Friday, December 22, 2006

En Navidad fui invitado a la casa de Tavín para un tremendo festín que dijo había preparado (El Gran Combo - No hay cama pa' tanta gente)

C’est le mariage de ma cousine Meliza et Juan Carlos. Le mariage religieux a lieu a 18h en l’Eglise Santo Toribio, une église coloniale en plein centre historique de Cartagena. La cérémonie consacre quatre jeunes couples en même temps. La moitié de ma (grande) famille est là, l’autre est en train de préparer la fête.



Ma cousine Sandra est une trois des jeunes filles d’honneur, et ma cousine Daniela est LA fille d’honneur en chef, celle qui porte les anneaux (décidément, à chaque fois que je la vois, elle est habillée en princesse!).

Après l’Eglise, direction "Republica de Chile"… pas le pays, le quartier de Cartagena ! Les photos des mariés et des invités sont faites dans le salon transformé en studio photo.



Les terrasses des voisins et même la rue sont réquisitionnés pour le mariage, tandis que des baffles immenses font trembler le sol au rythme de la salsa, du merengue et de la champeta.



C’est l’occasion de voir des membres de la famille que je n’ai pas vus depuis une éternité, comme mon oncle Wilfrido (entre mes oncles Gilberto et Guillo). Ou encore Patsy, qui dans mes souvenirs est l’adolescente aux jambes interminables et aux yeux hypnotisants qui me gardait quand j’étais petite; maintenant c’est sa fille Wendy, une des trois filles d’honneur, l’adolescente aux jambes interminables et aux yeux hypnotisants, hehehe !!



Sumi et moi manquons de mourir de faim car on n’avait pas prévu que le dîner serait servi à minuit, mais on fini par manger et retrouver notre énergie pour danser avec les cousins/ cousines/ oncles et tantes jusqu’à l’aube.



Vive les mariés (épuisés) !

Año nuevo, vida nueva, más alegres los días serán (Billo's Caracas Boys - Año nuevo)

Les derniers jours ont été chaotiques. La dame chez qui je logeait a décidé de faire enlever la moquette dans les chambres et de faire mettre du parquet. On dirait que j’inspire les gens à faire des travaux dans leur appart !! Bien sûr elle n’a pas pu attendre que je parte, le 20 décembre, pour le faire… Evidemment, l’appartement a été sans dessus dessous pendant plusieurs jours puisqu’il a fallu entreposer le contenu de trois chambres dans le salon. Et dormir une nuit au milieu du salon/ garde-meuble. Mais on s’en fiche, car on part enfin à Cartagena !


Une nouvelle fois, ça a été le cauchemar pour trouver des billets d’avion à prix raisonnable. Finalement, on a trouvé une solution qui ne m’aurait jamais, mais alors JAMAIS traversé l’esprit sans l’aide de la fille de ma logeuse, jeune retraitée de la Marine: l’agence de voyage de l’armée colombienne !!!!! Non, je ne rigole pas !!!! Ils ont des tarifs avantageux même pour les civils, et donc on pu avoir nos billets à prix normal en pleine haute saison de Noël. Pour cela, il a carrément fallu se rendre au Ministère de la Défense (une énorme base militaire au milieu de nulle part à Bogota), montrer patte blanche à travers une demi-douzaine de contrôles d’identité, de prise d’empreintes et de fouilles, naviguer au milieu des uniformes jusqu’aux quartiers généraux de la Marine, puis parler dates de vacances avec une femme officier-agente de voyage rigide mais néanmoins sympathique. Sumi restera à Cartagena 12 jours, comme prévu au départ. Mais pour moi ça sera un voyage express vu que je reprends le boulot mardi matin : 3 jours et pas un de plus ! Bon, on va pas cracher dans la soupe…


Et ça y est ! On est à Cartagena ! Sumi, qui a grandi à Bombay, est aux anges car elle retrouve son "environnement naturel" (30 degrés, 100% d’humidité). Et mon oncle nous accueille avec une bière bien fraîche, puis une autre, puis une autre ! Je m’arrête à 2, ce qui est déjà un exploit pour moi : une parce qu’il fait tellement soif que même une bière fera l’affaire, et une autre pour la politesse.


