et apparemment, cousines de Shakira). Vive la concurrence!

Saturday, November 11, 2006

Homenaje hará Pedro de Heredia en nombre del Valle, y hasta Blas de Lezo pelearía con quien se la lleve (Diomedes Diaz - La Reina de Cartagena)

Après mon dernier article, quelques grammes de légèreté dans un monde de brutes ne feront pas de mal.

Le dimanche c'est le jour de l'élection de la Reina de la Independencia, élue parmi les reines de quartier de Cartagena, et qui représente la ville au concours national de l'année suivante. Attention interdit de se moquer! Ma cousine Cori a été reine de son quartier (Blas de Lezo) il y a quelques années. Son copain m'a promis de me faire parvenir les photos, donc dès que je les aies je vous les montre (et ma cousine va me tuer, hehehe).

Direction donc le quotidien de Cartagena, El Universal, et son super dossier spécial ;-) Sur ce lien vous pourrez voir les photos de quelques reines de quartiers, ainsi que des photos des comparsas. Si vous doutez de l'importance sociale des concours de beauté en Colombie, lisez donc cet article sur l'élection de la Señorita Independencia: Noche de miedo para el jurado...

Si un jour j'deviens vieux, ce dont j'doute avec la vie qu'je mène, j'écrirai un book sur ce quartier (Bouga - Belsunce Breakdown)

Samedi, c’est le jour des fêtes de quartier. Les comparsas se produisent dans les quartiers de Cartagena. Le soir, rien d’officiel, mais comme c’est la fête partout de toutes façons.

Pour moi, ça a été nettement moins la fête ce soir là. Avec mon pote Jimmy, on a pris le bus vers 21h pour rejoindre des amis dans le centre. A la hauteur du quartier de La Quinta, un des quartiers pauvres et pas très sûrs de Cartagena, trois gars sont montés. Deux se sont assis derrière nous sur les sièges du fond, le troisième s’est assis à l’avant du bus, derrière le chauffeur. Arrivés au marché, ils se sont levés et ont déballé le tas de tissus qu’ils avaient dans les mains pour cacher les armes. Puis ils ont crié aux passagers de se laisser faire sous peine de mourir ce soir.

On y est passés en premier vu qu’on était juste à côté des deux gars du fond. En montant, ils avaient déjà repéré le portable de mon pote qui dépassait de sa poche côté couloir et la montre à son poignet. Ils lui ont donc enlevé de suite. Il avait aussi son portefeuille dans une poche arrière et le billet que je lui avais confié en sortant de la maison par peur d’un vol à l’arrachée dans l’autre poche arrière, mais ils ne l’ont pas fouillé. Quant à moi, j’étais assise côté fenêtre et comme j’avais suivi les recommandations de mes cousins pour les Fêtes, je ne portais que des accessoires fantaisie. J’avais un petit sac en bandoulière dans lequel j’avais mon portable mais rien d’autre de valeur, mais bizarrement ils ne l’ont pas vu. Ils ont donc continué vers l’avant du bus et les autres passagers, en jetant les objets de valeur dans leurs tissus. A la moitié du bus les gars ont crié de donner tous les téléphones portables. J’avais encore le mien donc je l’ai sorti (pas vraiment envie de mourir ce soir), mais comme les trois gars avaient le dos tourné, Jimmy l’a vite rangé dans sa poche. Moi j’en ai profité pour enlever la bandoulière de mon sac et je l’ai mis dans mon dos. Le gars qui était à l’avant a pris l’autoradio du bus. Au moment de sortir, les gars ont répété qu’ils voulaient tous les portables, mais là les passagers ont crié qu’ils les avaient déjà tous donnés et qu’ils n’avaient plus rien.

C’est long à raconter mais le tout a pris moins de trente secondes. Les gars sont descendus du bus et se sont réunis sur le trottoir pour réunir le butin. Etrangement, le chauffeur a mis du temps à redémarrer alors les passagers lui ont crié dessus pour qu’il se bouge. Quelques passagers ont parlé de rester là et d’appeler la police, mais les autres leur ont hurlé que l’urgence c’était au contraire de partir de là le plus vite possible. Mon soupçon, c’est que je n’étais pas la seule à qui il restait des objets de valeur et que les passagers avaient peur que les gars remontent pour finir le travail lorsqu’ils se seraient rendus compte qu’ils n’avaient pas récupéré grand chose. L’intérêt des malfaiteurs, c’est d’aller vite, et ils n’ont pris que ce qu’ils ont vu du premier coup d’œil sans fouiller les passagers : portables et bijoux. Pas vu, pas pris.

Lorsque le bus a redémarré, le chauffeur et son assistant se sont fait incendier par les passagers. Apparemment l’assistant était aussi armé, et les passagers auraient voulu qu’il les protège. Perso, ça me convenait très bien qu’il ne l’ai pas sorti !!!! Comme si une fusillade aurait arrangé les choses !!! Le reste du trajet (sans doute pas plus de 5-10 minutes) a semblé durer une éternité. Une fille a fondu en larmes sous le choc. De mon côté c’était le sang froid absolu. Jimmy et moi on a fait le compte de ce qu’ils nous avaient volé et pas volé et on a commenté les faits. Mais je suis pas non plus une super-héroïne et la peur s’est réveillée a posteriori au fur et à mesure que les images revenaient. Ca c'est tout moi ! En descendant du bus et pour la première fois de ma vie, j’avais sincèrement envie d’un petit verre de rhum histoire de me remettre de mes émotions !

Deux des meilleurs amis de Jimmy vivent dans le quartier de La Quinta et connaissent parfaitement tous les délinquants du quartier (je répète : à Cartagena tout se sait et tout le monde connaît tout le monde…). Les jours suivants on est donc allés plusieurs fois chez eux pour voir si il les reconnaissait. Moi j’ai eu trop peur de les regarder sur le moment et j’ai gardé les yeux scotchés sur l’arme pointée sur nous, donc impossible de reconnaître qui que ce soit. Mais vu la description qu’on leur a fait, les amis nous ont dit que parfois des délinquants d’autres quartiers braquent à l’entrée de La Quinta, et c’était sûrement le cas de ceux-là.

La leçon de tout ça, c’est :
- que je passe vraiment inaperçue (tête, vêtements…) sinon je ne serai pas passée à travers les mailles du filet
- qu’il faut renoncer définitivement à tout le superflu de la technologie et de l’esthétique : un téléphone portable qui téléphone c’est tout ce dont on a besoin, et des boucles d’oreille en noix de coco font l’affaire
- qu’il ne faut absolument pas tenter de résister mais que l’intérêt des braqueurs n’est pas non plus de faire une fouille en règle de tous les passagers, d’où : le traditionnel billet dans le soutien-gorge est une méthode sûre de garder mon argent à l’avenir
- que Cartagena est une ville dangereuse en novembre et décembre tout simplement parce que c’est la saison touristique, et donc à 21h il valait mieux prendre un taxi
- que à mon avis Cartagena n’est pas en moyenne plus dangereuse que Bogota, mais la différence c’est mon style de vie : à Bogota bien que je me déplace presque toujours seule, je n’ai pratiquement pas de vie sociale donc je suis dans mon quartier à partir de 18-19h, et rentrée à la maison grand maximum à 20h30, alors que quand je vais à Cartagena j’en profite pour faire la fête et sortir le soir
- Que pour le meilleur et pour le pire je sais maintenant comment je réagis dans ce genre de situations, et que j’ai passé mon premier test de survie urbaine en Colombie… Merci aux délinquants de me laisser tranquille dorénavant, ça serait sympa…

Friday, November 10, 2006

Suena, suena el buscapié suena, suena el buscapié (Various - Mosaico del desorden)

Vendredi, c’est le jour du défilé des Balleneras : les candidates défilent sur des chars flottants dans la baie de Cartagena. Mais comme on a pratiquement fait nuit blanche, on s’est bougés trop tard pour y aller. Pas grave, on les a déjà vues hier.

