Wednesday, January 31, 2007

J'tourne en rond, j'cours toujours, et je tourne autour... (Zazie - Je tourne)

Dans les semaines suivantes j'ai appelé le Consulat chaque semaine pour savoir s'ils avaient des nouvelles de Bogota: rien. Au moment d'acheter mon billet d'avion, le gars de l'agence m'a prévenu que si je partais avec mon passeport français je ne pouvais pas avoir un billet d'avion de plus de 3 mois et m'a conseillé d'appeler la compagnie pour être sûre. La compagnie, elle, m'a dit de voir avec le Consulat. Le Consulat m'a dit de voir avec la Compagnie. Donc j'ai fini par prendre un billet d'avion valable un an, tout en fixant le retour à une date de moins de 3 mois que je savais que j'allais repousser, perdant d'office ma possibilité gratuite unique de changer ma date de retour parce que personne n'avait été capable de me répondre... Et je suis finalement partie avec mon passeport français et j'ai donc reçu à nouveau le fameux tampon "TV" une nouvelle fois, valable 2 mois par contre.

Arrivée en Colombie, je commence à me renseigner pour savoir où en est ma demande de carte d'identité. La première étape, me conseillent d'autres bi-nationaux, c'est d'aller à la Notaria Primera demander mon registre d'Etat Civil. A la Notaria Primera, la dame me dit qu'elle a besoin du "numéro de série" inscrit en haut de mon registre pour le retrouver dans les archives. Pas de chance, ma photocopie est coupée pile à cet endroit! J'appelle Môman en France à la rescousse, pour qu'elle demande au Consulat une nouvelle copie de mon registre. Le Consulat accepte en traînant les pieds car ils affirment que la Notaria n'a pas besoin de ce numéro...

Je retourne à la Notaria quelques semaines après avec le fameux numéro: la dame ne trouve pas mon registre... Elle me fait passer dans la salle d'à-côté pour que je cherche moi-même parmi les archives. La salle est tapissée d'énormes classeurs avec les noms des pays sur la tranche. Venezuela et Etats-Unis occupent la moitié de la salle. Elle me donne le classeur "Francia" qui correspond à mon numéro de série, et repart au guichet assailli par une foule impresionnante. Je cherche minutieusement parmi les registres qui, effectivement, sont classés par un numéro de série qui ne correspond pas à l'ordre chronologique (!). Rien.

La dame revient toutes les dix minutes pour me donner un nouveau classeur. Au bout d'une heure, j'ai épluché tous les classeurs receuillant les registres des colombiens nés en France au cours des 5 dernières années. Je peux alors faire une étude sociologique de l'immigration colombienne en France (nombre d'enfants franco-colombiens Vs enfants de 2 parents colombiens, le parent colombien est-il plus souvent la mère ou le père, le prénom le plus courant parmi les colombiens de 2e génération, etc...). En revanche, pas de trace de mon registre... La dame est désolée pour moi et me dit de m'adresser à la Registraduria Nacional, qui est l'administration centrale de l'Etat Civil Colombien, pour savoir ce qui se passe.

Avec toutes ces démarches, mon visa arrive presque à échéance, et je vais au bureau du DAS pour demander à le faire renouveler. A nouveau, les fonctionnaires ont du mal à me voir comme une touriste et me regardent bizarrement, d'autant plus qu'on se rend compte qu'on m'a encore mis un tampon "TV" au lieu de "TU"! Bon, j'arrive finalement à convaincre et on me fait mon extension de visa jusqu'au 27 décembre, date de mon retour sur mon billet d'avion. Ca, c'est cool parce qu'en général le DAS ne délivre que des extensions d'1 mois et il faut se retaper la même démarche tous les mois même si on sait d'entrée qu'on va rester 6 mois. Comme souvent dans mes démarches en Colombie, les bonnes comme les mauvaises nouvelles tombent sans explication ni raison apparente... J'ai donc 3 mois de plus pour démêler l'affaire avec la Registraduria Nacional.

Monday, January 29, 2007

Vlan! Prends ma douce main dans ta face... (Zazie - La Zizanie)

Vers le printemps 2006, je commence à réfléchir sérieusement à chercher du travail en Colombie; j'ai déjà quelques contacts... Je commence à me renseigner sur les billets d'avion, sans savoir comment je rentrerai en Colombie...

Pour les touristes français, il n'y a pas besoin de visa donc c'est un souci en moins. Seulement, si je rentre comme touriste, je n'aurai pas le droit de travailler. Il faudrait donc entrer en Colombie avec un visa de travail, mais ils ne sont délivrés qu'avec une preuve d'embauche. Or je me rends compte qu'il est pratiquement impossible de trouver un travail en Colombie tout en étant en France, et qu'il faut au contraire que je puisse me rendre sur place pour pouvoir démarcher, prendre des contacts etc...

Une solution plus osée serait de me rendre en Colombie comme touriste avec mon passeport français. Mais alors, je serai officiellement française en Colombie, et je devrai demander un visa de travail sur place une fois que je trouve du boulot, dans tous les cas. Problème, les touristes ont le droit de rester 6 mois en Colombie, donc que se passera-t-il si je n'ai pas trouvé de boulot dans les 6 mois?

Je retourne donc au Consulat avec toutes mes questions, et je demande à revoir le Consul. Le Consul ne peut pas me recevoir, mais la Vice-Consul si. Bon, je recommence mon histoire depuis le début pour la Vice-Consul. Atterrée elle aussi, mais surtout elle a pitié de moi. Drôle de sentiment pour une fonctionnaire censée être en position de pouvoir pour faire avancer ce genre de situation...

Elle fait le tour des solutions qui s'offrent à moi:
- Passeport colombien: "Il n'y a rien à faire; on ne peut pas vous délivrer de passeport tant que vous n'avez pas votre carte d'identité définitive, et pour cela il vous faut encore attendre 1 an."
- Passeport colombien temporaire: "Impossible; on est obligés d'attendre le résultat de la recherche d'empreintes et on ne peut pas accélérer le processus."
- Visa de travail: "Il n'en est pas question Mademoiselle, vous êtes colombienne." (sic)
- Visa de résident en tant que parent d'un citoyen colombien: "Ah oui, ça pourrait être la solution pour vous Mademoiselle. Ce statut vous permet de travailler; le visa est valable 2 ans. En fait pour obtenir ce statut, il faudrait juste que vous renonciez à la nationalité colombienne. Ca serait le plus simple pour vous..."