En plus, ce n’est que le début de la soirée vu que des amis nous emmènent en boîte quelques heures plus tard. Je fais un séjour éclair, alors autant en profiter un max !

Tuesday, December 19, 2006

Navidad que vuelve, tradición del año, unos van alegres, otros van llorando (Billo's Caracas Boys - Cantares de Navidad)

Je travaille depuis deux jours, et voilà que les bureaux ferment ! Et oui, c’est pas tout de travailler, mais Noël approche et ici, c’est sacré. A Washington aussi, les bureaux de la BID ferment. En attendant, j’ai un contrat initial comme indépendante, jusqu’à ce que les bureaux rouvrent et que les responsables soient là pour me faire un contrat en bonne et due forme. Et donc c’est à moi de me débrouiller pour me connecter à Internet (dans les cybercafés) et pour appeler ma superviseure (dans les boutiques de téléphonie), le tout à mes frais sinon ça serait pas drôle…. Et cela jusqu’au… 15 janvier ! Qu’est-ce qu’on ferait pas pour son premier vrai boulot !

En m’attendant pendant que je travaillais, Sumi a visité musées et églises et s’est promenée dans toute la Candelaria. Et le jeudi, elle est allée à la Laguna de Guatavita avec mon amie Susie et ses filles. La Laguna de Guatavita est un lac parfaitement circulaire formé par un météorite et lieu sacré de la civilisation Muisca. Ce lac est à l’origine de la légende de l’El Dorado, car en voyant la place centrale de l'or dans les cérémonies Muiscas, les Espagnols crurent qu’un trésor se trouvait au fond du lac. Résultat : des générations d’aventuriers se sont succédées depuis, certains entaillant carrément la montagne pour drainer le lac, et tout ça pour déterrer deux francs six sous d’objets archéologiques et provoquer des dégâts environnementaux irréparables. Presque toutes ces aventuriers ont fini ruinés par leur folle expédition, dans une sorte de "malédiction de l’El Dorado" bien méritée, hehehe…

Sunday, December 17, 2006

Son para gozarlas estas navidades porque el año que viene se acaban los pesares (Tania Salazar - Parranda Navideña)

Ce matin c’est dimanche, donc direction Monserrate. Le dimanche est le jour où les Bogotanos font leur pèlerinage ; le reste de la semaine les lieux sont déserts et on est sûrs de se faire dépouiller ! J’ai une blessure au pied depuis mon dernier voyage à Cartagena (blessure non examinée sous les Tropiques = infection garantie) que je viens de faire soigner il y a deux jours. Donc on évitera l’ascension par le chemin de croix (1h de marche) et on prendra le Téléphérique au nom de la convalescence!

Depuis Monserrate, la vue sur Bogota est à couper le souffle. La ville est tentaculaire et s’étend littéralement à perte de vue. Et ça me fait comme à chaque fois que je regarde une ville de haut : une étrange impression de sérénité. Au dessus des toits des immeubles, on n’entend plus les klaxons, on ne respire plus les gaz d’échappement, on ne lutte plus contre la marée humaine. La ville, d’ici, paraît immobile, apaisée… Quelle détente….



Enfin, ça reste la Colombie, et niveau sonore ce n’est pas le silence total non plus ! Le sanctuaire est plein à craquer en ce dimanche, car les Novenas ont commencé. Neuf jours avant Noël, les gens se réunissent pour prier, en famille, entre amis ou collègues, à la maison, à l’Eglise ou même dans la salle de réunion du bureau, souvent dès le milieu de l’après-midi jusque tard dans la soirée. La Colombie étant la Colombie, les prières sont accompagnées de chants de Noël, d’une bonne bouffe et d’une bonne bouteille dans la mesure du possible ! C’est une tradition presque unique à la Colombie (la "Noche de las Velitas" aussi), et c’est toujours étonnant de constater à quel point les rites varient d’un pays à l’autre au sein même du monde catholique.