A la nuit tombée, on décide d’aller à Las Gaviotas, toujours en tenue de combat : casquette Terpel (lubrifiants pour moteurs) distribuée hier sur le front de mer – débardeur - bermuda plein de farine de la veille – baskets pleines de boue. Pour l’élégance et le raffinement, on verra après les Fêtes. Las Gaviotas est un des quartiers de Cartagena, où le vendredi des Fêtes se déroule une fête particulière. Il y a des fêtes du même genre dans un ou deux autres quartiers de Cartagena, mais pas l’ampleur de celle des Gaviotas. J’ai d’ailleurs droit à un nouveau briefing spécial "Gaviotas". Quand je demande à quoi m’attendre, Yeison me répond : "C’est le Moyen Orient", et me recommande d’être bien réveillée et d’avoir des yeux partout. Bon… c’est parti…

Comment vous dire ? Les Gaviotas, c’est un déluge de feu et d’eau en pleine foule, toute la nuit au centre du quartier. Toutes les gadgets pyrotechniques disponibles en vente libre (quoique pour certains, on se demande) y passent. Des pétards aux feux d’artifice, des "buscapié" aux engins façon lance-roquette artisanal. Les grands favoris, ce sont les "buscapie". Ce sont des feux d’artifice qui se déplacent en spirale, ce qui fait que lorsqu’ils touchent le sol ils continuent leur chemin de façon imprévisible entre les pieds des spectateurs comme s’ils cherchaient leur prochaine victime… d’où leur nom. Voilà pourquoi il faut avoir des yeux partout ! Les buscapie sont lancés au hasard, de préférence sur les gens d’en face (qui vous ont arrosés de feux deux minutes plus tôt). Lorsqu’ils arrivent sur un groupe, tout le monde court ou saute dans tous les sens pour éviter de se faire chauffer les pieds. Dans la panique, on s’accroche à tout ce qu’on trouve pour lever les pieds du sol, et tant pis si c’est le gars d’à côté qu’on ne connaît ni d’Eve ni d’Adam. Et quand tu commences à peine à te remettre de tes émotions, ton voisin t’arrose d’eau des pieds à la tête. C’est bienvenu quand ça permet d’éteindre le buscapie qui menace d’en finir avec tes Nike Shox qui n’ont pas encore quatre mois (n’est-ce pas Yuli !). Mais quand c’est la troisième fois qu’il t’envoie le jet d’eau en pleine face parce qu’il s’est pris d’un amour soudain pour ta pomme, ça commence à bien faire ! Quand tu t’apprêtes à lui sauter dessus avec une bombe à eau dans chaque main pour lui régler son compte, c’est reparti pour un déluge de pétards, et c’est à nouveau le sauve-qui-peut.

Et ainsi de suite… Au bout de deux heures, je suis épuisée. Bah oui, je fais pas ninja comme métier, donc être toujours aux aguets au énième buscapie, c’est pas facile. Heureusement, des amis viennent me chercher et on sort de cet enfer terrestre pour se rendre à Manga, un des quartiers chics de Cartagena. Là, on s’assoie sur un des pontons donnant sur la Baie (j’ai donc fini par y aller ce jour-là, à la Baie de Cartagena, hehehe) pour discuter tranquillement. Mes oreilles résonnent encore des pétards des Gaviotas, mais je savoure le silence du bord de mer. Evidemment, la meilleure amie des Costeños nous accompagne : la bouteille de rhum. Vers trois heures du matin, un des potes nous assure qu’il peut marcher sur l’eau comme Jésus et s’apprête à nous en faire la démonstration, donc on décide de lever le camp. Assez d’émotions pour la journée !

Thursday, November 09, 2006

Con las palmas voy llevando el ritmo alegre pa' entonarte siempre el canto caribeño (Mauricio y Palo de Agua - Canto Caribeño)

Les Fêtes de Cartagena sont à l'origine liées à la célébration de l'Indépendance de la ville. Le 11 novembre est une date sacrée en Colombie aussi, bien que pas pour les mêmes raisons qu'en Europe, évidemment ;-) En effet, le 11 novembre 1811, Cartagena a été la deuxième ville d'Amérique du Sud, après Caracas, à se déclarer indépendante de la Couronne d'Espagne. Ça n'a été que le début de la lutte, en fait, puisque la ville n'a réellement été libérée que dix ans plus tard après le siège le plus long de son histoire pourtant douloureuse de riche ville portuaire régulièrement assaillie par les pirates et les envahisseurs. Mais au XXe siècle, les Fêtes de la ville ont pris un tournant nettement moins... comment dire... euh... dramatique... quoique... Depuis plus de cinquante ans autour du 11 novembre a lieu à Cartagena... le concours de Miss Colombie.

Les évènements officiels comprennent:
- le jeudi: défilé des candidates au concours de Señorita Colombia et les reines des quartiers de Cartagena sur des chars, sur le front de mer (El Bando)
- le vendredi: défilé des candidates dans la baie de Cartagena (Las Balleneras)
- le samedi: rien d'officiel, tout d'officieux...
- le dimanche: l'élection de la Señorita Independencia, la reine des reines de quartier
- le lundi: l'élection de la Señorita Colombia

Mais on est encore que jeudi matin. La ville est encore calme; les gens sont au travail. Ma tante m'apprend que sa belle-fille Mari, qui vit à Turbaco (à 20min de Cartagena) a loué deux bus pour transporter tout son petit monde au centre ville pour la Fête. Quelques coups de fil et c'est arrangé: le bus passera nous prendre vers 13h30, mon cousin Yeison et moi, à la Bomba del Amparo.

10 minutes de marche jusque là et déjà j'ai un avant-goût de ce qui va nous arriver. On essaye de ne pas se faire remarquer, on zigzague entre les groupes de gamins, et on arrive indemnes au rendez-vous. En quinze minutes d'attente, je vois défiler des dizaines de busetas plus sales les unes que les autres. Les assistants des chauffeurs ont tous les cheveux teints en rose, bleu, vert, jaune, violet... Les passagers chantent, hurlent, rient: tout le monde va au centre-ville. Les 2 bus de Turbaco arrivent enfin et pour nous souhaiter la bienvenue, les cousins nous aspergent de maïzena, puis d'eau, puis de peinture... A partir de là, plus la peine de s'essuyer ou de se secouer les vêtements.

Pendant tout le trajet, c'est la bataille avec l'extérieur, d'autant plus féroce que la Avenida Pedro de Heredia est saturée et tout le monde roule au pas. Le but du jeu c'est d'envoyer les munitions -bombes à eau normale ou colorée, maïzena- sur les passants, de préférence les groupes de minettes tirées à quatre épingles ou les malheureux automobilistes qui ont oublié de fermer leur fenêtres malgré la chaleur. Ou mieux: arriver à asperger les passagers d'une buseta rivale, si possible sur les passagers qui ont le nez en l'air. Evidemment, il faut aussi veiller à n'ouvrir les fenêtres que pour tirer, sinon c'est l'arroseur arrosé... Pendant ce temps à l'intérieur de la buseta c'est la foire. Le chauffeur diffuse à fond la musique de carnaval, et tout le bus hurle les paroles et saute et danse dans le couloir. Mari, en fine business-women, vend aux passagers les bières, chips et bonbons qu'elle a acheté en gros la veille car il n'y a pas de petit profit.

