Friday, December 21, 2007

Won't you take me to funky town? (Lipps Inc. - Funky town)

Manizales est une ville bien étrange... Elle est située à 2150m, donc bien plus bas que Bogotá. Et pourtant, à Manizales, pas de doute: on est en montagne. Mais alors vraiment! Pour visiter le centre-ville, on peut parcourir la Avenida Santander (Carrera 23) sans trop se fatiguer. Mais alors deux rues à gauche ou à droite, point de salut! Les rues plongent à pic vers la vallée. Inutile de consulter un plan pour avoir une idée du relief: par génie, entêtement ou flemme d'urbaniste, le plan de la ville est aussi parfaitement au carré que n'importe quelle autre ville -plate- de Colombie. Eh oui, car Manizales est construite dans la géographie la plus improbable. Pas vraiment perchée sur un sommet, pas non plus au fond de la vallée, Manizales est construite sur un ensemble de collines vertigineuses vaguement plus basses que les montagnes environnantes. Du coup, rien que sur sa partie urbanisée, elle possède 8 micro-climats différents, sans rire! Au feu rouge, les Manizalitas regardent derrière quelle voiture ils attendent: s'il ne s'agit pas de quelqu'un du coin, une distance plus que raisonnable est recommandée, car le démarrage en pente ne pardonne pas!)

Sinon, Manizales est une ville à l'image de ses habitants: élégante et soignée, encore plus que le reste des Paisas. Pour une Manizalita, pas question de sortir en jean-baskets-queue de cheval!, ou d'avoir une veste de la même couleur que sa soeur ce jour-là, même si on va pas la croiser de la journée (¿si o qué, Nelvi?)... Manizales, c'est l'Ajaccio de la Colombie ;-)



Et pourtant, en plein centre, au milieu d'immeubles de bureaux et de belles bâtisses républicaines, ça coince... C'est la Cathédrale de Manizales, selon moi un chef d'oeuvre de laideur, sous la pluie comme par beau temps. Rien à faire, je m'y fait pas. D'architecture peudo-gothique, la Cathédrale est une poinnière pour sa construction en... béton armé! C'est déjà pas beau, mais en plus ça vieillit mal, et pour finir ça a l'air inachevé en permanence... Et le pire, c'est qu'au départ ils avaient prévu de recouvrir l'intérieur de marbre, mais ils ont dû abandonner parce que la structure n'aurait pas résisté au poids des plaques. Bon, on va quand même être positif et ajouter que bien que les constructeurs n'aient à aucun moment tenu compte du risque sismique très élevé dans la région, la Cathédrale a résisté à 4 gros tremblements de terre depuis sa construction. Moche mais efficace...



La Banque Centrale, le Banco de la Republica de Colombia, possède non seulement le magnifique Musée de l'Or de Bogotá, mais également 7 musées de l'Or régionaux spécialisés sur les différentes culture préhispaniques colombiennes, dont un à Manizales. Le musée de Manizales est spécialisé sur la culture Quimbaya, connue pour son orfèvrerie et ses statuettes de terre cuite. Allez, tintinophiles, ça vous rappelle pas une certaine oreille cassée?? Et d'ailleurs, en parlant de vol de statuette, des affiches contre le pillage de tombes précolombiennes et le trafic de biens culturels tapissent le musée. Je ne sais pas si la campagne est efficace, mais la photo de la statuette Quimbaya avec sa petite mochila attendant sagement son vol est vraiment crève-coeur!



A Manizales, impossible de ne pas connaître le Cable. Il traverse la Avenida Santander pour arriver à la Torre de Herveo, à côté de la Estación del Cable (aujourd'hui la Faculté d'Architecture de la Universidad Nacional Sede Manizales). Le Câble reliait Manizales à Mariquita, près de Honda -port sur le fleuve Magdalena qui traverse la moitié de la Colombie jusqu'à la mer des Caraïbes- par le biais de 376 tours, sur 73km de distance et 3300m de dénivelé! Il permettait ainsi l'exportation du café ainsi que le transport des ouvriers... qui n'avaient pas intérêt à avoir le vertige!



Et puis terminons la visite guidée par le jolie quartier de Chypre et ses illuminations de Noël très réputées. Cette année, sur le thème du défilé du Reinado Internacional del Café, pendant lequel les aspirantes au concours de beauté des pays producteurs et consommateurs de café ( ??!! ...l'obsession des colombiens pour les reines de beauté...) défilent en robe de Sevillana. Il a lieu tous les ans en janvier pendant la Feria de Manizales, une des ferias taurines les plus réputées de Colombie.


Thursday, December 20, 2007

Hay que camellar, hay que trabajar o nunca en la vida progresarás (Oscar D' Leon - Hay que trabajar)

Ca y est, je suis chez les Paisas! "Paisa", c'est le nom des gens de l'Antioquia historique, qui recouvre aujourd'hui 4 départements, du Nord au Sud: Antioquia, dont la capitale est Medellin, et "el Eje Cafetero" (Départements de Caldas, Risaralda et Quindío, et leurs capitales respectives Manizales, Pereira et Armenia). Les Paisas sont réputés pour être très travailleurs et entreprenants, austères et ultra régionalistes (dans le sens de nationalistes, mais de leur région). Comme dit le Président, originaire de Medellín: "Trabajar, trabajar y trabajar"... on est prévenus! Et c'est vrai que parfois on a l'étrange impression d'être dans un autre pays. C'est moins le foutoir que dans le reste de la Colombie, les routes sont belles et les villes sont propres...

