Mercredi 12h, Avenida Jimenez # Carrera Séptima, Station de TransMilenio Museo de Oro:
Tout d'un coup tout s'éclaire; je viens de comprendre.
Je passe à ce carrefour au moins une fois par semaine depuis mon arrivée. A ce coin de rue précis, à côté du Mc Do et à deux pas du Ministère de l'Agriculture. Tous les jours il y a plusieurs dizaines d'hommes debout, par groupes de 2-3. Tous se ressemblent: le visage buriné, en jean et veste en cuir qui a vu passer les années. Certains jours le vaste trottoir est noir de monde, d'autres jours les rangs sont clairsemés, mais il y a toujours au moins une vingtaine d'hommes. Pourquoi tant de gens? Pourquoi que des hommes? Pourquoi ils ne sont pas en train de faire la queue devant un magasin, une banque, une administration et pourtant ils sont toujours là debout sur le trottoir?? Intimidée et méfiante devant cet attroupement viril et mystérieux, je prends toujours le trottoir d'en face même si je dois re-traverser après.
Mais aujourd'hui j'en ai eu marre de me rallonger le trajet alors pour la première fois, j'ai serré mon sac bien fort, j'ai boutonné mon manteau et j'ai entrepris de traverser la foule masculine. Un regard à droite, un regard à gauche, et là j'ai compris. Discrètement, au milieu des petits groupes, un homme sort une petite feuille pliée de sa poche intérieure, un autre ouvre la paume de sa main, un troisième... m'envoie un rayon de soleil teinté de vert dans les yeux...
C'est le marché aux émeraudes de Bogota! Marché sauvage, bien entendu. Pourtant ce quartier d'affaires et de tourisme est truffé de surveillance et de sécurité en tous genres, mais visiblement aucun uniforme ne vient les déranger. La logique semble plutôt être: si vous êtes assez bête pour acheter une émeraude sur le trottoir, libre à vous! La Colombie fournit en effet 60% des émeraudes mondiales, et surtout, les émeraudes les plus pures, les plus foncées et donc les plus recherchées. Mais les émeraudes sont des pierres précieuses tellement rares et chères qu'il est plus que fortement déconseillé d'en acheter dans la rue. Les filous ne pouvant pas laisser passer une telle aubaine, toutes sortes de trucs existent pour rendre les pierres plus brillantes ou foncer leur couleur: les huiler ou les tremper dans des résines naturelles par exemple. Apparemment ces stratagèmes sont capables de tromper même les experts, alors que dire du touriste lambda... A l'achat, on se dit qu'on a fait l'affaire du siècle, et quelque temps après on a plus qu'un caillou vert pâle et fissuré, et ses yeux pour pleurer...
Quant à moi, je sais maintenant que je ne risque rien à traverser la foule du coin de la Avenida Jimenez. Du moins tant que je ne pars pas à la poursuite du diamant vert ;-)
Tout d'un coup tout s'éclaire; je viens de comprendre.
Je passe à ce carrefour au moins une fois par semaine depuis mon arrivée. A ce coin de rue précis, à côté du Mc Do et à deux pas du Ministère de l'Agriculture. Tous les jours il y a plusieurs dizaines d'hommes debout, par groupes de 2-3. Tous se ressemblent: le visage buriné, en jean et veste en cuir qui a vu passer les années. Certains jours le vaste trottoir est noir de monde, d'autres jours les rangs sont clairsemés, mais il y a toujours au moins une vingtaine d'hommes. Pourquoi tant de gens? Pourquoi que des hommes? Pourquoi ils ne sont pas en train de faire la queue devant un magasin, une banque, une administration et pourtant ils sont toujours là debout sur le trottoir?? Intimidée et méfiante devant cet attroupement viril et mystérieux, je prends toujours le trottoir d'en face même si je dois re-traverser après.
Mais aujourd'hui j'en ai eu marre de me rallonger le trajet alors pour la première fois, j'ai serré mon sac bien fort, j'ai boutonné mon manteau et j'ai entrepris de traverser la foule masculine. Un regard à droite, un regard à gauche, et là j'ai compris. Discrètement, au milieu des petits groupes, un homme sort une petite feuille pliée de sa poche intérieure, un autre ouvre la paume de sa main, un troisième... m'envoie un rayon de soleil teinté de vert dans les yeux...
C'est le marché aux émeraudes de Bogota! Marché sauvage, bien entendu. Pourtant ce quartier d'affaires et de tourisme est truffé de surveillance et de sécurité en tous genres, mais visiblement aucun uniforme ne vient les déranger. La logique semble plutôt être: si vous êtes assez bête pour acheter une émeraude sur le trottoir, libre à vous! La Colombie fournit en effet 60% des émeraudes mondiales, et surtout, les émeraudes les plus pures, les plus foncées et donc les plus recherchées. Mais les émeraudes sont des pierres précieuses tellement rares et chères qu'il est plus que fortement déconseillé d'en acheter dans la rue. Les filous ne pouvant pas laisser passer une telle aubaine, toutes sortes de trucs existent pour rendre les pierres plus brillantes ou foncer leur couleur: les huiler ou les tremper dans des résines naturelles par exemple. Apparemment ces stratagèmes sont capables de tromper même les experts, alors que dire du touriste lambda... A l'achat, on se dit qu'on a fait l'affaire du siècle, et quelque temps après on a plus qu'un caillou vert pâle et fissuré, et ses yeux pour pleurer...
Quant à moi, je sais maintenant que je ne risque rien à traverser la foule du coin de la Avenida Jimenez. Du moins tant que je ne pars pas à la poursuite du diamant vert ;-)
1 comment:
Heheh! That's a great story! I can't WAIT to see Avenida Jiminez with my own eyes now.
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