Le sanctuaire de Monserrate abrite une statue de Jésus gisant, censé être à l’origine de nombreux miracles. Les familles se recueillent auprès de la statue pour lui confier leur demande personnelle de miracle, puis tracent un signe de croix sur la vitre de protection. Un peu plus loin, un couloir est dédié aux plaques de remerciements pour les miracles accomplis. Des fautes d’orthographe aux remerciements pour guérison ou pour l’obtention de la carte verte, tout y est !


Ceux qui n’ont pas les moyens se fendent d’un graffiti à même le mur, malgré l’avis prévenant que taguer une église relève du blasphème. Je suis moi-même sur le point de sortir mon stylo pour remercier le Seigneur tombé de m’avoir trouvé du boulot ;-)

Saturday, December 16, 2006

Con mi burrito sabanero voy camino de Belén, si me ven, si me ven, voy camino de Belén (Ricardo Cuenci - Mi burrito sabanero)

En bonne guide touristique, je commence par emmener Sumi faire un tour dans la Candelaria. Le ciel est menaçant, mais pas assez pour nous arrêter (photos signées Sumi).


Après un premier tour, les estomacs se creusent, mais… damned ! Ma cantine préférée de la Candelaria – Tentacion Candelaria – est fermée le week-end !! On se rabat sur un "restaurante casero", où on commande l’"almuerzo corriente". On est entourée d’hommes : des ouvriers du coin en pause déjeuner, des groupes d’amis alignant les bouteilles de bière, des pères de famille avec leurs fils. C’est intimidant au départ, mais finalement l’ambiance est très conviviale. La soupe est délicieuse (rien n’égale le coriandre frais) et la viande en sauce est à tomber par terre. Sumi n’en croit pas ses papilles.

On décolle enfin et je lui montre les musées qu’elle visitera les prochains jours pendant que je serai au travail. Après quelques heures de marche, le besoin de carburant se fait à nouveau sentir, alors on se pose à l’étage de La Puerta Falsa. C’est le plus vieux restaurant de Bogota, ouvert depuis 1816. Les quelques tables et les bancs en bois sont serrés les uns contre les autres, mais un énorme miroir du bas en haut du mur donne l’impression d’être dans un grand restaurant. La Puerta Falsa ne sert pas de repas, mais juste des en-cas typiques du centre de la Colombie : tamales, almojabanas… et bien sûr le célèbre chocolate santafereno. Sumi est aux anges et trouve que son séjour en Colombie ne pouvait pas mieux commencer.

Friday, December 15, 2006

J'allais enfin retrouver ma famille que j'avais laissé de l'autre coté de l'océan depuis si longtemps (Perle Lama - Plus jamais seule)

Je vais chercher Sumi à l’aéroport. Vu qu’en général, c’est moi qu’on vient chercher et qu’après 10h de vol on ne pense qu’à sortir le plus vite possible de ce truc, je ne connais pas bien les lieux et je demande à un policier où sont les arrivées. "Derrière vous", me dit-il. Je me retourne et là, je me retrouve nez à nez avec une foule impressionnante ! Tous endimanchés, du bébé à la grand-mère, préparant caméscopes et appareils photos pour immortaliser l’instant, brandissant des bouquets de fleurs, des cadeaux, voire carrément des posters et banderoles de bienvenue avec les photos des êtres chers, le tout dans une atmosphère d’euphorie généralisée !

Ce soir-là, trois vols arrivent des Etats-Unis en moins d’une demi-heure. Je réalise alors l’ampleur de l’immigration des colombiens, surtout aux Etats-Unis (1.2 millions!!), et ce que cela signifie concrètement pour le pays. Ici, tout le monde connaît au moins un cousin ou un voisin parti à l’étranger. Et avec la période des Fêtes qui approche, ce sont les retrouvailles avec les émigrants. Plus de la moitié des passagers qui arrivent sont clairement des émigrants : hommes et femmes dans la force de l’âge ; acclamés par leur famille comme des héros. Et voilà Sumi qui se fraie un passage ! L’accueil est moins bruyant, mais le cœur y est :-)

Thursday, December 14, 2006

Sky is the limit and you know that can have what you want, be what you want (Notorious BIG feat 112 - Sky's the Limit)

Ca y est ! J’ai réussi en partie mon projet colombien !! Je suis sur un nuage !!! C’est la fête !!!!