Comme mon premier repas dans la région me l'a prouvé, je suis au Royaume des Arepas. Enfin, des Arepas Paisas, car en Colombie chaque région a son type particulier d'arepa. Et l'Arepa paisa, c'est pas n'importe quoi. Femmes actives qui n'avez que 15 minutes pour préparer votre repas, tant pis pour vous! Car voilà comment on prépare des arepas à tomber par terre (au moins 1h en étant une pro):
  1. On fait cuire les grains de maïs de la meilleure qualité à la cocotte minute;
  2. On passe les grains cuits à la moulinette, pour en faire une purée;
  3. Avec la pâte de maïs qu'on a obtenue, on forme des galettes bien rondes et uniformes;
  4. On fait cuire les galettes sur une grille jusqu'à ce qu'elles soient légèrement grillées;
  5. On les fait refroidir un peu sur un torchon;
  6. A table!! quand elles sont encore chaudes on étale une noix de beurre dessus, on sale... et on se régale!!!!!!!!!!!!!!!



Les meilleures arepas que j'ai jamais mangées...

Enfin trêve de plaisanteries, comme chaque fois que je pars en vacances... je viens de recevoir une traduction à faire d'urgence!! Me voilà à travailler dans un café internet à Manizales, grrrr... Le Président m'aura prévenue!!

Wednesday, December 19, 2007

Pongase pilas parcero, que el camino es culebrero (Papo Man - Los Parceros)

C'est pas parce qu'on est au chômage qu'on peut pas partir en vacances, na! J'ai décidé de partir 10 jours à Cartagena, histoire de passer Noël et le Jour de l'An entourée. Mais à la veille de mon départ, j'apprends que j'ai un RV de travail le 27 décembre. Grrrrr.... Je réaménage mes plans. J'irai d'abord passer Noël avec mes copines Nelvi et Calú, puis retour à Bogota pour le RV, et je repartirai à Cartagena pour le Nouvel An. Ca va démultiplier mes frais, pas le choix que de voyager en bus. Pas grave, je commence à être un pro.

Il faut se dépêcher car d'ici quelques jours ça sera la ruée sur le Terminal de bus. 2-3 coups de fil et hop, c'est confirmé. Nelvi m'attend à Manizales, et Calú nous rejoindra pour Noël. Arrivée au Terminal, j'achète d'un coup mon billet pour Manizales pour le soir même et mon billet Bogotá-Cartagena pour dans une semaine. Nelvi me conseille de partir le plus tard possible histoire d'arriver à destination au petit matin. Je suis super équipée: vêtements confortables, ruana bien chaude pour le trajet, vivres et boisson, recharge de minutes pour le téléphone portable, comprimés pour le mal des transports, nécessaire de toilette, lecteur MP3 et piles neuves. A 22h30, hop dans le bus! On devrait arriver vers 6h-7h à Manizales.

Au moment d'embarquer, la compagnie de bus nous prévient que la route Bogotá-Manizales est coupée à cause de multiples éboulements. Ces jours-ci il pleut énormément dans toute la Colombie, et comme chaque fois qu'il pleut, c'est le festival des inondations-glissements de terrain-éboulements sur de nombreuses routes. Bon, il faudra donc arriver à Manizales par le sud en passant par Pereira. Ca rallongera le trajet de 2h. Ok, je préviens Nelvi que j'arriverai plutôt vers 8h-9h.

La nuit se passe sans encombres, même si à cause des bouchons et de la pluie on ne va pas très vite. J'ai une voisine de bus pas chiante, je peux donc me reposer tranquille. Je me réveille un peu avant 6h du matin. Le jour se lève et on est sur une route de montagne: ça tourne et tourne, monte et descend. C'est "La Linea", qui a tout d'une courbe et rien d'une ligne! La Linea c'est pratiquement la route la plus connue de Colombie, et une des plus dangereuses. D'où son surnom sympathique de "El Camino de la Muerte". Entre 1500 et 3660m d'altitude, les courbes sont très prononcées, entre des montagnes menaçantes les jours de pluie et de profonds ravins qui vous font coucou de l'autre côté, et à certains endroits la pente est de 15%. La vitesse normale sur La Linea ne dépasse pas les 20km/h tellement le tracé est compliqué. Last but not least, sur les 43km de voie entre Cajamarca et Calarcá la route n'a qu'une seule voie dans chaque sens. Avec les nombreux camions qui grimpent péniblement la montagne, de nombreux automobilistes sont tentés d'enfreindre l'interdiction de dépasser... et c'est l'accident! Un tunnel est en projet, mais d'ici à ce qu'il soit terminé...!!

