Sunday, September 17, 2006

It's just me, myself and I (De la Soul - Me, myself and I)

Aujourd'hui ça fait un mois que je suis en Colombie. J'ai l'impression que ça fait une éternité.
Maintenant je me repère plutôt bien dans la ville. Je me perds moins dans le TransMilenio et j'arrive presque à repérer la buseta qu'il me faut. Je fais mes petites courses, je me pose dans le boui-boui le plus proche si j'ai faim, j'ai une bonne idée du prix des choses et je suis à peu près au courant de l'actualité. Les gens me ressemblent pas trop mal dans la rue, et c'est plutôt agréable... Je ne me sens pas étrangère, même si je ne m'habille pas vraiment comme les filles d'ici (mais bon, à Paris et à Montréal non plus!!!). Il faut dire que le stretch, l'ultra taille basse et le maquillage pot de peinture, j'ai du mal à m'y faire ;-)
Bon, quand j'ouvre la bouche, évidemment, c'est mort... Les gens compatissants me disent que je parle très bien, mais les gens de la rue ne s'y trompent pas. Après 2-3 phrases vient l'inévitable: "Usted no es de aca!". Des fois j'essaye d'esquiver en répondant qu'effectivement, je ne suis pas d'ici mais de Cartagena, mais ça ne convaint pas trop ;-) Quoiqu'une fois on m'a demandé spontanément si j'étais de la Côte. J'ai répondu fièrement que oui!! C'est à cause des traits: comme vous l'avez peut-être vu sur les photos, les gens ont des types très différents selon les régions. Ce ne sont pas les mêmes métissages; même si ce n'est pas une science exacte, on reconnaît à peu près la région d'origine des gens selon leur physique.
Mon espagnol est quand même devenu plus fluide. Je prends même les expressions de Bogota (ben oui, c'est comme à Montréal: bien obligée si on veut se faire comprendre!). Si je reste ici je finirai par prendre l'accent, et là c'est une autre affaire: ma famille va être morte de rire. Imaginez quelqu'un originaire de Marseille qui revient avec un accent ch'ti et vous aurez une idée de ce que je veux dire :-D
En plus, le langage à Bogota est très alambiqué. Pour dire bonjour, c'est tout plein de salamaleks qui n'ont rien à envier à l'Afrique. Quand on rencontre quelqu'un -même pour la première fois- c'est un bombardement de questions, qui d'ailleurs n'attendent pas forcément de réponse: "Buenos dias! Que tal? Que hubo? Como le va? Como le fue? Como le ha ido?..." En général après la 2e question je reste bouche bée et j'attend que le flot se tarisse... Pour acheter quelque chose dans la rue c'est pareil. Sur la Côte on dirait à peu près: "Oye 'mano! La vaina esa a como es?" ("Eh mon pote c'est combien ton truc?") alors qu'à Bogota on dit: "Me hace el favor y me regala esto, si fuera tan amable..." (en gros: "Vous seriez bien aimable de m'offrir ceci, si cela ne vous dérange pas trop"). Et ensuite on se répand en remerciements et on souhaite une très très bonne journée et que tout aille pour le mieux pour vous (voire que Dieu vous bénisse...).
Parfois ça me laisse perplexe, mais ça a un certain charme suranné. Des gens d'ici m'ont dit que cela venait du fait que Bogota a toujours été la capitale administrative, juridique et bourgeoise du pays. Du coup les gens utilisent des tournures de phrase super alambiquées pour dire des choses simples, ou encore partent dans des argumentations interminables et à la fin tu ne sais même plus de quoi on essayait de te convaincre (style cher aux avocats et aux professionnels de la politique, n'est-ce-pas?). Une amie m'a raconté la blague suivante: un homme de Bogota part le matin au travail. Au bout de la rue il se rend compte qu'il a oublié quelque chose et il fait demi-tour. Arrivé chez lui, il trouve sa femme au lit avec un autre homme. Son épouse le regarde et s'exclame: "Ay, que pena con el caballero!" (à peu près: "Quel contretemps mon bon monsieur!"). Hehehehe...

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