Aujourd’hui à 16h30, j’ai reçu un coup de fil m’annonçant que j’ai été sélectionnée pour le job pour lequel j’ai passé l’entretien téléphonique le jour de mon annif. Ca m’a donc vraiment porté chance.

C’est un début, et j’espère, un déclic. C’est un contrat initial de mi-temps pendant deux mois, prolongeable ensuite en un contrat de quatre mois, sûrement à temps plein celui-là. Et la cerise sur le sundae : c’est la Banque Inter-Américaine de Développement qui finance le poste, et ça sera donc un contrat direct avec eux. Dispensé d’impôts vu que c’est un contrat avec une organisation internationale, s’il vous-plaît :-) Je vais donc travailler dans– ou plutôt être – le Secrétariat d’organisation d’une conférence internationale qui aura lieu en mai 2007 à Bogota, sur le thème de l’évaluation des projets de coopération internationale. Autant dire que c’est une occasion de se construire un joli carnet d’adresses histoire d’assurer l’après conférence. Je vais travailler dans les locaux d’une Fondation spécialisée dans l’évaluation de projets de coopération internationale en Colombie, dans un quartier commerçant très sympa et très central (Chapinero). Et je commence… lundi !

Bon, pour mon premier Noël les doigts de pied en éventail sur le sable fin des Caraïbes, c’est raté. Et mon amie de Concordia University arrive demain pour ce qui allait être trois semaines de visites et de voyages ensemble à travers la Colombie. Il va falloir improviser :-) En même temps, je vais enfin gagner des sous au lieu d’en dépenser, et ça va faire du bien !

Tuesday, December 12, 2006

Me voy a regalar, en esta Navidad, un cariño nuevo (Marc Anthony - Me voy a regalar)

Le mois de décembre en Colombie, c’est comme le mois d’août en France. Courses de Noël en plus, évidemment. Et donc, au lieu que la ville se vide de ses vacanciers, elle se remplit de consommateurs ! Depuis quelques jours, c’est la pagaille en ville. Monter dans une buseta devient une plaie, et trouver une place assise tient de l’héroïsme. Et ce n’est que le début des soucis ; puisque la buseta roule 10m avant de se retrouver dans le bouchon du siècle… Les heures de pointe débordent largement sur le milieu de la journée. Les temps de trajet en taxi, voiture et buseta sont multipliés par 2. Heureusement, il reste mon cher TransMilenio, mais il faut aimer le contact humain !

Cette année, la ville inaugure la première ciclovia nocturne, spéciale période de Noël : le 14 décembre, un des axes rouges de Bogota sera fermé aux voitures en soirée. Et toute une zone piétonne a été créée autour de la Plaza de Bolivar. Ouf, on respire un peu !

Sunday, December 10, 2006

My christmas tree doesn't look the same as it always has before (The Temptations - My Christmas tree)

La "Noche de las Velitas", c’est le vrai début de la période de Noël pour les colombiens. Les magasins et les parcs ferment plus tard. Les radios passent des salsas, des merengues et des chansons rétro sur le thème de Noël. Etrangement, la plupart de ces chansons sont des chansons à boire plus que religieuses, hahaha… Beaucoup de bureaux ont fermé jeudi dernier au soir, et les travailleurs sont donc en vacances pour un mois, comme les étudiants qui ont terminé, eux, dès fin novembre.