Le bus avance tranquillement. On est déjà dans la partie descendante. Plus que 20 minutes et on sera à Calarcá, et à partir de là le trajet sera plus reposant. Un peu plus tard, le bus s'arrête. Un quart d'heure, une demi-heure... Tout le bus est maintenant réveillé. Une heure... les gens s'impatientent et vont aux nouvelles. Apparemment, un poids-lourd est tombé dans le ravin 1km devant nous!! Bon ben dans ces conditions, autant aller se dégourdir les jambes dehors. On est en plein milieu de nulle part, dans un paysage majestueux encore enveloppé dans les brumes matinales. Des travailleurs agricoles montent à pied par grappes. Chapeaux, jean et bottes, avec leur déjeuner dans un sac plastique. Ils nous regardent amusés en remontant la file de véhicules. L'un d'eux nous lance: "Vous en avez jusqu'à ce soir!" Sympa...


9h du matin, on n'a pas bougé. Les nouvelles remontent avec les ouvriers: il y aurait plusieurs morts dans l'accident. La dépanneuse n'est toujours pas arrivée car elle n'arrive pas à se frayer un chemin dans l'embouteillage. 10h, les passagers tournent en rond. Une grand-mère prévoyante revend les nombreux sandwichs qu'elle s'était préparés à un couple de passagers affamés. Pas folle, la guêpe! Moi j'avais tout prévu, donc je ne souffre ni de la faim ni de la soif, seulement de l'ennui. Les autres passagers cherchent désespérément du café. Quelques passagers plus dégourdis ont trouvé une petite cahute qui vend des boissons chaudes à 1km. La nouvelle se répand à travers les nombreux bus de passagers arrêtés au bord de la route. 11h, toujours pas l'ombre d'une empanada. Un embouteillage de plusieurs heures, et pas un local qui ait flairé l'opportunité de faire des affaires! C'est exceptionnel en Colombie, et ça prouve, s'il en était besoin, qu'on est vraiment dans un trou perdu!!!!! 11h30, la colonne de véhicules se met doucement en route. Panique chez les passagers partis se balader. Tout le monde court dans tous les sens pour retrouver son bus. En route! Enfin, sur 200m, et on s'arrête à nouveau... Pfff... A midi et demi, ça a l'air de repartir pour de bon, mais tous les passagers ne sont pas remontés dans le bus. On s'inquiète pour les passagers égarés, mais finalement on les retrouve au détour d'une courbe quelques kilomètres plus loin.



Enfin, on arrive à Calarcá. On entre dans l'Eje Cafetero, la région du café en Colombie. Puis Armenia, puis Pereira. A Santa Rosa de Cabal, on s'arrête pour manger un peu. Je m'achète une arepa avec une saucisse, la spécialité du coin. Mmmmm... Délicieux!!! Rien n'a voir avec les arepas qu'on trouve à Bogotá! Retour dans le bus. Nelvi m'a dit de la prévenir quand on arrive à Chinchiná, car de là il n'y a plus que 20 minutes de route jusqu'à Manizales. Je lui envoie un texto: Chinchinááááááááááááááááááá!!!!!!!! Vers 15h on arrive à Manizales et je retrouve Nelvi et sa maman, après... 16h30 d'un trajet qui devait durer 8h! Je suis en compote mais soulagée d'être arrivée. Je suis en vacances, et je vais visiter la région de l'Eje Cafetero pour la première fois!

Sunday, December 09, 2007

La Pascua que se avecina anuncia la Navidad (Diomedes Díaz - Las cuatro fiestas)

Ce week-end, j'ai pris un sacré cours de Colombianitude! La leçon du jour: monter et décorer la crèche. Comment? Facile vous dites?? Que nenni!!!! Monter une crèche de Noël en Colombie est un évènement culturel majeur, et par conséquent, extrêmement codifié. Comment est-ce qu'on se rend compte qu'on est en plein décalage culturel? Lorsque ce qui est évident pour nous rend les autres perplexes, et que ce qui est naturel pour les autres vous laisse bouche bée.

Premier pas: aller à San Victorino, le quartier de Bogotá où l'on vend de tout pas cher, avec Nelvi et Calú les soeurs. J'ai cherché dans au moins 30 boutiques avant de trouver des guirlandes de Noël pour décorer mon chez moi. Des guirlandes!! Toutes banales, toutes simples, juste des guirlandes de Noël, nom de Dieu! Ben non. Et le plus drôle c'est que quand je les ai enfin trouvées, la vendeuse m'a félicité pour mon achat en me disant que c'était super avant-gardiste et que toutes les revues de Déco Intérieure commençaient à peine à se mettre aux guirlandes. Wouah, je pensais pas mais je me révèle être une "trend-setteuse". La classe...

Pendant ce temps là, mes copines faisaient leurs courses de déco de Noël avec le problème inverse: trop de choix! Finalement elles se décident pour plusieurs mètres de rubans assortis pour faire de jolis noeuds au sapin, enfin à la plante tropicale... Avec ça, des accessoires nombreux et variés pour la crèche: feutre vert foncé, ampoules pour guirlandes électriques, mini palmiers en plastique, poulets miniatures, vaches, moutons, girafes, anacondas... Ben oui, c'est une crèche tropicale mais internationale!

Retour chez ma copine. Le matériel est prêt, y'a plus qu'à monter la crèche. "Y'a plus qu'à", oui, mais ce n'est que le début! D'abord, 20 minutes de lutte pour trouver la meilleure façon de construire un plateau et des flancs de montagne avec des boîtes en carton, des coussins et 3 cerveaux. Au vu des difficultés de la chose, j'ose suggérer de laisser la crèche à plat. ¡Eh, Ave María pues!!! Quelle hérésie ne venais-je pas proférer!!! Nelvi et Calú se confondent en explications sur l'importance des collines et des vallées dans la crèche autochtone. Bon, ok... Je dis plus rien et j'observe....

