Wednesday, November 15, 2006

Ecoute le coulis de l'eau sur la terre, dis toi qu'au bout il y a la mer (Tryo - L'Hymne de nos Campagnes)

Mercredi matin, 7h30, le ciel est dangereusement gris. Le soleil s’est à peine levé. A partir de 8h c’est officiel : il pleut. Ou plutôt : IL PLEUT !!!!!!!!! Une bonne vraie pluie tropicale. Il tombe des trombes et des trombes d’eau. Toutes les 15 minutes on se dit que c’est impossible qu’il pleuve plus fort, et toutes les 15 minutes encore plus d’eau tombe du ciel. Parfois pendant un quart d’heure il pleut un peu moins. Disons que ça diminue au niveau de ce qui serait la pluie du siècle à Paris. Puis ça reprend version tropicale. Vers 9h, de plus en plus de voitures et de taxis remontent la rue de ma tante, qui est d’ordinaire très calme. Une demi-heure plus tard les busetas apparaissent à leur tour, et là on sait que l’avenue en contrebas s’est transformé en fleuve. Vers 11h, il pleut toujours avec autant de force, mais il ne monte presque plus de voitures. Une grosse pluie tropicale à Cartagena, c’est comme une bonne bordée de neige à Montréal : on sait que ce jour-là il n’y a rien d’autre à faire que de rester chez soi…

Dans une certaine mesure la pluie est une bénédiction à Cartagena. Les maisons en dur, même les plus humbles, sont toutes faites de la même façon : surélevées avec une terrasse côté rue et un patio à l’arrière de la maison. Mais pour les quartiers déshérités de Cartagena, c’est le ciel qui leur tombe sur la tête. Les maisons en tôle ou en planches sont bâties au niveau de la rue. Dans le quartier Olaya Herrera, à la sortie de Cartagena, les rues sans asphalte deviennent des torrents de boue qui pénètrent dans les maisons. Dans les quartiers de la Quinta, La Esperanza et tous les quartiers situés sur le flanc de la "Popa", la colline qui surplombe Cartagena, c’est l’angoisse des glissements de terrain meurtriers.

Chez ma tante, chacun s’occupe comme il peut. Le mari de ma tante, comme d’autres voisins, s’arme d’un balai brosse et sort sous le déluge pour nettoyer la terrasse. Et il n’oublie pas de placer une bassine en plastique sous l’arrivée de la canalisation qui évacue l’eau du toit. La bassine se remplit d’eau en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, mais là n’est pas le but : avec la force de la pluie tropicale, la canalisation concentre l’eau du toit en un jet d’une telle force qu’il pourrait exploser le carrelage de la terrasse s’il arrivait directement. On remplit les réservoirs d’eau dans le patio. Les enfants du quartier font des batailles d’eau dans la rue.

Pas d’entraînement ce matin pour les neveux de Cori – 4 de ses 5 neveux jouent au base-ball et sont entraînés façon futurs champions par le grand-père. L’espoir c’est qu’au moins un des quatre décroche un contrat avec une équipe étrangère et puisse aider la famille avec une partie de ses revenus. Mais malgré tout l’entraînement du monde, ça risque d’être difficile car la tendance est aux joueurs de plus en plus grands, et les Colombiens ne sont pas réputés pour leur grande taille… Néanmoins c’est l’effervescence dans la famille ces jours-ci car une délégation américaine vient passer quelques jours à Cartagena pour repérer les futurs champions. Avec cette pluie, c’est un jour perdu pour espérer se faire remarquer des chasseurs de tête. Mais Jerry, le clown officiel de la famille, a bien d’autre façons de se faire remarquer : le voilà défiant la canalisation et profitant pour faire le pitre, puis il sort faire un tour en vélo ( ??!!).


Eric, lui, n’est pas du genre à se faire remarquer pour ses pitreries mais par son look : short baggy qui laisse voir la moitié de son caleçon au grand dam de sa grand-mère, tresses sur la tête, straping sur le bras droit (le bras de la batte de base-ball), et chantant toute la journée les derniers tubes de champeta. Le portrait du Cartagenero version 2006, quoi…

Quant à moi… j’ai pris froid !! Entre la pluie torrentielle à Bogota et à Cartagena et les batailles d’eau des Fêtes, ça fait une semaine que je rentre tous les soirs trempée jusqu’aux os… Je tue le temps en discutant avec Cori. Son copain et des amis devaient venir nous chercher, mais ce jour-là, il pleuvra sans interruption toute la journée et toute la soirée. Tant pis, demain est un autre jour…

No comments: