Sunday, November 25, 2007

A ver, a ver, a mover la colita, si no la mueve se le va a poner malita (Wilfrido Vargas - A mover la colita)

Un dimanche matin typique: je me lève pas trop tard, un petit déjeuner et une douche rapide et hop! je sors rollers aux pieds pour profiter de la Ciclovía. De chez moi je peux patiner vers le Nord et les quartiers chics ou vers le Sud et les quartiers populaires. Ce jour-là: direction Sud.

Le Parque Nacional est à mi-chemin de ma destination, donc j'en profite toujours pour faire une pause et regarder la Recreovía. Ce sont des espaces avec estrade qui proposent des cours gratuits en différents endroits dans l'esprit des Ciclovías, c'est-à-dire pour encourager l'activité physique et l'appropriation de l'espace public. Il y a des sessions de gymnastique douce pour le 3e âge, des sessions pour les enfants, du yoga, et des cours d'aérobics sur fond de musique tropicale... mes préférés! La Recreovía fonctionne le dimanche matin en parallèle avec la Ciclovía, mais aussi le soir en semaine.

Faire de l'aérobic sur du merengue par une matinée ensoleillée, ça me paraît le top. Rien à voir avec un abonnement hors de prix au gymnase où tout le monde s'entre-observe la cellulite. Ici, c'est carrément le cours à plus de 50 personnes, hommes, femmes, jeunes, vieux, pauvres, riches, hétéro ou gay (Chapinero c'est le quartier gay, et comme beaucoup sont fans d'aérobics ils sont toujours au rendez-vous le dimanche matin, et au premier rang!). Les gens sont enthousiastes, l'ambiance est bonne, et personne ne se moque, pas même les cyclistes et rollers arrêtés sur le bord de la route. Une dose de bonne humeur pour la semaine!



Je crois que je ne professerai jamais assez mon amour pour la Ciclovía, alors si vous aussi vous voulez tomber amoureux, allez voir ce court-métrage de Street Films!

Friday, November 23, 2007

Pregúntale al sacamuela, Llorona, cual es el mayor dolor, si al que le sacan la muela o al que le roban su amor (Chavela Vargas - Llorona)

Journée totalement non productive...

Il a fait gris toute la journée, et comme d'habitude, je trouve le moyen de sortir au moment où il se met à pleuvoir!! J'arrive tant bien que mal à la Plaza de Lourdes pour me réfugier dans un café et là je tombe sur... un Festival de Rancheras!!!! Dans le cadre du Septimazo, des animations de rue sont organisées sur toute la Carrera Séptima et ses environs cette semaine. Et bien entendu, entre les danses, le théatre de rue, les conteurs et les groupes de salsa... il a fallu que je tombe sur les Mariachis, moi qui les ai en sainte horreur...

Je n'ai rien contre la musique mexicaine -si possible au Mexique- mais je ne comprends toujours pas le goût immodéré des colombiens, surtout du centre du pays, pour les rancheras. C'est la musique typique des déséspérés que leur femme vient de quitter ou ceux que leur femme a trompé... Ca parle d'amour, de trahison et de vengeance (ce que les Colombiens résument en un seul mot: despecho) et même parfois de crimes d'honneur. Bref, c'est gai! Mais ici, les gens adoooooorent... Justement depuis quelques mois une telenovela fait un tabac sur la chaîne de télévision nationale: La Hija del Mariachi. L'histoire se passe dans un quartier qui n'est pas nommé mais qui ressemble comme deux gouttes d'eau au mien, où traditionnellement les groupes de Mariachis vendent leurs services. La novela a récolté quantité de prix nationaux, et la bande originale de la série s'est vendue comme des petits pains.

Donc ça n'a pas manqué: de toutes les activités prévues dans le cadre du Septimazo, sur ma chère place de l'Eglise de Lourdes on a eu droit aux rancheras... Eh bien figurez-vous qu'ils sont arrivés à m'émouvoir, dis donc! Et je sius restée plantée là en pleine rue, sur la place mouillée, à les regarder pendant une demi-heure! Décidément, il ne faut jamais dire jamais...