La Vice-Consul de Colombie en France, alors que je lui demande de m'aider à obtenir les documents d'identité colombiens auxquels j'ai droit de par la loi colombienne, ne trouve donc rien de mieux à me dire que de renoncer à la nationalité colombienne. C'est à mon tour d'être atterée...

Je lui dit que c'est hors de question et que là n'est pas la question. D'après elle, si je veux faire avancer ma situation, c'est directement à Bogota qu'il faut que je le fasse. Je lui demande si ce qu'elle est en train de me dire c'est de rentrer en Colombie en tant que touriste avec mon passeport français pour y chercher du travail. Du bout des lèvres et en tournant autour du pot, elle répond par l'affirmative. Puis elle met le dernier coup de marteau pour bien enfoncer le clou de son incompétence dans mon dossier, en me disant qu'elle ne peut pas faire plus pour moi:
- "En arrivant à Bogota, prenez un avocat, c'est tout ce que je peux vous conseiller. Que pena con usted."

Le vrai gâchis de la conversation avec la Vice-Consul, c'est de ne pas l'avoir enregistrée...

Saturday, January 27, 2007

Pour que je les ouvres un jour, dis-moi que j'ai toujours la vie devant moi (Zazie - La vie devant moi)

Comme mon projet de partir en Colombie se précise, je ne m'avoue pas vaincue. Quelques semaines plus tard, je suis de nouveau au Consulat et je demande à parler à Monsieur le Consul. Je lui raconte mon histoire depuis le début. Il est attéré. Il demande à la fonctionnaire en charge des documents d'identité d'envoyer d'urgence un mail à l'administration centrale à Bogota, pour savoir s'ils ont déjà reçu le résultat de la recherche d'empreintes. Si le résultat est arrivé, et même si la carte d'identité définitive met encore plusieurs mois à arriver, on peut faire un passeport temporaire valable pour un seul voyage, me dit-il. Cela permettrait de débloquer la situation effectivement. Pas de problèmes, la fonctionnaire le rédige de suite et me dit que son interlocutrice répond rapidement en général.

Quelques jours plus tard j'appelle la fonctionnaire: pas de nouvelles de Bogota. Je rappelle la semaine d'après: pas de réponse. J'insiste encore: rien. Entre temps je suis passée à temps plein pour économiser pour mon départ, ce qui ne facilite pas les choses sachant que le Consulat n'ouvre que de 9h à 13h pours les sollicitudes en personne et ne répond jamais au téléphone l'après-midi quand ils sont censés justement répondre aux demandes téléphoniques. Je me demande encore comment font les pauvres provinciaux pour ce genre de démarches...

Bref... un jour j'arrive à trouver le temps d'aller au Consulat. La fonctionnaire me dit qu'elle a reçu une réponse de sa collègue. Euréka! La réponse, c'est qu'elle ne retrouve pas ma demande de carte d'identité... Je jette un coup d'oeil suspect dans le bureau... Non, il n'y a pas de caméra cachée pour me faire une blague, c'est bien la réalité... Je n'en crois pas mes oreilles.

Thursday, January 25, 2007

La vie devant moi, pour que je ferme les yeux sur les portes qui se ferment (Zazie - La vie devant moi)

Quelques temps après mon retour de Colombie, je décide d'y retourner pour y chercher du boulot et essayer de m'installer quelque temps. Je vais donc au Consulat savoir où en est ma demande de carte d'identité. Pas de nouvelles, et en plus ça ne fait même pas un an que j'ai fait la demande, donc ça ne sert à rien de venir demander maintenant, me dit-on.

Bon... Quelques semaines plus tard, je reviens à la charge. Je n'ai pas encore mon document définitif, certes, mais je demande à avoir un passeport. J'ai appris que tout colombien peut demander un passeport même s'il n'est muni que de son document temporaire. A Bogota je suis même passée par hasard devant le bureau où on les délivre: il faut venir le matin, et on reçoit son passeport en quelques heures. Quelques heures, vous avez bien lu. Comme quoi l'administration colombienne peut faire vite quand elle veut.

La fonctionnaire me répond:
- Ah non! Pas dans votre cas...
- Pardon?
- Vous avez fait votre première demande de carte d'identité après vos 25 ans, donc on doit procéder à une recherche d'empreintes, et on peut pas vous délivrer de passeport sans le résultat de la recherche.
- ...

Non ce n'est pas une blague: non seulement je dois attendre 2 ans au lieu d'1 pour avoir ma carte définitive, mais en plus ma carte temporaire ne me donne pas les mêmes droits qu'aux autres colombiens. Je crois rêver... La fonctionnaire me dit qu'il n'y a rien à faire sinon attendre...

Tuesday, January 23, 2007

La vida te da sorpresas, sorpresa te da la vida, ay Dios... (Ruben Blades - Pedro Navaja)

Début 2006, je commence à former le projet de partir m'installer en Colombie. Je pars deux semaines entre fin février et début mars, pour une première visite "exploratoire". C'est un court séjour donc je ne me soucie pas trop de ma demande de carte d'identité en cours. Je pars avec mon passeport français qui me donne le droit de rentrer en Colombie sans visa (et de sortir sans problème) en tant que touriste.

A l'arrivée à Bogota, le fonctionnaire du service d'immigration (le DAS - Departamento Administrativo de Seguridad) me pose les questions d'usage:
- Que venez-vous faire en Colombie? Combien de temps restez-vous? etc...
- Je viens faire du tourisme et rendre visite à ma famille et à des amis.
- Ah, ok. Effectivement vous parlez bien l'espagnol, je me demandais... Mais si vous avez de la famille colombienne, vous avez vos papiers colombiens?
- Non, je n'ai pas de passeport colombien, monsieur.
J'évite les détails, il me met un tampon sur mon passeport et je ne m'en soucie pas vraiment. Après 10h de vol, le tampon c'est le signe qu'on va enfin respirer de l'air frais et pouvoir se reposer. Pas le moment de se poser des questions existentielles...

Le jour de mon départ, 15 jours après, je repars directement de Cartagena à Paris avec une escale de 3h à Bogota. A Bogota, il y a un aéroport national (Puerto Aereo) et un international (Aeropuerto Internacional El Dorado), l'un à côté de l'autre. Avianca n'a pas trop de retard sur le vol national, encore une chance... Je récupère mes 2 bagages extra-lourds et prends la navette de suite. Du coup je me retrouve à El Dorado dans les premiers à enregistrer pour le vol à destination de Paris.