A partir du 7 décembre, toutes les décorations de Noël sont donc en place. Chez ma propriétaire, ça a été le branle-bas de combat ces derniers jours. Tous les bibelots, vases, et porcelaines ont été évacués. Et des caisses et des caisses de décorations ont fait leur entrée. La dame aura mis 3 jours pour tout installer ! En plus du sapin, des dizaines de bougeoirs, de clochettes, de couronnes, de rubans, de bonhommes de neige, de lutins et de Pères Noël de toutes les tailles et de toutes les consistances, plus une collection de crèches miniatures ont envahi toutes les pièces de l’appartement (salles de bain comprise). Même le labrador a un foulard spécial Noël…


Friday, December 08, 2006

Que linda la fiesta es en un ocho de diciembre (Diomedes Diaz - Las cuatro fiestas)

Malgré le fait de fêter mon annif presque seule à l’autre bout du monde, j’ai eu une jolie consolation. En effet, le 7 décembre au soir dans le centre du pays, le 8 à l’aube sur la Côte, tous les colombiens allument des bougies. C’est la "Noche de las Velitas" dans tout le pays, en l’honneur de la Vierge, fêtée le 8 décembre. Et donc j’apprends… que le 8 décembre est un jour férié en Colombie, ce qui veut dire que dorénavant je vais pouvoir fêter mon annif jusqu’au bout de la nuit et lézarder sous la couette le lendemain. Trop bien cette tradition ;-)

Thursday, December 07, 2006

Jai sei chutar a bola, agora so me falta ganhar (Tribalistas - Ja Sei Namorar)

Aujourd’hui, c’est mon annif ! Pour autant, je me réveille avec l’estomac noué. Hier, j’ai appris que j’aurai un entretien téléphonique à 12h30. Ben finalement ; ça change pas… Avant, il y avait toujours un partiel qui tombait le jour de mon annif ! Là, c’est un entretien téléphonique, car deusw responsables sont à New York et la troisième est à Cali. C’est assez bizarre et intimidant. D’abord, d’attendre le coup de fil en pyjama dans ma chambre ! Et puis, on ne peut pas dissimuler ses hésitations, on ne voit pas les réactions des interlocuteurs et surtout pour moi : on ne peut pas s’aider de la gestuelle pour mieux comprendre la langue (et éventuellement : l’accent). Mais en fait, ça a aussi ses avantages : pour que tout le monde se comprenne malgré la distance et la qualité variable des lignes téléphoniques, mes interlocutrices ont parlé lentement et en articulant, ce qui m’a facilité la tâche. Bon, maintenant il ne me "reste plus" qu’à transformer l’essai et décrocher un screugneugneu de job…

A 13h30, je peux enfin commencer à savourer mon annif. La dame qui m’héberge et sa fille m’ont offert une parure (collier et boucles d’oreille) avec l’ordre de l’étrenner lors de mon premier jour de travail, hehehe… J’ai reçu quelques coups de fil, mais pas de Môman, vaincue par la technologie du paiement par Internet de crédits téléphoniques, hihihi… Et le soir… fiesta avec Suzie et quelques potes à la Casa de la Cerveza. Dans le groupe, un pote fête son annif le 8 décembre, donc à minuit j’ai passé le relais ;-)

Monday, December 04, 2006

Baby, can't see a damn thing out my window, it's so dark, so dark, so dark (Prince - So dark)

Vers 19h, je sors de chez Elfi. Comme toujours à cette heure , c’est le bordel sur la Carrera 11. Je continue à descendre pour prendre le TransMilenio. La nuit est anormalement obscure. Arrivée au bus, je comprends enfin ! Les bars sont éclairés à la bougie ; la station de bus est à peine éclairée par un générateur. "Se fue la luz", comme on dit ici…

Le bus file à toute allure, longeant la Avenida Caracas totalement bouchée. Vu depuis le pont du TransMilenio, c’est la pagaille dans toute la ville puisque pas un seul feu rouge ne fonctionne. Arrivée dans mon quartier, je trouve mon chemin grâce aux bougies des gardiens d’immeuble. J’ai mon petit lecteur MP3/radio, et le présentateur annonce une coupure d’électricité dans presque tout Bogota, une partie de Medellin, Cucuta et tout l’Eje Cafetero. Innocemment, je me dis que le réseau n’a pas résisté à toutes les décorations lumineuses de Noël. Mais lorsque j’annonce les dernières nouvelles au gardien et à la dame qui m’héberge, ils ont la même réaction : "c’est une bombe ! ". Ils m’expliquent qu’une coupure d’une telle ampleur a sûrement été provoquée par une bombe des FARC, comme il y a quelques années. On restera dans le noir pendant plus de trois heures ce soir là…

