Wednesday, December 19, 2007

Pongase pilas parcero, que el camino es culebrero (Papo Man - Los Parceros)

C'est pas parce qu'on est au chômage qu'on peut pas partir en vacances, na! J'ai décidé de partir 10 jours à Cartagena, histoire de passer Noël et le Jour de l'An entourée. Mais à la veille de mon départ, j'apprends que j'ai un RV de travail le 27 décembre. Grrrrr.... Je réaménage mes plans. J'irai d'abord passer Noël avec mes copines Nelvi et Calú, puis retour à Bogota pour le RV, et je repartirai à Cartagena pour le Nouvel An. Ca va démultiplier mes frais, pas le choix que de voyager en bus. Pas grave, je commence à être un pro.

Il faut se dépêcher car d'ici quelques jours ça sera la ruée sur le Terminal de bus. 2-3 coups de fil et hop, c'est confirmé. Nelvi m'attend à Manizales, et Calú nous rejoindra pour Noël. Arrivée au Terminal, j'achète d'un coup mon billet pour Manizales pour le soir même et mon billet Bogotá-Cartagena pour dans une semaine. Nelvi me conseille de partir le plus tard possible histoire d'arriver à destination au petit matin. Je suis super équipée: vêtements confortables, ruana bien chaude pour le trajet, vivres et boisson, recharge de minutes pour le téléphone portable, comprimés pour le mal des transports, nécessaire de toilette, lecteur MP3 et piles neuves. A 22h30, hop dans le bus! On devrait arriver vers 6h-7h à Manizales.

Au moment d'embarquer, la compagnie de bus nous prévient que la route Bogotá-Manizales est coupée à cause de multiples éboulements. Ces jours-ci il pleut énormément dans toute la Colombie, et comme chaque fois qu'il pleut, c'est le festival des inondations-glissements de terrain-éboulements sur de nombreuses routes. Bon, il faudra donc arriver à Manizales par le sud en passant par Pereira. Ca rallongera le trajet de 2h. Ok, je préviens Nelvi que j'arriverai plutôt vers 8h-9h.

La nuit se passe sans encombres, même si à cause des bouchons et de la pluie on ne va pas très vite. J'ai une voisine de bus pas chiante, je peux donc me reposer tranquille. Je me réveille un peu avant 6h du matin. Le jour se lève et on est sur une route de montagne: ça tourne et tourne, monte et descend. C'est "La Linea", qui a tout d'une courbe et rien d'une ligne! La Linea c'est pratiquement la route la plus connue de Colombie, et une des plus dangereuses. D'où son surnom sympathique de "El Camino de la Muerte". Entre 1500 et 3660m d'altitude, les courbes sont très prononcées, entre des montagnes menaçantes les jours de pluie et de profonds ravins qui vous font coucou de l'autre côté, et à certains endroits la pente est de 15%. La vitesse normale sur La Linea ne dépasse pas les 20km/h tellement le tracé est compliqué. Last but not least, sur les 43km de voie entre Cajamarca et Calarcá la route n'a qu'une seule voie dans chaque sens. Avec les nombreux camions qui grimpent péniblement la montagne, de nombreux automobilistes sont tentés d'enfreindre l'interdiction de dépasser... et c'est l'accident! Un tunnel est en projet, mais d'ici à ce qu'il soit terminé...!!

Le bus avance tranquillement. On est déjà dans la partie descendante. Plus que 20 minutes et on sera à Calarcá, et à partir de là le trajet sera plus reposant. Un peu plus tard, le bus s'arrête. Un quart d'heure, une demi-heure... Tout le bus est maintenant réveillé. Une heure... les gens s'impatientent et vont aux nouvelles. Apparemment, un poids-lourd est tombé dans le ravin 1km devant nous!! Bon ben dans ces conditions, autant aller se dégourdir les jambes dehors. On est en plein milieu de nulle part, dans un paysage majestueux encore enveloppé dans les brumes matinales. Des travailleurs agricoles montent à pied par grappes. Chapeaux, jean et bottes, avec leur déjeuner dans un sac plastique. Ils nous regardent amusés en remontant la file de véhicules. L'un d'eux nous lance: "Vous en avez jusqu'à ce soir!" Sympa...


9h du matin, on n'a pas bougé. Les nouvelles remontent avec les ouvriers: il y aurait plusieurs morts dans l'accident. La dépanneuse n'est toujours pas arrivée car elle n'arrive pas à se frayer un chemin dans l'embouteillage. 10h, les passagers tournent en rond. Une grand-mère prévoyante revend les nombreux sandwichs qu'elle s'était préparés à un couple de passagers affamés. Pas folle, la guêpe! Moi j'avais tout prévu, donc je ne souffre ni de la faim ni de la soif, seulement de l'ennui. Les autres passagers cherchent désespérément du café. Quelques passagers plus dégourdis ont trouvé une petite cahute qui vend des boissons chaudes à 1km. La nouvelle se répand à travers les nombreux bus de passagers arrêtés au bord de la route. 11h, toujours pas l'ombre d'une empanada. Un embouteillage de plusieurs heures, et pas un local qui ait flairé l'opportunité de faire des affaires! C'est exceptionnel en Colombie, et ça prouve, s'il en était besoin, qu'on est vraiment dans un trou perdu!!!!! 11h30, la colonne de véhicules se met doucement en route. Panique chez les passagers partis se balader. Tout le monde court dans tous les sens pour retrouver son bus. En route! Enfin, sur 200m, et on s'arrête à nouveau... Pfff... A midi et demi, ça a l'air de repartir pour de bon, mais tous les passagers ne sont pas remontés dans le bus. On s'inquiète pour les passagers égarés, mais finalement on les retrouve au détour d'une courbe quelques kilomètres plus loin.



Enfin, on arrive à Calarcá. On entre dans l'Eje Cafetero, la région du café en Colombie. Puis Armenia, puis Pereira. A Santa Rosa de Cabal, on s'arrête pour manger un peu. Je m'achète une arepa avec une saucisse, la spécialité du coin. Mmmmm... Délicieux!!! Rien n'a voir avec les arepas qu'on trouve à Bogotá! Retour dans le bus. Nelvi m'a dit de la prévenir quand on arrive à Chinchiná, car de là il n'y a plus que 20 minutes de route jusqu'à Manizales. Je lui envoie un texto: Chinchinááááááááááááááááááá!!!!!!!! Vers 15h on arrive à Manizales et je retrouve Nelvi et sa maman, après... 16h30 d'un trajet qui devait durer 8h! Je suis en compote mais soulagée d'être arrivée. Je suis en vacances, et je vais visiter la région de l'Eje Cafetero pour la première fois!

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