On approche enfin de la Avenida Santander et les 2 busetas vont se garer dans des petites rues du quartier, où de jeunes "entrepreneurs" organisent le stationnement sur les trottoirs et terrasses des voisins. On descend tous du bus et on se joint à la marée humaine qui marche jusqu'au front de mer. Lorsqu'on arrive, c'est la petite déception: la première candidate qu'on voit est la Señorita Boyacá, ce qui veut dire qu'on vient de rater la Señorita Bolívar (le département dont Cartagena est la capitale) puisque les candidates défilent par ordre alphabétique. Mais ce n'est pas si grave puisqu'on est des privilégiés: Cartagena est la seule ville de Colombie (à part Bogotá qui est un département à elle toute seule) qui a le privilège de présenter sa candidate en plus de la candidate départementale de Bolívar! Entre les chars des candidates défilent les comparsas de Cartagena (groupes de musique et danses typiques de la Côte Caraïbe) au rythme de la cumbia, du mapalé et des percussions africano-colombiennes. Les candidates saluent la foule du haut de leurs chars décorés, mais pas seulement. Gare à celles qui sont fatiguées, qui ne savent pas bien danser ou pire... à celles qui ne font pas un petit tout sur elles-mêmes pour montrer que l'arrière vaut autant que l'avant: c'est les sifflets garantis. C'est l'Amérique Latine quand même! Pas question de ressembler à une limande congelée! Pendant le défilé, à l'arrière de la foule la bataille continue. Pendant que les uns regardent le défilé, les autres leur peignent le visage en jaune, en rouge, en bleu, en noir, aspergent d'eau, lancent de la farine...

Vers 15h30 le défilé est terminé et Yeison et moi on file rejoindre les cousines Corina, Ledis et Alba dans le quartier de La Esperanza (un des quartiers les plus chauds de Cartagena, je l'ai appris ensuite). À l'arrivée, c'est le grand éclat de rire! On est peinturlurés de partout. Impossible de cacher qu'on a été voir le Bando. Heureusement on est chez des amis et on peut aller se débarbouiller. On a passé le reste de la soirée là, à la mode de Cartagena c'est-à-dire en installant les chaises en pleine rue, en profitant des hauts-parleurs hurlants de la boutique d'en face pour danser avec les voisins (enfants et 3e âge compris) et en faisant tourner la bouteille de rhum jusqu'à 3h du matin.

Wednesday, November 08, 2006

Les voy a contar la historia, la vida en Cartagena, se espera la temporada pa' que se prenda la fiesta (Jerau - El Pelao)

Le mercredi ça a donc été la course toute la journée. Heureusement, ma logeuse m'a accompagnée à l'aéroport en fin de journée, et hop! C'est reparti pour les Tropiques! Départ de Bogota dans la soirée, quand la nuit et le froid commencent à s'abattre sur la ville. Moins d'une heure plus tard, arrivée dans la chaleur et l'humidité de Cartagena. Je savoure les délicieuses premières secondes à la porte de l'avion où une espèce de vague de chaleur moite te saute à la figure, l'accent de Cartagena qui caresse les oreilles, les accords de vallenato dans le taxi et les vibrations des sounds systems dans la rue, les effluves de ville tropicale qui surprennent l'odorat, les peaux noires et blanches et toutes les variations possibles entre les deux...

Mon cousin Yeison m'accompagne chez ma cousine Corina, qui nous attend avec son copain Carlos. Les trois me font un briefing complet de Cartagena pendant les Fêtes. Les Fêtes commencent donc demain jeudi. A partir de midi, la ville s'arrête. Ou plutôt, la ville officielle: celle des bureaux, des administrations etc... Et la Cartagena populaire et sauvage se réveille. Les habitants de Cartagena, surtout les enfants et les jeunes, prennent possession des rues, au sens propre du terme. A tous les coins de rue et parfois tous les 5 mètres, des barrages de cordes et/ou de hordes de gamins. C'est le "trick or treat" façon Cartagena: soit tu lâches quelques pièces, soit... gare à toi!!!

Les recommendations des cousins pour les prochains jours sont donc:
- N'emporte rien avec toi, pas de sac, rien de valeur dans les poches, aucun bijou
- Habille toi avec tes vêtements les plus vieux et sales possibles, et de préférence de couleur sombre
- Porte des chaussures confortables et fermées: tongs interdites
- Porte un bermuda de préférence: pas de short trop court ni de pantalon aux chevilles; l'idéal est que les jambes soient couvertes soient couvertes jusqu'à mi-mollet
- Reste toujours en groupe et ne t'éloigne pas de tes accompagnateurs
- Garde ton calme - et ton sens de l'humour- en toutes circonstances

Sur ce... je ne vous en dis pas plus... et à demain! (et ceux qui ne lisent pas mon blog dans l'ordre chronologique ont perdu tout le suspense, hehehe!)

Tuesday, November 07, 2006

It's gonna be a lovely day, today I love the world and I love you (Luther Vandross - Lovely Day)

7 novembre: jour de chance!

Ces derniers jours, j'ai tout essayé pour obtenir un billet d'avion moins cher pour partir à Cartagena. En effet, du 9 au 11 novembre c'est la Fête de l'Indépendance de Cartagena - et l'élection de Miss Colombie, sic... - et à cette occasion la ville est sans dessus dessous et fait la fête nuit et jour. Il faut que je voie ça, mais impossible d'utiliser mes miles ni celles de mon oncle; les compagnies aériennes sont malignes...

J'y ai réfléchi pendant une semaine et finalement je me suis résignée à aller à Cartagena... en bus. De 45 minutes en avion, le trajet passe à... 20 petites heures!!! Seule, c'est pas le top, mais bon... Je me prépare à aller à la Gare Routière de Bogota pour prendre mon billet, en espérant qu'il reste des places car les Fêtes de Cartagena sont un évènement très courru. Au moment de sortir, la fille de ma logeuse m'appelle: elle est abonnée au quotidien El Tiempo et elle vient de voir une offre spéciale d'Avianca, la compagnie nationale, pour Cartagena. Bon, ça coûte rien d'essayer donc je décide d'aler à l'agence Avianca d'abord. Là, je découvre que la promo est valable pour tout voyage avant le 30 novembre, et qu'il y a des places pour les dates où je veux voyager!!! Et le billet est pratiquement à moitié prix, que demande le peuple?!

Ni une ni deux, hop, je paye mon billet. Sur le chemin du retour vers la maison, j'achète un bouquet de fleurs pour remercier la messagère. Je pars le lendemain!!! Youpiiiiiiiiiiiiiiiii!!!!!!!!!! Prochaine chronique live from Cartagena :-D

Saturday, November 04, 2006

Dust in the wind, all we are is dust in the wind (Kansas, Dust in the Wind)

Bon, pour que ce blog soit impartial (hum, hum...), il faut que je parle des bons ET des mauvais côtés de la Colombie. Et donc de l'attentat qui a eu lieu il y a une semaine en plein Bogota. Le 19 octobre vers 8h45, une voiture piégée a explosé sur le parking de la Escuela Superior de Guerra, située dans le complexe militaire de la Calle 100 # Carrera 9a. La bombe a fait 23 blessés et a endommagé les immeubles alentour dans ce quartier d'affaires très important de Bogota (et où je passe au moins une fois par semaine, il faut bien le dire...).

