Wednesday, November 29, 2006

It's hard to believe that I'm all alone, at least I have her love, the city she loves me (Red Hot Chili Peppers – Under the Bridge)

Calle 26 # Carrera 6a, 10h :

Une jeune femme traverse tranquillement la rue en piochant dans son paquet de chips ; tout dans son apparence montre qu’elle n’est pas d’ici. Les traits européens, les cheveux et les yeux clairs… elle est visiblement occidentale, même si on peut se tromper. Elle porte un petit débardeur et une jupe légère alors qu’à Bogota les Colombiens ont toujours froid, avec des chaussures de marche façon trek au Tibet. Cerise sur le sundae, comme on dit à Montréal : elle porte sur les épaules un énorme sac à dos façon Décathlon 150L spécial camping, 15 poches et lanières qui pendent de partout.

Tous les passants se retournent sur son passage les yeux écarquillés. Bah oui ! Pourquoi chercher à se fondre dans la masse quand on a maîtrisé le look du parfait Routard en vadrouille à ce point ?! Et après tout, pourquoi se prendre la tête à passer inaperçu dans l’un des 10 pays les plus dangereux du monde ? Hein ? Je vous le demande… C’est inutile d’être parano en Colombie, mais y’a quand même un minimum… Mais bon, c’est beau de voir qu’il y a encore des vrais routards "peace & love" qui ont confiance en la bonté naturelle de l’Etre Humain… jusqu’à la prochaine buseta à Cartagena ?

Tuesday, November 28, 2006

They call me Superman, I'm here to rescue you (Eminem - Superman)

Carrera 13 # Calle 60 – Chapinero, 15h :

Un super héros marche tranquillement dans la rue. Combinaison multicolore avec un grand S fluo sur le torse. Sur les épaules, deux containers métalliques façon réservoirs de carburant : on dirait qu’en appuyant sur un bouton, des flammes vont sortir en-dessous des containers et que le gars va s’envoler comme le Professeur Tournesol.

Soudain, il pousse son cri de super héros : "Tinto, tinto, tintoooooooooooooooooooo !!!!!!" Eh oui, c’est SuperCafé, le vendeur de café chaud, avec ses thermos géants sur le dos :-D

Tous les vendeurs ambulants de café ne sont pas en uniforme, et la plupart portent à la main leurs thermos en plastique, mais attention! SuperCafé... c'est le super héros du café !!!

Sunday, November 26, 2006

Poulet est trop petit-oh, ça peut pas te rassasier-oh, c’est caïman braisé-oh, je vais te donner-oh (Magic System – Premier Gaou)

Cora est repartie à Ottawa hier soir, sniff… On a convenu que la première fois qu’on se verrait, on parlerait français, hahaha… N’empêche, c’était ma première visite à Bogota, et ça m’a vraiment fait plaisir.

Ce midi j’ai été invitée à déjeuner chez Catalina. Au menu du jour : bandeja paisa, une spécialité de la région de Medellin (Antioquia). Je vous explique : haricots rouges avec chicharrones (lard frit), riz et viande hachée, banane frite, arepa (galette de farine de maïs), avocat, salade composée… Autant dire que je n’ai rien mangé le soir…

Dans l’après-midi, histoire de digérer, on a regardé Broken Flowers, de Jim Jarmusch, avec Bill Murray. Euh… appel à ceux qui ont vu le film : avez-vous compris quelque chose ?? C’est typiquement le genre de film qui pourrait être super, très bien joué, très bien mené, mais où le scénariste a trouvé vachement plus drôle de terminer l’histoire en queue de poisson, histoire de laisser le spectateur dans le flou le plus total, parce que ça fait tellement plus "Sundance Festival" qu’un vulgaire dénouement… Si le but c’était de dérouter le spectateur, il valait mieux faire un finish à la Usual Suspects… Bref, décevant à mon humble avis… La digestion de la bandeja paisa aurait mérité mieux ;-)

Saturday, November 25, 2006

Que no existan diferencias entre nosotros Hispanos (Gloria Estefan - Hablemos el mismo idioma)

Avec Cora, je me rend compte qu’à mesure que mon espagnol s’est fluidifié, il s’est aussi "colombianisé", et que je me suis aussi habituée aux expressions régionales.

Cora avait besoin d’acheter quelques fringues. Je lui ai proposé d’aller dans "un almacén" pour avoir plus de choix que dans "una tienda". Et là je vois que Cora me regarde d’un air dubitatif… Après explications, il ressort qu’en Colombie "almacén" c’est plutôt un grand magasin et "tienda" une petite boutique alors qu’en Argentine… c’est exactement le contraire ! Dans le magasin, elle s’arrache les cheveux avec les vendeuses pour des questions de vocabulaire : "camiseta" argentine contre "blusa" colombienne, "falda" colombienne contre "pollera" argentine…

Plus tard, j’ai essayé d’expliquer à Cora comment prendre le TransMilenio (mais en bonne usagère novice, elle s’est évidemment perdue !). Je lui dis : "No tengas pena en preguntar a la gente". A quoi elle répond qu’elle ne voit pas pourquoi ça devrait la traumatiser de demander son chemin aux gens. Effectivement, "tener pena" en Colombie, c’est être gêné, alors que pour tous les autres hispanophones, c’est être triste !
Euh... on parle tous la même langue en théorie, mais en pratique c'est autre chose!

Friday, November 24, 2006

Dile a Catalina que me mande el guayo que la yuca se me está pasando (Sierra Maestra - Dile a Catalina)

Ce soir-là, on est allés boire un verre dans le quartier de Chapinero. Cora m’a présenté à ses amis colombiens et leur a ordonné de me prendre sous leur aile, hahaha. Catalina (au centre) parle français parce qu’elle a passé un an à Paris, donc on échange les cours de conversation et de vocabulaire ;-) Le groupe d’amis s’est formé à la fac… de Droit, et donc ils sont tous… avocats ! C’est un mystère pour moi de constater que la moitié de mes connaissances sont avocats ou juristes alors que j’ai toujours détesté le Droit et que je n’ai jamais suivi un seul cours d’introduction à la matière. A force, je me demande s’il n’y a pas quelqu’un qui cherche à me faire comprendre quelque chose ?!!

