Friday, November 10, 2006

Suena, suena el buscapié suena, suena el buscapié (Various - Mosaico del desorden)

Vendredi, c’est le jour du défilé des Balleneras : les candidates défilent sur des chars flottants dans la baie de Cartagena. Mais comme on a pratiquement fait nuit blanche, on s’est bougés trop tard pour y aller. Pas grave, on les a déjà vues hier.

A la nuit tombée, on décide d’aller à Las Gaviotas, toujours en tenue de combat : casquette Terpel (lubrifiants pour moteurs) distribuée hier sur le front de mer – débardeur - bermuda plein de farine de la veille – baskets pleines de boue. Pour l’élégance et le raffinement, on verra après les Fêtes. Las Gaviotas est un des quartiers de Cartagena, où le vendredi des Fêtes se déroule une fête particulière. Il y a des fêtes du même genre dans un ou deux autres quartiers de Cartagena, mais pas l’ampleur de celle des Gaviotas. J’ai d’ailleurs droit à un nouveau briefing spécial "Gaviotas". Quand je demande à quoi m’attendre, Yeison me répond : "C’est le Moyen Orient", et me recommande d’être bien réveillée et d’avoir des yeux partout. Bon… c’est parti…

Comment vous dire ? Les Gaviotas, c’est un déluge de feu et d’eau en pleine foule, toute la nuit au centre du quartier. Toutes les gadgets pyrotechniques disponibles en vente libre (quoique pour certains, on se demande) y passent. Des pétards aux feux d’artifice, des "buscapié" aux engins façon lance-roquette artisanal. Les grands favoris, ce sont les "buscapie". Ce sont des feux d’artifice qui se déplacent en spirale, ce qui fait que lorsqu’ils touchent le sol ils continuent leur chemin de façon imprévisible entre les pieds des spectateurs comme s’ils cherchaient leur prochaine victime… d’où leur nom. Voilà pourquoi il faut avoir des yeux partout ! Les buscapie sont lancés au hasard, de préférence sur les gens d’en face (qui vous ont arrosés de feux deux minutes plus tôt). Lorsqu’ils arrivent sur un groupe, tout le monde court ou saute dans tous les sens pour éviter de se faire chauffer les pieds. Dans la panique, on s’accroche à tout ce qu’on trouve pour lever les pieds du sol, et tant pis si c’est le gars d’à côté qu’on ne connaît ni d’Eve ni d’Adam. Et quand tu commences à peine à te remettre de tes émotions, ton voisin t’arrose d’eau des pieds à la tête. C’est bienvenu quand ça permet d’éteindre le buscapie qui menace d’en finir avec tes Nike Shox qui n’ont pas encore quatre mois (n’est-ce pas Yuli !). Mais quand c’est la troisième fois qu’il t’envoie le jet d’eau en pleine face parce qu’il s’est pris d’un amour soudain pour ta pomme, ça commence à bien faire ! Quand tu t’apprêtes à lui sauter dessus avec une bombe à eau dans chaque main pour lui régler son compte, c’est reparti pour un déluge de pétards, et c’est à nouveau le sauve-qui-peut.

Et ainsi de suite… Au bout de deux heures, je suis épuisée. Bah oui, je fais pas ninja comme métier, donc être toujours aux aguets au énième buscapie, c’est pas facile. Heureusement, des amis viennent me chercher et on sort de cet enfer terrestre pour se rendre à Manga, un des quartiers chics de Cartagena. Là, on s’assoie sur un des pontons donnant sur la Baie (j’ai donc fini par y aller ce jour-là, à la Baie de Cartagena, hehehe) pour discuter tranquillement. Mes oreilles résonnent encore des pétards des Gaviotas, mais je savoure le silence du bord de mer. Evidemment, la meilleure amie des Costeños nous accompagne : la bouteille de rhum. Vers trois heures du matin, un des potes nous assure qu’il peut marcher sur l’eau comme Jésus et s’apprête à nous en faire la démonstration, donc on décide de lever le camp. Assez d’émotions pour la journée !

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