Les autorités ont attribué l'attentat aux FARC dès les minutes qui ont suivies, mais certains chroniqueurs soulèvent ironiquement la question de la responsabilité. En effet il y a quelques semaines à peine a éclaté un scandale à propos d'attentats et tentatives d'attentats précédemment attribués aux FARC et survenus juste avant la 2e prise de pouvoir du président Alvaro Uribe en 2006. Apparemment, ces attentats ont été montés avec l'aide d'un ex-membre des FARC, puis "déjoués" par les militaires eux-mêmes dans le but de montrer des résultats "positifs" à l'opinion publique (et d'empocher les primes d'efficacité au passage). Le petit jeu n'a pas été si innocent puisqu'il a fait un mort et 19 blessés lors de l'explosion d'une voiture piégée... dans un complexe militaire au nord de Bogota... Depuis l'affaire des "falsos positivos", l'opinion publique est donc beaucoup moins prompte à désigner des responsables.

Une des conséquences principales de l'attentat du 19 octobre, c'est que le président Uribe a immédiatement mis fin à son offre d'"échange humanitaire", c'est-à-dire d'échange de guerrilleros détenus contre des otages des FARC. A la place, le gouvernement propose maintenant que l'armée délivre les otages par la force, ce qui représente un risque énorme pour leur vie. Les familles d'otages dénoncent la méthode, qui signifie que les FARC, acculés lors d'un assaut de l'armée, risquent d'exécuter les otages (certains ayant passé des années et des années en captivité dans la jungle) au lieu de les libérer.

Wednesday, November 01, 2006

Que es lo que sube? (Proyecto Uno - Te Dejaron Flat)

Comme le francais, l'espagnol est truffé d'anglicismes.

Bien sûr il y a le fameux Spanglish, mais c'est carrément autre chose et je crois même que c'est pas loin de devenir une langue officielle. En Colombie on peut pas dire que les gens le parlent. Le Spanglish arrive ici presque exclusivement sous forme de reggaeton de Puerto Rico. Exemple (Gasolina - Daddy Yankee): "To' los weekenes ella sale a vacilar, mi gata no para de janguiar" (de "week-end" et "to hang out" en anglais).

Les colombiens comme les américains ont une passion pour le poulet frit. Dans la rue, ça donne un anglicisme, ou plutôt un américanisme à mourir de rire : "pollo brosterizado", pour "broastered chicken". C’est ce qui est étonnant avec le spanglish c’est que derrière des transcriptions à hérisser les cheveux sur la tête, en fait les règles de la conjugaison et même de l’accentuation espagnole sont toujours respectées. D’où "to broaster" => "broastered" et "brosterizar" => "brosterizado", tout simplement !!

Quelques mots de spanglish sont quand même bien ancrés. Un de mes préférés et des plus courants c'est "un man" (un mec), qui au pluriel devient évidemment... "dos manes". Eh oui, pourquoi se compliquer la vie? Avouez qu'on a tous trouvé relou d'apprendre à dire "one man, two men" lors de nos premiers cours d'anglais au collège! Pour les filles c'est plus conservateur. Dans le vocabulaire courant on utilise: "nena, chica, muchacha, vieja (sic…), gorda (re-sic…)" etc... Mais dans les chansons de reggae et de reggaeton on voit l'influence du jamaïcain. A l'écrit le mot existe dans toutes les versions possibles et inimaginables : "gial, guial, gal, yal…" (de "girl "). Heureusement, je n’ai encore jamais entendu les gens le dire dans la rue, même à Cartagena.

Par contre, un mot qui a essaimé à travers tout le continent et toutes les langues, c’est "party". Au Québec, il est déjà bien transformé par le français et se prononce "parté", au revoir le y. Ici on s’embête pas non plus et on le prononce "pary", au revoir le t. Mais aucun mot anglais n’est aussi internationalement maltraité que le mot "sandwich". Je croyais avoir vu toutes les orthographes possibles et imaginables du mot entre Barbès et Château Rouge, mais non ! Ici on trouve "sanduiches", "sanduches" etc… Culinairement déjà, ça se discute, mais alors linguistiquement c’est franchement un cadeau empoisonné que les Britanniques ont fait à la planète!

Saturday, October 28, 2006

I traveled the World, and been alot of places, believe me dog, ain't nothin' like home (Mobb Deep - Nothing Like Home)

Ces derniers jours j'ai l'impression d'être entrée dans la troisième dimension de l'expatriation: celle où je reprends, en Colombie, mes réflexes d'expatriée... au Canada!

Tout a commencé quand Môman m'a envoyé "quelques" affaires par le biais d'une amie. Avec ma mère, on s'était mis d'accord sur quelques trucs qu'elle m'enverrait: des médicaments dont j'ai besoin, les derniers numéros de la revue à laquelle je suis abonnée, quelques pots de confiture maison... Et en fait elle m'a fait parvenir ça, plus des plaquettes de chocolat, mon thé préféré, des Pim's, du confit de canard, du foie gras, et encore plein d'autres trucs. C'était Noël avant l'heure :-)

En plus, depuis que je suis installée à Santa Barbara, j'ai dû faire pas mal de courses. Et là, en faisant ma liste de première nécéssité, j'ai forcément inclus de la moutarde Maille, du vinaigre de vin blanc Maille (pourquoi on ne trouve que Maille à l'étranger alors qu'en France on trouve plus d'Amora, c'est un mystère...), une petite passoire à thé (Made in Strasbourg, France, s'il-vous-plaît!), des pommes noisettes (Mc Cain, mais à part ça j'ai jamais vu un autre pays que la France où l'on mange autant de pommes noisettes, n'est-ce pas A2?)... Le truc bizarre, c'est qu'ici les supermarchés sont un mélange de produits locaux, européens et américains. Du coup je retrouve aussi quelques basiques de mes années montréalaises: les biscuits Oreo, la crème pour le corps St Yves, la tisane Goodnight de Celestial Seasonings, le fromage Philadelphia, le parmesan et la mozzarella yankee (qui ont tout à voir avec les bagels, les cheese macaroni et les pointes de pizza hawaïenne et absolument rien avec le Poîlane, l'huile d'olive et les herbes de Provence....). On peut donc dire que maintenant moi aussi je fais de la cuisine "fusion", hahaha...

Ces souvenirs de Montréal, je les retrouve aussi à la télé puisque l'avantage de ma chambre actuelle par rapport à celle d'avant, c'est que j'ai une télé, et avec le câble s'il-vous-plaît! J'étais pas trop pour, jusqu'au moment où je me suis retrouvée quatre ans en arrière, à zapper entre les infos de TV5, Latin American Idol (qui vient de couronner la vénézuelienne Mayré pour sa première édition) et CSI... Et là je dois dire que j'ai craqué. D'abord les séries. C'est un crime que les Etats-Unis produisent autant de séries d'une telle qualité: The West Wing, Desperate Housewives, Lost, CSI, ER, Law and Order, Alias, Cold Case, Commander in Chief, Third Watch, The L Word, 24, The Shield, Nip/ Tuck, Gilmore Girls... Evidemment il y a autant de séries bidons (The OC et toutes les séries sur les jeunes gens beaux et riches qui s'ennuient dans leur villas...). Pareil pour les émissions et les realitys: à côté des programmes pour décérébrés (prime à MTV avec Made, Room Raiders ou pire: Next), il y a des bijous d'inventivité et d'humour (Queer Eye for the Straight Guy). Et pas assez de jours dans la semaine pour tout regarder... Au moins mes soirées sont moins solitaires!

