Les Fêtes de Cartagena sont à l'origine liées à la célébration de l'Indépendance de la ville. Le 11 novembre est une date sacrée en Colombie aussi, bien que pas pour les mêmes raisons qu'en Europe, évidemment ;-) En effet, le 11 novembre 1811, Cartagena a été la deuxième ville d'Amérique du Sud, après Caracas, à se déclarer indépendante de la Couronne d'Espagne. Ça n'a été que le début de la lutte, en fait, puisque la ville n'a réellement été libérée que dix ans plus tard après le siège le plus long de son histoire pourtant douloureuse de riche ville portuaire régulièrement assaillie par les pirates et les envahisseurs. Mais au XXe siècle, les Fêtes de la ville ont pris un tournant nettement moins... comment dire... euh... dramatique... quoique... Depuis plus de cinquante ans autour du 11 novembre a lieu à Cartagena... le concours de Miss Colombie.
Les évènements officiels comprennent:
- le jeudi: défilé des candidates au concours de Señorita Colombia et les reines des quartiers de Cartagena sur des chars, sur le front de mer (El Bando)
- le vendredi: défilé des candidates dans la baie de Cartagena (Las Balleneras)
- le samedi: rien d'officiel, tout d'officieux...
- le dimanche: l'élection de la Señorita Independencia, la reine des reines de quartier
- le lundi: l'élection de la Señorita Colombia
Mais on est encore que jeudi matin. La ville est encore calme; les gens sont au travail. Ma tante m'apprend que sa belle-fille Mari, qui vit à Turbaco (à 20min de Cartagena) a loué deux bus pour transporter tout son petit monde au centre ville pour la Fête. Quelques coups de fil et c'est arrangé: le bus passera nous prendre vers 13h30, mon cousin Yeison et moi, à la Bomba del Amparo.
10 minutes de marche jusque là et déjà j'ai un avant-goût de ce qui va nous arriver. On essaye de ne pas se faire remarquer, on zigzague entre les groupes de gamins, et on arrive indemnes au rendez-vous. En quinze minutes d'attente, je vois défiler des dizaines de busetas plus sales les unes que les autres. Les assistants des chauffeurs ont tous les cheveux teints en rose, bleu, vert, jaune, violet... Les passagers chantent, hurlent, rient: tout le monde va au centre-ville. Les 2 bus de Turbaco arrivent enfin et pour nous souhaiter la bienvenue, les cousins nous aspergent de maïzena, puis d'eau, puis de peinture... A partir de là, plus la peine de s'essuyer ou de se secouer les vêtements.
Pendant tout le trajet, c'est la bataille avec l'extérieur, d'autant plus féroce que la Avenida Pedro de Heredia est saturée et tout le monde roule au pas. Le but du jeu c'est d'envoyer les munitions -bombes à eau normale ou colorée, maïzena- sur les passants, de préférence les groupes de minettes tirées à quatre épingles ou les malheureux automobilistes qui ont oublié de fermer leur fenêtres malgré la chaleur. Ou mieux: arriver à asperger les passagers d'une buseta rivale, si possible sur les passagers qui ont le nez en l'air. Evidemment, il faut aussi veiller à n'ouvrir les fenêtres que pour tirer, sinon c'est l'arroseur arrosé... Pendant ce temps à l'intérieur de la buseta c'est la foire. Le chauffeur diffuse à fond la musique de carnaval, et tout le bus hurle les paroles et saute et danse dans le couloir. Mari, en fine business-women, vend aux passagers les bières, chips et bonbons qu'elle a acheté en gros la veille car il n'y a pas de petit profit.
On approche enfin de la Avenida Santander et les 2 busetas vont se garer dans des petites rues du quartier, où de jeunes "entrepreneurs" organisent le stationnement sur les trottoirs et terrasses des voisins. On descend tous du bus et on se joint à la marée humaine qui marche jusqu'au front de mer. Lorsqu'on arrive, c'est la petite déception: la première candidate qu'on voit est la Señorita Boyacá, ce qui veut dire qu'on vient de rater la Señorita Bolívar (le département dont Cartagena est la capitale) puisque les candidates défilent par ordre alphabétique. Mais ce n'est pas si grave puisqu'on est des privilégiés: Cartagena est la seule ville de Colombie (à part Bogotá qui est un département à elle toute seule) qui a le privilège de présenter sa candidate en plus de la candidate départementale de Bolívar! Entre les chars des candidates défilent les comparsas de Cartagena (groupes de musique et danses typiques de la Côte Caraïbe) au rythme de la cumbia, du mapalé et des percussions africano-colombiennes. Les candidates saluent la foule du haut de leurs chars décorés, mais pas seulement. Gare à celles qui sont fatiguées, qui ne savent pas bien danser ou pire... à celles qui ne font pas un petit tout sur elles-mêmes pour montrer que l'arrière vaut autant que l'avant: c'est les sifflets garantis. C'est l'Amérique Latine quand même! Pas question de ressembler à une limande congelée! Pendant le défilé, à l'arrière de la foule la bataille continue. Pendant que les uns regardent le défilé, les autres leur peignent le visage en jaune, en rouge, en bleu, en noir, aspergent d'eau, lancent de la farine...