En faisant la queue, je découvre horrifiée le montant de la taxe d'aéroport: j'ai totalement oublié de garder des sous pour la payer! Mais je vois que ce n'est pas un si gros montant vu qu'en tant que touriste je suis dispensée d'une seconde taxe plus élevée. Bon, je n'ai "plus qu'à" trouver un distributeur. Soit dit en passant, en Colombie il n'y a pas de charriot à bagages à disposition des passagers, mais des coolies qui louent leurs services (et leur chariot). Je m'abstiens donc et me trimbale avec mes valises à l'étage au-dessus (sans ascenseur) jusqu'au distributeur. Je retire les sous nécessaires et repars faire la queue.

Après quand même vingt minutes, l'hôtesse qui jette un coup d'oeil préliminaire aux passeports des gens qui font la queue arrive jusqu'à moi. Etonnée, elle me demande ce que je suis venue faire en Colombie. Je répète:
- Faire du tourisme et voir ma famille et des amis
- Ah bon? C'est bizarre, vous n'avez pas un visa de touriste sur votre passeport!
- QUOI???!!!!
- Ben oui, vous avez un tampon "TV" au lieu d'un tampon "TU". Le tampon "TV" ne vous dispense pas de la deuxième taxe d'aéroport.

Aaarrrgghhh... Un groupe de filles colombiennes et européennes derrière moi prend ma défense et crie au scandale. Peine perdue, il faut voir ça avec le DAS. Comme je ne suis pas trop pour laisser mes bagages pour aller au bureau du DAS, elles prennent l'affaire en main et vont se renseigner pour moi. Elles obtiennent que la fonctionnaire accepte d'étudier mon cas, mais si je me déplace moi-même. Et c'est reparti pour un tour dans l'aéroport avec mes valises et en abandonnant ma place dans la queue encore une fois. Arrivée au guichet, je demande, je supplie, j'explique, je m'énerve. La fonctionnaire prend mon passeport sans m'adresser un regard, puis appose un coup de tampon et me le rend sans plus de commentaires: "TU"! Euhh... merci!

Je repars vers la queue, l'encre de mon "TU" à peine sèche et je brandis mon passeport au visage de l'hôtesse. Elle me dit:
- Ah, quelle chance! Maintenant vous pouvez aller demander l'exemption de taxes
- Comment ça, c'est pas automatique?
- Ah non, il faut que vous alliez demander un certificat d'exemption au bureau XYZ

Et c'est re-reparti! Le monsieur me regarde d'un air louche (quinze minutes avant, l'hôtesse lui avait montré mon tampon "TV") mais me délivre le fameux sésame. Pffioouuuu... Je retourne enfin dans la queue et j'enregistre parmi les derniers passagers, épuisée, en sueur, énervée... Les filles derrière moi m'affirment que tout cela n'a sûrement pas été le fruit d'une erreur. Elles y voient plutôt une entente entre douaniers et hôtesses pour se mettre l'argent des taxes dans la poche au passage, ce qui expliquerait que finalement la fonctionnaire du DAS n'a pas bronché pour corriger mon passeport (on fait ses bénéfices sur tous ceux qui ne râlent pas, de toutes façons...). A bout de forces mais victorieuse, je m'écrase sur mon siège et je suis endormie avant même le décollage...

Avec le recul, je suis arrivée à une autre conclusion. D'après moi, la raison pour laquelle les douaniers refusent systématiquement de me considérer comme une touriste, c'est évidemment à cause de ma tête et de mon espagnol. Comme ils supposent automatiquement que j'ai la double nationalité, ça les défrise que je "n'utilise pas" mon passeport colombien (inexistant en fait). Et cette petite aventure en mars dernier n'a été qu'un avant-goût de ce qui m'attendait depuis que je suis revenue. Comme pour bien confirmer cette version de l'"incident", on m'a refait le coup du tampon "TV" lors de mon arrivée à Bogota en août dernier, compliquant encore plus ma situation vu que je n'avais plus un billet d'avion de deux semaines mais d'un an...

Sunday, January 21, 2007

Los caminos de la vida son muy difícil de andarlos, difícil de caminarlos y no encuentro la salida (Omar Geles - Los caminos de la vida)

A 26 ans (en 2005), ma nationalité colombienne commence vraiment à me tenir à coeur. En plus on ne sait jamais avec les lois sur la nationalité, d'ici qu'ils changenet les critères et que je me retrouve le bec dans l'eau... Donc je repars à la charge du Consulat de Colombie à Paris, pour RE-faire une demande de papiers d'identité colombiens (si vous avez bien suivi: c'est la troisième fois).

Là, je suis pas au bout de mes surprises:
- Une erreur sur le registre? Pas de problème! On n'a qu'à en refaire un nouveau!
- Ah bon, et ça va me coûter combien?
- Mais c'est une procédure absolument gratuite mademoiselle!
- Ah, les lois ont changé alors, et la procédure est devenue gratuite?
- Non mademoiselle, ça a toujours été gratuit.
- Bah et les 1500FF qu'on m'a demandé il y a dix ans????
- Mademoiselle, ça s'appelle Corruption.
- .........!!!!!
Je manque d'en tomber de ma chaise. Comme quoi des fois il vaut mieux ne pas avoir de sous...

La nouvelle fonctionnaire chargée des cedulas me demande alors de lui amener mon extrait de naissance afin de corriger le registre sur la base de mes documents français. Le jour J, en 10 minutes, emballé c'est pesé: registre corrigé et nouvelle demande de cedula effectuée.

Mais surtout, pour la première fois en 3 demandes, la fonctionnaire considère que mon droit à la nationalité colombienne est avéré, et elle m'expédie un document d'identité temporaire, mon premier document d'identité colombien. Et jusqu'à maintenant, le seul...

Je dois avoir l'air un peu trop enthousiaste parce qu'elle s'empresse d'ajouter que "comme (j'ai) fait ma première (sic) demande de papier d'identité à plus de 25 ans", le processus est différent et beaucoup plus long. Au lieu d'attendre un délai très authentiquement colombien de 1 an avant de recevoir le document définitif, dans mon cas je devrais attendre... 2 ans! Ceci parce que l'administration procède à une recherche d'empreinte dans je sais pas quels fichiers... Je manque de l'étrangler quand elle me parle de "première demande", mais je me contiens car j'ai enfin une ébauche de tentative de début de document d'identité temporaire... Putain, deux ans...