Thursday, November 23, 2006

Soy del Sur, como los aires del bandoneon (Gotan Project - Vuelvo al Sur)

Cora, une amie de Concordia University, est arrivée en Colombie la semaine dernière. Elle est à Bogota pour le travail, mais elle a pris quelques jours de plus pour visiter car c’est la première fois qu’elle vient en Colombie. La dernière fois qu’on s’est vues, c’était il y a presque 5 ans, à Montréal… et en anglais. Cora était venue d’Argentine pour faire un Master d’Economie, la même année où je faisais ma Maîtrise en échange à ConU. Je suis rentrée en France puis en Colombie ; elle est partie en Bolivie puis est revenue au Canada.

A l’époque, je ne parlais presque jamais espagnol même avec mes amis latinos, par timidité et aussi parce que je me mélangeais avec l’anglais. Et puis on étudiait dans une université anglophone, donc c’était plus simple et plus fédérateur de parler anglais entre étudiants québécois, français, argentins, mexicains, indiens, chinois, nigérians etc… Maintenant par contre, je baigne dans l’espagnol et ça me vient naturellement. Et puis ça aurait été bête de parler anglais avec une Argentine dans la rue. Mais l’habitude est forte, et les premiers moments ont été très étranges puisqu’on avait pas l’habitude de s’entendre parler espagnol. C’est comme comprendre ce que te dit la personne, mais en ayant l’impression que ce n’est pas elle qui parle parce que la mémoire l’associe automatiquement à une autre langue !

Le premier jour, on a fait une grande balade dans le quartier historique de La Candelaria.

Puis on a fait une pause bien méritée dans une petite cantine sympathique au premier étage d’une maison du quartier: "Tentación Candelaria". Je commande raisonnablement un jus de maracuya (fruit de la passion) et un medio ajiaco, plat typique de Bogota, mais en version mini vu la composition : c’est une sorte de potée de poulet, maïs, 3 sortes de pommes de terre -criolla, pastuza et sabanera-, des câpres et l’herbe qui donne le goût particulier du plat : la guasca. L’ajiaco est accompagné de riz et d’avocat en plus. Cora, enthousiaste, commande un miti miti, c’est-à-dire un medio ajiaco avec son riz et son avocat, accompagné d’une viande, d’une arepa et d’une pomme de terre au four, avec un jus de guanabana. Autant dire qu’on a fini par partager, sinon la pauvre Cora rentrait directement à son hôtel faire la sieste !!

Tuesday, November 21, 2006

Sans intérêt, comme un ciel triste et tempéré (Sinsemilia - Je préfère cent fois)

Dans le bus B74 – TransMilenio, 15h:

A Bogota, comme je vous l’ai déjà dit, le climat est tempéré. Ni chaud ni froid : certains jours il fait 15°C, d’autres 25°C. Malgré tout certaines personnes ont leur parapluie ouvert tous les jours : contre la pluie et contre le soleil intense de l’altitude. Quant à moi, s’il ne pleut pas je ne porte pas de manteau, juste un pull, une jupe et des bottes et c’est parti.

La jeune femme assise à côté de moi, elle, a une curieuse façon de résoudre l’équation du "ni chaud ni froid". Elle porte un pull épais et des gants en laine… une mini jupe vraiment très mini en coton léger… et des tongs à fleurs !!! Le contraste est saisissant...

Au fait, il pleut de moins en moins et la température semble augmenter un peu en journée ces derniers temps. Il paraît que c'est bientôt l'été!! Deux étés en moins de six moix... pas mal comme climat finalement...

Sunday, November 19, 2006

Me voy, que lastima pero adios! (Julieta Venegas - Me voy)

Dimanche soir : c’est ma dernière soirée à Cartagena. Les casse-cou du quartier improvisent un concours de hip-hop-capoeira-gymnastique devant la maison. Jerry l’acrobate, qui passe plus de temps à marcher sur les mains que sur les pieds, est évidemment de la partie.

Le petit Sergio Andrés n’est pas en reste. C’est l’avantage des petits d’être léger et souple et de faire sans problème ce que les grands n’arrivent à faire qu’après des heures d’entraînement, hehehe…
Quelques photos surprises pour les souvenirs: le copain de Cori, Carlos, et Sergio Andrés devant la télé, et Cori flashée à la sortie de la chambre.


Et ça y est, il faut à nouveau boucler son sac pour repartir à Bogota… Mais cette fois-ci l’attente sera mois longue : je reviens pour Noël, dans un mois !

Friday, November 17, 2006

I'm young, willing and able, what you want is what I got (Minnie Riperton - Young, Willing and Able)

Vendredi matin, on appelle Cori pour un entretien pour un poste de réceptionniste dans un hôtel du centre-ville. C’est une de ses amies, réceptionniste dans un hôtel proche, qui l’a mise sur le coup. On croise les doigts pour qu'elle soit prise, et aussi pour qu'elle ne soit pas trop mal payée. Les salaires sont tellement bas en Colombie que Cori a déjà dû démissionner parce qu'elle perdait de l'argent au lieu d'en gagner, le salaire ne couvrant même pas ses frais de transport quotidiens pour se rendre sur son lieu de travail.