Vers 15h30 le défilé est terminé et Yeison et moi on file rejoindre les cousines Corina, Ledis et Alba dans le quartier de La Esperanza (un des quartiers les plus chauds de Cartagena, je l'ai appris ensuite). À l'arrivée, c'est le grand éclat de rire! On est peinturlurés de partout. Impossible de cacher qu'on a été voir le Bando. Heureusement on est chez des amis et on peut aller se débarbouiller. On a passé le reste de la soirée là, à la mode de Cartagena c'est-à-dire en installant les chaises en pleine rue, en profitant des hauts-parleurs hurlants de la boutique d'en face pour danser avec les voisins (enfants et 3e âge compris) et en faisant tourner la bouteille de rhum jusqu'à 3h du matin.
Les évènements officiels comprennent:
- le jeudi: défilé des candidates au concours de Señorita Colombia et les reines des quartiers de Cartagena sur des chars, sur le front de mer (El Bando)
- le vendredi: défilé des candidates dans la baie de Cartagena (Las Balleneras)
- le samedi: rien d'officiel, tout d'officieux...
- le dimanche: l'élection de la Señorita Independencia, la reine des reines de quartier
- le lundi: l'élection de la Señorita Colombia
Mais on est encore que jeudi matin. La ville est encore calme; les gens sont au travail. Ma tante m'apprend que sa belle-fille Mari, qui vit à Turbaco (à 20min de Cartagena) a loué deux bus pour transporter tout son petit monde au centre ville pour la Fête. Quelques coups de fil et c'est arrangé: le bus passera nous prendre vers 13h30, mon cousin Yeison et moi, à la Bomba del Amparo.
10 minutes de marche jusque là et déjà j'ai un avant-goût de ce qui va nous arriver. On essaye de ne pas se faire remarquer, on zigzague entre les groupes de gamins, et on arrive indemnes au rendez-vous. En quinze minutes d'attente, je vois défiler des dizaines de busetas plus sales les unes que les autres. Les assistants des chauffeurs ont tous les cheveux teints en rose, bleu, vert, jaune, violet... Les passagers chantent, hurlent, rient: tout le monde va au centre-ville. Les 2 bus de Turbaco arrivent enfin et pour nous souhaiter la bienvenue, les cousins nous aspergent de maïzena, puis d'eau, puis de peinture... A partir de là, plus la peine de s'essuyer ou de se secouer les vêtements.
Pendant tout le trajet, c'est la bataille avec l'extérieur, d'autant plus féroce que la Avenida Pedro de Heredia est saturée et tout le monde roule au pas. Le but du jeu c'est d'envoyer les munitions -bombes à eau normale ou colorée, maïzena- sur les passants, de préférence les groupes de minettes tirées à quatre épingles ou les malheureux automobilistes qui ont oublié de fermer leur fenêtres malgré la chaleur. Ou mieux: arriver à asperger les passagers d'une buseta rivale, si possible sur les passagers qui ont le nez en l'air. Evidemment, il faut aussi veiller à n'ouvrir les fenêtres que pour tirer, sinon c'est l'arroseur arrosé... Pendant ce temps à l'intérieur de la buseta c'est la foire. Le chauffeur diffuse à fond la musique de carnaval, et tout le bus hurle les paroles et saute et danse dans le couloir. Mari, en fine business-women, vend aux passagers les bières, chips et bonbons qu'elle a acheté en gros la veille car il n'y a pas de petit profit.
On approche enfin de la Avenida Santander et les 2 busetas vont se garer dans des petites rues du quartier, où de jeunes "entrepreneurs" organisent le stationnement sur les trottoirs et terrasses des voisins. On descend tous du bus et on se joint à la marée humaine qui marche jusqu'au front de mer. Lorsqu'on arrive, c'est la petite déception: la première candidate qu'on voit est la Señorita Boyacá, ce qui veut dire qu'on vient de rater la Señorita Bolívar (le département dont Cartagena est la capitale) puisque les candidates défilent par ordre alphabétique. Mais ce n'est pas si grave puisqu'on est des privilégiés: Cartagena est la seule ville de Colombie (à part Bogotá qui est un département à elle toute seule) qui a le privilège de présenter sa candidate en plus de la candidate départementale de Bolívar! Entre les chars des candidates défilent les comparsas de Cartagena (groupes de musique et danses typiques de la Côte Caraïbe) au rythme de la cumbia, du mapalé et des percussions africano-colombiennes. Les candidates saluent la foule du haut de leurs chars décorés, mais pas seulement. Gare à celles qui sont fatiguées, qui ne savent pas bien danser ou pire... à celles qui ne font pas un petit tout sur elles-mêmes pour montrer que l'arrière vaut autant que l'avant: c'est les sifflets garantis. C'est l'Amérique Latine quand même! Pas question de ressembler à une limande congelée! Pendant le défilé, à l'arrière de la foule la bataille continue. Pendant que les uns regardent le défilé, les autres leur peignent le visage en jaune, en rouge, en bleu, en noir, aspergent d'eau, lancent de la farine...
Vers 15h30 le défilé est terminé et Yeison et moi on file rejoindre les cousines Corina, Ledis et Alba dans le quartier de La Esperanza (un des quartiers les plus chauds de Cartagena, je l'ai appris ensuite). À l'arrivée, c'est le grand éclat de rire! On est peinturlurés de partout. Impossible de cacher qu'on a été voir le Bando. Heureusement on est chez des amis et on peut aller se débarbouiller. On a passé le reste de la soirée là, à la mode de Cartagena c'est-à-dire en installant les chaises en pleine rue, en profitant des hauts-parleurs hurlants de la boutique d'en face pour danser avec les voisins (enfants et 3e âge compris) et en faisant tourner la bouteille de rhum jusqu'à 3h du matin.
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