Friday, January 19, 2007

Los caminos de la vida no son como yo pensaba, como me los imaginaba, no son como yo creía (Omar Geles - Los caminos de la vida)

A 17 ans, hop, je décide de demander faire mes papiers colombiens. On sait jamais, ça peut servir, et puis ça commence à me tenir à coeur. On fait tout le tralala, le Consulat envoie le tout à Bogota... Un an après: toujours pas de nouvelles!

Or entre-temps j'ai eu 18 ans, et ça change tout en Colombie. En effet les papiers d'identité sont différents pour les mineurs et les majeurs. Le Consulat me dit que ça ne sert donc plus à rien d'attendre vu que maintenant il me faut demander la "cedula de identidad" et non plus la "tarjeta de identidad". Soit... C'est reparti pour un tour: formulaires, photos, empreintes... envoi à Bogota... Un an après: toujours pas de nouvelles!

Là on commence à s'agacer un petit peu et on demande avec insistance des explications au Consulat. La chargée des cedulas part en exploration spéléologique dans les archives du Consulat et retrouve une lettre de l'administration colombienne à propos de ma demande. Et là on apprend, ébahies, l'histoire du nom de famille erroné sur le registre du Consulat de Colombie à Paris.

La fonctionnaire nous apprend alors que ce n'est pas un si gros obstacle. Pour corriger les registres officiels, on a le choix entre payer 1500 FF (si mes souvenirs sont bons) pour une correction du registre sur place... ou on peut aller à Bogota demander à le faire corriger!! Mais bien sûr, y'a juste à sauter dans le bus... A l'époque je n'ai pas 1500FF à dépenser et encore moins 8000FF pour un billet d'avion pour la Colombie. Je n'ai pas non plus assez de motivation, et rapidement je pars sur d'autres projets (le Canada). Donc, je laisse tomber...

Wednesday, January 17, 2007

Je le jure mon enfant, tu verras le monde, et tu seras l'amour car tu porteras mon nom (Diam's - Car tu portes mon nom)

Tout commence un beau jour de l'année 1980, quand mon père va m'enregistrer au Consulat de Colombie à Paris en compagnie de deux témoins...

Sur ma fiche d'état civil, le fonctionnaire de service oublie de noter mon deuxième prénom, ou peut-être que mon père oublie de le donner. Mais surtout, le fonctionnaire se trompe dans mon nom de famille. Pas une faute d'ortographe, mais une erreur dans le "choix" de noms.

En Colombie on porte le premier nom de famille de son père et le premier nom de famille de sa mère. A la génération suivante, idem pour le nouveau né. Donc les noms de famille des grands-mères disparaissent. Chaque personne a donc officiellement 2 noms de famille. Mon père a donc 2 noms de famille.

En France jusqu'à récemment, on donnait automatiquement le nom de famille du père au nouveau né. La plupart des gens ne portent donc qu'1 nom de famille. Ma mère porte donc 1 nom de famille.

Dnas mon cas, en France on m'a donné le nom de famille de mon père, ou plutôt les 2 noms de famille de mon père (puisque comme tout colombien il en porte 2). Ca ne pose pas plus de problème puisque ça suit à la lettre la loi française.

Lors de l'enregistrement au Consulat, le fonctionnaire aurait dû écrire le premier nom de famille de mon père et le nom de famille de ma mère, en laissant tomber le nom de famille de ma grand-mère paternelle qui doit disparaître à la génération suivante. Or... il a écrit les 2 noms de famille de mon père plus le nom de famille de ma mère.

Ma fiche d'enregistrement au Consulat, qui atteste du lien familial avec mon père, citoyen colombien, et qui me donne droit à la nationalité colombienne comporte donc 3 noms de famille dont un qui n'a rien à faire là...

Début des problèmes....

Monday, January 15, 2007

Mais comment on faisait avant, sans télécommande? Il paraît qu'on se déplaçait pour zapper, ça c'est étonnant! (Hocus Pocus - Comment on faisait?)

Un petit coucou à tous ceux qui lisent mon blog!

Un énorme merci à tous ceux qui me laissent régulièrement des commentaires qui font chaud au coeur:
Môman (t'inquiète, je ne suis toujours pas accro au rhum et à l'aguardiente ;-) ),
ChapatiKid (tables are turning... someday I'll take revenge for the Facebook pictures ;-) ),
Katykat (à quant ton blog miss? ;-) ),
Alain de Cherb (hehehe, joli la particule... Un placer leerlo en castellano ;-) ),
et tous les autres...

Pour ceux qui n'ont pas encore eu l'occasion ou l'inspiration , ou pour ceux qui n'ont pas essayé depuis longtemps de publier un commentaire: il y a quelques semaines j'ai introduit une petite modification pour protéger le blog des commentaires publicitaires qui polluent la blogosphère. Maintenant pour laisser un commentaire il faut absolument passer par la vérification des mots, car seul un être humain peut le faire et du coup ça empêche la publication automatique de commentaires.

Vérification des mots, kézako??

Blogger génère automatiquement un "mot", et il faut le recopier tel quel dans la case en dessous, avant de cliquer sur "publier". Si on se trompe, Blogger ne publie pas le commentaire mais ne l'efface pas non plus: il est là, il vous attend. Vous êtes juste revenus à la case départ avec... un autre mot à vérifier!

Bon, je vous l'accorde, les mots de veulent rien dire. Voire même, dans la majorité des cas on n'y arrive pas du premier coup :-) Les amis de ChapatiKid publient d'ailleurs régulièrement le "mot" avec lequel ils ont dû batailler pour arriver à lui laisser un commentaire parce que des fois ça donne des trucs amusants; d'autres fois ils font une mini-compétition pour savoir qui a réussi à publier son commentaire en ratant le moins de fois la vérification des mots! Et ceci venant de bloggeurs expérimentés...

Petit truc de bloggeur: si à vue d'oeil le "mot" a une sale tête, cliquez sur "Publier" sans vous abimer la vue, et Bloggeur vous en proposera un nouveau, peut-être plus sympathique :-) Pensez quand même à garder votre message en copie (Ctrl A+Ctrl C). Au cas où votre ordi déciderait de vous jouer un tour, un petit Ctrl V vous évitera alors des envies de meurtre...