En fait, c’est une combinaison de facteurs qui a provoqué cette coupure d’électricité. Le samedi précédent, les FARC ont effectivement saboté une centrale près de Bogota. Le sabotage d’infrastructures (électrique, pétrolière…) est une méthode très utilisée par la guerrilla pour nuire à l’Etat colombien. Ce sabotage est d’ailleurs le numéro 152 de l’année 2006, rien que sur les infrastructures électriques. Ces jours-là, il y avait aussi des travaux sur le réseau reliant le centre du pays à la Côte Caraïbe. Et enfin, le réseau n’a pas pu gérer tant de problèmes à la fois pendant une période de forte demande d’électricité. Il a rendu l’âme… Plus d’un million de colombiens se sont retrouvés dans le noir pendant 3h. Et j’ai pu découvrir que dans certains quartiers, comme El Nogal, où sont situées plusieurs ambassades, de nombreux immeubles ont leur propre générateur et leurs habitants ne se sont même pas rendus compte de la coupure ! Quant à nous, on a dû sacrifier les bougies de déco de Noël :-)

Friday, December 01, 2006

Allumer le feu et faire danser les diables et les dieux (Johnny Hallyday - Allumer le feu)

Ce soir à 19h30, le maire de Bogota, Luis Eduardo (Lucho) Garzon, a allumé les décorations de Noël. De nombreuses avenues et de nombreux parcs sont illuminés. Au centre de la Plaza de Bolivar, il y a carrément un château de lumière.





Dans le parc de la Carrera 15 # Calle 87, c’est un champ de petits sapins de lumière. Dans le Parque de la 93, c’est un faux sapin de 30 m de haut brillant de mille feux. A Usaquen, c'est la féerie autour de l'Eglise.



Dans le Parque Simon Bolivar, deux dragons illuminés sortent du lac. Dans le Centro Andino, il neige (du polystyrène). Dans la Zona T, c'est un ciel d'étoiles.



En fait, c’est tout un parcours d’illuminations que la Mairie a mis en place pour le période des Fêtes.

La Mairie est en avance, car ici la tradition c’est de décorer à partir du 7 décembre. Mais c’est le lancement des festivités, et toute la semaine les particuliers, les gardiens d’immeuble et les magasins installent petit à petit les décorations. Des sapins poussent partout, devant les centres commerciaux et sur les places importantes. Comment fait-on pour semer des sapins géants à tous les coins de rue si près de l’Equateur ? C’est simple. On monte une armature métallique en forme de cône renversé. Puis on lui fixe des fausses branches en rangs serrés, et on décore comme si c’était un vrai sapin. Je dois dire que c’est assez bien fait ; ça ne fait pas trop "sapin en plastique"… et ça ne sème pas des aiguilles partout ! Les immeubles résidentiels des quartiers chics rivalisent de décorations : sapin dans le hall d’entrée, guirlandes clignotantes sur la façade, biches et traîneaux lumineux sur les pelouses. C’est le festival ! Je retrouve pas mal de ce que j’avais découvert à Montréal. Les goûts en matière de décoration sont similaires, même s’il n’y a pas la neige pour donner la dimension féerique.

Wednesday, November 29, 2006

It's hard to believe that I'm all alone, at least I have her love, the city she loves me (Red Hot Chili Peppers – Under the Bridge)

Calle 26 # Carrera 6a, 10h :

Une jeune femme traverse tranquillement la rue en piochant dans son paquet de chips ; tout dans son apparence montre qu’elle n’est pas d’ici. Les traits européens, les cheveux et les yeux clairs… elle est visiblement occidentale, même si on peut se tromper. Elle porte un petit débardeur et une jupe légère alors qu’à Bogota les Colombiens ont toujours froid, avec des chaussures de marche façon trek au Tibet. Cerise sur le sundae, comme on dit à Montréal : elle porte sur les épaules un énorme sac à dos façon Décathlon 150L spécial camping, 15 poches et lanières qui pendent de partout.