Au chapitre télé, TV5 mérite un petit paragraphe. Y'a pas de chaîne plus hétérogène que TV5. On a le journal de France 2, ça c'est toujours bien pour les expatriés, et en prime on a les infos belges et suisses (sans commentaires...) On a d'excellentes émissions de mode, et à chaque fois que je les vois je me demande: où sont-elles passées dans la grille télé française?? Est-ce que ce sont des programmes faits spécialement pour TV5, autrement dit pour l'exportation et la fameuse "image de la France", ou est-ce qu'ils les ont tirées de la case 2h30 du matin sur France 3 Paris Ile-de-France Centre?? Pourquoi est-ce qu'il n'y a que TV5 et Fashion TV pour parler de la saison des défilés parisiens et surtout de toutes les petites mains qui les ont préparés? Si on ne croit plus nous-mêmes à la valeur de ce travail exceptionnel, c'est pas étonnant que Paris soit plus vraiment la capitale mondiale de la mode... Y'a quand même pas que moi que ça intéresse?!! Bref... Sur TV5 il y a aussi le meilleur et le soit-disant meilleur de la télé française. Ca fait plaisir de voir La Carte au Trésor depuis Bab-El-Oued City, mais quand je tombe sur Ruquier, ça me donne envie -comme à Paris- de casser ma télé (et de pas payer ma redevance!!!). Et enfin sur TV5 on a droit aux plus nullissimes films français. Ca donne vraiment l'impression que TV5 est l'oubliée du budget de France Télévision, et ça provoque qu'une seule chose: le zapping immédiat sur une bonne série américaine. Au diable le patriotisme, et vive la qualité!!

Donc me voilà en train de reprendre mes bonnes -et mauvaises- habitudes d'expat' et ça me fait tout drôle!! Mais bon, j'imagine que c'est ce que ça prend pour se sentir chez soi un peu partout ;-)

Wednesday, October 25, 2006

If I gave you diamonds and pearls, would you be a happy boy or girl? (Prince - Diamonds and Pearls)

Mercredi 12h, Avenida Jimenez # Carrera Séptima, Station de TransMilenio Museo de Oro:

Tout d'un coup tout s'éclaire; je viens de comprendre.

Je passe à ce carrefour au moins une fois par semaine depuis mon arrivée. A ce coin de rue précis, à côté du Mc Do et à deux pas du Ministère de l'Agriculture. Tous les jours il y a plusieurs dizaines d'hommes debout, par groupes de 2-3. Tous se ressemblent: le visage buriné, en jean et veste en cuir qui a vu passer les années. Certains jours le vaste trottoir est noir de monde, d'autres jours les rangs sont clairsemés, mais il y a toujours au moins une vingtaine d'hommes. Pourquoi tant de gens? Pourquoi que des hommes? Pourquoi ils ne sont pas en train de faire la queue devant un magasin, une banque, une administration et pourtant ils sont toujours là debout sur le trottoir?? Intimidée et méfiante devant cet attroupement viril et mystérieux, je prends toujours le trottoir d'en face même si je dois re-traverser après.

Mais aujourd'hui j'en ai eu marre de me rallonger le trajet alors pour la première fois, j'ai serré mon sac bien fort, j'ai boutonné mon manteau et j'ai entrepris de traverser la foule masculine. Un regard à droite, un regard à gauche, et là j'ai compris. Discrètement, au milieu des petits groupes, un homme sort une petite feuille pliée de sa poche intérieure, un autre ouvre la paume de sa main, un troisième... m'envoie un rayon de soleil teinté de vert dans les yeux...

C'est le marché aux émeraudes de Bogota! Marché sauvage, bien entendu. Pourtant ce quartier d'affaires et de tourisme est truffé de surveillance et de sécurité en tous genres, mais visiblement aucun uniforme ne vient les déranger. La logique semble plutôt être: si vous êtes assez bête pour acheter une émeraude sur le trottoir, libre à vous! La Colombie fournit en effet 60% des émeraudes mondiales, et surtout, les émeraudes les plus pures, les plus foncées et donc les plus recherchées. Mais les émeraudes sont des pierres précieuses tellement rares et chères qu'il est plus que fortement déconseillé d'en acheter dans la rue. Les filous ne pouvant pas laisser passer une telle aubaine, toutes sortes de trucs existent pour rendre les pierres plus brillantes ou foncer leur couleur: les huiler ou les tremper dans des résines naturelles par exemple. Apparemment ces stratagèmes sont capables de tromper même les experts, alors que dire du touriste lambda... A l'achat, on se dit qu'on a fait l'affaire du siècle, et quelque temps après on a plus qu'un caillou vert pâle et fissuré, et ses yeux pour pleurer...

Quant à moi, je sais maintenant que je ne risque rien à traverser la foule du coin de la Avenida Jimenez. Du moins tant que je ne pars pas à la poursuite du diamant vert ;-)

Monday, October 23, 2006

Y'a toujours un peu de génie dans les gènes d'un sale con et ça c'est le comble (Youssoupha - Lyriciste Bantou)

Là, c'est vraiment le comble!!
En France il faut que je répète trois fois mon prénom pour que les gens le comprennent. Bah oui c'est exotique, mais bon... Bref, j'arrive ici et qu'est-ce qui m'arrive? Une fois sur deux les gens ne m'appellent pas Amalia!!! Le plus souvent on m'appelle "Ameli", sans doute pour "faire français" et peut-être pour me faire plaisir soit-disant. Et le reste du temps on m'appelle "Amelia". Y'en a marre! Ca fait genre "oh, la pauvre, elle se croit obligée d'hispaniser son prénom pour qu'on la comprenne, mais on va lui montrer qu'on a bien compris que c'était pas son vrai prénom, en fait..."
Grrrr.... Pourtant c'est pas dur à comprendre, comme prénom ici. Bon, c'est sûr que y'en a pas des masses et que dans ma génération les variantes de Diana sont beaucoup plus à la mode (mais prononcé à l'engliche vu qu'ici les séries américaines sont en version originale sous titrée, donc ça donne Dayanna, Dallana, Daiana etc...). Mais quand même, y'a pas plus colombien voire même "Côte Caraïbe de la Colombie" comme prénom!!! Alors quand en plus je dis que mon deuxième prénom c'est Melitina, il ne devrait plus y avoir de doute que mes parents ont "fait exprès" de me donner un prénom colombien. Mais non, y'a des gens qui continuent à m'appeller "Ameli" ou "Amelia" même quand je leur ai exposé mon pedigree.
Le prochain qui m'appelle "Ameli", je mords...

Sunday, October 22, 2006

Santa Bárbara bendita es tu Changó, guía por el bien camino a tus hijos como yo (Orishas - Canto para Elewa y Changó)

Dimanche 15h, El Nogal:

C'est mon dernier jour dans le quartier El Nogal. Je dois déménager ce soir.

J'ai trouvé à louer une chambre chez une dame de bonne famille encore plus au Nord de Bogota. Le quartier est encore plus chic qu'ici, plus résidentiel et il s'appelle... Santa Barbara. Qui eût crû que j'habiterai à Santa Barbara un jour :-) ? Mais ce sont les conditions pour être en sécurité à Bogota (quartier sûr, accès à l'immeuble filtré par un gardien 24h/24). Autant dire que je vais sûrement m'ennuyer à mort!