Last but not least, n'oubliez pas que même si vous n'êtes pas bloggeur vous même vous pouvez cliquer sur "Autre" et taper votre nom (le site internet n'est pas un champ requis). Ca permet d'aficher votre commentaire directement avec votre nom, donc ça évite d'oublier de signer. Et c'est vachement plus sympathique pour moi que de recevoir dans mon mail un laconique "Anonyme vous a laissé un commentaire", hehehe...

Bon, je crois que tout le monde est paré pour la suite.

Ces dernières semaines plusieurs d'entre vous m'ont dit que dans mon blog je ne disais pas un mot des difficultés que je leur raconte par d'autres biais. Moi même j'ai frisé l'apoplexie lorsque - alors que j'étais dans la galère jusqu'au cou - on m'a dit pour la énième fois: "Wouah, t'as l'air de trop t'éclater en Colombie!". Après réflexion, je n'ai à m'en prendre qu'à moi de ne pas publier cet aspect de mon séjour en Colombie. Les prochaines semaines seront donc consacrées aux méga galères dans lesquelles je nage depuis mon arrivée. "Prochaines semaines??!! Mais y'en a donc tant que ça à raconter??!!" Attendez de voir... C'est pas pour rien que tout le monde me dit que je pourrais en faire un bouquin...

Sunday, January 07, 2007

Peyi mwen tounen toukou yon fim koboy, tout moun se bang bang Lucky Luke (Carimi - Ayiti Bang Bang)

Lors de la fausse dernière soirée de Sumi à Bogota, j'ai passé la moitié de la soirée à discuter avec le videur. Tout d'abord il nous a laissé à la porte car il était presque minuit. Puis il nous a pris en pitié quand on tournait les talons, dépités, et il nous a fait rentrer: les derniers clients de la soirée.

John Freddy a 20 ans. Ses parents sont du Santander et de Cucuta, à la frontière avec la Colombie, mais il a grandi à Medellin. D'ailleurs, le Cucuta Deportivo a beau être brillant champion de Colombie 2006, John Freddy, comme tous ceux qui ont Medellin dans leur coeur, ne jure que par l'Atlético Nacional. John Freddy a arrêté d'aller à l'école à 15 ans, ce qui n'est pas si jeune en Colombie. La plupart des jeunes finissent le lycée à 16 ans et, s'ils en ont les moyens, se retrouvent directement à l'Université alors qu'ils sortent à peine de l'adolescence. John Freddy, lui, n'a pas eu les moyens. Il a alors pris son sac à dos et est parti découvrir la Colombie. Il a voyagé pendant 4 ans, faisant tous les métiers, et essayant de se tenir à l'écart des "recruteurs" en tous genres. De la chaleur tropicale de la Côte aux paramos du Tolima, il a vu de tout.

Revenu à Bogota il y a un an, il a commencé à travailler comme videur dans la Zona de Tolerancia de La Alameda, entre les Calles 19 et 24, de la Carrera 17 à la Avenida Caracas. Aussi appelée "Zona de Servicios Especiales" (sic), c'est un des quartiers de Bogota officiellement spécialisé dans les bars et clubs ouverts toute la nuit (contrairement aux boîtes de nuit qui ferment à 3h)... et les maisons closes. John Freddy y a travaillé quelques mois, puis il a estimé que c'était trop dangereux et qu'il valait mieux changer de boulot avant d'y laisser sa peau.

Son oncle et sa tante étant propriétaires et gérants d'un bar sur la Avenida Jiménez, il est venu travailler avec eux. Ce n'est qu'à dix pâtés de maison mais ça fait toute la différence. Comme la différence entre la Avenida Jiménez et le quartier de Las Cruces, où il habite, à la même distance mais vers le sud. Techniquement il pourrait y aller à pied, mais c'est hors de question. John Freddy finit de travailler au milieu de la nuit, et dans ce quartier des enfants de huit ans sont armés jusqu'aux dents. Il préfère donc prendre le taxi tous les soirs et rentrer tranquillement chez lui. Il arrive vers 4h-5h à la maison, se fait à manger, écoute de la musique romantique (vallenatos, baladas...), dors quelques heures... En milieu de matinée il s'ennuie chez lui et il repart travailler! Ces derniers jours, on lui a proposé de prendre quelques semaines voire seulement quelques jours de vacances, mais il a refusé: peur de trop s'ennuyer... Et puis c'est une sorte de protection: John Freddy n'est chez lui que quelques heures par jour (ou plutôt par nuit), et ainsi il n'embête personne et personne ne l'embête.

Cette année, John Freddy a envie de prendre une grande résolution et de concrétiser un rêve: il veut entrer dans la Police. Je lui demande si ce n'est pas aussi dangereux que de retourner dans la Zona de Tolerancia, car enfin la Colombie n'est pas un modèle de tranquilité. Mais John Freddy a confiance en sa bonne étoile, et il trouve que c'est un beau métier, proche des gens. A quelques mètres du bar il y a une station de police, et comme il fait le pied de grue devant la porte du bar, il en profite souvent pour discuter avec les policiers de service. Par contre il ne s'engagera jamais dans l'Armée: ça c'est vraiment dangereux! Il ne manquerait plus qu'ils le renvoient dans le monte alors qu'il est revenu à Bogota pour être tranquille!

Malheureusement sa bonne étoile n'a pas été suffisante pour lui éviter une mauvaise rencontre. Un jour, deux hommes et une femme armés de couteaux ont tenté de le voler. John Freddy a résisté, et s'en est tiré avec l'épaule lacérée de coups de couteau. Je lui fait remarquer que j'aurai préféré repartir à poil que blessée. Il me répond que c'est parce que je n'ai pas grandi en Colombie et que je n'ai pas la même vision des choses. Si c'était à refaire il referait pareil, et selon lui si j'avais grandi en Colombie j'aurai réagi de la même façon: il préfère perdre la vie que de se laisser dépouiller.

Cette phrase me restera dans la tête, ou plutôt dans le ventre, pendant des jours et des jours. A force d'y avoir réfléchi, je comprends la théorie: on tient à ce qu'on a durement gagné. Je comprends aussi qu'énormément de gens en Colombie grandissent dans un niveau de violence que j'arrive à peine à m'imaginer, et que ça forge forcément un autre type de caractère. Je comprends enfin qu'on ait envie de dire stop à cette violence, mais ce qui me reste en travers de la gorge, c'est qu'on soit près à le faire à son corps défendant. Pas seulement les militants des droits de l'Homme, les avocats et journalistes, les leaders communautaires qui eux se battent pour des causes plus grandes qu'eux. Mais aussi l'homme de la rue, qui a décidé qu'il voulait vivre en paix, et que ça implique aussi de ne pas se laisser faire.