Tuesday, November 20, 2007

Todos los domingos soy el Pibe de mi barrio, dos ladrillos, mi Campín, mi barra, el vecindario (Doctor Krapula - El Pibe de mi barrio)

Ce soir la Selección Colombia jouait contre l'Argentine. Ai-je besoin de préciser qu'il s'agit de foot??? Les matchs Colombie - Argentine sont toujours des évènements. D'abord par la qualité et le prestige de l'équipe argentine, mais aussi parce que, des centaines de matchs joués (et pour la plupart, perdus) contre l'Argentine, les colombiens ne se souviennent que d'un seul: le match de qualification pour la Coupe du Monde à Atlanta, que la Selección Colombia de Carlos "El Pibe" Valderrama a gagné contre l'Argentine 5 à 0, et à Buenos Aires s'il vous plaît! C'est un peu comme le 3-0 de l'Equipe de France contre le Brésil: gravé dans les mémoires de tout un pays. Autant dire qu'à chaque nouveau match contre les Argentins, l'espoir renaît...

Regarder un match de foot à la télé en Colombie, c'est assez pénible. La moindre action sportive est sponsorisée, ce qui fait que le son est interrompu toutes les 30 secondes par des annonces publicitaires. Par exemple: les hors-jeu sont sponsorisés par la banque Davivienda, dont le slogan est depuis quelques années: "Usted puede estar en el lugar equivocado". Les belles actions sont sponsorisées par l'opérateur de téléphonie mobile Comcel: "La jugada superior Comcel, la señal de Comcel es superior", et ainsi de suite pour les sorties, les fautes, les cartons jaunes et rouges... c'est énervant...

Mais regarder un match à la télé en Colombie, ça vaut le coup rien que pour les comentaires sportifs, typiques et inimitables. Et ce soir, la Selección Colombia a gagné 2-1 au terme d'un très beau match au Campín de Bogotá. Lors du second but colombiens, les hourras des voisins on fait trembler les murs!!! Et à la télé, inutile de dire que le présentateur s'est fendu d'un magnifique:

GOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLL!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Friday, November 09, 2007

Todos saben quien manda en esta school, porque nosotras somos gente cool (Patito Feo - Las Divinas)

Aujourd'hui, mon amie Margui m'a invitée à l'exposition annuelle au Claustro Moderno, l'établissement scolaire de ses 2 ados. Comme énormément d'établissements scolaires en Colombie, c'est un établissement privé, généralement de meilleure qualité que l'enseignement public. Le Claustro propose un enseignement de l'équivalent du CP à l'équivalent de la 2nde, qui est la dernière année d'enseignement secondaire en Colombie (les jeunes finissent donc leur scolarité et entrent à l'Université à ... 16 ans, oui vous avez bien lu... 16 ans!!). Le Claustro est collé aux cerros, dans un très beau cadre naturel. Les bâtiments sont entourés de pelouses, de parterres de fleurs; un lac et plusieurs rivières complètent le paysage (!)...




L'uniforme est obligatoire, de la cravate aux chaussures, comme dans tous les établissements colombiens publics ou privés. Il y en a en fait deux: un survêtement bleu marine constitue l'uniforme de "sport" et une robe chasuble en tissu écossais rouge pour les filles/ un pantalon à pince bleu marine et une chemise blanche pour les garçons constitue l'uniforme "formel". Seuls les élèves de dernière année sortent du lot, avec un uniforme particulier, gris et noir. L'exposition annuelle c'est en quelque sorte la fête de fin d'année, puisque le Claustro fonctionne selon le "calendario A", c'est-à-dire que l'année commence en janvier/ février et finit fin novembre, avec les grandes vacances en décembre et janvier. En Colombie c'est le plus commun, mais pour tout simplifier, il existe aussi des établissements pratiquant le "Calendario B" (mi-août à juin avec les grandes vacances en juillet-août, un peu comme en France) et d'autres optant pour le "Calendario C" (qui propose deux semestres séparés par autant de vacances en décembre qu'en juin).