Prochaine étape: installer la guirlande électrique et recouvrir du feutre vert pour faire l'herbe en laissant passer les ampoules. Jusqu'ici, je suis... Nelvi me tend un bout d'aluminium "pour l'eau". Hein? Quelle eau? 5 minutes après, je n'ai toujours pas bougé avec mon bout de papier d'alu dans la main. Nelvi vient à ma rescousse: "Ben alors, la rivière?" Ben qu'est-ce qu'elle a la rivière? Et quelle rivière d'abord? Nelvi prend l'alu, le plie soigneusement pour en faire une sort de vague qu'elle dépose délicatement sur le feutre. Puis elle prend un autre bout d'alu et fait un rond un peu plus loin. Sur le premier bout d'alu elle installe un mini-pont, et sur l'autre elle répartit les canards en plastique. "Tu vois!" Aaaaaaahhhhhhh oookkkkkkkéééééé, le papier d'alu, c'est un code pour représenter l'eau! Elémentaire, mon cher Watson!

Puis on décore. Et pas n'importe comment s'il vous-plaît! Non seulement on répartit une multitude de personnages miniatures, mais en plus on crée des scènes. Il y a les villages avec leurs commères, le troupeaux de moutons harcelés par un loup, la vache qui a peur du serpent... A ce moment-là, je suis pliée en quatre de rire sur la moquette...

Puis pour couronner le tout, on installe la grande crèche. Calú a acheté les personnages de la crèche au Pérou lors d'un précédent voyage, du coup on est équipées. Hop, le boeuf, l'âne, Marie, Joseph, l'étoile, la paille... Calú nous annonce qu'elle ne va pas respecter la tradition. Ben pourquoi? Parce que comme elle part en vacances pour Noël, elle ne pourra pas profiter du petit Jésus dans son berceau, donc elle a décidé de le faire naître prématurément! On m'explique que dans les familles colombiennes, ça ne rigole pas: on garde le petit Jésus à part, et on ne l'installe que le soir du 24 décembre!

Bon, il ne manque plus que les Rois Mages... Je leur fais de la place où je peux dans la déco près de la crèche. Nelvi me tombe dessus comme un rapace sur sa proie: "Nonononononononon!!!!!!! Pas possible ça! Ouh làlà!". Euh, qu'est-ce que j'ai encore fait de pas orthodoxe?? Apparemment les Rois Mages sont pas encore arrivés. Arrivés? Oui, il faut les déposer loin de la crèche et les rapprocher un petit peu tous les jours. Hein? Calú n'est pas convaincue, quant à moi je suis dans la 4e dimension. S'ensuit un débat théologique profond sur le rôle des Rois Mages dans la Bible, avec psaumes et citations à la clé. Une demi-heure plus tard le verdict tombe: ben les Rois Mages, le 9 décembre ils sont largement pas encore arrivés au chevet du petit Jésus, vu qu'ils sont censés apporter les cadeaux et que le petit Jésus il est pas encore né! Je suis rassurée de pas avoir été la seule paumée sur ce coup-là! C'est ça d'avoir jamais réussi à dépasser la page 10 du gros livre tout doré, là...

A dix heures du soir, la crèche est fin prête! Nos abdos nous font mal tellement on a ri: moi devant les découvertes toutes plus insolites les unes que les autres, elles de mes yeux de merlant frit toute l'après-midi. Quelle expérience!!!






Friday, December 07, 2007

I swear to God, I feel like everyday is my birthday (The Game - Game's pain)

Aujoud'hui c'est mon annif! Le deuxième que je fête en Colombie... Et encore une fois, je suis spécialiste de trouver un truc bien relou à faire ce jour-là. L'année dernière, c'était carrément un entretien d'embauche (bon, ça m'a porté chance vu que j'ai décroché le boulot!!). Cette année, je suis à nouveau au chômage en décembre, et du coup j'écume les congrès, les conférences et les réunions histoire de me faire des contacts. Ca m'a fonctionné l'année dernière, alors je remet le couvert et histoire de bien fêter mon annif, je m'enferme de 8h à 18h dans un Séminaire sur les Migrations Transnationales (non, pas des baleines, même si ça aurait sûrement été plus gai!!).

Avec une copine, on a décidé d'aller à Usaquén. Le 7 décembre au soir, c'est effectivement la "Noche de las Velitas": tout le pays allume des bougies pour que la Vierge Marie illumine leur foyer et bénisse leur famille. Et le collectif regroupant les familles des otages a organisé une veillée en l'honneur des otages et des diparus. Il a fait beau toute la journée, et pile au moment où je sors pour aller rejoindre Nelvi, il pleut des trombes d'eau. On arrive enfin à se rejoindre, et l'averse passée on part se promener dans Usaquén.