J’accompagne ma cousine, et après son entretien on va rendre visite à la copine dans l’hôtel où elle travaille. C’est dans une petite rue à l’intérieur des murailles. Comme c’est souvent le cas dans le centre, un bijou d’architecture coloniale se cache derrière une imposante porte en bois, et l’hôtel n’est indiqué que par une discrète plaque de métal doré. Lorsque les portes n’ont pas d’œillet il faut s’identifier en criant son nom et l’objet de sa visite à travers la porte, mais là heureusement, le groom ouvre un petit panneau dans la porte puis nous fait entrer. Cet hôtel, comme celui où ma cousine a passé l’entretien, est considéré comme familial et ne faisant pas partie des hôtels de luxe de Cartagena. Si ça ne tenait qu’à moi, je préfère largement une chambre simple dans cet hôtel à une suite dans un des palaces en béton qui défigurent la baie de Bocagrande. Jugez par vous-même les parties communes : le lobby, l’entrée, et l’escalier qui monte aux chambres…

Thursday, November 16, 2006

If you a fly gal, get your nails done, get a pedicure, get your hair did (Missy Elliot - Work it)

Le jeudi, comme si de rien n’était, pas un nuage dans le ciel et le soleil tape comme s’il voulait rattraper le temps perdu.
Eric, arrive avec un bonnet sur la tête par 30 degrés à l’ombre. C’est quand il l’enlève que je comprends la fonction du bonnet sous les Tropiques… il a défait ses tresses :

Cori et moi on profite du beau temps pour aller faire un tour au centre et demander à ma tante Rosa de me couper les cheveux. Le plus jeune neveu de Cori, Sergio Andrés, me fait un beau compliment en s’exclamant : "Hoy si te ves Cartagenera !". La vérité sort de la bouche des enfants, hehehe…

Wednesday, November 15, 2006

Ecoute le coulis de l'eau sur la terre, dis toi qu'au bout il y a la mer (Tryo - L'Hymne de nos Campagnes)

Mercredi matin, 7h30, le ciel est dangereusement gris. Le soleil s’est à peine levé. A partir de 8h c’est officiel : il pleut. Ou plutôt : IL PLEUT !!!!!!!!! Une bonne vraie pluie tropicale. Il tombe des trombes et des trombes d’eau. Toutes les 15 minutes on se dit que c’est impossible qu’il pleuve plus fort, et toutes les 15 minutes encore plus d’eau tombe du ciel. Parfois pendant un quart d’heure il pleut un peu moins. Disons que ça diminue au niveau de ce qui serait la pluie du siècle à Paris. Puis ça reprend version tropicale. Vers 9h, de plus en plus de voitures et de taxis remontent la rue de ma tante, qui est d’ordinaire très calme. Une demi-heure plus tard les busetas apparaissent à leur tour, et là on sait que l’avenue en contrebas s’est transformé en fleuve. Vers 11h, il pleut toujours avec autant de force, mais il ne monte presque plus de voitures. Une grosse pluie tropicale à Cartagena, c’est comme une bonne bordée de neige à Montréal : on sait que ce jour-là il n’y a rien d’autre à faire que de rester chez soi…

Dans une certaine mesure la pluie est une bénédiction à Cartagena. Les maisons en dur, même les plus humbles, sont toutes faites de la même façon : surélevées avec une terrasse côté rue et un patio à l’arrière de la maison. Mais pour les quartiers déshérités de Cartagena, c’est le ciel qui leur tombe sur la tête. Les maisons en tôle ou en planches sont bâties au niveau de la rue. Dans le quartier Olaya Herrera, à la sortie de Cartagena, les rues sans asphalte deviennent des torrents de boue qui pénètrent dans les maisons. Dans les quartiers de la Quinta, La Esperanza et tous les quartiers situés sur le flanc de la "Popa", la colline qui surplombe Cartagena, c’est l’angoisse des glissements de terrain meurtriers.

Chez ma tante, chacun s’occupe comme il peut. Le mari de ma tante, comme d’autres voisins, s’arme d’un balai brosse et sort sous le déluge pour nettoyer la terrasse. Et il n’oublie pas de placer une bassine en plastique sous l’arrivée de la canalisation qui évacue l’eau du toit. La bassine se remplit d’eau en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, mais là n’est pas le but : avec la force de la pluie tropicale, la canalisation concentre l’eau du toit en un jet d’une telle force qu’il pourrait exploser le carrelage de la terrasse s’il arrivait directement. On remplit les réservoirs d’eau dans le patio. Les enfants du quartier font des batailles d’eau dans la rue.

Pas d’entraînement ce matin pour les neveux de Cori – 4 de ses 5 neveux jouent au base-ball et sont entraînés façon futurs champions par le grand-père. L’espoir c’est qu’au moins un des quatre décroche un contrat avec une équipe étrangère et puisse aider la famille avec une partie de ses revenus. Mais malgré tout l’entraînement du monde, ça risque d’être difficile car la tendance est aux joueurs de plus en plus grands, et les Colombiens ne sont pas réputés pour leur grande taille… Néanmoins c’est l’effervescence dans la famille ces jours-ci car une délégation américaine vient passer quelques jours à Cartagena pour repérer les futurs champions. Avec cette pluie, c’est un jour perdu pour espérer se faire remarquer des chasseurs de tête. Mais Jerry, le clown officiel de la famille, a bien d’autre façons de se faire remarquer : le voilà défiant la canalisation et profitant pour faire le pitre, puis il sort faire un tour en vélo ( ??!!).


Eric, lui, n’est pas du genre à se faire remarquer pour ses pitreries mais par son look : short baggy qui laisse voir la moitié de son caleçon au grand dam de sa grand-mère, tresses sur la tête, straping sur le bras droit (le bras de la batte de base-ball), et chantant toute la journée les derniers tubes de champeta. Le portrait du Cartagenero version 2006, quoi…

Quant à moi… j’ai pris froid !! Entre la pluie torrentielle à Bogota et à Cartagena et les batailles d’eau des Fêtes, ça fait une semaine que je rentre tous les soirs trempée jusqu’aux os… Je tue le temps en discutant avec Cori. Son copain et des amis devaient venir nous chercher, mais ce jour-là, il pleuvra sans interruption toute la journée et toute la soirée. Tant pis, demain est un autre jour…

Tuesday, November 14, 2006

Je ne crois plus en l'illicite, c'est ma croyance, mon thème et mon titre (Kerry James - Je ne crois plus en l'illicite)

Mardi 22h, dans une ruelle à l'intérieur des murailles:

Un homme est accroupi en plein milieu de la chaussée, une lampe de poche à la main. Il farfouille dans un trou dans l'asphalte en parlant dans sa barbe... Il est en train de trafiquer son compteur d'eau pour qu'il tourne plus lentement!