Après cette discussion, il m'a fallu tout de très longues minutes pour revenir à ce pourquoi j'étais assise dans ce bar: fêter le départ de Sumi. Mais heureusement les délires contagieux de Sumi et Marquinhos ont rendu l'atmosphère plus légère, et j'ai même été invitée par le patron à programmer la musique, hehehe. John Freddy ne m'a pas oubliée et me salue chaque fois que je passe par là, planté devant l'entrée de son bar. J'espère sincèrement qu'il concrétisera sa grande résolution de l'année 2007.

Friday, January 05, 2007

Esta es mi cancion de despedida... (Kaleth Morales- Todo de cabeza)

Revenue de Cartagena en début de semaine, Sumi est repartie faire un tour dans le Boyaca avec Marquinhos le voyageur brésilien, pour visiter Villa de Leyva et Tunja. Elle est de retour aujourd'hui et repart déjà demain: c'est son dernier jour en Colombie.

L'aprèm, shopping! Le cuir est excellent en Colombie, et Sumi se trouve une paire de bottes rouges en cuir souple à tomber par terre. Evidemment, pour un salaire nord-américain ou européen ça vaut vraiment le coup. Les bottes qui m'intéressent moi coûtent l'équivalent de 66€: vraiment pas cher pour des bottes en cuir de qualité supérieure. Le problème évidemment, c'est que maintenant je suis payée en pesos colombiens, et que 200 000 pesos représentent... 1/5 de mon salaire!!! La mort dans l'âme, je m'abstiens... Désormais il faut que je m'habitue et que je commence à ne raisonner qu'en pesos...

Le soir, on trouve un bar dans la Candelaria pour que Sumi finisse son voyage en beauté. Son quart de litre d'aguardiente en Tetrapak à la main, Sumi fête son départ ;-)

Enfin... croyait-on! En fait le lendemain à l'aéroport, Continental lui demande si ça ne la gêne pas de rester un jour de plus, logée au Sheraton tous frais payés et avec un bon de plusieurs centaines de dollaurs US sur un prochain vol, car ils ont fait de l'overbooking. Pas folle la guêpe, on lui répetera pas deux fois! On en profite pour faire tous les petits achats qu'elle n'avait pas eu le temps de faire (cartes postales, souvenirs...). Et on se dit au revoir pour la deuxième fois. Snif...

Le voyage de Sumi en Colombie aura été mémorable, pour elle comme pour moi. Cela faisait 5 ans qu'on ne s'était pas vues, et j'espère que je la reverrai dans moins de cinq ans. D'ailleurs, c'est fort probable, car à peine a-t-elle mis un pied dans l'avion qu'elle était déjà en train de préparer son prochain voyage en Amérique Latine... mais, elle me le jure, pas avant d'avoir appris à parler l'espagnol :-D !!

Monday, January 01, 2007

Relax yourself, girl, please settle down (A Tribe Called Quest - Electric Relaxation)

Jour férié...

Personne en ville...

Rien à faire...

Je décide de profiter d'une journée qui s'annonce magnifique et d'étrenner ce premier jour de l'année dans le Parque Simon Bolivar, sous le soleil brûlant de l'altitude (2600m).

Lorsque je grimpe dans la buseta vers 12h-13h, je suis la seule passagère. Le chauffeur s'ennuie comme un rat mort et me propose de passer devant pour avoir un peu de compagnie. D'habitude c'est quand il n'y a plus de places assises dans la buseta que les chauffeurs acceptent des passagères dans la cabine, mais là le pauvre est désespéré... Il a commencé à 6h du matin et n'a récolté que... 6 passagers au total!!

Le chauffeur me parle de la pluie et du beau temps tout en conduisant. Un oeil dans le rétro et un sur les trous dans la route, un sur les piétons susceptibles de lui faire signe et un sur les feux rouges. Une main sur le volant, une sur le bouton d'ouverture des portes, une à travers le petit guichet où les passagers passent les billets et pièces, une pour trier les billets et rendre la monnaie. Impressionnant... Pendant tout ce temps là, il me raconte sa vie: il vient de Manizales dans l'Eje Cafetero. Manizales est célèbre en Colombie pour sa Feria, qui va d'ailleurs commencer sous peu. Il y a d'autres fêtes taurines dans d'autres villes de Colombie pendant tout le mois de janvier, mais selon lui on ne peut pas comparer car les autres villes n'ont pas... le Reinado Internacional del Café! A part ça, il sait bien qu'un jour le développement du TransMilenio lui coûtera son travail, mais quand même que ça en jette, et puis c'est bien pratique. Il trouve que les gens ont changé à Bogota. Avant les gens rasaient les murs et chacun se méfiait de son voisin. Maintenant les gens sortent plus, de jour et même de nuit; ils se parlent dans la rue. Ca rend la vie plus agréable dans la capitale...

Pendant qu'il me parle, le temps passe et la ville se réveille doucement. Petit à petit la buseta finit par se remplir. Le chauffeur me dépose à l'entrée du parc et je marche vers le lac sous un soleil de plomb. Heureusement, ma peau est maintenant habituée, et je ne me crame plus la figure comme lors de mon premier week-end à Bogota... justement au Parque Simon Bolivar!



Le parc est incroyablement vide pour un jour où personne ne travaille. Déjà en temps normal, on ne voit plus du tout la ville lorsqu'on est au bord du lac dans le parc. Seulement les cerros au loin, et le point blanc immaculé (c'est le cas de le dire) de Monserrate perché là-haut. Aujourd'hui, on en oublierait carrément qu'on est en plein milieu d'une ville de 8 millions d'habitants. Ca fait du bien...

A 16h30 la lune se lève déjà, et une demi-heure après le froid tombe sur la ville. A cette époque de l'année, il fait quelques degrés de plus dans la journée soit 22-23°C (les habitants de Bogota crèvent de chaud) et quelques degrés de moins la nuit, soit 3-5°C (ils crèvent de froid). C'est à nouveau l'"été", et dans un ou deux mois reviendra l'"hiver", d'après les colombiens. Je renonce définitivement à comprendre le climat de Bogota... Mais j'en profite!