Tous les passants se retournent sur son passage les yeux écarquillés. Bah oui ! Pourquoi chercher à se fondre dans la masse quand on a maîtrisé le look du parfait Routard en vadrouille à ce point ?! Et après tout, pourquoi se prendre la tête à passer inaperçu dans l’un des 10 pays les plus dangereux du monde ? Hein ? Je vous le demande… C’est inutile d’être parano en Colombie, mais y’a quand même un minimum… Mais bon, c’est beau de voir qu’il y a encore des vrais routards "peace & love" qui ont confiance en la bonté naturelle de l’Etre Humain… jusqu’à la prochaine buseta à Cartagena ?

Tuesday, November 28, 2006

They call me Superman, I'm here to rescue you (Eminem - Superman)

Carrera 13 # Calle 60 – Chapinero, 15h :

Un super héros marche tranquillement dans la rue. Combinaison multicolore avec un grand S fluo sur le torse. Sur les épaules, deux containers métalliques façon réservoirs de carburant : on dirait qu’en appuyant sur un bouton, des flammes vont sortir en-dessous des containers et que le gars va s’envoler comme le Professeur Tournesol.

Soudain, il pousse son cri de super héros : "Tinto, tinto, tintoooooooooooooooooooo !!!!!!" Eh oui, c’est SuperCafé, le vendeur de café chaud, avec ses thermos géants sur le dos :-D

Tous les vendeurs ambulants de café ne sont pas en uniforme, et la plupart portent à la main leurs thermos en plastique, mais attention! SuperCafé... c'est le super héros du café !!!

Sunday, November 26, 2006

Poulet est trop petit-oh, ça peut pas te rassasier-oh, c’est caïman braisé-oh, je vais te donner-oh (Magic System – Premier Gaou)

Cora est repartie à Ottawa hier soir, sniff… On a convenu que la première fois qu’on se verrait, on parlerait français, hahaha… N’empêche, c’était ma première visite à Bogota, et ça m’a vraiment fait plaisir.

Ce midi j’ai été invitée à déjeuner chez Catalina. Au menu du jour : bandeja paisa, une spécialité de la région de Medellin (Antioquia). Je vous explique : haricots rouges avec chicharrones (lard frit), riz et viande hachée, banane frite, arepa (galette de farine de maïs), avocat, salade composée… Autant dire que je n’ai rien mangé le soir…

Dans l’après-midi, histoire de digérer, on a regardé Broken Flowers, de Jim Jarmusch, avec Bill Murray. Euh… appel à ceux qui ont vu le film : avez-vous compris quelque chose ?? C’est typiquement le genre de film qui pourrait être super, très bien joué, très bien mené, mais où le scénariste a trouvé vachement plus drôle de terminer l’histoire en queue de poisson, histoire de laisser le spectateur dans le flou le plus total, parce que ça fait tellement plus "Sundance Festival" qu’un vulgaire dénouement… Si le but c’était de dérouter le spectateur, il valait mieux faire un finish à la Usual Suspects… Bref, décevant à mon humble avis… La digestion de la bandeja paisa aurait mérité mieux ;-)

Saturday, November 25, 2006

Que no existan diferencias entre nosotros Hispanos (Gloria Estefan - Hablemos el mismo idioma)

Avec Cora, je me rend compte qu’à mesure que mon espagnol s’est fluidifié, il s’est aussi "colombianisé", et que je me suis aussi habituée aux expressions régionales.