En Colombie, l'eau comme l'électricité ont des tarifs différents selon la catégorie socio-économique (estrato social, allant de 1 à 6). Mais tout le monde sans exception se plaint du prix de l'eau. De plus, la Colombie est riche en eau potable mais même quand on a l'eau courante, elle n'arrive pas tous les jours. Ma tante Clara habite dans un quartier d'estrato 3 alors que les autres oncles et tantes habitent dans des zones estrato 2, mais chez elle l'eau n'arrive qu'un jour sur deux. La cuisine, les salles de bain et la patio sont donc envahies de citernes. Du coup les colombiens utilisent l'eau comme un bien précieux, et il n'est pas question de la gaspiller ni dans un foyer pauvre ni dans une famille aisée. Bon, quant au sabotage de compteur... pas très civique! C'est le fameux dilemne du "passager clandestin": l'eau est chère donc ca incite les gens à frauder, ce qui renchérit encore plus le service pour les honnêtes citoyens qui payent leurs factures sans broncher. On va dire qu'on n'a rien vu...

Sunday, November 12, 2006

A natural beauty should be preserved like a monument to nature (Neil Young - Natural Beauty)

Et le lundi c'est le jour tant attendu (hum, hum...) de l'élection de la Señorita Colombia, qui représentera le pays lors du concours de Miss Univers (tout un programme...).

Dans un pays -ou plutôt un continent- obsédé par l'esthétique, les candidates sont toutes plus parfaites les unes que les autres. On se demande si c'est un concours de miss ou un concours de chirurgiens esthétiques! Cependant la gagnante, la Señorita Cesar, est apparemment l'unique candidate 100% naturelle du concours 2006, parce qu'elle a "peur du bistouri"... On la croit sur parole... Bon, sa mère a gagné le concours du "off" des mamans de candidates, donc on peut reconnaître qu'elle a des bons gènes :-) Et au moins, ce n'est pas encore une parente de la miss de l'année précédente. En effet, les Señorita Colombia 2004 et 2005 sont cousines (et apparemment, cousines de Shakira). Vive la concurrence!

Saturday, November 11, 2006

Homenaje hará Pedro de Heredia en nombre del Valle, y hasta Blas de Lezo pelearía con quien se la lleve (Diomedes Diaz - La Reina de Cartagena)

Après mon dernier article, quelques grammes de légèreté dans un monde de brutes ne feront pas de mal.

Le dimanche c'est le jour de l'élection de la Reina de la Independencia, élue parmi les reines de quartier de Cartagena, et qui représente la ville au concours national de l'année suivante. Attention interdit de se moquer! Ma cousine Cori a été reine de son quartier (Blas de Lezo) il y a quelques années. Son copain m'a promis de me faire parvenir les photos, donc dès que je les aies je vous les montre (et ma cousine va me tuer, hehehe).

Direction donc le quotidien de Cartagena, El Universal, et son super dossier spécial ;-) Sur ce lien vous pourrez voir les photos de quelques reines de quartiers, ainsi que des photos des comparsas. Si vous doutez de l'importance sociale des concours de beauté en Colombie, lisez donc cet article sur l'élection de la Señorita Independencia: Noche de miedo para el jurado...

Si un jour j'deviens vieux, ce dont j'doute avec la vie qu'je mène, j'écrirai un book sur ce quartier (Bouga - Belsunce Breakdown)

Samedi, c’est le jour des fêtes de quartier. Les comparsas se produisent dans les quartiers de Cartagena. Le soir, rien d’officiel, mais comme c’est la fête partout de toutes façons.

Pour moi, ça a été nettement moins la fête ce soir là. Avec mon pote Jimmy, on a pris le bus vers 21h pour rejoindre des amis dans le centre. A la hauteur du quartier de La Quinta, un des quartiers pauvres et pas très sûrs de Cartagena, trois gars sont montés. Deux se sont assis derrière nous sur les sièges du fond, le troisième s’est assis à l’avant du bus, derrière le chauffeur. Arrivés au marché, ils se sont levés et ont déballé le tas de tissus qu’ils avaient dans les mains pour cacher les armes. Puis ils ont crié aux passagers de se laisser faire sous peine de mourir ce soir.

On y est passés en premier vu qu’on était juste à côté des deux gars du fond. En montant, ils avaient déjà repéré le portable de mon pote qui dépassait de sa poche côté couloir et la montre à son poignet. Ils lui ont donc enlevé de suite. Il avait aussi son portefeuille dans une poche arrière et le billet que je lui avais confié en sortant de la maison par peur d’un vol à l’arrachée dans l’autre poche arrière, mais ils ne l’ont pas fouillé. Quant à moi, j’étais assise côté fenêtre et comme j’avais suivi les recommandations de mes cousins pour les Fêtes, je ne portais que des accessoires fantaisie. J’avais un petit sac en bandoulière dans lequel j’avais mon portable mais rien d’autre de valeur, mais bizarrement ils ne l’ont pas vu. Ils ont donc continué vers l’avant du bus et les autres passagers, en jetant les objets de valeur dans leurs tissus. A la moitié du bus les gars ont crié de donner tous les téléphones portables. J’avais encore le mien donc je l’ai sorti (pas vraiment envie de mourir ce soir), mais comme les trois gars avaient le dos tourné, Jimmy l’a vite rangé dans sa poche. Moi j’en ai profité pour enlever la bandoulière de mon sac et je l’ai mis dans mon dos. Le gars qui était à l’avant a pris l’autoradio du bus. Au moment de sortir, les gars ont répété qu’ils voulaient tous les portables, mais là les passagers ont crié qu’ils les avaient déjà tous donnés et qu’ils n’avaient plus rien.