Faltan cinco pa' las doce, el año va a terminar, me voy corriendo a mi casa a abrazar a mi mama (Nestor Zevarce - Cinco pa' las doce)

31/12/2006

Le soir du Nouvel An, bizarrement le feu d'artifice éclate à 21h30 du côté de Monserrate. Il n'y en aura pas d'autres, et d'ailleurs il n'y aura aucun autre signe de réveillon de toute la soirée.

Vers 22h je croise le brésilien dans la salle à manger. On décide d'aller boire un verre histoire de ne pas passer le réveillon dans une chambre d'hôtel. On fait un premier tour dans la Candelaria. Tout, absolument tout est fermé; il n'y a même pas un vendeur ambulant. Les rues sont désertes et on ne croise que quelques clochards, des militaires, des maîtres-chiens et autres agents de sécurité. On décide alors de changer de quartier, mais ce soir-là, pas de compteur dans les taxis (obligatoires à Bogota). On trouve finalement un taxiste raisonnable et on file vers la Zona Rosa. Les rues sont absolument vides, encore plus que le 25 décembre au soir quand je suis revenue de Cartagena. Pas un fêtard pressé, pas un bar ouvert, pas une seule fête en vue dans les immeubles environnants. Rien. C'est le silence total. Bogota est une ville fantôme.

Arrivés dans la Zona Rosa vers 23h30, on ne trouve qu'un restaurant et un bar ouverts dans un quartier qui en compte un cinquantaine sur seulement quelques pâtés de maison. On opte pour le bar, qui est moitié moins rempli qu'un soir normal. Trop tard pour la serveuse, on passera minuit le gosier sec! On a discuté et dansé un peu, et à 2h30 le bar a rallumé toutes ses lumières et arrêté la musique = dehors!

Bon, voilà ce qu'a été mon réveillon. Ma première résolution de l'année 2007 est de ne plus jamais passer un réveillon de la Saint-Sylvestre à Bogota. première et dernière fois!

Ps: pour enfoncer le clou, la Saint-Sylvestre à Cartagena c'est la méga-fête, avec places publiques envahies de tables et chaises, concerts, feux d'artifice et rumba toute la nuit... Sumi au moins en aura profité...

Vamos a brindar por el ausente, que el año que viene esté presente (Cornelio Reyna - El ausente)

28/12/2006

Entre Noël et le Jour de l'An, c'est la déprime totale.

Bogota s'est vidée de ses habitants; il n'y a pas un chat dans les rues. Je n'ai pu rester à Cartagena que 3 jours. Je laisse Sumi aux bons soins de mes amis et je repars à Bogota travailler. 90% de mon travail se fait par mail, Internet ou téléphone; les bureaux qui nous hébergent ont fermé, mes interlocuteurs à l'étranger sont tous en vacances; ma superviseure reste joignable mais prend une semaine de repos. Malgré tout ça, je dois être à Bogota... "pour le cas où". Le privilège du dernier arrivé... Jusqu'à la 2e semaine de janvier je n'aurai jamais plus de 2h de travail par jour au lieu de 4, coincée à Bogota.

En plus de ça, je me retrouve entre deux solutions d'hébergement, et je dois me résigner à prendre une chambre d'hôtel en attendant d'avoir à nouveau un toit. Je trouve une auberge de jeunesse dans la Candelaria, prix imbattable, simple et propre. Bizarrement, la pension est spécialisée sur les touristes israéliens, et la moitié des informations aux hôtes sont en hébreu! A part ça, les clients viennent de partout dans le monde et ont tous les profils:
* un trentenaire négociant en pierres précieuses indien, grandi à New York de parents élevés en Tanzanie, qui part voir les mines dans la jungle pour faire les meilleures affaires;
* un autre négociant en pierres précieuses, français d'origine algérienne, qui vient en Colombie depuis plus de dix ans et connaît tous les filons du marché;
* une hippie canadienne, dread locks blondes jusqu'à la taille, qui fabrique des bijoux et les vend dans la rue;
* une jeune femme d'origine colombienne adoptée par des colombiens-américains, qui vient rechercher et faire la connaissance de ses deux familles;
* un brésilien qui a l'accent British en anglais car il a vécu deux ans à Londres, et l'accent madrilène en espagnol car son ex est britanno-espagnole;
* un australien qui trouve la Colombie reposante après avoir traversé la frontière Inde-Chine en jeep en compagnie de trois moines tibétains clandestins;
* deux israéliennes épuisées après 5 mois de voyage à travers l'Amérique Latine, qui ont décidé d'aller s'écraser sur la plage à Taganga, tant pis pour la visite de la Colombie...

Certains sont sympas, intéressants, mais ce n'est pas non plus l'Auberge Espagnole. Ce qui ressort de ma petite analyse sociologique du touriste en Colombie n'est pas très flatteur. Pour la plupart, ils voyagent à travers l'Amérique Latine et en profitent pour visiter la Colombie, la destination ultime. On n'est pas un "vrai" voyageur si on n'a pas "fait" la Colombie. Beaucoup ne parlent pas un mot d'espagnol et font l'effort minimum; pour les échanges culturels on repassera... Plusieurs me disent que je suis la première colombienne avec qui ils parlent (en anglais). Et le programme est serré, pas vraiment de place à l'improvisation car il y a encore 2 mois de voyage derrière.

D'ailleurs, le quotidien du tour-du-mondiste n'est pas bien attrayant. Un pot-pourri des discussions avec mes co-hôtes, ça donne: Arrivés dans la nuit après un voyage de 24h en provenance d'une capitale voisine, la grasse mat' est royalement autorisée jusqu'à... 8h. Les cernes bien marquées, direction le supermarché pour le ravitaillement, puis étude des guides touristiques et élaboration du programme du jour entre deux fourchettes d'oeufs brouillés-saucisses-céréales. Sans plus traîner, on lace les grosses chaussures, on vérifie les batteries de l'appareil photo numérique, bouteille d'eau dans le sac à dos et top départ! Retour épuisés à la tombée de la nuit, il faut maintenir les yeux ouverts et passer 2h à mettre les photos en ligne pour les amis. Puis on refait les sacs car on prend le premier car le lendemain. On se reposera pendant les 15h de route (sic)... Dans ces conditions, je suis bien contente de ne connaître "que" trois pays d'Amérique Latine, et je laisse le fantasme du Tour du monde à d'autres!