Mais bon, c'est à quelques pâtés de maison du TransMilenio, à côté de la Ciclovia du dimanche (très important pour mes balades dominicales!), pas loin du Country Club (golf privé en plein Bogota, je suis même pas sûr qu'il y a un accès public), à une vingtaine de pâtés de maison de Unicentro (le plus gros et le plus ancien centre commercial de Bogota et de la Colombie d'ailleurs) et un peu plus loin vers les Cerros il y a aussi le joli quartier d'Usaquén, un petit village qui a été absorbé par l'expansion de Bogota mais qui a gardé son charme particulier.

Petite précision: je n'aurai plus internet à la maison et je vais devoir me connecter depuis des cyber-cafés. Je vais essayer de vous donner des nouvelles régulièrement mais le blog risque quand même de fonctionner au ralenti. Snif...

Friday, October 20, 2006

Attache ta tuque avec la broche, chérie l'hiver va être tough c't'année (Les Cowboys Fringants - L'Hiver Approche)

Vendredi 17h, Carrera 11 # 82, Centro Andino:
Incroyable mais vrai! Je viens de rentrer dans le Centro Andino et j'en reste bouche bée. Devant moi: une vente de... sapins de Noël!!!!!!!
Alors déjà, on est encore en octobre. Halloween n'est même pas encore passé (ce qui donnait, à Montréal, le feu vert pour les préparatifs de Noël). Bon, ça m'étonnerait qu'Halloween soit vraiment une fête traditionnelle ici, mais comme en France les magasins adoptent des décorations d'un orange du plus bel effet... Et les boîtes organisent des soirées déguisées. Quant à envoyer les enfants faire le tour du quartier pour récolter des bonbons, je pense que, comme en France, c'est pas encore passé dans les moeurs. Mais on verra le 31...
Bon, ensuite, ça peut pas encore être Noël... pas qu'il ne fait pas froid! Hehehehe... Ben oui, c'est évident qu'il ne fait pas froid et qu'il ne fera jamais froid, et que la température en octobre est la même qu'en février ou qu'en juin. En toute logique de plus de vingt ans à Paris et quatre ans à Montréal, quand on est au mois d'octobre... on attend le froid! Mais j'ai encore du mal à m'habituer à l'idée et à la sensation que la température ne baissera PAS.
Sans compter qu'à Montréal, les Cowboys Fringants m'ont appris que "Le Père Noël s't'un québecois, avec ses bas de laine et son gros parka", hahaha! Pourtant il faudra bien que je m'y fasse, surtout que je vais passer Noël à Cartagena, sous les Tropiques! Là, je crois que je serai définitivement et radicalement déphasée!!

Tuesday, October 17, 2006

Si tu te mets sur mon dos j'y laisserais sûrement ma peau, mais je t'arracherai quelques plumes (Pierpoljak - Police)

Mercredi 14h, Avenida El Dorado:

J'ai sauté dans une buseta après l'Avenida Caracas parce que je vais loin et qu'il commence à pleuvoir. On passe le Cementerio Central, on arrive lentement au Teatro Colsubsidio, et là ça se complique. On arrive dans un méga bouchon et on met une demi-heure pour passer le pont au-dessus de la Avenida Ciudad de Quito. On redescend enfin et on passe au pas devant la Universidad Nacional, la plus grande université du pays.

Et là on a enfin l'explication de ce méga bouchon en plein heure creuse. La voie de droite est interdite à la circulation sur toute la longueur du campus pour protéger les automobilistes de la scène apocalyptique qui a lieu à côté. Derrière les grilles de l'université une foule d'étudiants, foulards sur la bouche et le nez, criant des slogans et agitant des pancartes. A une dizaine de mètres devant les grilles, un cordon de policiers anti-émeutes, bouclier à la main et grenades lacrymogènes dans les poches. Entre les deux sur le parvis jonché de débris, trois chars d'assaut pointés sur les étudiants. Un peu plus loin sous la passerelle, un groupe de policiers genre SWAT, bardés de protections pare-balles sur le torse, les épaules, les cuisses, façon Robocop.

Réaction blasée de mon voisin de buseta: "Otra vez se rebeló la Nacional!". Effectivement, plusieurs centaines d'étudiants bloquent le campus pour protester contre une réforme universitaire. Des affrontements ont eu lieu sur le campus et sur la Plaza de Bolivar, où les gazs lacrymogènes ont même incommodé les parlementaires réunis au Capitolio Nacional. Depuis plusieurs mois, la police accuse les Farc de recruter et de former des miliciens dans l'université. Les étudiants répliquent que ce sont plutôt les paramilitaires qui entrent comme dans un moulin sur le campus et les menacent.

Les représentants étudiants de tout le pays sont sur le qui-vive depuis qu'un étudiant membre du Conseil Etudiant de la Universidad del Valle a été "sicariado" (assassiné par des sicarios, des tueurs à gage, même si c'est une très mauvaise traduction) à Cali la semaine dernière. En Colombie la défense des droits -sans même parler de militantisme politique- est encore trop souvent vu comme une activité subversive par certains groupes. Pourtant les choses changent: le Polo Democrático Alternativo, parti de gauche où militent plusieurs anciens guerrilleros démobilisés du M-19, est actuellement la troisième force politique colombienne, et dirige la plus grande mairie du pays: celle de Bogota.

Pour revenir au sujet, les étudiants ont été délogés le soir-même par la police. Le lendemain j'assistais à une conférence dans un des bâtiments du campus, revenu à la normale... La scène n'en était pas moins impressionnante...

Monday, October 16, 2006

But I don't like no disco and I don't like no house, 'cause I'm born to rock, I'm born to pogo! (Mano Negra - King of Bongo)

Aujourd'hui lundi, c'était le dernier jour de Rock al Parque, le plus grand festival de rock en plein air d'Amérique du Sud, au Parque Simon Bolivar comme d'habitude.

C'était la douzième édition du Festival, fréquenté par 300 000 personnes en trois jours. Samedi c'était la journée spéciale heavy metal, dimanche le punk-rock, le ska et le blues, et lundi reggae, pop et fusion. Des groupes colombiens, d'Amérique Latine, des Etats-Unis se sont produits. Et c'est nul autre que le plus latino-américain des musiciens français, Manu Chao, qui a clôturé le Festival.

L'histoire d'amour entre Manu Chao et la Colombie date d'il y a plus de dix ans. En 1993, il embarque La Mano Negra, les comédiens de la troupe Royal de Luxe et une cinquantaine de colombiens dans l'Expreso del Hielo, un train décoré de fresques par les élèves des Beaux-Arts de Bogota. De Bogota à Santa Marta sur la Côte Caraïbe aller-retour (sachant que pas un train n'avait circulé depuis quinze ans!), ils s'arrêtent dans les villages et improvisent concerts et spectacles gratuits au milieu de nulle part, pour les gens du coin. Entre les soucis techniques, les déraillements, les blessures et les maladies, la désertion de la moitié du personnel, les questions de sécurité, la pluie, les retards, la tournée épuise littéralement la troupe et la Mano Negra se sépare l'année d'après, mais Manu Chao a laissé un souvenir impérissable aux colombiens.

Et évidemment, moi j'étais malaaaaaaaaaade lundi et j'ai pas pu aller au concert. Grrrrrr.....