200 personnes se serrent les uns contre les autres sur la place. A cause du froid, mais surtout à cause de l'émotion qui retourne les tripes. Des chanteurs se relaient sur scène pour rendre hommage aux otages. Les familles prennent le micro pour lancer des appels à libérer les otages, dont certains sont dans la jungle depuis près de 10 ans. Les proches portent des T-shirt avec le photo de leur être cher, hissent des pancartes, des banderolles, des photos de famille. Lorsque la cérémonie termine, les participants s'éparpillent à travers la place pour la remplir de bougies multicolores. On essaye de s'émerveiller devant le joli spectacle, histoire de s'accrocher aux choses superficielles pour ne pas fondre en larmes. Mais lorsqu'une famille colle ses bougies juste à côté de nous, tout autour d'un portrait dans un cadre, et prient en se tenant les mains, nos gorges se serrent.

Je n'ai pas mon appareil photo, mais ce n'est pas grave. Il y a des expériences qui se gravent dans le crâne sans qu'on ait besoin de les immortaliser. Et il y a des émotions qu'on ne peut pas communiquer en photo, même si une image vaut mille mots.

Rien de plus pour mon annif, mais je me sens fière d'avoir pensé à mon prochain et à ses souffrances justement le jour où j'aurai pu ne penser qu'à moi. Et puis de toutes façons, 29 c'est vraiment un chiffre qui sert à rien qu'à déprimer parce qu'on n'a toujours ni bon boulot, ni appart à soi, ni copain ni chien... Pas la peine de trop penser à moi, donc...

Et en rentrant à la maison, les élégantissimes bougeoirs fleuris sculptés dans des bouteilles en plastique par mes voisins me font un clin d'oeil en passant. Ca me suffit pour cette année!


Tuesday, December 04, 2007

Para poder seguir, un alto en el camino quise hacer, un instante mi vida detener, una duda en la noche esclarecer (Grupo Niche - Un alto en el camino)

Quelques nouveautés sur le blog...

Vous aurez sûrement remarqué que les dernières vidéos que j'ai mises en ligne sont faites "maison" par votre humble serviteur(-trice??). Eh oui, j'ai enfin trouvé le moyen de mettre en ligne des vidéos un peu plus longues. Vous m'excuserez donc pour la qualité de l'image qui n'est pas top car je prends les vidéos avec mon simple appareil photo numérique. En fait, elle est bonne quand je les regarde sur mon ordinateur, mais lorsqu'elles sont en ligne elles perdent en qualité. Rappelez-vous l'astuce pour regarder les vidéos de façon confortable: vous les lancez et les mettez en pause de suite, pour qu'elles continuent à charger. Quelques minutes après vous pouvez les regarder d'une traite sans que l'image saute.

Autre nouveauté: grâce à une suggestion de Môman, j'ai enfin intégré un compteur à mon blog. Je peux donc savoir combien de personnes se connectent sur mon blog, combien de fois, et d'où ils se connectent. Amis de France et de Navarre, du Canada, de Colombie et même les francophones du Kazakhstan si ça vous intéresse, vous êtes les bienvenus!! Dommage que je n'ai le compteur que maintenant, car je ne peux pas savoir si mes chers lecteurs sont plus ou moins nombreux depuis que j'ai commencé le blog. Mais il n'est jamais trop tard, et je compte bien sur vous pour exploser les stats. Euh... ou presque...

Et pour ceux qui embarqueraient maintenant dans le train: petite révision.

Saturday, December 01, 2007

Quince años para contar las estrellas, quince años para empezar a vivir (Reynaldo Armas - Quince años)

Ce soir on a fêté les quinze ans de la fille de ma copine Margui, Elo.

Attention, les quinze ans d'une jeune fille en Amérique du Sud, ce n'est pas n'importe quel anniversaire! Dans beaucoup de familles, la "Fiesta de Quinces" s'apparente pratiquement à une cérémonie de mariage, avec messe, grande robe, bouquet, valse, demoiselles d'honneur et cavaliers, couronnement, cérémonie de la poupée qui symbolise la fin de l'enfance, cérémonie des chaussures (on offre à la jeune fille ses "premières" chaussures à talon) qui symbolise le fait que la Cumpleañera est devenue femme, et autres détails qui pour nous européens nous paraissent horriblement kitch. Dans les familles riches, ces fêtes deviennent carrément des shows très attendus, et MTV Latino en a même fait une émission à vomir, pleine d'ados qui se croient le centre du monde, de dépenses toutes plus extraordinaires les unes que les autres, et de robes, décoration, et gâteaux rose bonbon. Pourtant aujourd'hui, beaucoup de jeunes filles préfèrent qu'on leur offre autre chose qu'une méga fête et c'est par exemple l'occasion pour elles de faire leur premier voyage à l'étranger.

Dans le cas de mon amie, malheureusement les finances ne sont pas au rendez-vous cette année, mais l'amitié si! Elle a donc "embauché" ses potes musiciens pour donner une aubade surprise à sa fille et ainsi marquer le coup. L'après-midi, je rejoins Margui, Elo et le petit frère Nico ainsi que les copines d'Elo pour manger des méga desserts à Crepes & Waffles et lui chanter Joyeux Anniversaire. Eh oui! On a tout prévu pour le soir, mais il faut donner l'impression de rien! Puis Elo part se promener avec ses copines pendant que Margui, Nico et moi on va chercher le gâteau à la pâtisserie. En début de soirée, Margui, Nico et les potes musiciens se réunissent chez moi et les musiciens répètent et mettent en place la serenata, rhum coca aidant, hehehe... A 22h, on a confirmation qu'Elo est rentrée à la maison avec sa copine, donc on part acheter les provisions pour la fête. Toujours pour donner l'air de rien, Margui, Nico et moi on arrive chez eux et on sert de la glace aux filles lorsque...