Lors de l'Exposition annuelle, les classes sont séparées en petits groupes et chaque groupe travaille sur un projet. Les thèmes sont soit scientifiques, soit d'un intérêt particulier pour l'école. Elo, avec plusieurs camarades de sa classe de 3e, a réalisé un projet plutôt pharaonique: ils ont photographié leur établissement plan par plan, mètre par mètre, depuis l'entrée en passant par tous les couloirs et toutes les salles (dont les bureaux, les toilettes etc...) afin de créer une visite virtuelle qui sera disponible prochainement sur le site web du Claustro. D'autres groupes de son niveau ont: inventé un système de chauffage de l'eau des douches à l'énergie solaire, mis au point un distributeur de serviettes hygiéniques, répertorié toute la flore présente sur les terrains de l'établissement, aménagé un sentier de découverte de la nature dans les collines environnant l'école, ou encore ont élaboré un système permettant de visualiser les routes des bus de l'école afin de faciliter l'organisation du ramassage scolaire... Toute la classe de Nico, le p'tit frère en classe de 5e, s'est attaché à expliquer les phénomènes météo. Certains groupes ont fait leur exposé en anglais, d'autres ont organisé un jeu concours avec le public (i.e. les parents d'éleves, hehehe), la plupart proposaient des maquettes reproduisant en miniature le phénomène en question. Le groupe de Nico a donc fait un exposé sur la formation des tornades en simulant le phénomène à l'aide d'une maquette de ville dans un cube transparent fermé... avec une ouverture pour le bec d'un sèche-cheveux provoquant une mini-tornade à l'intérieur... ingénieux!




Un peu plus tard tout le monde a été appelé pour se rapprocher du lac. Une classe a d'abord relaché des pigeons voyageurs depuis le petit pont. Puis Monsieur le Directeur (en survet' avec la main sur la rambarde) a procédé à la mise à l'eau des petits bateaux des 6e. Avec l'aide d'un appariteur en barque, les bateaux de toutes les tailles et toutes les formes ont flotté pour la première fois... ou coulé tout droit au fond du lac de l'école, hahaha!!


Et voilà! La cloche vient de sonner: la classe est finie! Les élèves se rapprochent des bus scolaires, joliment estampillés "Claustro Moderno". Les bus parcourent une grande partie de la ville. Bien entendu, la plupart des enfants vivent dans le Nord ou le Nord-Ouest de la ville, dans les quartiers huppés. Margui, elle, se serre la ceinture pour donner à ses enfants une bonne éducation. Du coup, ses enfants sont presque les derniers du parcours du ramassage scolaire, qui dure bien deux fois le temps de trajet normal avec tous les tours et les détours que fait le bus pour chercher et déposer les élèves. Nico, l'homme d'affaires en herbe, a d'ailleurs parfaitement compris l'intérêt: il y a 6 mois il avait monté un petit commerce d'aimants qui faisaient fureur dans les cours d'école. Achetés à deux francs six sous dans notre quartier, il les revendait 2 fois plus chers à ses camarades du Claustro Moderno... puis réinvestissait les bénéfices dans l'achat de nouveaux aimants pour augmenter le business. Margui a dû intervenir pour mettre fin à la start-up qui menaçait de rendre son fils riche à un âge un peu trop tendre...

Beaucoup d'enfants sont rentrés avec leurs parents venus voir l'Exposition. Du coup, le bus scolaire avait des places libres et Margui et moi avons pu économiser le ticket de bus de retour et monter avec les petits monstres. Une belle journée à l'école!

Saturday, November 03, 2007

J'attends qu'il fasse chaud en hiver comme au mois d'août, que je sois à l'aise sur Terre comme un poisson dans le mazout (Hocus Pocus - J'attends)

Ce samedi il faisait un temps magnifique: soleil, un petit peu de chaleur bienvenue à cette saison... un samedi parfait! A Bogota, l'idéal serait de sortir le matin et de rentrer à la maison pour l'heure du déjeuner, car systématiquement les nuages commencent à arriver à cette heure-là et il pleut l'après-midi. Evidemment, ça ne m'arrive pas souvent d'arriver à sortir le matin pour finir tout ce que j'ai à faire à midi, et encore moins le samedi!!!

Résultat, je suis sortie vers 12h30. Une fois dans la buseta en direction du Nord, une grosse averse se déclenche. Impressionnant, mais pas plus que d'habitude... La Séptima, comme toujours, s'est transformée en fleuve alimenté par des torrents descendants de la montagne par toutes les rues en amont. Et en passant devant la base militaire, j'aperçois une Twingo le nez dans la grille après un magnifique aqua-planning. Lorsque je rentre à la maison vers 15h, une intuition me fait allumer la télé sur une des chaînes nationales, et là je vois que pendant que je faisais mes petites courses, de l'autre côté de la ville il se passait... ça:



!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Il grêle de temps en temps à Bogota, mais c'est absolument la toute première fois que la grêle s'abat avec une telle force et recouvre la ville d'un manteau blanc. Au croisement de la Calle 26 avec la Avenida Caracas, la grêle mélangée à l'eau descendant des rues en amont s'est accumulée jusqu'à 1m70 de hauteur, enssevelissant des voitures et leurs passagers! Le mélange a ensuite congelé presque instantanément, emprisonnant les véhicules pour toute l'après-midi. Sans parler du Festival Rock al Parque, le plus grand festival de rock gratuit en plein air d'Amérique Latine, qui venait d'ouvrir ses portes. Plusieurs dizaines de jeunes ont souffert d'hypothermie - du jamais vu à Bogota - et le Festival a fermé ses portes toute la journée du samedi pour raisons de sécurité (cf galeries de photos sur le site)! Et les enfants de la capitale ont pu découvrir les joies de la neige dans les parcs, hehehe... Miraculeusement, ce cataclysme n'a fait aucune victime.

3 jours après, c'est une tornade qui s'est abattue sur la capitale, dévastant un quartier du Nord de la ville!! Et quelques jours avant à Cartagena, il est tombé en 24h l'équivalent de 3 mois de pluies. La Terre se réchauffe, et en Colombie comme ailleurs le climat se détraque... En plus cette année la région est sous l'influence de La Niña, la soeur pas sympa d'El Niño, ce qui contribue à augmenter les pluies. Les météorologistes prévoient que l'été (décembre-janvier en Colombie) ne sera pas ensoleillé, voire sera pluvieux, et que les températures augmenteront à peine. Ben voyons, déjà que j'ai pas vu l'été en France quand j'y étais... Et en attendant l'été maussade, je vais devoir apprendre à me méfier des matinées ensoleillées...

Thursday, November 01, 2007

Sem teu sorriso-livro, vidro de se ver, o desabar do céu (Timbalada - Sorriso livro)

Au programme aujourd'hui: excursion au "SuperCADE" de la 30, un des centres administratifs où sont regroupés énormément de services municipaux, nationaux et privés pour le confort des usagers. Ces centres sont super modernes: on est orientés par modules selon le service souhaité, chaque module affichant le nombre de tours en attente et le temps estimé. Il y a des employés de la ville tous les 5m pour renseigner les gens, leur indiquer où attendre, appeler les retardataires ou encore accompagner la personne au guichet.

Je sui assise depuis moins de 5min quand arrivent une jeune femme en uniforme municipal qui zigzague entre les rangs dans la salle d'attente. Elle distribue des documents d'information municipale: le journal culturel Ciudad Viva, qui répertorie toutes les expos, tous les concerts et les événements culturels de la ville tous les mois, mais aussi une présentation du nouveau numéro unifié pour les urgences, le 123, et une fiche d'information sur comment économiser sur la facture de collecte des déchets...

Quelques instants plus tard: distribution de livres!!! L'employée au large sourire me demande si ça me dirait de patienter en lisant. Elle me connaît ou quoi?! Elle me propose alors 5 petits livres en édition économique. Je choisis, et elle note mon numéro de ticket sur sa liste et fait une croix sur mon ticket d'attente. Elle m'indique que je devrais remettre le livre au fonctionnaire lorsque viendra mon tour (la croix sur mon ticket, c'est pour que le fonctionnaire me rappelle de le rendre, au cas où). Et me voilà transportée dans une nouvelle de Carlos Fuentes, écrivain et essayiste mexicain!!!

C'est le programme "Libros al viento" de la municipalité de Bogotá. Lancé en 2004, ce programme part d'une idée folle: avec l'aide des maisons d'édition les plus renommées, mettre gratuitement (!) à la disposition du public des nouvelles et des essais de grands auteurs, avec l'espoir (!!) que les lecteurs ramènent le livre au point de distribution après l'avoir lu, pour qu'un autre lecteur puisse en profiter et ainsi de suite (!!!)... Tous les mois un nouveau titre est mis en circulation dans des hôpitaux, des parcs, des stations de bus ou des marchés, et vient s'ajouter aux 3 millions d'exemplaires déjà distribués. Evidemment le taux de retour des livres est faible... mais pas nul! On a fait confiance aux citoyens et en retour ils ont saisi l'opportunité de... faire preuve de citoyenneté! Depuis quelques mois le programme a été étendu aux salles d'attente des SuperCADE, de façon un peu plus contrôlée pour que plus de gens puissent en profiter en attendant leur tour. Libros al viento fait partie des programmes emblématiques du renouveau citoyen de Bogotá, et a contribué à ce que la ville soit désignée Capitale Mondiale du Livre 2007.