C’est long à raconter mais le tout a pris moins de trente secondes. Les gars sont descendus du bus et se sont réunis sur le trottoir pour réunir le butin. Etrangement, le chauffeur a mis du temps à redémarrer alors les passagers lui ont crié dessus pour qu’il se bouge. Quelques passagers ont parlé de rester là et d’appeler la police, mais les autres leur ont hurlé que l’urgence c’était au contraire de partir de là le plus vite possible. Mon soupçon, c’est que je n’étais pas la seule à qui il restait des objets de valeur et que les passagers avaient peur que les gars remontent pour finir le travail lorsqu’ils se seraient rendus compte qu’ils n’avaient pas récupéré grand chose. L’intérêt des malfaiteurs, c’est d’aller vite, et ils n’ont pris que ce qu’ils ont vu du premier coup d’œil sans fouiller les passagers : portables et bijoux. Pas vu, pas pris.

Lorsque le bus a redémarré, le chauffeur et son assistant se sont fait incendier par les passagers. Apparemment l’assistant était aussi armé, et les passagers auraient voulu qu’il les protège. Perso, ça me convenait très bien qu’il ne l’ai pas sorti !!!! Comme si une fusillade aurait arrangé les choses !!! Le reste du trajet (sans doute pas plus de 5-10 minutes) a semblé durer une éternité. Une fille a fondu en larmes sous le choc. De mon côté c’était le sang froid absolu. Jimmy et moi on a fait le compte de ce qu’ils nous avaient volé et pas volé et on a commenté les faits. Mais je suis pas non plus une super-héroïne et la peur s’est réveillée a posteriori au fur et à mesure que les images revenaient. Ca c'est tout moi ! En descendant du bus et pour la première fois de ma vie, j’avais sincèrement envie d’un petit verre de rhum histoire de me remettre de mes émotions !

Deux des meilleurs amis de Jimmy vivent dans le quartier de La Quinta et connaissent parfaitement tous les délinquants du quartier (je répète : à Cartagena tout se sait et tout le monde connaît tout le monde…). Les jours suivants on est donc allés plusieurs fois chez eux pour voir si il les reconnaissait. Moi j’ai eu trop peur de les regarder sur le moment et j’ai gardé les yeux scotchés sur l’arme pointée sur nous, donc impossible de reconnaître qui que ce soit. Mais vu la description qu’on leur a fait, les amis nous ont dit que parfois des délinquants d’autres quartiers braquent à l’entrée de La Quinta, et c’était sûrement le cas de ceux-là.

La leçon de tout ça, c’est :
- que je passe vraiment inaperçue (tête, vêtements…) sinon je ne serai pas passée à travers les mailles du filet
- qu’il faut renoncer définitivement à tout le superflu de la technologie et de l’esthétique : un téléphone portable qui téléphone c’est tout ce dont on a besoin, et des boucles d’oreille en noix de coco font l’affaire
- qu’il ne faut absolument pas tenter de résister mais que l’intérêt des braqueurs n’est pas non plus de faire une fouille en règle de tous les passagers, d’où : le traditionnel billet dans le soutien-gorge est une méthode sûre de garder mon argent à l’avenir
- que Cartagena est une ville dangereuse en novembre et décembre tout simplement parce que c’est la saison touristique, et donc à 21h il valait mieux prendre un taxi
- que à mon avis Cartagena n’est pas en moyenne plus dangereuse que Bogota, mais la différence c’est mon style de vie : à Bogota bien que je me déplace presque toujours seule, je n’ai pratiquement pas de vie sociale donc je suis dans mon quartier à partir de 18-19h, et rentrée à la maison grand maximum à 20h30, alors que quand je vais à Cartagena j’en profite pour faire la fête et sortir le soir
- Que pour le meilleur et pour le pire je sais maintenant comment je réagis dans ce genre de situations, et que j’ai passé mon premier test de survie urbaine en Colombie… Merci aux délinquants de me laisser tranquille dorénavant, ça serait sympa…

Friday, November 10, 2006

Suena, suena el buscapié suena, suena el buscapié (Various - Mosaico del desorden)

Vendredi, c’est le jour du défilé des Balleneras : les candidates défilent sur des chars flottants dans la baie de Cartagena. Mais comme on a pratiquement fait nuit blanche, on s’est bougés trop tard pour y aller. Pas grave, on les a déjà vues hier.

A la nuit tombée, on décide d’aller à Las Gaviotas, toujours en tenue de combat : casquette Terpel (lubrifiants pour moteurs) distribuée hier sur le front de mer – débardeur - bermuda plein de farine de la veille – baskets pleines de boue. Pour l’élégance et le raffinement, on verra après les Fêtes. Las Gaviotas est un des quartiers de Cartagena, où le vendredi des Fêtes se déroule une fête particulière. Il y a des fêtes du même genre dans un ou deux autres quartiers de Cartagena, mais pas l’ampleur de celle des Gaviotas. J’ai d’ailleurs droit à un nouveau briefing spécial "Gaviotas". Quand je demande à quoi m’attendre, Yeison me répond : "C’est le Moyen Orient", et me recommande d’être bien réveillée et d’avoir des yeux partout. Bon… c’est parti…