Quelques notes de musique retentissent vers la porte d'entrée... Puis un choeur entonne "Nochecitas Mexicanas", une chanson traditionnelle qui sert à demander à la belle d'allumer la lumière et d'ouvrir sa fenêtre (dans ce cas-là, sa porte!) pour recevoir sa serenata.

Ya prendan la luz, ya prendan la luz, ya queremos verte
Mucho muy feliz, sigue tan feliz, con tu buena suerte.
Hoy en la mañana te trajimos flores con las mañanitas
Ahora vas a darnos algún agasajo con las nochecitas.

Danos un abrazo feliz, danos un abrazo formal
Que la noche sea para ti y para nosotros ideal.
Casi nadie quiere beber,casi nadie quiere tomar
Saca las botellas a verque es lo que nos vas a invitar.




Elo, déjà en pyjama, ne s'y attendait pas, hehehe! Puis les amis lui chantent les chansons traditionnelles des Quinceañeras, comme "Quince Años":

En el campo del amor, cuando nace alguna flor hermosa
Siempre hay un ruiseñor que la mira con pasión deseosa.
La fantasía de tus años comenzó y en una flor hay muchos rasgos inocentes
Dios te bendiga bella hoy, mañana y siempre
Que el sol que encuentres cuide siempre tu esplendor.

Quince años para contar las estrellas, quince años para empezar a vivir
Y habrá muchos caminos esperando para darte acceso al mundo que te toca dividir
Quince años que se amoldan a tu talle, quince años para sentirte mujer
Recibe de mi parte quince besos abrazados al cariño que allá en ti deposité
Las flores se merecen siempre flores de los mas bellos colores para forjar su vergel.


Ou encore "Mi niña bonita", dont les paroles nous rapellent que le machisme a la dent dure!!

"Yo creo que a todos los hombres les debe pasar lo mismo
Que cuando van a ser padres quisieran tener un niño
Luego te nace una niña sufres una decepción
Y después la quieres tanto que hasta cambias de opinión.

Es mi niña bonita con su carita de rosas
Es mi niñas bonita cada día más preciosa
Ay es mi niña bonita hecha de nardo y clavel
Es mi niña bonita, es mi niña bonita, cuanto la llegué a querer.

Si un día se casa mi niña vestida de blanco armiño
Me acordaré que soñaba con que al nacer fuera un niño
Por eso rezo y le pido al señor del gran poder
Que al hombre que se la lleve la sepa siempre querer.




Et enfin "El camino de la vida", avant de transformer la serenata en boeuf musical pour toute la soirée, hehehe...

De prisa como el viento van pasando, los días y las noches de la infancia,
Un ángel nos depara sus cuidados, mientras sus manos tejen las distancias
Después llegan los años juveniles, los juegos, los amigos, el colegio,
El alma ya define sus perfiles, y empieza el corazón de pronto a cultivar un sueño.

Y brota como un manantial, las pieles del primer amor,
El alma ya quiere volar, y vuela tras una ilusión,
Y aprendemos que el dolor y la alegría, son las esencia permanente de la vida.
Y luego cuando somos dos, en busca del mismo ideal,
Formamos un nido de amor, refugio que se llama hogar,
Y empezamos otra etapa del camino,
Un hombre una mujer, unidos por la fe y la esperanza.

Los frutos de la unión que Dios bendijo alegran el hogar con su presencia,
A quien se quiere más sino a los hijos, son la prolongación de la existencia,
Después cuantos esfuerzos y desvelos, para que no les falte nunca nada,
Para que cuando crezcan lleguen lejos, y puedan alcanzar esa felicidad tan anhelada.

Y luego cuando ellos se van, algunos sin decir adiós,
El frió de la soledad, golpea nuestro corazón,
Es por eso amor mío que te pido, por una y otra vez,
Si llego a la vejez, que estés conmigo.


Sunday, November 25, 2007

A ver, a ver, a mover la colita, si no la mueve se le va a poner malita (Wilfrido Vargas - A mover la colita)

Un dimanche matin typique: je me lève pas trop tard, un petit déjeuner et une douche rapide et hop! je sors rollers aux pieds pour profiter de la Ciclovía. De chez moi je peux patiner vers le Nord et les quartiers chics ou vers le Sud et les quartiers populaires. Ce jour-là: direction Sud.

Le Parque Nacional est à mi-chemin de ma destination, donc j'en profite toujours pour faire une pause et regarder la Recreovía. Ce sont des espaces avec estrade qui proposent des cours gratuits en différents endroits dans l'esprit des Ciclovías, c'est-à-dire pour encourager l'activité physique et l'appropriation de l'espace public. Il y a des sessions de gymnastique douce pour le 3e âge, des sessions pour les enfants, du yoga, et des cours d'aérobics sur fond de musique tropicale... mes préférés! La Recreovía fonctionne le dimanche matin en parallèle avec la Ciclovía, mais aussi le soir en semaine.