Sunday, October 15, 2006

Yo no nací pa’ violento. Nací para ser llanero. Nací pa’ querer mi tierra, mi caballo y mi sombrero (Orlando "Cholo" Valderrama - Si, soy llanero)

Cette semaine le ciné était à moitié prix au Centro Andino. J'en ai profité pour aller voir un deuxième film colombien: Karmma, El Peso de tus Actos.

L'histoire? Celle du fils d'un propriétaire terrien, organisateur de rapts par ambition, et qui, trahi par l'un de ses collègues, fait enlever son propre père et le vend à la guerrilla sans le savoir.

Dérangeant? Tiré par les cheveux? Karmma est tiré d'une histoire vraie. Encore, me direz-vous, mais c'est que la réalité colombienne dépasse souvent la fiction... Les faits ont eu lieu dans les années quatre-vingt-dix dans la région des Llanos Orientales, au sud-est de Bogota. Le réalisateur a d'ailleurs tourné le film dans la région, sollicité la participation d'un des plus grands chanteur de musica llanera pour la bande son (cf titre), et même impliqué le bataillon de l'armée responsable de la zone dans plusieurs scènes, ce qui donne un réalisme et une profondeur dramatique inpressionants au film.

C'est aussi, apparemment, le premier film colombien qui montre un enlèvement dans sa réalité la plus crue. En effet c'est rarement la guerrilla qui organise les enlèvements, car elle ne se risque pas beaucoup en dehors de ses retranchements. Ce sont en fait des truands qui enlèvent sur commande et ensuite vendent leur "marchandise" à la guerrilla. Par exemple en avril dernier en pleine campagne électorale, la soeur de l'ex-président libéral César Gaviria a été assassinée lors de son enlèvement raté par un groupe de délinquants... Les détenus sont ensuite emmenés au plus profond du monte dans des conditions physiques et sanitaires extrêmement éprouvantes, ce que le film montre dans le détail.

Sur le plan de la technique et des moyens aussi, ce film est un première dans l'univers cinématographique colombien... alors que c'est un premier film d'un jeune réalisateur! Le film a été présenté à Cannes l'année dernière (mais pas en compétition, pour des raisons techniques), où il a été remarqué par une journaliste de la célèbre revue de cinéma américaine Variety qui l'a classé parmi les 9 jeunes réalisateurs latino-américains à suivre.

Autres nouvelles cinématographiques: en ce moment a lieu à Cartagena le tournage de El amor en los tiempos del cólera, l'adaptation du roman de Gabriel Garcia Marquez. Le tournage dure 90 jours, dans plusieurs couvents coloniaux et places du centre historique, ainsi qu'à Mompox, près de Cartagena. C'est Mike Newell (Harry Potter et la Coupe de Feu, sic...) qui se lance dans l'aventure. L'acteur espagnol Javier Bardem ("Avant la nuit" !!!!, "Mar Adentro" !!!!), l'actrice italienne Giovanna Mezzogiorno ("Au secours j'ai trente ans", "Les murs porteurs", re-sic...) et l'actrice colombienne Catalina Sandino ("Maria llena eres de gracia" !!!!) sont à l'affiche. Du coup les paparazzis sont sur le qui-vive à Cartagena!!

Et pour terminer, j'ai vu The Merchant of Venice (pas encore sorti en France) avec Jeremy Irons (!!!!), Al Pacino (normalement j'aurai mis des !!, mais pas dans un film d'époque antérieur au XXe siècle), Joseph Fiennes (il me hérisse!!! malheureusement rien à voir avec son frère Ralph). Alors disons que c'est une reconstitution magnifique, et sans doute une très belle adaptation. Le problème numéro 1 c'est le thème: comment un vieux juif piège un marchand de Venise puis se fait piéger à son tour. On a droit à tous les stéréotypes sur les juifs et l'argent, les juifs et leurs filles, les juifs et les goys, et vu les réactions de la salle ça a plutôt provoqué l'hilarité que le questionnement. En ces temps sensibles y'aurait eu mieux à faire comme film... Le problème numéro 2 - pour moi- c'est que je n'avais pas fait attention que c'était du Shakespeare, et en plus dans le texte. Or, désolée, mais moi je suis allergique à l'anglais de Shakespeare; jamais pu ressentir la beauté de ses textes, pour moi ça tient plus du massacre linguistique... Alors pour les fans de Shakespeare; foncez!

Friday, October 13, 2006

No me alcanza el dinero para contratar a los músicos (Les Luthiers - Serenata Mariachi)

Vendredi 10h, Avenida Caracas # Calle 57, station de TransMilenio Calle 57:

Un mariachi, deux mariachis, dix mariachis, vingt mariachis... C'est le coin des mariachis! Ils attendent sur le trottoir, discutant les uns avec les autres ou avec le commerçant du coin. Bottes pointues, pantalons brodés argent sur le côté, vestes serrées, sombrero... Des rouges, des bleus, des noirs, des verts... Ils attendent qu'on vienne les engager pour une fête, un anniversaire... ou pour un enterrement...

Un peu plus loin, des guitaristes, deux par deux. Eux, c'est le style plus local: ils jouent la musique des Llanos Orientales, des boleros ou encore des balades romantiques. On les engage pour aller chanter des sérénades sous les fenêtres de sa bien-aimée.

Tous les jours, ils sont là, au coin de la Calle 57, les mariachis et les llaneros...

Wednesday, October 11, 2006

Toute ma vie j'ai rêvé de voir le bas d'en haut (Jacques Dutronc - L'Hôtesse de l'Air)

Mercredi 16h, Avenida calle 19 # carrera 2nda, près du terminus du TransMilenio Las Aguas:

Je suis assise dans un café à l'étage, à une table près de la fenêtre. J'ai commandé un chocolate santafereño (un chocolat chaud avec une tranche de fromage, spécialité de Bogota) et je commence à me réchauffer. Dans la rue en contrebas, il y a foule. Les étudiants de la Universidad de los Andes descendent prendre le bus. D'autres discutent en grappes ou s'installent dans les cafés.

Une indienne et son fils d'environ 8 ans passent par là, en tirant un âne chargé de bidons. Pendant que la mère rentre dans un magasin, le fils fait monter l'âne sur le trottoir. Il s'approche d'un arbre et lance la corde autour d'une branche. Il la récupère de l'autre côté et recommence: un tour, deux tours. Il tire bien fort pour vérifier... que l'âne est bien attaché? Non! ...Qu'il peut grimper le long de la corde! En deux temps trois mouvements, hop, il se hisse le long du tronc d'arbre et disparaît dans les feuilles! De là haut, tranquille comme moi, il regarde passer les étudiants...

Sunday, October 08, 2006

Une vraie caillera, tout le monde te respecte, quand tu marches dans le tiéquar tout le monde baisse la tête (Al Peco - Lascards contre Blédards)

Dimanche 16h30, Avenida calle 63 #Avenida 48, le long du Parque Central Simon Bolivar:

Ce jour-là j'ai traversé toute la ville à pied. Je suis monté à la Carrera 7a et je l'ai descendue de la Calle 79 à la Calle 26. Puis j'ai descendu la Calle 26 de la Carrere 7a jusqu'à la Avenida Calle 68. Ca fait à peu près 120 pâtés de maison, pour vous donner une idée. J'ai terminé mon parcours au Parque Simon Bolivar.
C'est les 10 ans de Hip Hop al Parque et le festival bat son plein. Le long de la Avenida calle 63, les jeunes font sagement la queue pour rentrer dans l'enceinte des concerts. La plupart ont l'air d'avoir 16-18 ans. La semaine ils portent l'uniforme: pantalon à pince pour les garçons, jupe plissée à carreaux au-dessus du genou et grandes chaussettes blanches pour les filles, chemise impeccable et gilet sagement boutonné pour tous. Mais là c'est le week-end alors on se lâche. Casquette de travers - T-shirt immense - baggy pour les B-Boys, casquette de travers - top décolleté assorti - baggy assorti et soit-disant négligeamment posé sur les hanches pour les B-Girls. Tout le monde a l'air sorti de Compton/ Los Angeles.

