Mercredi 14h, Avenida El Dorado:
J'ai sauté dans une buseta après l'Avenida Caracas parce que je vais loin et qu'il commence à pleuvoir. On passe le Cementerio Central, on arrive lentement au Teatro Colsubsidio, et là ça se complique. On arrive dans un méga bouchon et on met une demi-heure pour passer le pont au-dessus de la Avenida Ciudad de Quito. On redescend enfin et on passe au pas devant la Universidad Nacional, la plus grande université du pays.
Et là on a enfin l'explication de ce méga bouchon en plein heure creuse. La voie de droite est interdite à la circulation sur toute la longueur du campus pour protéger les automobilistes de la scène apocalyptique qui a lieu à côté. Derrière les grilles de l'université une foule d'étudiants, foulards sur la bouche et le nez, criant des slogans et agitant des pancartes. A une dizaine de mètres devant les grilles, un cordon de policiers anti-émeutes, bouclier à la main et grenades lacrymogènes dans les poches. Entre les deux sur le parvis jonché de débris, trois chars d'assaut pointés sur les étudiants. Un peu plus loin sous la passerelle, un groupe de policiers genre SWAT, bardés de protections pare-balles sur le torse, les épaules, les cuisses, façon Robocop.
Réaction blasée de mon voisin de buseta: "Otra vez se rebeló la Nacional!". Effectivement, plusieurs centaines d'étudiants bloquent le campus pour protester contre une réforme universitaire. Des affrontements ont eu lieu sur le campus et sur la Plaza de Bolivar, où les gazs lacrymogènes ont même incommodé les parlementaires réunis au Capitolio Nacional. Depuis plusieurs mois, la police accuse les Farc de recruter et de former des miliciens dans l'université. Les étudiants répliquent que ce sont plutôt les paramilitaires qui entrent comme dans un moulin sur le campus et les menacent.
Les représentants étudiants de tout le pays sont sur le qui-vive depuis qu'un étudiant membre du Conseil Etudiant de la Universidad del Valle a été "sicariado" (assassiné par des sicarios, des tueurs à gage, même si c'est une très mauvaise traduction) à Cali la semaine dernière. En Colombie la défense des droits -sans même parler de militantisme politique- est encore trop souvent vu comme une activité subversive par certains groupes. Pourtant les choses changent: le Polo Democrático Alternativo, parti de gauche où militent plusieurs anciens guerrilleros démobilisés du M-19, est actuellement la troisième force politique colombienne, et dirige la plus grande mairie du pays: celle de Bogota.
Pour revenir au sujet, les étudiants ont été délogés le soir-même par la police. Le lendemain j'assistais à une conférence dans un des bâtiments du campus, revenu à la normale... La scène n'en était pas moins impressionnante...
J'ai sauté dans une buseta après l'Avenida Caracas parce que je vais loin et qu'il commence à pleuvoir. On passe le Cementerio Central, on arrive lentement au Teatro Colsubsidio, et là ça se complique. On arrive dans un méga bouchon et on met une demi-heure pour passer le pont au-dessus de la Avenida Ciudad de Quito. On redescend enfin et on passe au pas devant la Universidad Nacional, la plus grande université du pays.
Et là on a enfin l'explication de ce méga bouchon en plein heure creuse. La voie de droite est interdite à la circulation sur toute la longueur du campus pour protéger les automobilistes de la scène apocalyptique qui a lieu à côté. Derrière les grilles de l'université une foule d'étudiants, foulards sur la bouche et le nez, criant des slogans et agitant des pancartes. A une dizaine de mètres devant les grilles, un cordon de policiers anti-émeutes, bouclier à la main et grenades lacrymogènes dans les poches. Entre les deux sur le parvis jonché de débris, trois chars d'assaut pointés sur les étudiants. Un peu plus loin sous la passerelle, un groupe de policiers genre SWAT, bardés de protections pare-balles sur le torse, les épaules, les cuisses, façon Robocop.
Réaction blasée de mon voisin de buseta: "Otra vez se rebeló la Nacional!". Effectivement, plusieurs centaines d'étudiants bloquent le campus pour protester contre une réforme universitaire. Des affrontements ont eu lieu sur le campus et sur la Plaza de Bolivar, où les gazs lacrymogènes ont même incommodé les parlementaires réunis au Capitolio Nacional. Depuis plusieurs mois, la police accuse les Farc de recruter et de former des miliciens dans l'université. Les étudiants répliquent que ce sont plutôt les paramilitaires qui entrent comme dans un moulin sur le campus et les menacent.
Les représentants étudiants de tout le pays sont sur le qui-vive depuis qu'un étudiant membre du Conseil Etudiant de la Universidad del Valle a été "sicariado" (assassiné par des sicarios, des tueurs à gage, même si c'est une très mauvaise traduction) à Cali la semaine dernière. En Colombie la défense des droits -sans même parler de militantisme politique- est encore trop souvent vu comme une activité subversive par certains groupes. Pourtant les choses changent: le Polo Democrático Alternativo, parti de gauche où militent plusieurs anciens guerrilleros démobilisés du M-19, est actuellement la troisième force politique colombienne, et dirige la plus grande mairie du pays: celle de Bogota.
Pour revenir au sujet, les étudiants ont été délogés le soir-même par la police. Le lendemain j'assistais à une conférence dans un des bâtiments du campus, revenu à la normale... La scène n'en était pas moins impressionnante...
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