Faire de l'aérobic sur du merengue par une matinée ensoleillée, ça me paraît le top. Rien à voir avec un abonnement hors de prix au gymnase où tout le monde s'entre-observe la cellulite. Ici, c'est carrément le cours à plus de 50 personnes, hommes, femmes, jeunes, vieux, pauvres, riches, hétéro ou gay (Chapinero c'est le quartier gay, et comme beaucoup sont fans d'aérobics ils sont toujours au rendez-vous le dimanche matin, et au premier rang!). Les gens sont enthousiastes, l'ambiance est bonne, et personne ne se moque, pas même les cyclistes et rollers arrêtés sur le bord de la route. Une dose de bonne humeur pour la semaine!



Je crois que je ne professerai jamais assez mon amour pour la Ciclovía, alors si vous aussi vous voulez tomber amoureux, allez voir ce court-métrage de Street Films!

Friday, November 23, 2007

Pregúntale al sacamuela, Llorona, cual es el mayor dolor, si al que le sacan la muela o al que le roban su amor (Chavela Vargas - Llorona)

Journée totalement non productive...

Il a fait gris toute la journée, et comme d'habitude, je trouve le moyen de sortir au moment où il se met à pleuvoir!! J'arrive tant bien que mal à la Plaza de Lourdes pour me réfugier dans un café et là je tombe sur... un Festival de Rancheras!!!! Dans le cadre du Septimazo, des animations de rue sont organisées sur toute la Carrera Séptima et ses environs cette semaine. Et bien entendu, entre les danses, le théatre de rue, les conteurs et les groupes de salsa... il a fallu que je tombe sur les Mariachis, moi qui les ai en sainte horreur...

Je n'ai rien contre la musique mexicaine -si possible au Mexique- mais je ne comprends toujours pas le goût immodéré des colombiens, surtout du centre du pays, pour les rancheras. C'est la musique typique des déséspérés que leur femme vient de quitter ou ceux que leur femme a trompé... Ca parle d'amour, de trahison et de vengeance (ce que les Colombiens résument en un seul mot: despecho) et même parfois de crimes d'honneur. Bref, c'est gai! Mais ici, les gens adoooooorent... Justement depuis quelques mois une telenovela fait un tabac sur la chaîne de télévision nationale: La Hija del Mariachi. L'histoire se passe dans un quartier qui n'est pas nommé mais qui ressemble comme deux gouttes d'eau au mien, où traditionnellement les groupes de Mariachis vendent leurs services. La novela a récolté quantité de prix nationaux, et la bande originale de la série s'est vendue comme des petits pains.

Donc ça n'a pas manqué: de toutes les activités prévues dans le cadre du Septimazo, sur ma chère place de l'Eglise de Lourdes on a eu droit aux rancheras... Eh bien figurez-vous qu'ils sont arrivés à m'émouvoir, dis donc! Et je sius restée plantée là en pleine rue, sur la place mouillée, à les regarder pendant une demi-heure! Décidément, il ne faut jamais dire jamais...

Tuesday, November 20, 2007

Todos los domingos soy el Pibe de mi barrio, dos ladrillos, mi Campín, mi barra, el vecindario (Doctor Krapula - El Pibe de mi barrio)

Ce soir la Selección Colombia jouait contre l'Argentine. Ai-je besoin de préciser qu'il s'agit de foot??? Les matchs Colombie - Argentine sont toujours des évènements. D'abord par la qualité et le prestige de l'équipe argentine, mais aussi parce que, des centaines de matchs joués (et pour la plupart, perdus) contre l'Argentine, les colombiens ne se souviennent que d'un seul: le match de qualification pour la Coupe du Monde à Atlanta, que la Selección Colombia de Carlos "El Pibe" Valderrama a gagné contre l'Argentine 5 à 0, et à Buenos Aires s'il vous plaît! C'est un peu comme le 3-0 de l'Equipe de France contre le Brésil: gravé dans les mémoires de tout un pays. Autant dire qu'à chaque nouveau match contre les Argentins, l'espoir renaît...

Regarder un match de foot à la télé en Colombie, c'est assez pénible. La moindre action sportive est sponsorisée, ce qui fait que le son est interrompu toutes les 30 secondes par des annonces publicitaires. Par exemple: les hors-jeu sont sponsorisés par la banque Davivienda, dont le slogan est depuis quelques années: "Usted puede estar en el lugar equivocado". Les belles actions sont sponsorisées par l'opérateur de téléphonie mobile Comcel: "La jugada superior Comcel, la señal de Comcel es superior", et ainsi de suite pour les sorties, les fautes, les cartons jaunes et rouges... c'est énervant...

