Wednesday, October 10, 2007

Sometimes, no matter what you do, hamsters just die (Everwood)

Ces jours-ci on commence notre rituel des "phrases du jour", les phrases les plus ridicules/ étonnantes/ déroutantes qu'on entend à droite à gauche. On en aura une par jour, parfois plus car la Colombie est un pays où se produisent les choses les plus invraisemblables. Mais notre première phrase du jour nous est fournie par une série américaine à l'eau de rose, et provoque un fou rire général à 7h30 du matin. Du coup, je déroge à la règle des paroles de chanson pour vous faire partager quelques "phrases du jour" du séjour de Mag.

Comme par hasard, je reçois une demande de traduction pile à mon arrivée à Bogota. Je suis donc clouée à la maison devant l'ordi pour finir le plus vite possible et qu'on puisse partir à Cartagena. Je confie Mag à mes amis, qui lui font visiter le centre et la Candelaria pendant que je trime à la maison.




(photos Mag)

Monday, October 08, 2007

Your eyes won't believe what your mind can't conceive (Jones Girls - Nights over Egypt)

Le lendemain de notre arrivée, forcément je n'ai rien dans le frigo, et à cause du décalage horaire on se réveille à l'aube. J'emmène Mag petit-déjeuner a La Bodega, un petit coin de paradis près de mon ancien boulot. Mag goûte à ses premiers mets colombiens: agua panela, jus de maracuyá, arepa, bollo de mazorca etc... Mag est aux anges.



D'ailleurs, Mag est complètement dépassée par ses découvertes depuis son arrivée... Tout l'étonne, l'enthousiasme, la surprend. Elle redescendra petit à petit sur terre, et à la fin de son séjour, elle se repèrera dans Bogotá comme dans Cartagena, elle comprendra l'espagnol et même le "costeñol" (de la Côte), elle saura cuisiner le sancocho et faire des arepas! Mais pour l'instant, Mag est dans la 40.000e dimension rien que dans mon quartier ;-) ...




(photos Mag)

Sunday, October 07, 2007

Stepping on my boots, going back to my roots (Odyssey - Going back to my roots)

Une fois encore, je passe toute la nuit à faire mes bagages avec Môman. Le grand évènement de ce voyage, c'est que ma très chère amie Mag m'accompagne et va rester 3 semaines avec moi en Colombie!

Lorsque les valises sont enfin prêtes, on a chacune au moins le double du poids autorisé. Hahaha! Mais vu comme je me suis faite avoir la dernière fois, on ne me reprendra plus à respecter la limite des 20kg par personne! Kawaï s'est proposé de nous accompagner à l'aéroport; trop gentil!! il vient nous chercher en pleine nuit et on charge la voiture, direction Orly!

Arrivés à l'enregistrement, nos coeurs s'arrêtent de battre quelques secondes... Notre vol pour Madrid est... annulé!



On arrive désespérées au comptoir, où l'on nous explique que le vol de 6h50 (indiqué comme "retardé") va en fait être fusionné au vol de 7h50... qui partira à l'heure. Oufffffff... Ca devrait être interdit de faire peur aux passagers comme ça... Comme prévu, l'hôtesse accepte nos bagages sans problèmes malgré l'excédent de poids. En route!

Arrivée à Madrid Barajas. Mag commande un super café plein de crème et de chocolat au Starbucks de l'aéroport, et comme dans tous les Starbucks ils notent le prénom du client sur la tasse en carton. Seulement voilà, c'est là que commence le long parcours du combattant de Mag pour arriver à ce que les hispanophones comprennent son prénom. La première bataille se solde par un magnifique "Mackelin"!!!

Quelques images de cet aéroport que je trouve d'une grande beauté architecturale... même s'il est immense et que les déplacements sont incroyablement longs. Pour se rendre de l'arrivée du vol de Paris au départ de celui pour Bogota: une demi-heure de marche (sans rire, c'est carrément indiqué tel quel), en traversant des halls, descendant des escalators, prenant un métro interne, montant des escalators, traversant d'autre halls, parcourant un tapis roulant, et enfin, on est rendues!


Sunday, September 30, 2007

Nunca jamás lloró y en su alma siempre un llanto se escuchó (Juanes - Rosario Tijeras)

Evidemment, difficile de parler de ce qui s'écoute en Colombie sans parler de Shakira et Juanes, donc faisons leur tout de même une petite place, avec deux chansons moins connues, deux bandes originales de films ;-)

Tout d'abord la B.O. du film Rosario Tijeras par Juanes, tiré du roman dont je vous ai déjà parlé de Jorge Franco. Très belle chanson, très beau film, très beau roman... et un clip de B.O. plutôt original pour le genre. Et c'est le même tiercé gagnant qui s'annonce pour l'adaptation d'un autre roman de Jorge Franco: Paraíso Travel, qui vient de sortir sur les écrans colombiens et fait partie de la sélection 2008 du Sundance Festival .



Puis la B.O. du film Love in the Time of Cholera, adapté du roman de Gabriel García Márquez. Là par contre, très belle chanson, très beau roman... mais flop cinématographique. C'était bien la peine de tourner en grande pompe à Cartagena et Mompox, dans les décors du roman, et de donner des cours d'espagnol costeño aux acteurs si c'était pour qu'à la fin ils parlent anglais... avec l'accent colombien!!!!!!! N'importe quoi franchement... Javier Bardem (Mar adentro, Jamón Jamón...), je t'aime beaucoup mais là tu t'es fait avoir, idem pour la brésilienne Fernanda Montenegro (Central do Brasil) et la colombienne Catalina Sandino (María Llena eres de Gracia). La chanson en revanche me paraît digne du roman, bien que le rythme soit plus chilien que colombien.

Tuesday, September 25, 2007

Pero no quiero dormir, de pronto despierto y tu amor lo soñé y si eso es así me moriría de pena (Son de Cali - No quiero dormir)

En Colombie, il y a un peu de mambo si c'est Juan Luis Guerra qui le chante, un peu de bachata mais pas trop, du merengue pour égayer les fêtes mais surtout... de la salsa. Les groupes de salsa actuels sont tous plus ou moins des rejetons du Grupo Niche, de loin le plus grand groupe de salsa colombien. Un de ces groupes est Son de Cali, qui place régulièrement ses chansons sur les ondes colombiennes.

Un clip horriblement pas original, mais qui me fait toujours sourire parce qu'il a été tourné dans une boîte qui a ouvert l'année dernière presque en face de là où j'ai habité à mon arrivée. Et les mouvements d'épaules des chanteurs sont à mourir de rire... ou de jalousie, hahaha.

Thursday, September 20, 2007

Yo soy de Ciudad Nueva y ella es de San Pedro de Macorís, you know (Juan Luis Guerra - la llave de mi corazón)

Comment parler de ce qu'on écoute en Colombie sans parler de merengue, salsa et autres bachatas?!

Le génie du genre, c'est le dominicain Juan Luis Guerra, qui aligne les méga tubes depuis les années 80. Après une absence de quelques années et sa conversion au protestantisme, il est revenu sur le devant de la scène en 2004 avec un album de merengue évangélique absolument génial (et venant de moi c'est un méga compliment, parce que la musique chrétienne c'est pas franchement ma tasse de thé!). L'année dernière, en plus d'être couvert d'éloges et de prix pour l'ensemble de sa carrière, Juan Luis Guerra a décroché chacun des 6 Latin Grammy pour lesquels il était nominé - une première. Voilà donc La llave de mi corazón, le premier single du nouvel album avec lequel Juan Luis Guerra est revenu en force sur les ondes en 2007, un mambo-rap délirant et décalé que lui seul peut se permettre de présenter aux Latinos sans paraître ringard...

Saturday, September 15, 2007

Te vuelves aire si de noche hay luna llena, si siento frío en la mañana tu recuerdo me calienta (Fonseca - Te mando flores)

Et en Colombie, impossible d'échapper au "Tropi-Pop", c'est-à-dire en gros une fusion de vallenato et de pop. Après le pionnier Carlos Vives une génération avant, c'est une ribambelle d'artistes qui reprennent aujourd'hui le flambeau. Un des plus talentueux d'entre eux, Fonseca, artiste de 28 ans originaire de Bogotá, a déjà quantité de prix nationaux et latino-américains à son actif. Voilà donc "Te mando flores", chanson à laquelle l'artiste Fanny Lu de Cali a répondu peu de temps après avec une autre très jolie chanson: "No te pido flores".

Fonseca - Te Mando Flores (2006)

Monday, September 10, 2007

No voy a llorar y decir, que no merezco esto porque, es probable que lo merezco pero no lo quiero, por eso me voy (Julieta Venegas - Me voy)

Et on continue le parcours musical!

De l'Argentine au Mexique, le sous-continent regorge d'excellents artistes pop. Il y a bien sûr le "couple royal" de la Colombie, Shakira et Juanes, mais aussi des groupes légendaires comme Soda Stereo et Maná. Il y a bien sûr quantité de starlettes et de boys/ girls bands, mais aussi de vrais personnalités, comme Julieta Venegas, la mexicaine de Tijuana. Pianiste, guitarriste, accordéoniste, auteur compositeur interprète, elle a du talent à revendre et un univers et un son bien à elle. A votre tour de la découvrir:

Wednesday, September 05, 2007

Porque Colombia es más que coca, marihuana y café... (Choc Quib Town - Somos Pacífico)

En Colombie, il y a une énorme influence de toute la production de reggaeton, ragga et hip hop de la Caraïbe, mais très peu de production locale dans ces genres. Une exception de qualité, le groupe Choc Quib Town: 1 rappeuse/ chanteuse, 1 DJ et 2 acolytes rappeurs aux flows différents, des paroles justes, de belles mélodies. Mais Choc Quib Town, fidèles à la tradition du rap, c'est avant tout un cri identitaire. Dans leur cas, celui des communautés afro-colombiennes très discriminées, je dirai même tout simplement ignorées par le reste de la Colombie. Les membres de Choc Quib Town viennent du Chocó (dont la capitale est Quibdó, vous voyez le jeu de mot), département où les afro-colombiens représentent 90% de la population. Ils revendiquent leur appartenance à cette terre isolée et très pauvre à la frontière avec le Panamá, peuplé de villages de descendants d'esclaves marrons et de ce fait porteuse d'une culture et d'une tradition très particulière.

Choc Quib Town a acceuilli un des rappeurs français les plus talentueux, Oxmo Puccino, en résidence pendant 15 jours à Bogotá en octobre dernier, et ils ont terminé par un concert conjoint dans le cadre du festival Hip-Hop al Parque.

Clip très joli et soigné, c'est assez rare pour être souligné. Eaaa!!




Choc Quib Town - Somos Pacífico (2006)

Somos Pacífico, estamos unidos
Nos une la región, la pinta, la raza y el don del sabor

Ok! Por si acaso usted no conoce, en el Pacífico hay de todo para que goce
Cantaores, colores, buenos sabores y muchos santos para que adores
Es toda una conexión, con un corrillo Chocó, Valle, Cauca y mis paisanos de Nariño
Todo este repertorio me produce orgullo y si somos tantos 'porque estamos tan al cucho
Bueno, dejemos ese punto a un lado, hay gente trabajando pero son contados
Allá rastrillan, hablan jerguiados, te preguntan si no has janguiado, si estas queda’o
Si lo has copiado, lo has vacilado, si dejaste al que está malo o te lo has rumbeado
Hay mucha calentura en Buenaventura y si sos chocoano sos arrecho por cultura, ea!

Unidos por siempre, por la sangre, el color y hasta por la tierra, no hay quien se me pierda
Con un vínculo familiar que aterra, característico en muchos de nosotros
Que nos reconozcan por la mamá y hasta por los rostros
Étnicos, estilos que entre todos se ven, la forma de caminar, el cabello y hasta por la piel
Y dime quién me va a decir que no escucho hablar de San Pacho, mi patrono allá en Quibdo, ea!
Donde se ven un pico y juran que fue un beso, donde el manjar al desayuno es el plátano con queso
Y eso que no te he hablado de Buenaventura, donde se baila el currulao, salsa poco pega’o
Puerto fiel al pescado, negras grandes con gran tumba’o
Donde se baila aguabajo y pasillo, en el lado del río, con mis prietillos

Es del Pacífico, Guapi, Timbiquí, Tumaco, el bordo Cauca
Seguimos aquí con la herencia africana más fuerte que antes
Llevando el legado a todas partes de forma constante
Expresándonos a través de lo cultural, música, artes plástica, danza en general
Acento golpia’o al hablar, el 1,2,3 al bailar, después de eso seguro hay muchísimo más
Este es el Pacífico colombiano, una raza, un sector lleno de hermanas y hermanos
Con nuestra bámbara y con el caché
Venga y lo ve usted mismo pa vé como es, y eh!
Piense en lo que se puede perder, y eh!
Pura calentura y yenyeré, y eh!
Y ahora dígame que cree usted
Porque Colombia es más que coca, marihuana y café...

Thursday, August 30, 2007

Atrévete-te-te, salte del closet, destápate, quitate el esmalte, deja de taparte, que nadie va a retratarte (Calle 13 - Atrévete)

La musique des jeunes dans toute l'Amérique Latine et surtout la Caraïbe, à l'heure actuelle, c'est le reggaeton. Les Portoricains sont les maîtres absolus du genre: une fusion de rythmes hip-hop et latinos, des paroles en spanglish tournant à 99% autour du sexe, et des clips style "fêtes sur la plage". Si on a de la chance y'a un peu de chorégraphie, sinon ça donne du bling-bling/ bikinis/ grosses voitures. L'Eglise catholique est scandalisée et les évangélistes crient à l'invasion démoniaque malgré les énormes croix inscrustées de (faux?) diamants des chanteurs... Pendant ce temps là, les chanteurs/ses américain(e)s font la queue pour enregistrer des duos avec des artistes ou travailler avec des producteurs de reggaeton, et l'industrie du disque encaisse les royalties...

Le groupe Calle 13 est un des rares qui se démarquent par son originalité. Ils ont commencé avec ce méga hit l'année dernière, et depuis ils sont partout. "Atrévete", c'est le tube, le vrai, celui que les gamins de 4 à 14 ans chantent du matin au soir dans la cour d'école, dont les adolescentes connaissent la "choré" par coeur, la chanson qui passe 41.153 fois par jour à la radio, qu'on finit par connaître par coeur malgré soi, celle dont les paroles deviennent des expressions courantes (combien de fois depuis mon arrivée en Colombie m'a-t-on dit "Cambia esa cara de seria, esa cara de intelectual, de enciclopedia....", grrr!!!!)! Au-delà de cette chanson, Calle 13 c'est une vraie créativité (un rythme de cumbia colombienne dans cette chanson, de tango dans une autre...), des paroles dérangeantes et un engagement fort. Les deux demi-frères qui composent Calle 13 sont considérés comme les "intellectuels du reggaeton"! On a du mal a le croire en voyant ce clip, qui a remporté le Latin Grammy du meilleur clip vidéo l'année dernière, mais c'est sans doute parce que ce sont les seuls dans ce milieu à ne pas se prendre au sérieux, he oui!

Il va sans dire qu'ils ont remporté plusieurs Latin Grammy Awards cette année, en plus de faire le show principal avec leur chanson Pa'l Norte sur le thème de l'émigration, accompagnés de la troupe américaine Stomp, des cubains Orishas, des papis colombiens les Gaiteros de San Jacinto (qui ont également remporté un Grammy mais n'ont pas pu jouer sur scène n'ayant pu obtenir qu'un visa de tourisme pour se rendre à la cérémonie à Miami), des danseuses et un groupe d'indiens Arhuacos du Nord de la Colombie... Mais d'abord, leur tube Atrevete-te:

Saturday, August 25, 2007

Ay... que bonita es esta vida aunque a veces duela tanto (Jorge Celedón & Jimmy Zambrano - Esta vida)

En Colombie il est absolument impossible de vivre sans musique. Même si on a ni radio ni télé, on est assailli par la musique: chez le voisin, dans les bus et les taxis, dans les magasins, partout. Et je ne parle pas d'un petit bruit de fond, je parle de baffles qui font ma taille!!! C'est bien sûr plus le cas à Cartagena qu'à Bogotá, mais ça ne veut pas dire que Bogotá soit une ville morte. Il y a une soirée à faire trembler les murs à peu près tous les 2 vendredis dans ma cour d'immeuble, ce qui me fait soit déménager mon matelas dans le salon pour la nuit, soit veiller jusqu'à 3h du matin, heure où ça commence à se calmer. A Cartagena par contre, les soirées durent jusqu'au bout de la nuit... évidemment! Ce qui donne aux colombiens de tous âges d'étranges capacités, comme celle de tenir une conversation parfaitement normale assis devant des baffles plus hautes qu'eux, ou de s'endormir quel que soit le niveau de décibels environnant. C'est pas encore mon cas même si j'ai du le faire dans mon enfance, mais je progresse!

Pour la période d'Août à début Octobre où je me trouvais en France, je propose donc de vous faire connaître la bande son de l'année 2006/2007 en Colombie.

Et pour commencer sur un bon pied, une chanson qui est presque devenue l'hymne national officieux de la Colombie depuis quelques mois (bien que ce soit une chanson mexicaine à l'origine) et dont je vous reproduit les paroles ci-dessous. Et à ce propos, Jorge "Jorgito" Celedón (chanteur, auteur, compositeur) et Jimmy Zambrano (son accordéoniste) ont remporté un Latin Grammy Award en novembre dernier. Attention clip de blédard, mais joli...





Jorge Celedón & Jimmy Zambrano - Esta vida (2006)

Me gusta el olor que tiene la mañana
Me gusta el primer traguito de café
Sentir como el sol se asoma en mi ventana
Y me llena la mirada de un hermoso amanecer

Me gusta escuchar la paz de las montañas
Mirar los colores del atardecer
Sentir en mis pies la arena de la playa
Y lo dulce de la caña cuando beso a mi mujer

Se que el tiempo lleva prisa
Pa'borrarme de la lista
Pero yo le digo que...

Ay... Que bonita es esta vida
Aunque a veces duela tanto
Y a pesar de los pesares
Siempre hay alguien que nos quiere
Siempre hay alguien que nos cuida
Ay Ay Ay... Que bonita es esta vida
Y aunque no sea para siempre
Si la vivo con mi gente
Es bonita hasta la muerte
Con aguardiente y tequila

Me gusta escuchar la voz de una guitarra
Brindar por aquel amigo que se fue
Sentir el abrazo de la madrugada
Y llenarme la mirada de otro hermoso amanecer

Se que el tiempo lleva prisa
Pa'borrarme de la lista
Pero yo le digo que

Ay... Que bonita es esta vida
Aunque a veces duela tanto
Y a pesar de los pesares
Siempre hay alguien que nos quiere
Siempre hay alguien que nos cuida
Ay Ay Ay... Que bonita es esta vida
Y aunque no sea para siempre
Si la vivo con mi gente
Es bonita hasta la muerte
Con aguardiente y tequila

Monday, August 20, 2007

I'm really a cat, you see, and it's not my last life at all (Shakira - Don't bother)

Ce départ a été le plus contrôlé que j'ai vécu depuis 1 an et demi. J'ai compté une douzaine de contrôles visibles jusqu'à la porte de l'avion, la plupart destinés à débusquer le transport de drogue sous toutes ses formes (dans les bagages que ce soit dans des fausses parois ou dans des tubes divers, ou scotchés autour du corps, ou encore sous la forme d'une centaine de petits paquets directement ingérés par la "mule"). Scanner et fouille manuelle des valises à l'enregistrement (je commence à avoir l'habitude vu que ça tombe toujours sur moi), chiens policiers zigzagant entre les bagages, 2 scans des bagages à main, portiques détecteurs de métal et fouille par palpation, puis chaque passager doit "reconnaître" ses valises avant la mise en soute... et cerise sur le gâteau: fliquette en civil qui intercepte la dame qui est devant moi dans la dernière file d'attente à la porte de l'avion et lui fait un interrogatoire "spécial mules" devant le reste des passagers héberlués ("Combien de temps partez-vous? Pour faire quoi? Où logerez-vous? Vous y êtes déjà allée? Vous savez vous y rendre toute seule? Depuis combien de temps connaissez-vous les gens qui vont vous héberger?..."). Pffiioouuu...

Quant à moi, j'avais peur que les douaniers me fassent remarquer l'intervalle de 6 mois entre l'expiration de mon autorisation de séjour sur mon passeport français et l'expédition de mon passeport colombien, mais il n'en a rien été. Par contre ça n'a pas raté, mon deuxième nom de famille est différent sur mes papiers français et colombiens et ça intrigue. J'explique avec un grand sourire - maintenant je suis devenue experte pour blaguer avec les douaniers - et au fond de moi je me dis qu'un jour (pas tout de suite!!!) je ferai harmoniser mon nom de famille entre les 2 pays histoire d'éviter les prises de tête, hahaha...

Arrivée à Orly, je me dis que je vais enfin pouvoir décompresser et revoir des visages familiers. J'attend une demi-heure, une heure... je bouge un peu, on sait jamais que j'attende pas au bon endroit... Au bour d'une heure et demi je suis quand même inquiète: j'appelle Môman qui est en province avec mes grands-parents. Et j'apprends que, parce que mon départ s'est confirmé à la dernière minute, personne n'a pu être prévenu à temps pour aller me chercher. Je n'ai pas de clés de la maison, et je n'ai sur moi qu'un carnet d'adresse datant de 3 ans auparavant, donc contenant les coordonnées des parents de mes amis qui bien sûr n'habitent plus là depuis. Une hôtesse d'Air France a pitié de moi et me laisse utiliser le téléphone de son comptoir gratuitement. 45 minutes et 150 coups de fil plus tard en ce début de week-end du 15 Août, je trouve enfin une copine chez sa maman, qui se propose tout de suite pour m'héberger. Elle habite à 40km d'Orly, et par un samedi matin en plein mois d'Août sans personne sur la route, ça me coûtera... 70€!!!!! Et dire que si j'ai vraiment pas de chance, le taxi de mon appartement à l'aéroport à Bogota me coûte 8€... Bienvenue en France!!

Le lendemain j'arriverai à récupérer mes clés et à rentrer au bercail... vide! Tout le monde est en vacances un peu partout. Bonjour l'acceuil... Enfin bref, après quelques jours j'ai rejoint Môman en Savoie, puis j'ai rendu visite à Mag à Grenoble et A2 est rentrée de vacances. Début septembre je suis allée voir Naouelita, Pirate et Loustic et ma copine Mel à Bruxelles, puis mon amie colombienne Nati a fait un passage éclair par Paname, et fin septembre j'ai fait un petit tour en Corse pour voir Bast' et ma très chère Flo.






Le retour a été étrange parce que tout s'est fait si vite. J'ai eu l'impression d'être catapultée en France du jour au lendemain. J'ai bien mis 2 semaines avant de regarder le JT sans avoir l'impression d'être dans une autre dimension!

La maudite Conférence ne m'a pas lâché les baskets avant la mi-septembre, parce que ma chef m'a fait refaire les comptes une douzaine de fois, en tableaux horizontaux, verticaux et de différentes couleurs. Comme j'avais un contrat sur résultats, c'était à elle d'approuver régulièrement mon travail pour que la BID fasse les déboursements intermédiaires. En refusant de valider les rapports finaux de la Conférence elle croyait repousser mon paiement final et me faire un horrible chantage financier... sans savoir que la BID m'avait déjà fait le virement dès la fin de la Conférence, hahaha! Quelle sorcière! Du coup, mon petit message de remerciements de fin de contrat, elle a pu se le mettre où je pense... Et bien entendu, malgré la façon dont elle nous a traité tout au long de la préparation de cette Conférence, et le fait que même les participants s'en sont aperçus, la sorcière a depuis décroché un poste de très haut niveau au sein du système des Nations Unies. Ces gens là ont une face pour leurs subalternes et une face pour leurs collègues et supérieurs; ça donne envie de vomir... Mais moi aussi je suis un chat à neuf vies et ce n'est pas cette sorcière qui va m'arrêter...

Wednesday, August 15, 2007

Aujourd'hui c'est l'premier jour du reste de ma vie (Youssoupha - Les apparences nous mentent)

Jeudi matin, je ne vois toujours rien venir…

J’ai mon amie Cata au téléphone : « Comment ça c’est toujours pas réglé ton histoire de papiers ? Non mais c’est quand même pas croyable ça !! Je vais appeler le Directeur National de l’Etat Civil, je le connais ! » Cata, elle rigole pas. Elle est conseillère juridique de la Présidente du Sénat, les relations haut-placées c’est son métier. Histoire de penser à autre chose je vais dire bonjour aux ex-collègues. Devant mon état de loque, une collègue me fait une séance de « guérison pranique » pour éloigner les ondes négatives.

Vers 15h, mon portable sonne : Doctor H. vient d’être prévenu que ma cédula est prête et que je peux aller la chercher . Ce sont les coups de fil bien placés de Cata qui ont fait aboutir la procédure. La Registraduría ferme à 16h, je saute dans un taxi. Antibelly me remet ma cédula toute belle toute neuve. Je fonds en larmes d’émotion. Antibelly et ses collègues ont aussi les larmes aux yeux. 11 ans après ma première demande, après 2 ans de démarches en France et en Colombie, après 6 mois sans papiers… et très exactement 25h avant mon vol pour Paris, je suis enfin officiellement une citoyenne colombienne. C’est trop tard pour le service des passeports alors je retourne au bureau en larmes pour montrer ma cédula. Tout le monde me félicite… et ils me renvoient à la maison coups de pied aux fesses pour que je fasse ma valise ! J’y passerai toute la nuit ! A 5h alors que le soleil se lève, je tombe d’épuisement.

A 7h, après une longue sieste/ courte nuit, je me lève comme un ressort, je saute dans la douche puis dans un taxi, direction le Service des Passeports. J’y arrive à 8h, à l’ouverture. Je fais des photos d’identité (sur lesquelles on ne voit absolument pas que je n’ai dormi que 2h, merci l’adrénaline!!), je paye, je donne mes papiers. Il reste 9h avant le décollage. A 10h je ressors, mon premier passeport colombien en main (petite note au passage : il y a à peine 2 ans j’ai attendu mon passeport plus d’un mois à Boulogne-Billancourt, l’une des communes les plus riches de France d’un des départements les plus riches de France…). Le temps de boucler mes valises et hop, je pars pour l’aéroport. J’arrive dans les derniers, il est presque 15h ; le vol décolle à 17h. Je me fais engueuler par l’hôtesse au sol :

- « Comment ça se fait que vous arrivez si tard à l’aéroport pour un vol transatlantique, Mademoiselle ??!!! »
- « Madame, si vous saviez… »

Friday, August 10, 2007

Don't push it, don't force, let it happen naturally, it will surely happen if it was meant to be (Leon Haywood - Don't push it, don't force it)

Mon avocat propose de m’accompagner à la Registraduría pour savoir exactement ce qu’ils veulent et éviter qu’il m’arrive quelque chose. On nous reçoit dans le bureau chargé de traiter les recours administratifs et on nous annonce que la procédure est en cours pour émettre ma cédula : il leur manque juste la photocopie de ma contremarque. Fausse alerte donc, et même bonne nouvelle : bien que le juge ait refusé mon recours, la Registraduría a mis la main à la pâte comme si j’avais gagné mon procès.

Le personnel du bureau des recours fait m’impossible pour moi ce jour là. Mme Antibelly (ça sonne bizarre mais c’est bien son prénom, d’origine italienne apparemment !) court dans tous les couloirs pour choper les chefs et leur faire signer les différents papiers. Elle nous raconte que c’est tous les jours comme ça : les fonctionnaires traînent la patte, les chefs font de l’obstruction sans raison apparente, et Antibelly doit leur courir après pour les obliger à faire leur devoir. C’est la 4e dimension… Une fois tous les papiers dûment signés, j’ai enfin l’autorisation de faire ma demande de cédula à Bogotá et non à Paris où j’avais déposé ma demande à l’origine. Il ne reste plus qu’à constituer un dossier et à lui faire suivre un parcours accéléré. Problème, je fonctionne depuis 1an avec mon numéro de contremarque. Emploi, assurance sociale etc.. tout est enregistré avec mon numéro de contremarque. Or, si Antibelly fait un dossier sur informatique – comme c’est le cas habituellement - le système génèrera automatiquement un nouveau numéro. Seule solution pour garder le même numéro : faire le dossier à la main. Et le seul bureau où c’est possible, c’est celui des personnes handicapées !! En effet, pour pallier à tous les handicaps physiques ou mentaux, les personnes handicapées sont enregistrées à la main dans un bureau spécial qui leur accorde une attention particulière et personnalisée…

On nous reçoit très chaleureusement. Une fonctionnaire remplit mon dossier à la machine à écrire, à l’ancienne. Noms, prénoms, jusqu’ici tout va bien… noms, dates et lieux de naissance des parents (5 minutes pour épeler « Marie-Noëlle », 5 autres pour épeler « Suresnes », la fonctionnaire est pliée de rire devant ces mots étranges…). Elle inscrit mon ancien numéro de contremarque puis me demande : « Handicap ? » Euh… comment vous dire… NEANT !!! On me fait passer pour prendre mes empreintes avec une autre fonctionnaire : « Avez-vous besoin d’aide pour poser vos empreintes ou avez vous une quelconque difficulté ou particularité quant à l’usage de vos doigts ? » Euh… on pourra pas dire qu’ils ne sont pas prévenants dans ce service !! Devant mon air ébahi, Antibelly vient à la rescousse pour confirmer que je ne suis pas handicapée et que je possède bien mes 10 doigts. Pffioouu… Le dossier est enfin prêt, et au final mon impression d’il y a quelques mois est confirmée : être française en Colombie relève d’une certaine forme de handicap !!!

Antibelly me jure que ma cédula sera prête d’ici 2 ou 3 jours. Elle a déclenché la procédure express, et comme le prochain lundi est férié, les fonctionnaires vont travailler exceptionnellement ce samedi. J’aurai donc ma cédula mercredi sans faute. Nous sommes à 1 semaine pile de ma date de retour….

Mardi, toujours rien… Antibelly me jure qu’elle fait tout ce qu’elle peut, les filles du bureau sont aux petits soins. Une sans papiers qui travaille pour la Banque InterAméricaine de Développement, ça en jette ! Avec Doctor H., on décide de faire appel de la décision du juge quant à la tutela, puisque visiblement ma situation n’est pas réglée et passé le 14 août les dommages seront extrêmement graves. C’est le dernier jour pour faire appel, et c’est la dernière possibilité de pousser juridiquement l’Etat à respecter mes droits. Si la situation se résout entre temps, on retirera l’appel… Je me rends au service des passeports pour tenter ma chance, mais rien à faire : pour les plus de 25 ans, seule la cédula est acceptée, pas la contremarque. Je vais ensuite à Iberia pour demander comment grappiller quelques jours de plus. Mon retour est prévu le 10 Août et mon billet n’est valable que jusqu’au 14 (arrivée à Paris le 15) dernière limite, soit 1 an après mon arrivée. Problème : à quelques jours du départ en plein saison haute, il n’y a évidemment pas de place disponible. Tout ce qu’Iberia peut faire, c’est me mettre sur la liste d’attente pour un départ le lundi 13 ou le mardi 14. Autre solution désespérée : me rendre à l’aéroport avec mes bagages à ces dates là et espérer que quelqu'un rate son vol. Dans tous les cas je devrai payer pour la 2e fois la modification du billet : 50€.

Mercredi, pas de cédula…Mon vol est prévu pour le vendredi. J’oscille entre les périodes d’euphorie et de déprime. Mes amis m’encouragent à faire mes valises car ici en Colombie, c’est bien connu, les miracles existent…

Sunday, August 05, 2007

J'aurais pu être ce clandestin renvoyé au pays (El Matador - L'espoir fait vivre)

On est déjà à la mi-juin, 2 mois à peine avant l’expiration de mon billet d’avion. Avec mon avocat, on décide alors que le foutage de gueule commence à bien faire et qu’il est temps de recourir à une solution radicale mais nécessaire : faire un procès à l’Etat colombien. Plusieurs heures de rédaction à 4 mains plus tard, le texte est fin prêt, description des dommages moraux et financiers inclus, ainsi qu’articles de la Constitution bafoués par l’Etat. En matière de droits fondamentaux, c’est presque garanti que le plaignant remporte son procès, et dans mon cas cela obligerait l’administration a me délivrer ma cédula sous 48h… Début juillet on dépose la demande au Tribunal. L’Etat a 10 jours ouvrables pour répondre… en théorie ! On apprend que ça prend plus de temps que prévu car il faut coordonner avec le Consulat à l’étranger. Ben voyons… En pleine Conférence, ce n’est qu’un motif de stress parmi d’autres pour moi…

Fin juillet je reçois un coup de fil de la Registraduría. Ils me demandent de venir les voir car ils ont besoin de ma contremarque. Pire, la dame me dit que mon numéro de téléphone ne figurait pas dans mon dossier –mais mon contrat de travail si – donc elle a appelé la Banque InterAméricaine de Développement pour obtenir mon numéro. Or j’ai été embauchée par le siège de la BID à Washington, donc à la représentation de Bogotá, personne ne me connaît ! Apparemment, ils ont donc remué ciel et terre, m’ont enfin retrouvée et ont communiqué mon numéro à la Registraduría. Je manque de faire un arrêt cardiaque en pensant que mon employeur a peut-être eu vent de mon illégalité… J’appelle mon avocat sur le champ : « Non !! Ne va pas à la Registraduría!! Surtout ne fais pas ça !!!! » Ouh là… que se passe-t-il ? Mon avocat m’apprend que l’administration pourrait en profiter pour me confisquer ma contremarque et me renvoyer en France par la même occasion. Bon, je l’ai échappée belle. Il me conseille plutôt de vérifier su Internet où en est le processus juridique. OK, j’inscris le code de procédure en pensant que des fois la Colombie est un pays étonnamment moderne, ça m’en bouche un coin…

Pas autant que lorsque apparaît sur mon écran : « Rechazado por procedimiento ».

Mon cœur s’arrête de battre, je deviens blanc cadavre. Mon procès contre l’Etat colombien vient d’être rejeté par le juge.
Doctor H. part sur le champ au Tribunal pour avoir des explications; on apprend alors le fin mot de l’histoire. Les recours administratifs (« tutelas ») sont bien entendus des procédures exceptionnelles, surtout en matière de droits fondamentaux, puisqu’ils mettent directement en cause la responsabilité de l’administration. Quand la Registraduría a exigé des explications au Consulat, les fonctionnaires ont paniqué : j’avais mis le pied dans la fourmilière. Devant la gravité de l’accusation et l’urgence de la situation, le Consul a lui-même corrigé le Registro Civil et apposé sa signature. Il a également renoncé au délai légal de 8 jours qui s’applique dans ce genre de corrections, afin que la Registraduría puisse finir de résoudre la situation au plus vite. Résultat : lorsque le recours administratif est enfin arrivé sur le bureau du juge, la Registraduría et le Consulat avaient déjà corrigé leurs erreurs. Bien que la cédula en tant que telle n’ait toujours pas été remise, le juge a donc conclu en toute logique : « Le procès de Melle est sans objet, puisque sa situation administrative est résolue ». Ubuesque, mon cher Watson…

Plus de problème, mais toujours pas de cédula, et comme le recours a été rejeté l’administration n’a pas été contrainte d’émettre ma cédula sous 48h… Il reste 10 jours avant ma date de retour.

Wednesday, August 01, 2007

Perdido en el corazón de la grande Babylon, me dicen el clandestino por no llevar papel (Manu Chao - Clandestino)

Début Août, je n’avais toujours pas ma cédula, à 15 jours de la date limite de validité de mon billet de retour (non remboursable, cela va de soi…). Les perspectives qui s’offraient alors à moi étaient les suivantes :
- Soit j’obtenais ma cédula dans les 10 prochains jours, puis sur présentation de ma cédula je pouvais enfin obtenir mon passeport et en finir avec l’illégalité, et au passage rentrer en France pour me reposer de cette année rocambolesque…
- Soit je n’obtenais pas ma cédula, donc mon passeport, ce qui m’aurait empêché de sortir du pays à moins de payer une amende sévère du DAS -l’administration des douanes et de la sécurité intérieure- et de rester dans leurs fichiers à vie (pas cool)…
- Soit, dans la même situation, je décidais de ne pas prendre ce risque, et donc de perdre mon billet d’avion arrivé au terme de sa validité. Bloquée en Colombie, je devrais attendre les bras croisés que ma situation se débloque, puisque toujours sans papiers je ne pourrais pas trouver de nouveau boulot.

Même après la fin de la maudite Conférence (et mon contrat) je me trouvais donc dans un stress extrême puisque rien n’était réglé sur le plan officiel. Impossible de savoir où je serais 10 jours plus tard, si je devais faire mes valises ou pas… Après 1 an de démarches, 8 mois à bosser comme une tarée, 6 mois sans papiers, des péripéties diverses et variées et un stress insupportable, je faisais face à une plus grande incertitude qu’à mon arrivée.

Résumé des épisodes précédents :

D’après les dernières démarches que je vous ai racontées, vous m’aviez donc laissée au moment où la Registraduría avait enfin fait le nécessaire pour annuler mon Registro Civil mal rédigé dans les archives du Consulat. Après 8 mois de procédures, j’ai donc réussi à… effacer l’erreur que le Consulat a faite en 2005, pas plus… Eh oui, car cette décision administrative ne permettait pas par elle-même au Consulat de créer un nouveau Registro Civil correct – ça aurait été trop facile ;-) Avec l’annulation du Registro de 2005, c’est celui de 1981 qui reprenait vigueur – avec l’erreur initiale dans mon nom de famille qu’il me fallait corriger. Pour cela, un acte notarié demandant officiellement à l’Etat colombien de changer de nom. Pour éviter les abus, cette procédure est autorisée pour tout citoyen 1 seule fois dans sa vie. Pour le cas où je voudrais changer de sexe dans 5 ans, c’est râpé, hahahahaha !!! Vu qu’il était impératif de ne pas rater mon coup, j’ai donc pris un avocat, un ami de Cata, le fameux « Doctor H. ». Après des mois de démarches à pas d’escargot et en solitaire, il était temps de recourir à un professionnel.

Et il n’a pas été de trop ! Bien évidemment, le premier acte notarié est arrivé avec la même faute dans mon nom ! C’était bien la peine d’expliquer mon cas pendant 1/2h à la préposée… Je refuse de signer l’acte et après moult négociations on arrive à voir l’assistant du Notaire pour lui expliquer. Une demi-journée de plus et il émet un nouvel acte enfin correct. Je le signe et me dis que ça tombe pile poil pour qu’une amie qui part en Europe 2 jours après puisse le remettre à ma mère en évitant les frais postaux prohibitifs. Erreur ! Une fois émis par l’assistant notaire et signé par moi-même, l’acte doit passer au Notaire en chef pour que Môsieur donne officiellement son blanc-seing… d’ici 1 semaine si on a de la chance !! Mon avocat fait donc le siège de la Notaría, exige, demande, supplie, pousse une gueulante… Il obtient le document 1h avant que mon amie ne parte pour l’aéroport. Hop, sa secrétaire saute dans un taxi, mon amie me confirme réception, bon voyage ! Pffiiouuu…

Quelques jours après ma mère reçoit l’acte notarié original et c’est parti pour les démarches au Consulat pour faire avancer le schmilblick. Oui, le Consulat a reçu l’avis de la Registraduría et oui ils comprennent qu’avec l’acte notarié ils peuvent faire le nouveau Registro. Enfin ils comprennent… pas tout à fait du premier coup… Môman demande plusieurs exemplaires du nouveau Registro au cas où, et me renvoie le tout par courrier express. A réception je relis le tout et constate avec soulagement que le nom est correct. Quelques secondes plus tard, je réalise que les références croisées (« Ce Registro n°… remplace le Registro n°… de 1981 ») sont fausses parce que la fonctionnaire s’y est reprise à 2 fois pour le faire mais sans changer le numéro de la feuille !!!! Panique à bord : mon Registro Civil est mal rédigé pour la 3e fois !!!!

Tuesday, July 10, 2007

Les employeurs mélangent travail et esclavage (Sinik - Le Monde est à Vous)

A peu près à partir de cette date jusque fin juillet, j'ai travaillé au minimum 10h par jour, 7 jours sur 7. Les 35h chères aux français, je les faisais en 2 jours et demi...

La semaine de la Conférence - du 16 au 21 juillet - j'étais opérationnelle dans l'hotel de 7h30 du matin à 2h du matin, non stop, vague repas vers 15h, maigre collation vers 22h, stress intense, brimades de ma chef, harcelée par les participants

En hommage à ces semaines d'esclavage, je décrète une "minute" de silence sur mon blog jusque fin juillet...

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Thursday, July 05, 2007

A Dios le pido que mi pueblo no derrame tanta sangre y se levante mi gente (Juanes - A Dios le pido)

Le 5 juillet dernier a eu lieu une journée de manifestation dans tout le pays.

A l'origine de cette journée d'action, l'assassinat par les FARC de 11 des 12 députés départementaux qu'ils retenaient en otage depuis plus de 5 ans. Les députés avaient été enlevés en plein jour, en pleine Assemblée du département du Valle, dans le centre ville de Cali (2e ville du pays) le 11 avril 2002. Selon le communiqué des FARC, ils auraient été tués lors d'échanges de tirs entre le groupe de guerrilleros et un "groupe armé non identifié". Cependant cette version a soulevé de nombreuses questions. Le gouvernement a immédiatement annoncé qu'aucune action militaire n'était en cours dans cette région. Bien que les combats entre les FARC et l'ELN soient de plus en plus fréquents alors que traditionnellement ces deux guerrillas maintenaient entre eux une trêve "fraternelle", l'ELN a également démenti avoir attaqué le campement des FARC. Restent les groupes paramilitaires, qui selon le gouvernement colombien "n'existent plus" -sic- depuis le début de leur démobilisation en 2005 (gouvernement qui affirme par ailleurs qu'en Colombie "il n'y a pas de conflit armé", re-sic). D'autres questions concernent le regroupement soudain des députés alors qu'on pensait qu'ils étaient retenus par groupes de 3 ou 4, la façon inhabituelle dont les FARC ont communiqué la nouvelle, et l'intérêt pour eux d'éliminer des otages "échangeables" à l'heure où se mettent en place de difficiles négociations de paix avec le gouvernement.

En tout état de cause, l'assassinat des députés a remis en cause autant qu'il a justifié la nécessité d'un "accord humanitaire" avec la guerrilla, c'est-à-dire l'échange d'otages contre des guerrilleros emprisonnés. Remis en cause par le gouvernement, qui a sauté sur l'occasion pour affirmer que seule l'intervention armée était justifiée face à un ennemi impitoyable. Justifié de la façon la plus crue pour les familles d'otages, qui n'ont de cesse de clamer que l'intervention armée met en danger de mort leurs parents -la guerrilla ayant toujours affirmé (et déjà mis en application) qu'ils tueraient les otages s'ils sentaient un campement menacé.

Etrangement, la nouvelle de l'assassinat des députés n'a suscité de réactions qu'au niveau régional et parmi les familles d'otages et les défenseurs des droits de l'Homme. Au niveau du grand public, c'est l'accablement qui a prévalu dans les premiers jours. Puis le gouvernement, les parlementaires et les élus locaux ont lancé un appel à manifester le 5 juillet "contre les enlèvements et pour la liberté", appel qui a été entendu de façon différente par des millions de colombiens. Le résultat: une mobilisation sans précédent, un pays totalement paralysé pendant près de 2h, et des manifestants unis sur le but (pour la paix, contre les enlèvements) mais divisés sur les moyens, certains manifestant leur soutien au président, d'autres leur opposition, certains l'intervention armée pour libérer les otages, d'autres l'échange humanitaire... une belle pagaille et une dangereuse polarisation du pays...

Au bureau, tous mes collègues sont des aficionados de la méditation et de la "guérison pranique". Ils ont donc répondu à l'invitation de différentes organisations de la société civile et d'organisations religieuses à prier ensemble pour la paix en Colombie le 5 Juillet de 11h à 12h. A 10h55, les collègues ont donc carrément éteint les lignes téléphoniques et fermé les locaux, et on s'est tous regroupés dans la salle de réunion pour 1h de méditation! Un peu étrange pour moi, mais très émouvant... Alors que l'on remettait nos chaussures vers midi, une clameur impressionnante a commencé à monter de la rue. Les organisateurs de la manifestation avaient en effet appelé à tout arrêter et à faire le plus de bruit possible entre 12h et 12h05. Dans notre quartier, la circulation s'est totalement paralysée pendant plus d'une demi-heure (taxis, bus, TransMilenios remplis de passagers compris!), et c'est pendant près d'une heure que des sifflets, des klaxons, des casseroles et autres ont résonné sans discontinuer. Des bureaux et appartements alentour, dans la rue, partout, les gens s'étaient habillés de blanc et agitaient tous les mouchoirs et tissus blancs qu'ils avaient pu trouver. Mes collègues étaient euphoriques devant la première mobilisation pour la paix de cette ampleur en Colombie. A la télé, les journalistes montraient en direct les images identiques dans toutes les villes du pays, et égrenaient la réalité des enlèvements en Colombie: plus de 3000 otages retenus par la guerrilla, dont un nombre effrayant d'enfants (près de 10%, il semble)...

Saturday, June 30, 2007

Sabroso suena el Joropo cuando lo bailas hermano, entre golpe y zapateo, talón y escobillado (Iván José Rodríguez Díaz - Folcloreando)

Ca y est! J'ai réussi à mettre en ligne mes propres vidéos. Eh oui, je m'améliore!

Voici donc en live 'n direct le Coleo à la Feria de las Colonias. Allez aussi faire un petit tour sur le site web du Mundial del Coleo, en bas de la page, pour de magnifiques images des Llaneros et d'impressionantes manches de Coleo.



Et je vous présente un petit couple de danseurs de Joropo haut comme trois pommes mais qui assure! Voyez aussi ces excellents danseurs et musiciens pour voir ce que donne un morceau en entier.



Upa Llano!

Monday, June 25, 2007

Va cabalgando el llanero oliendo a sudor de vaca y al cafecito negro que bebió en la madrugada (Ali Primera - Cunaviche adentro)

Durant tous ces mois de travail acharné, il y a quand même eu quelques très jolies sorties, comme celle de la Feria de las Colonias. C'est un festival annuel où les régions viennent présenter leurs produits typiques: artisanat, gastronomie, musique et danse etc...

J'ai fait le plein d'épices odorantes et de confitures de fruits étranges de la région de l'Amazonie, je me suis offert un petit mobile en terre cuite, un magnifique chapeau à ajouter à ma collection (c'est Môman qui va être contente ;-) ) et une ruana version moderne rose et violette avec un énorme col roulé pour pouvoir mettre le nez dehors par les froides soirées de Bogotá.

Petite précision de vocabulaire: la ruana en Colombie c'est une "cape/couverture" avec une encolure pour passer la tête en laine très épaisse, ce qu'on appelle toujours en France un "poncho". Alors qu'en Colombie, le poncho est l'équivalent beaucoup plus court en coton ou en laine très fine, de couleur blanche avec des traits de couleur (un peu comme les torchons de cuisine de grand-mère en France). Les Colombiens du centre du pays -les Paisas- le portent souvent plié sur l'épaule dans les champs, mais le poncho n'est pas assez chaud pour la capitale.

Chaque année un département est à l'honneur, et cette année c'était le département du Meta. Le Meta se situe au Sud-Est de Bogotá, dans la région des Llanos (littéralement: "les Plaines"). Les Llanos c'est une immense région qui couvre plusieurs départments du Sud-Est de la Colombie ainsi qu'une bonne partie du Venezuela, dédiée principalement à l'élevage extensif. C'est donc la région des cowboys au vrai sens du terme (en Colombie, Lucky Luke le Cowboy solitaire s'appelle "El Llanero solitario" ;-) ), où l'on apprend à monter à cheval avant de savoir marcher, l'on se réunit autour d'un feu de bois pour jouer de la guitare et griller de la viande et où les codes d'honneur sont très stricts.


A la Feria de las Colonias, démonstration de la danse typique de la région: le joropo.



Puis démonstration de Coleo, ce savoir-faire de gardien de troupeaux qui est devenu presque un sport. En quoi cela consiste? Dans les champs le cowboy a souvent besoin de maîtriser le bétail, par exemple pour marquer les veaux. Mais quand on a un troupeau d'une centaine de vaches en semi-liberté, bonne chance pour arriver à en coucher un. Si le lasso peut être utile dans ce cas là, c'est encore plus "simple" de la faire à la main... non? D'où le principe du Coleo: l'un des cavaliers excite la vache pour qu'elle se mette à courir, et alors l'autre cavalier la poursuit et l'attrape par la queue (à la main, sur son cheval au galop dans une position acrobatique digne d'un cavalier Mongol) et la retourne en plein vol.





Oui, vous avez bien lu! L'équipe de 2 cavaliers a 5 minutes pour réussir son coup, et marque des points si la vache se couche au sol, plus si elle fait un tour complet sur elle-même, encore plus si elle fait plusieurs tours sur elle-même! C'est pas la corrida, mais au moins c'est pas du tout sanglant et c'est très drôle. Evidemment, la vache, elle, doit pas trouver ça très marrant, mais au moins elle repart sur ses 4 fers... sauf quand le cavalier indélicat s'y prend mal et lui casse une patte :-(