Comment vous dire ? Les Gaviotas, c’est un déluge de feu et d’eau en pleine foule, toute la nuit au centre du quartier. Toutes les gadgets pyrotechniques disponibles en vente libre (quoique pour certains, on se demande) y passent. Des pétards aux feux d’artifice, des "buscapié" aux engins façon lance-roquette artisanal. Les grands favoris, ce sont les "buscapie". Ce sont des feux d’artifice qui se déplacent en spirale, ce qui fait que lorsqu’ils touchent le sol ils continuent leur chemin de façon imprévisible entre les pieds des spectateurs comme s’ils cherchaient leur prochaine victime… d’où leur nom. Voilà pourquoi il faut avoir des yeux partout ! Les buscapie sont lancés au hasard, de préférence sur les gens d’en face (qui vous ont arrosés de feux deux minutes plus tôt). Lorsqu’ils arrivent sur un groupe, tout le monde court ou saute dans tous les sens pour éviter de se faire chauffer les pieds. Dans la panique, on s’accroche à tout ce qu’on trouve pour lever les pieds du sol, et tant pis si c’est le gars d’à côté qu’on ne connaît ni d’Eve ni d’Adam. Et quand tu commences à peine à te remettre de tes émotions, ton voisin t’arrose d’eau des pieds à la tête. C’est bienvenu quand ça permet d’éteindre le buscapie qui menace d’en finir avec tes Nike Shox qui n’ont pas encore quatre mois (n’est-ce pas Yuli !). Mais quand c’est la troisième fois qu’il t’envoie le jet d’eau en pleine face parce qu’il s’est pris d’un amour soudain pour ta pomme, ça commence à bien faire ! Quand tu t’apprêtes à lui sauter dessus avec une bombe à eau dans chaque main pour lui régler son compte, c’est reparti pour un déluge de pétards, et c’est à nouveau le sauve-qui-peut.

Et ainsi de suite… Au bout de deux heures, je suis épuisée. Bah oui, je fais pas ninja comme métier, donc être toujours aux aguets au énième buscapie, c’est pas facile. Heureusement, des amis viennent me chercher et on sort de cet enfer terrestre pour se rendre à Manga, un des quartiers chics de Cartagena. Là, on s’assoie sur un des pontons donnant sur la Baie (j’ai donc fini par y aller ce jour-là, à la Baie de Cartagena, hehehe) pour discuter tranquillement. Mes oreilles résonnent encore des pétards des Gaviotas, mais je savoure le silence du bord de mer. Evidemment, la meilleure amie des Costeños nous accompagne : la bouteille de rhum. Vers trois heures du matin, un des potes nous assure qu’il peut marcher sur l’eau comme Jésus et s’apprête à nous en faire la démonstration, donc on décide de lever le camp. Assez d’émotions pour la journée !

Thursday, November 09, 2006

Con las palmas voy llevando el ritmo alegre pa' entonarte siempre el canto caribeño (Mauricio y Palo de Agua - Canto Caribeño)

Les Fêtes de Cartagena sont à l'origine liées à la célébration de l'Indépendance de la ville. Le 11 novembre est une date sacrée en Colombie aussi, bien que pas pour les mêmes raisons qu'en Europe, évidemment ;-) En effet, le 11 novembre 1811, Cartagena a été la deuxième ville d'Amérique du Sud, après Caracas, à se déclarer indépendante de la Couronne d'Espagne. Ça n'a été que le début de la lutte, en fait, puisque la ville n'a réellement été libérée que dix ans plus tard après le siège le plus long de son histoire pourtant douloureuse de riche ville portuaire régulièrement assaillie par les pirates et les envahisseurs. Mais au XXe siècle, les Fêtes de la ville ont pris un tournant nettement moins... comment dire... euh... dramatique... quoique... Depuis plus de cinquante ans autour du 11 novembre a lieu à Cartagena... le concours de Miss Colombie.

Les évènements officiels comprennent:
- le jeudi: défilé des candidates au concours de Señorita Colombia et les reines des quartiers de Cartagena sur des chars, sur le front de mer (El Bando)
- le vendredi: défilé des candidates dans la baie de Cartagena (Las Balleneras)
- le samedi: rien d'officiel, tout d'officieux...
- le dimanche: l'élection de la Señorita Independencia, la reine des reines de quartier
- le lundi: l'élection de la Señorita Colombia

Mais on est encore que jeudi matin. La ville est encore calme; les gens sont au travail. Ma tante m'apprend que sa belle-fille Mari, qui vit à Turbaco (à 20min de Cartagena) a loué deux bus pour transporter tout son petit monde au centre ville pour la Fête. Quelques coups de fil et c'est arrangé: le bus passera nous prendre vers 13h30, mon cousin Yeison et moi, à la Bomba del Amparo.

10 minutes de marche jusque là et déjà j'ai un avant-goût de ce qui va nous arriver. On essaye de ne pas se faire remarquer, on zigzague entre les groupes de gamins, et on arrive indemnes au rendez-vous. En quinze minutes d'attente, je vois défiler des dizaines de busetas plus sales les unes que les autres. Les assistants des chauffeurs ont tous les cheveux teints en rose, bleu, vert, jaune, violet... Les passagers chantent, hurlent, rient: tout le monde va au centre-ville. Les 2 bus de Turbaco arrivent enfin et pour nous souhaiter la bienvenue, les cousins nous aspergent de maïzena, puis d'eau, puis de peinture... A partir de là, plus la peine de s'essuyer ou de se secouer les vêtements.

Pendant tout le trajet, c'est la bataille avec l'extérieur, d'autant plus féroce que la Avenida Pedro de Heredia est saturée et tout le monde roule au pas. Le but du jeu c'est d'envoyer les munitions -bombes à eau normale ou colorée, maïzena- sur les passants, de préférence les groupes de minettes tirées à quatre épingles ou les malheureux automobilistes qui ont oublié de fermer leur fenêtres malgré la chaleur. Ou mieux: arriver à asperger les passagers d'une buseta rivale, si possible sur les passagers qui ont le nez en l'air. Evidemment, il faut aussi veiller à n'ouvrir les fenêtres que pour tirer, sinon c'est l'arroseur arrosé... Pendant ce temps à l'intérieur de la buseta c'est la foire. Le chauffeur diffuse à fond la musique de carnaval, et tout le bus hurle les paroles et saute et danse dans le couloir. Mari, en fine business-women, vend aux passagers les bières, chips et bonbons qu'elle a acheté en gros la veille car il n'y a pas de petit profit.

On approche enfin de la Avenida Santander et les 2 busetas vont se garer dans des petites rues du quartier, où de jeunes "entrepreneurs" organisent le stationnement sur les trottoirs et terrasses des voisins. On descend tous du bus et on se joint à la marée humaine qui marche jusqu'au front de mer. Lorsqu'on arrive, c'est la petite déception: la première candidate qu'on voit est la Señorita Boyacá, ce qui veut dire qu'on vient de rater la Señorita Bolívar (le département dont Cartagena est la capitale) puisque les candidates défilent par ordre alphabétique. Mais ce n'est pas si grave puisqu'on est des privilégiés: Cartagena est la seule ville de Colombie (à part Bogotá qui est un département à elle toute seule) qui a le privilège de présenter sa candidate en plus de la candidate départementale de Bolívar! Entre les chars des candidates défilent les comparsas de Cartagena (groupes de musique et danses typiques de la Côte Caraïbe) au rythme de la cumbia, du mapalé et des percussions africano-colombiennes. Les candidates saluent la foule du haut de leurs chars décorés, mais pas seulement. Gare à celles qui sont fatiguées, qui ne savent pas bien danser ou pire... à celles qui ne font pas un petit tout sur elles-mêmes pour montrer que l'arrière vaut autant que l'avant: c'est les sifflets garantis. C'est l'Amérique Latine quand même! Pas question de ressembler à une limande congelée! Pendant le défilé, à l'arrière de la foule la bataille continue. Pendant que les uns regardent le défilé, les autres leur peignent le visage en jaune, en rouge, en bleu, en noir, aspergent d'eau, lancent de la farine...

Vers 15h30 le défilé est terminé et Yeison et moi on file rejoindre les cousines Corina, Ledis et Alba dans le quartier de La Esperanza (un des quartiers les plus chauds de Cartagena, je l'ai appris ensuite). À l'arrivée, c'est le grand éclat de rire! On est peinturlurés de partout. Impossible de cacher qu'on a été voir le Bando. Heureusement on est chez des amis et on peut aller se débarbouiller. On a passé le reste de la soirée là, à la mode de Cartagena c'est-à-dire en installant les chaises en pleine rue, en profitant des hauts-parleurs hurlants de la boutique d'en face pour danser avec les voisins (enfants et 3e âge compris) et en faisant tourner la bouteille de rhum jusqu'à 3h du matin.

Wednesday, November 08, 2006

Les voy a contar la historia, la vida en Cartagena, se espera la temporada pa' que se prenda la fiesta (Jerau - El Pelao)

Le mercredi ça a donc été la course toute la journée. Heureusement, ma logeuse m'a accompagnée à l'aéroport en fin de journée, et hop! C'est reparti pour les Tropiques! Départ de Bogota dans la soirée, quand la nuit et le froid commencent à s'abattre sur la ville. Moins d'une heure plus tard, arrivée dans la chaleur et l'humidité de Cartagena. Je savoure les délicieuses premières secondes à la porte de l'avion où une espèce de vague de chaleur moite te saute à la figure, l'accent de Cartagena qui caresse les oreilles, les accords de vallenato dans le taxi et les vibrations des sounds systems dans la rue, les effluves de ville tropicale qui surprennent l'odorat, les peaux noires et blanches et toutes les variations possibles entre les deux...

Mon cousin Yeison m'accompagne chez ma cousine Corina, qui nous attend avec son copain Carlos. Les trois me font un briefing complet de Cartagena pendant les Fêtes. Les Fêtes commencent donc demain jeudi. A partir de midi, la ville s'arrête. Ou plutôt, la ville officielle: celle des bureaux, des administrations etc... Et la Cartagena populaire et sauvage se réveille. Les habitants de Cartagena, surtout les enfants et les jeunes, prennent possession des rues, au sens propre du terme. A tous les coins de rue et parfois tous les 5 mètres, des barrages de cordes et/ou de hordes de gamins. C'est le "trick or treat" façon Cartagena: soit tu lâches quelques pièces, soit... gare à toi!!!

Les recommendations des cousins pour les prochains jours sont donc:
- N'emporte rien avec toi, pas de sac, rien de valeur dans les poches, aucun bijou
- Habille toi avec tes vêtements les plus vieux et sales possibles, et de préférence de couleur sombre
- Porte des chaussures confortables et fermées: tongs interdites
- Porte un bermuda de préférence: pas de short trop court ni de pantalon aux chevilles; l'idéal est que les jambes soient couvertes soient couvertes jusqu'à mi-mollet
- Reste toujours en groupe et ne t'éloigne pas de tes accompagnateurs
- Garde ton calme - et ton sens de l'humour- en toutes circonstances

Sur ce... je ne vous en dis pas plus... et à demain! (et ceux qui ne lisent pas mon blog dans l'ordre chronologique ont perdu tout le suspense, hehehe!)

Tuesday, November 07, 2006

It's gonna be a lovely day, today I love the world and I love you (Luther Vandross - Lovely Day)

7 novembre: jour de chance!

Ces derniers jours, j'ai tout essayé pour obtenir un billet d'avion moins cher pour partir à Cartagena. En effet, du 9 au 11 novembre c'est la Fête de l'Indépendance de Cartagena - et l'élection de Miss Colombie, sic... - et à cette occasion la ville est sans dessus dessous et fait la fête nuit et jour. Il faut que je voie ça, mais impossible d'utiliser mes miles ni celles de mon oncle; les compagnies aériennes sont malignes...