Mais regarder un match à la télé en Colombie, ça vaut le coup rien que pour les comentaires sportifs, typiques et inimitables. Et ce soir, la Selección Colombia a gagné 2-1 au terme d'un très beau match au Campín de Bogotá. Lors du second but colombiens, les hourras des voisins on fait trembler les murs!!! Et à la télé, inutile de dire que le présentateur s'est fendu d'un magnifique:

GOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLL!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Friday, November 09, 2007

Todos saben quien manda en esta school, porque nosotras somos gente cool (Patito Feo - Las Divinas)

Aujourd'hui, mon amie Margui m'a invitée à l'exposition annuelle au Claustro Moderno, l'établissement scolaire de ses 2 ados. Comme énormément d'établissements scolaires en Colombie, c'est un établissement privé, généralement de meilleure qualité que l'enseignement public. Le Claustro propose un enseignement de l'équivalent du CP à l'équivalent de la 2nde, qui est la dernière année d'enseignement secondaire en Colombie (les jeunes finissent donc leur scolarité et entrent à l'Université à ... 16 ans, oui vous avez bien lu... 16 ans!!). Le Claustro est collé aux cerros, dans un très beau cadre naturel. Les bâtiments sont entourés de pelouses, de parterres de fleurs; un lac et plusieurs rivières complètent le paysage (!)...




L'uniforme est obligatoire, de la cravate aux chaussures, comme dans tous les établissements colombiens publics ou privés. Il y en a en fait deux: un survêtement bleu marine constitue l'uniforme de "sport" et une robe chasuble en tissu écossais rouge pour les filles/ un pantalon à pince bleu marine et une chemise blanche pour les garçons constitue l'uniforme "formel". Seuls les élèves de dernière année sortent du lot, avec un uniforme particulier, gris et noir. L'exposition annuelle c'est en quelque sorte la fête de fin d'année, puisque le Claustro fonctionne selon le "calendario A", c'est-à-dire que l'année commence en janvier/ février et finit fin novembre, avec les grandes vacances en décembre et janvier. En Colombie c'est le plus commun, mais pour tout simplifier, il existe aussi des établissements pratiquant le "Calendario B" (mi-août à juin avec les grandes vacances en juillet-août, un peu comme en France) et d'autres optant pour le "Calendario C" (qui propose deux semestres séparés par autant de vacances en décembre qu'en juin).



Lors de l'Exposition annuelle, les classes sont séparées en petits groupes et chaque groupe travaille sur un projet. Les thèmes sont soit scientifiques, soit d'un intérêt particulier pour l'école. Elo, avec plusieurs camarades de sa classe de 3e, a réalisé un projet plutôt pharaonique: ils ont photographié leur établissement plan par plan, mètre par mètre, depuis l'entrée en passant par tous les couloirs et toutes les salles (dont les bureaux, les toilettes etc...) afin de créer une visite virtuelle qui sera disponible prochainement sur le site web du Claustro. D'autres groupes de son niveau ont: inventé un système de chauffage de l'eau des douches à l'énergie solaire, mis au point un distributeur de serviettes hygiéniques, répertorié toute la flore présente sur les terrains de l'établissement, aménagé un sentier de découverte de la nature dans les collines environnant l'école, ou encore ont élaboré un système permettant de visualiser les routes des bus de l'école afin de faciliter l'organisation du ramassage scolaire... Toute la classe de Nico, le p'tit frère en classe de 5e, s'est attaché à expliquer les phénomènes météo. Certains groupes ont fait leur exposé en anglais, d'autres ont organisé un jeu concours avec le public (i.e. les parents d'éleves, hehehe), la plupart proposaient des maquettes reproduisant en miniature le phénomène en question. Le groupe de Nico a donc fait un exposé sur la formation des tornades en simulant le phénomène à l'aide d'une maquette de ville dans un cube transparent fermé... avec une ouverture pour le bec d'un sèche-cheveux provoquant une mini-tornade à l'intérieur... ingénieux!




Un peu plus tard tout le monde a été appelé pour se rapprocher du lac. Une classe a d'abord relaché des pigeons voyageurs depuis le petit pont. Puis Monsieur le Directeur (en survet' avec la main sur la rambarde) a procédé à la mise à l'eau des petits bateaux des 6e. Avec l'aide d'un appariteur en barque, les bateaux de toutes les tailles et toutes les formes ont flotté pour la première fois... ou coulé tout droit au fond du lac de l'école, hahaha!!


Et voilà! La cloche vient de sonner: la classe est finie! Les élèves se rapprochent des bus scolaires, joliment estampillés "Claustro Moderno". Les bus parcourent une grande partie de la ville. Bien entendu, la plupart des enfants vivent dans le Nord ou le Nord-Ouest de la ville, dans les quartiers huppés. Margui, elle, se serre la ceinture pour donner à ses enfants une bonne éducation. Du coup, ses enfants sont presque les derniers du parcours du ramassage scolaire, qui dure bien deux fois le temps de trajet normal avec tous les tours et les détours que fait le bus pour chercher et déposer les élèves. Nico, l'homme d'affaires en herbe, a d'ailleurs parfaitement compris l'intérêt: il y a 6 mois il avait monté un petit commerce d'aimants qui faisaient fureur dans les cours d'école. Achetés à deux francs six sous dans notre quartier, il les revendait 2 fois plus chers à ses camarades du Claustro Moderno... puis réinvestissait les bénéfices dans l'achat de nouveaux aimants pour augmenter le business. Margui a dû intervenir pour mettre fin à la start-up qui menaçait de rendre son fils riche à un âge un peu trop tendre...

Beaucoup d'enfants sont rentrés avec leurs parents venus voir l'Exposition. Du coup, le bus scolaire avait des places libres et Margui et moi avons pu économiser le ticket de bus de retour et monter avec les petits monstres. Une belle journée à l'école!