Friday, August 10, 2007

Don't push it, don't force, let it happen naturally, it will surely happen if it was meant to be (Leon Haywood - Don't push it, don't force it)

Mon avocat propose de m’accompagner à la Registraduría pour savoir exactement ce qu’ils veulent et éviter qu’il m’arrive quelque chose. On nous reçoit dans le bureau chargé de traiter les recours administratifs et on nous annonce que la procédure est en cours pour émettre ma cédula : il leur manque juste la photocopie de ma contremarque. Fausse alerte donc, et même bonne nouvelle : bien que le juge ait refusé mon recours, la Registraduría a mis la main à la pâte comme si j’avais gagné mon procès.

Le personnel du bureau des recours fait m’impossible pour moi ce jour là. Mme Antibelly (ça sonne bizarre mais c’est bien son prénom, d’origine italienne apparemment !) court dans tous les couloirs pour choper les chefs et leur faire signer les différents papiers. Elle nous raconte que c’est tous les jours comme ça : les fonctionnaires traînent la patte, les chefs font de l’obstruction sans raison apparente, et Antibelly doit leur courir après pour les obliger à faire leur devoir. C’est la 4e dimension… Une fois tous les papiers dûment signés, j’ai enfin l’autorisation de faire ma demande de cédula à Bogotá et non à Paris où j’avais déposé ma demande à l’origine. Il ne reste plus qu’à constituer un dossier et à lui faire suivre un parcours accéléré. Problème, je fonctionne depuis 1an avec mon numéro de contremarque. Emploi, assurance sociale etc.. tout est enregistré avec mon numéro de contremarque. Or, si Antibelly fait un dossier sur informatique – comme c’est le cas habituellement - le système génèrera automatiquement un nouveau numéro. Seule solution pour garder le même numéro : faire le dossier à la main. Et le seul bureau où c’est possible, c’est celui des personnes handicapées !! En effet, pour pallier à tous les handicaps physiques ou mentaux, les personnes handicapées sont enregistrées à la main dans un bureau spécial qui leur accorde une attention particulière et personnalisée…

On nous reçoit très chaleureusement. Une fonctionnaire remplit mon dossier à la machine à écrire, à l’ancienne. Noms, prénoms, jusqu’ici tout va bien… noms, dates et lieux de naissance des parents (5 minutes pour épeler « Marie-Noëlle », 5 autres pour épeler « Suresnes », la fonctionnaire est pliée de rire devant ces mots étranges…). Elle inscrit mon ancien numéro de contremarque puis me demande : « Handicap ? » Euh… comment vous dire… NEANT !!! On me fait passer pour prendre mes empreintes avec une autre fonctionnaire : « Avez-vous besoin d’aide pour poser vos empreintes ou avez vous une quelconque difficulté ou particularité quant à l’usage de vos doigts ? » Euh… on pourra pas dire qu’ils ne sont pas prévenants dans ce service !! Devant mon air ébahi, Antibelly vient à la rescousse pour confirmer que je ne suis pas handicapée et que je possède bien mes 10 doigts. Pffioouu… Le dossier est enfin prêt, et au final mon impression d’il y a quelques mois est confirmée : être française en Colombie relève d’une certaine forme de handicap !!!

Antibelly me jure que ma cédula sera prête d’ici 2 ou 3 jours. Elle a déclenché la procédure express, et comme le prochain lundi est férié, les fonctionnaires vont travailler exceptionnellement ce samedi. J’aurai donc ma cédula mercredi sans faute. Nous sommes à 1 semaine pile de ma date de retour….

Mardi, toujours rien… Antibelly me jure qu’elle fait tout ce qu’elle peut, les filles du bureau sont aux petits soins. Une sans papiers qui travaille pour la Banque InterAméricaine de Développement, ça en jette ! Avec Doctor H., on décide de faire appel de la décision du juge quant à la tutela, puisque visiblement ma situation n’est pas réglée et passé le 14 août les dommages seront extrêmement graves. C’est le dernier jour pour faire appel, et c’est la dernière possibilité de pousser juridiquement l’Etat à respecter mes droits. Si la situation se résout entre temps, on retirera l’appel… Je me rends au service des passeports pour tenter ma chance, mais rien à faire : pour les plus de 25 ans, seule la cédula est acceptée, pas la contremarque. Je vais ensuite à Iberia pour demander comment grappiller quelques jours de plus. Mon retour est prévu le 10 Août et mon billet n’est valable que jusqu’au 14 (arrivée à Paris le 15) dernière limite, soit 1 an après mon arrivée. Problème : à quelques jours du départ en plein saison haute, il n’y a évidemment pas de place disponible. Tout ce qu’Iberia peut faire, c’est me mettre sur la liste d’attente pour un départ le lundi 13 ou le mardi 14. Autre solution désespérée : me rendre à l’aéroport avec mes bagages à ces dates là et espérer que quelqu'un rate son vol. Dans tous les cas je devrai payer pour la 2e fois la modification du billet : 50€.

Mercredi, pas de cédula…Mon vol est prévu pour le vendredi. J’oscille entre les périodes d’euphorie et de déprime. Mes amis m’encouragent à faire mes valises car ici en Colombie, c’est bien connu, les miracles existent…

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