Wednesday, June 20, 2007

If education is the key, then tell me why the people have to make it so expensive for we (Richie Spice - Youths are so cold)

En Colombie, la plupart des universités sont privées. Il faut savoir qu'une fois leur programme reconnu par l'Etat, les universités privées ont toute liberté pour fixer leurs prix... et ne se gênent pas. Le tarif par semestre d'une université privée en Colombie tourne autour de 2,5 à 3,5 millions de pesos (entre 900€ et 1300€), ce qui correspond à 6 à 8 salaires minimums en vigueur. Mais dans certaines universités et pour certains cursus, il peut monter jusqu'à 8,7 millions de pesos le semestre (plus de 3000€), soit 20 salaires minimums en vigueur! Les bourses sont pratiquement inexistantes, en revanche les universités privées mettent bien sûr à disposition des étudiants des "facilités de paiement" (sic). Pour bien comprendre ce que signifie ces montants pour la Colombie, il faut savoir que le salaire d'un jeune diplômé à la sortie de l'université tourne autour de 4 salaires minimums (un peu plus de 600€). Dès lors si ce ne sont pas les parents qui ont payé, on réalise combien de temps il faudra au jeune pour finir de rembourser des études qui ont duré 8 à 10 semestres... Aberrant...

Pour des milliers de jeunes, l'université publique est donc leur seule chance de mener des études supérieures, avec le SENA (Servicio Nacional de Aprendizaje, l'institut national de formation professionnelle). A Bogotá, il y a trois universités publiques: la Universidad Distrital Francisco José de Caldas, la Universidad Pedagógica Nacional, et surtout l'immense Universidad Nacional (20.000 étudiants), une des meilleures de Colombie.

Durant tout le mois de Mai et de Juin, toutes les semaines voire plusieurs fois par semaine les étudiants et professeurs des 3 universités publiques de Bogotá ont manifesté, ainsi que les universités publiques dans d'autres villes. Ils se sont unis pour protester contre le Plan Nacional de Desarrollo 2006-2010, qui devrait générer des coupes budgétaires pour l'éducation supérieure publique. De nombreuses universités publiques ont été en occupées par les étudiants, puis évacuées de force et mises en lock-out par les recteurs pendant plusieurs semaines. Les collégiens et lycéens d'écoles publiques et leurs professeurs ont dans le même temps bloqué les grands axes de circulation dans plusieurs villes du pays pour protester contre la Ley de Transferencias, qui aurait le même effet que le PND.

Au mois de Mai et Juin, c'était donc la pagaille dans Bogotá... et au bureau aussi! Des quartiers bloqués, des slogans tagués sur tout le parcours des manifs, des hurlements de sirènes tous les jours... Par la Carrera 13 arrivait le cortège des étudiants de la Pedagógica, et par la Calle 53 celui de la Universidad Nacional; un peu plus loin sur la Carrera Séptima tout ce petit monde rejoignait le cortège de la Universidad Distrital. Chaque mercredi pendant 3 semaines c'étaient donc 1h30 de défilé au pied du bureau. Travail suspendu, tous les collègues aux fenêtres pour encourager les manifestants, l'une se rappelant sa jeunesse militante, l'autre heureuse que "les gens se bougent enfin dans ce pays!!", et d'autres lançant des petits bouts de papiers par les fenêtres pour exprimer leur soutien, sous les vivas de la foule. Au début et à la fin des manifs très largement pacifiques, chars d'assaut et policiers anti-émeutes façon Robocop... Ambiance...


2 comments:

Anonymous said...

Nous aussi, on a ça en France actuellement, avec occupation des universités. Mais il y a moins de monde dans la rue.

Anonymous said...

Attention terrain glissant...
Je me retiendrai ici de dire tout le mal que je pense des manifs étudiantes en France, où les universités sont accessibles à tous mais dans un état lamentable, sans parler des conditions d'arrivée sur le marché du travail pour les jeunes diplômés...
Il existe un équilibre entre l'université honteusement privatisée et l'université de masse sans moyens. Beaucoup de pays le pratiquent, et cela passe forcément par une certaine sélection et une contribution financière minimale des étudiants. Tant que ces questions resteront taboues, on devra faire avec les bilbiothèques universitaires minables, les salles d'informatique réservées aux thésards et la faible reconnaissance des diplômes universitaires. Mais le moindre bachelier aura le droit de croire que faire Bac+10 le préparera au marché du travail donc les apparences de notre beau pays égalitaire seront sauves.
Et je vous assure que je me suis retenue de dire vraiment tout ce que je pense ;-)