J'y ai réfléchi pendant une semaine et finalement je me suis résignée à aller à Cartagena... en bus. De 45 minutes en avion, le trajet passe à... 20 petites heures!!! Seule, c'est pas le top, mais bon... Je me prépare à aller à la Gare Routière de Bogota pour prendre mon billet, en espérant qu'il reste des places car les Fêtes de Cartagena sont un évènement très courru. Au moment de sortir, la fille de ma logeuse m'appelle: elle est abonnée au quotidien El Tiempo et elle vient de voir une offre spéciale d'Avianca, la compagnie nationale, pour Cartagena. Bon, ça coûte rien d'essayer donc je décide d'aler à l'agence Avianca d'abord. Là, je découvre que la promo est valable pour tout voyage avant le 30 novembre, et qu'il y a des places pour les dates où je veux voyager!!! Et le billet est pratiquement à moitié prix, que demande le peuple?!

Ni une ni deux, hop, je paye mon billet. Sur le chemin du retour vers la maison, j'achète un bouquet de fleurs pour remercier la messagère. Je pars le lendemain!!! Youpiiiiiiiiiiiiiiiii!!!!!!!!!! Prochaine chronique live from Cartagena :-D

Saturday, November 04, 2006

Dust in the wind, all we are is dust in the wind (Kansas, Dust in the Wind)

Bon, pour que ce blog soit impartial (hum, hum...), il faut que je parle des bons ET des mauvais côtés de la Colombie. Et donc de l'attentat qui a eu lieu il y a une semaine en plein Bogota. Le 19 octobre vers 8h45, une voiture piégée a explosé sur le parking de la Escuela Superior de Guerra, située dans le complexe militaire de la Calle 100 # Carrera 9a. La bombe a fait 23 blessés et a endommagé les immeubles alentour dans ce quartier d'affaires très important de Bogota (et où je passe au moins une fois par semaine, il faut bien le dire...).

Les autorités ont attribué l'attentat aux FARC dès les minutes qui ont suivies, mais certains chroniqueurs soulèvent ironiquement la question de la responsabilité. En effet il y a quelques semaines à peine a éclaté un scandale à propos d'attentats et tentatives d'attentats précédemment attribués aux FARC et survenus juste avant la 2e prise de pouvoir du président Alvaro Uribe en 2006. Apparemment, ces attentats ont été montés avec l'aide d'un ex-membre des FARC, puis "déjoués" par les militaires eux-mêmes dans le but de montrer des résultats "positifs" à l'opinion publique (et d'empocher les primes d'efficacité au passage). Le petit jeu n'a pas été si innocent puisqu'il a fait un mort et 19 blessés lors de l'explosion d'une voiture piégée... dans un complexe militaire au nord de Bogota... Depuis l'affaire des "falsos positivos", l'opinion publique est donc beaucoup moins prompte à désigner des responsables.

Une des conséquences principales de l'attentat du 19 octobre, c'est que le président Uribe a immédiatement mis fin à son offre d'"échange humanitaire", c'est-à-dire d'échange de guerrilleros détenus contre des otages des FARC. A la place, le gouvernement propose maintenant que l'armée délivre les otages par la force, ce qui représente un risque énorme pour leur vie. Les familles d'otages dénoncent la méthode, qui signifie que les FARC, acculés lors d'un assaut de l'armée, risquent d'exécuter les otages (certains ayant passé des années et des années en captivité dans la jungle) au lieu de les libérer.

Wednesday, November 01, 2006

Que es lo que sube? (Proyecto Uno - Te Dejaron Flat)

Comme le francais, l'espagnol est truffé d'anglicismes.

Bien sûr il y a le fameux Spanglish, mais c'est carrément autre chose et je crois même que c'est pas loin de devenir une langue officielle. En Colombie on peut pas dire que les gens le parlent. Le Spanglish arrive ici presque exclusivement sous forme de reggaeton de Puerto Rico. Exemple (Gasolina - Daddy Yankee): "To' los weekenes ella sale a vacilar, mi gata no para de janguiar" (de "week-end" et "to hang out" en anglais).

Les colombiens comme les américains ont une passion pour le poulet frit. Dans la rue, ça donne un anglicisme, ou plutôt un américanisme à mourir de rire : "pollo brosterizado", pour "broastered chicken". C’est ce qui est étonnant avec le spanglish c’est que derrière des transcriptions à hérisser les cheveux sur la tête, en fait les règles de la conjugaison et même de l’accentuation espagnole sont toujours respectées. D’où "to broaster" => "broastered" et "brosterizar" => "brosterizado", tout simplement !!

Quelques mots de spanglish sont quand même bien ancrés. Un de mes préférés et des plus courants c'est "un man" (un mec), qui au pluriel devient évidemment... "dos manes". Eh oui, pourquoi se compliquer la vie? Avouez qu'on a tous trouvé relou d'apprendre à dire "one man, two men" lors de nos premiers cours d'anglais au collège! Pour les filles c'est plus conservateur. Dans le vocabulaire courant on utilise: "nena, chica, muchacha, vieja (sic…), gorda (re-sic…)" etc... Mais dans les chansons de reggae et de reggaeton on voit l'influence du jamaïcain. A l'écrit le mot existe dans toutes les versions possibles et inimaginables : "gial, guial, gal, yal…" (de "girl "). Heureusement, je n’ai encore jamais entendu les gens le dire dans la rue, même à Cartagena.

Par contre, un mot qui a essaimé à travers tout le continent et toutes les langues, c’est "party". Au Québec, il est déjà bien transformé par le français et se prononce "parté", au revoir le y. Ici on s’embête pas non plus et on le prononce "pary", au revoir le t. Mais aucun mot anglais n’est aussi internationalement maltraité que le mot "sandwich". Je croyais avoir vu toutes les orthographes possibles et imaginables du mot entre Barbès et Château Rouge, mais non ! Ici on trouve "sanduiches", "sanduches" etc… Culinairement déjà, ça se discute, mais alors linguistiquement c’est franchement un cadeau empoisonné que les Britanniques ont fait à la planète!