Cora avait besoin d’acheter quelques fringues. Je lui ai proposé d’aller dans "un almacén" pour avoir plus de choix que dans "una tienda". Et là je vois que Cora me regarde d’un air dubitatif… Après explications, il ressort qu’en Colombie "almacén" c’est plutôt un grand magasin et "tienda" une petite boutique alors qu’en Argentine… c’est exactement le contraire ! Dans le magasin, elle s’arrache les cheveux avec les vendeuses pour des questions de vocabulaire : "camiseta" argentine contre "blusa" colombienne, "falda" colombienne contre "pollera" argentine…

Plus tard, j’ai essayé d’expliquer à Cora comment prendre le TransMilenio (mais en bonne usagère novice, elle s’est évidemment perdue !). Je lui dis : "No tengas pena en preguntar a la gente". A quoi elle répond qu’elle ne voit pas pourquoi ça devrait la traumatiser de demander son chemin aux gens. Effectivement, "tener pena" en Colombie, c’est être gêné, alors que pour tous les autres hispanophones, c’est être triste !
Euh... on parle tous la même langue en théorie, mais en pratique c'est autre chose!

Friday, November 24, 2006

Dile a Catalina que me mande el guayo que la yuca se me está pasando (Sierra Maestra - Dile a Catalina)

Ce soir-là, on est allés boire un verre dans le quartier de Chapinero. Cora m’a présenté à ses amis colombiens et leur a ordonné de me prendre sous leur aile, hahaha. Catalina (au centre) parle français parce qu’elle a passé un an à Paris, donc on échange les cours de conversation et de vocabulaire ;-) Le groupe d’amis s’est formé à la fac… de Droit, et donc ils sont tous… avocats ! C’est un mystère pour moi de constater que la moitié de mes connaissances sont avocats ou juristes alors que j’ai toujours détesté le Droit et que je n’ai jamais suivi un seul cours d’introduction à la matière. A force, je me demande s’il n’y a pas quelqu’un qui cherche à me faire comprendre quelque chose ?!!

Thursday, November 23, 2006

Soy del Sur, como los aires del bandoneon (Gotan Project - Vuelvo al Sur)

Cora, une amie de Concordia University, est arrivée en Colombie la semaine dernière. Elle est à Bogota pour le travail, mais elle a pris quelques jours de plus pour visiter car c’est la première fois qu’elle vient en Colombie. La dernière fois qu’on s’est vues, c’était il y a presque 5 ans, à Montréal… et en anglais. Cora était venue d’Argentine pour faire un Master d’Economie, la même année où je faisais ma Maîtrise en échange à ConU. Je suis rentrée en France puis en Colombie ; elle est partie en Bolivie puis est revenue au Canada.

A l’époque, je ne parlais presque jamais espagnol même avec mes amis latinos, par timidité et aussi parce que je me mélangeais avec l’anglais. Et puis on étudiait dans une université anglophone, donc c’était plus simple et plus fédérateur de parler anglais entre étudiants québécois, français, argentins, mexicains, indiens, chinois, nigérians etc… Maintenant par contre, je baigne dans l’espagnol et ça me vient naturellement. Et puis ça aurait été bête de parler anglais avec une Argentine dans la rue. Mais l’habitude est forte, et les premiers moments ont été très étranges puisqu’on avait pas l’habitude de s’entendre parler espagnol. C’est comme comprendre ce que te dit la personne, mais en ayant l’impression que ce n’est pas elle qui parle parce que la mémoire l’associe automatiquement à une autre langue !

Le premier jour, on a fait une grande balade dans le quartier historique de La Candelaria.

Puis on a fait une pause bien méritée dans une petite cantine sympathique au premier étage d’une maison du quartier: "Tentación Candelaria". Je commande raisonnablement un jus de maracuya (fruit de la passion) et un medio ajiaco, plat typique de Bogota, mais en version mini vu la composition : c’est une sorte de potée de poulet, maïs, 3 sortes de pommes de terre -criolla, pastuza et sabanera-, des câpres et l’herbe qui donne le goût particulier du plat : la guasca. L’ajiaco est accompagné de riz et d’avocat en plus. Cora, enthousiaste, commande un miti miti, c’est-à-dire un medio ajiaco avec son riz et son avocat, accompagné d’une viande, d’une arepa et d’une pomme de terre au four, avec un jus de guanabana. Autant dire qu’on a fini par partager, sinon la pauvre Cora rentrait directement à son hôtel faire la sieste !!