Las campanas de la iglesia están sonando, anunciando que el año viejo se va, la alegría del año nuevo viene ya (Néstor Zavarce - Cinco pa' las doce)

26/12/2006

Pour illustrer ce que je voulais dire sur les Noëls à Montréal et à Cartagena, voilà mon amie KatyKat à Montréal à peu près au même moment que moi à Cartagena. Je ne sais pas quelle est la meilleure façon de passer Noël, mais je sais juste que ça n'a rien à voir!


Yo no olvido al año viejo, porque me ha dejado cosas muy buenas (Tony Camargo - Yo no olvido el año viejo)

25/12/2006

C'est Noël (en vrai :-) )!

Je n'oublierai pas plus ce 25 décembre que le réveillon. Je repars ce soir à Bogota, et Sumi déménage donc dans une auberge de jeunesse du centre ville histoire d'être plus près des sites à visiter ... et de la plage ;-) Sac à dos déposé, on en profite pour faire un tour dans le centre historique de Cartagena, pratiquement seuls dans les rues en ce 25 décembre. C'est l'occasion de prendre des photos comme ce n'est sûrement possible qu'1 ou 2 jours dans l'année (Noël, 1er janvier), et de vous montrer ENFIN de quoi je parle quand je divague sur les murailles, l'architecture coloniale, le patrimoine de l'Humanité... la plus belle ville de Colombie (hehehe, jugement totalement subjectif mais partagé par des millions de colombiens...). Sans plus de commentaires (et merci à Sumi pour ses photos des palenqueras et des murailles):













Un abrazo a mi vecino, un trago'e ron p'al amigo que se va, la alegria de nuestros hijos, el año que viene ya (Gloria Estefan - Felicidades)

24/12/2006
C'est Noël!!!

La journée commence doucement pour cause de récupération de la soirée de la veille ;-) Mon oncle se réveille à 10h (au lieu de 4h30!!) et renonce donc à ses 2h de vélo matinales vu qu'il fait déjà plus de trente degrés. On commence la journée affalés sur des chaises en plastique sur la terrasse en écoutant du vallenato à fond la caisse, une bière glacée à la main. C'est une étrange sensation de lendemain-veille de fête :-)

La saison taurine approche en Colombie, et un voisin tient à nous initier aux subtilités de la "corraleja". Les baffles géantes ont déjà été déménagées sur la terrasse donc pas de problème pour déplacer le meuble télé itou... En matière de "La corraleja pour les Nuls", on a droit à un best of des vidéos les plus croustillantes des corralejas colombiennes. La corraleja, c'est comme les lâchers de taureaux dans les villages d'Espagne, sauf que ça se pratique dans une arène montée pour l'occasion. Les intrépides se battent au portillon, armés de divers accessoires pour attirer le taureau (le parapluie est un must). Et là, c'est le carnage... corps piétinés par le taureau, lancés plusieurs mètres en l'air par ses cornes, éventrés (avec zoom du cameraman histoire de voir de ses yeux vus que le gars n'est pas près de se relever...), chevaux massacrés, vaines tentatives de sauvetage, évacuation des agonisants par le col de la chemise (civière? minerve? connais pas!). Commentaires de mon oncle (approuvé par toute l'assistance): "s'il n'y a pas de mort(s) pendant la corraleja, c'est une mauvaise année..." Les voisins nous apprennent les arcanes de la corraleja: la plupart des intrépides payent pour entrer dans l'arène (et risquer leur vie!!) mais d'autres sont payés. C'est par exemple le cas lorsqu'un éleveur décide de se débarrasser de l'un de ses taureaux qui a trop mauvais caractère, et propose une récompense pour celui qui parviendra à planter les banderilles. Sumi et moi sommes au bord du vomissement, mais le reste de l'assistance s'éclate... Trois jours après, mes amis emmèneront Sumi à la corraleja de Turbaco, qui marque le début de la saison taurine sur la Côte. Moi merci, ça m'a pas manqué!

Heureusement, c'est l'heure de partir à la plage. Yiiihhhaaaaa!!!! On part pour Bocagrande en troupeau (hahaha) et on marche pendant un temps interminable car les messieurs n'arrivent pas à se mettre d'accord sur la meilleure plage. Trop de choix tue le choix... Et on se pose donc à Castillo Grande une demi-heure avant le coucher du soleil. Sumi fait la planche dans la mer en grignotant des bâtons de mangue verte salée sur fond de soleil couchant... c'est le plus beau jour de son année 2006, me dit-elle. Je n'arrive pas à croire que c'est Noël et j'essaye déséspérément de trouver le lien entre ce que j'ai sous les yeux et mes Noëls d'il y a 3-4 ans (Montréal, tempêtes de neige, jus de canneberge...). Ben en fait y'en a qu'un... c'est moi! Je savoure chaque seconde...

Bon, c'est pas tout ça mais y'a un réveillon à préparer! Direction le supermarché, car Sumi et moi, vaillantes, avons promis de cuisiner la moitié du repas de Noël :-) A 20h-21h, le centre commercial est plein à craquer. Normal, ici on ne commence à manger qu'à minuit. Au menu, plus métissé, c'est pas possible:


Foie gras allongé sur son canapé
Boeuf en sauce créole
Riz à la noix de coco
Haricots verts à l'ail
Pommes de terre masala
Fontaine d'Uva Postobon

A minuit, tout le monde s'embrasse, et on commence à manger. Enfin presque. Il faut d'abord servir une assiette pour la voisine qui a fait goûter sa cuisine la veille, puis servir quelques toasts de foie gras aux opportuns visiteurs qui viennent de passer nous souhaiter un Joyeux Noël, puis encore deux autres assiettes pour les voisines sinon on se fait mal voir... Bon ok, à notre tour! Etrangement, on n'a pas raté notre coup et les saveurs se marient bien. Le seul petit problème, évidemment, c'est le foie gras par 30 degrés... Il a beau être dans le congélateur depuis son arrivée à Cartagène, et sorti au dernier moment, c'est la fonte des glaces accélérée (cf l'amas jaune vif sur la petit assiette)! Mais bon, j'ai pas encore battu le record de Môman avec sa légendaire tentative d'importation de camembert à Cartagena il y a vingt ans, hihihi...

La tradition pour les jeunes, c'est de sortir danser après le repas de Noël. Mais entre les émotions du jour, la plage et le repas de Noël, Sumi et moi nous endormons en quelques secondes malgré l'air saturé de décibels dans tout le quartier... Joyeux Noël!