L'entrée est gratuite, et les mesures de sécurité sont draconniennes. Arrivé à la barrière, les B-Boys et les B-Girls ouvrent leur sac s'ils en ont un (fortement déconseillé!!). Puis ils et elles doivent enlever leur veste et sont fouillés par palpation. Ensuite ils et elles enlèvent leurs chaussures, qui sont inspectées. Et enfin il doivent parcourir les quelques mètres qui les séparent de l'entrée de la Plaza de Eventos avec leurs effets à la main et ne se rechausser qu'une fois le sas de sécurité dépassé. Autant pour les B-Boys et B-Girls stylés au top, mais tout le monde se plie aux instructions sans broncher. Les colombiens ont l'habitude, et ce sont les conditions à respecter pour la tenue d'un festival gratuit et en plein air à Bogota!

Friday, October 06, 2006

Can't you hear me when I call (Manu Chao - Mama Call)

Petites tranches de vie à Bogota...

Vendredi soir 17h30, calle 80 # carrera 12 devant le Centro Comercial Atlantis, "Zona Rosa":

C'est la première soirée du week-end. Le jour tombe et le quartier s'éveille. Les jeunes branchés commencent à peupler les bars et les boutiques hype. Les 4*4 rutilants, aux vitres fumées, sillonent lentement le quartier.

Plus lentement encore, un cheval éflanqué tire péniblement une charrette remplie à ras bord de cartons. Perchés sur la charrette, deux recycleurs pratiquement en haillons.

Au milieu des bruits de sabots, une sonnerie de portable retentit. Non, ce n'est pas le Nokia dernière technologie de la fille de bonne famille qui marche devant moi. C'est le recycleur, qui décroche et crie à son collègue:

"Oye, para el caballo, que no se escucha nada!"

Wednesday, October 04, 2006

Bella es la India Catalina, bonita es Susana Caldas (Diomedes Diaz - La Reina de Cartagena)

Pendant ce voyage je n'ai pas été souvent au centre historique de Cartagena car... eh oui... il y a une ville et surtout une vie en dehors des murailles, ce que la plupart des colombiens de l'intérieur ont tendance à oublier. Et quand j'y ai été, je n'ai presque pas sorti mon appareil photo dans la rue. Je le ferai peut-être à l'avenir et je vous en ferai profiter bien évidemment.

Mais ça serait quand même dommage de ne pas voir de quoi il s'agit quand je vous parle de Patrimoine de l'Humanité!

En attendant je vous propose de surfer à travers les photos de ces quelques photographes professionnels, vu que c'est pour la plupart des photos que je réussirai jamais à faire moi-même :-) Bon, les photos de Marcus machin font pas beaucoup avancer le schmilblick et celles de Mangini sont datées (maintenant les fils électriques sont enterrés dans tout le centre historique) mais par contre j'aime beaucoup le regard de Monsieur Andres.

Tiens au fait, la India Catalina, symbole de Cartagena, a été déplacée de quelques mètres à cause des travaux du TransCaribe. Indignation municipale généralisée!!!

Tuesday, October 03, 2006

Champetun, champetudo, aprieta, te quiero mas (Joe Arroyo - Te quiero mas)

Comme je vous disais plus tôt, à Cartagena il n'y a pas de vie sans musique. J'ai donc déniché pour vous des magnifiques "clips de blédards" pour que vous fassiez connaissance avec la musique qu'on entend tous les jours à Cartagena. (Si les vidéos sont "hachées", laissez défiler presque jusqu'au bout sans le son et relancez les du début, histoire que l'ordi les aie en mémoire).

A Cartagena bien sûr, on écoute de la salsa (surtout dans ma famille!!!). Et en ce moment parmi les groupes colombiens c'est l'Orquesta Guayacan - Cuando hablan las miradas qu'on entend partout.
Côté pop il y a l'inégalable et innimitable Shakira Mebarak nationale, et comme on la voit se trémousser partout sur nos écrans, je vous propose un morceau plus intimiste qui me touche particulièrement: Shakira - No.

On continue avec le Vallenato, ou plutôt ce qu'on appelle le "Vallenato Nueva Ola", qui est son équivalent moderne. Voici le très joli clip de Peter Manjarres - El Amor de mi Sabana: grandes jupes, sombrero "vueltiao" et vaches: c'est la Sabana del Caribe, la région de Sincelejo. Pour les spécialistes, ce n'est pas un vrai vallenato mais un vallenato mélangé avec un porro, le rythme de la Sabana. Car maintenant on mélange le vallenato avec tout: avec la salsa et même avec le reggaeton! Et au fait, petite précision: en Amérique du Sud l'accordéon n'est PAS un instrument ringard ;-)

Chez les jeunes on écoute beaucoup de reggaeton, mais 90% des groupes sont de Puerto Rico et les 10% restants de Panama. Bon, je vous propose quand même le duo panaméen Mach & Daddy - Las Solteras, avec un clip un peu moins bling-bling que le style portoricain et un refrain un peu moins macho aussi ('E mejo' 'ta sola que mal acompaña'...)

Bon, voilà pour le côté commercial, maintenant la vraie musique de Cartagena, celle qui est née dans les quartiers les plus pauvres au sein des communautés de palenqueros, les descendants des esclaves, c'est la Champeta Criolla, un mélange de Soukous d'Afrique Centrale francophone, de Highlife d'Afrique Centrale anglophone, de Reggae et Ragga jamaïcain, Compa haïtien, et d'autres rythmes de la Caraïbe. La Champeta, c'est une musique et une culture populaire: elle est née dans les sounds-systems de Cartagena ("los picós", de l'anglais "pick-up", les méga enceintes assourdissantes des sounds-systems) et leurs DJ annonçant les dernières nouveautés("la placa").
Attention pur clip de blédard! Pour commencer en douceur: Anne Swing - La Vuelta, et Hernan Hernandez - El Paga Diario (pauvre blanc de service qu'ils ont chopé pour le clip!!), et pour ceux qui n'ont pas froid aux yeux, histoire de savoir comment ça se danse vraiment dans les soirées: El Afinaito - Busco alguien que me quiera et Mr Black - Los Trapitos al Agua.
Voilà, maintenant vous avez vu, entendu et ressenti l'héritage africain de Cartagena et vous me croyez enfin depuis le temps que je vous parle des liens entre la Colombie et l'Afrique ;-) D'ailleurs, si vous ne comprenez pas la moitié des paroles, c'est normal: les palenqueros parlent un mélange d'espagnol et de langue bantoue. La Champeta est née à Cartagena, mais elle est maintenant diffusée sur toute la Côte colombienne et est populaire aussi dans la Caraïbe et à Panama. Une belle revanche pour une population afro-descendante complètement marginalisée en Colombie...