Le 5 juillet dernier a eu lieu une journée de manifestation dans tout le pays.
A l'origine de cette journée d'action, l'assassinat par les FARC de 11 des 12 députés départementaux qu'ils retenaient en otage depuis plus de 5 ans. Les députés avaient été enlevés en plein jour, en pleine Assemblée du département du Valle, dans le centre ville de Cali (2e ville du pays) le 11 avril 2002. Selon le communiqué des FARC, ils auraient été tués lors d'échanges de tirs entre le groupe de guerrilleros et un "groupe armé non identifié". Cependant cette version a soulevé de nombreuses questions. Le gouvernement a immédiatement annoncé qu'aucune action militaire n'était en cours dans cette région. Bien que les combats entre les FARC et l'ELN soient de plus en plus fréquents alors que traditionnellement ces deux guerrillas maintenaient entre eux une trêve "fraternelle", l'ELN a également démenti avoir attaqué le campement des FARC. Restent les groupes paramilitaires, qui selon le gouvernement colombien "n'existent plus" -sic- depuis le début de leur démobilisation en 2005 (gouvernement qui affirme par ailleurs qu'en Colombie "il n'y a pas de conflit armé", re-sic). D'autres questions concernent le regroupement soudain des députés alors qu'on pensait qu'ils étaient retenus par groupes de 3 ou 4, la façon inhabituelle dont les FARC ont communiqué la nouvelle, et l'intérêt pour eux d'éliminer des otages "échangeables" à l'heure où se mettent en place de difficiles négociations de paix avec le gouvernement.
En tout état de cause, l'assassinat des députés a remis en cause autant qu'il a justifié la nécessité d'un "accord humanitaire" avec la guerrilla, c'est-à-dire l'échange d'otages contre des guerrilleros emprisonnés. Remis en cause par le gouvernement, qui a sauté sur l'occasion pour affirmer que seule l'intervention armée était justifiée face à un ennemi impitoyable. Justifié de la façon la plus crue pour les familles d'otages, qui n'ont de cesse de clamer que l'intervention armée met en danger de mort leurs parents -la guerrilla ayant toujours affirmé (et déjà mis en application) qu'ils tueraient les otages s'ils sentaient un campement menacé.
Etrangement, la nouvelle de l'assassinat des députés n'a suscité de réactions qu'au niveau régional et parmi les familles d'otages et les défenseurs des droits de l'Homme. Au niveau du grand public, c'est l'accablement qui a prévalu dans les premiers jours. Puis le gouvernement, les parlementaires et les élus locaux ont lancé un appel à manifester le 5 juillet "contre les enlèvements et pour la liberté", appel qui a été entendu de façon différente par des millions de colombiens. Le résultat: une mobilisation sans précédent, un pays totalement paralysé pendant près de 2h, et des manifestants unis sur le but (pour la paix, contre les enlèvements) mais divisés sur les moyens, certains manifestant leur soutien au président, d'autres leur opposition, certains l'intervention armée pour libérer les otages, d'autres l'échange humanitaire... une belle pagaille et une dangereuse polarisation du pays...
Au bureau, tous mes collègues sont des aficionados de la méditation et de la "guérison pranique". Ils ont donc répondu à l'invitation de différentes organisations de la société civile et d'organisations religieuses à prier ensemble pour la paix en Colombie le 5 Juillet de 11h à 12h. A 10h55, les collègues ont donc carrément éteint les lignes téléphoniques et fermé les locaux, et on s'est tous regroupés dans la salle de réunion pour 1h de méditation! Un peu étrange pour moi, mais très émouvant... Alors que l'on remettait nos chaussures vers midi, une clameur impressionnante a commencé à monter de la rue. Les organisateurs de la manifestation avaient en effet appelé à tout arrêter et à faire le plus de bruit possible entre 12h et 12h05. Dans notre quartier, la circulation s'est totalement paralysée pendant plus d'une demi-heure (taxis, bus, TransMilenios remplis de passagers compris!), et c'est pendant près d'une heure que des sifflets, des klaxons, des casseroles et autres ont résonné sans discontinuer. Des bureaux et appartements alentour, dans la rue, partout, les gens s'étaient habillés de blanc et agitaient tous les mouchoirs et tissus blancs qu'ils avaient pu trouver. Mes collègues étaient euphoriques devant la première mobilisation pour la paix de cette ampleur en Colombie. A la télé, les journalistes montraient en direct les images identiques dans toutes les villes du pays, et égrenaient la réalité des enlèvements en Colombie: plus de 3000 otages retenus par la guerrilla, dont un nombre effrayant d'enfants (près de 10%, il semble)...
A l'origine de cette journée d'action, l'assassinat par les FARC de 11 des 12 députés départementaux qu'ils retenaient en otage depuis plus de 5 ans. Les députés avaient été enlevés en plein jour, en pleine Assemblée du département du Valle, dans le centre ville de Cali (2e ville du pays) le 11 avril 2002. Selon le communiqué des FARC, ils auraient été tués lors d'échanges de tirs entre le groupe de guerrilleros et un "groupe armé non identifié". Cependant cette version a soulevé de nombreuses questions. Le gouvernement a immédiatement annoncé qu'aucune action militaire n'était en cours dans cette région. Bien que les combats entre les FARC et l'ELN soient de plus en plus fréquents alors que traditionnellement ces deux guerrillas maintenaient entre eux une trêve "fraternelle", l'ELN a également démenti avoir attaqué le campement des FARC. Restent les groupes paramilitaires, qui selon le gouvernement colombien "n'existent plus" -sic- depuis le début de leur démobilisation en 2005 (gouvernement qui affirme par ailleurs qu'en Colombie "il n'y a pas de conflit armé", re-sic). D'autres questions concernent le regroupement soudain des députés alors qu'on pensait qu'ils étaient retenus par groupes de 3 ou 4, la façon inhabituelle dont les FARC ont communiqué la nouvelle, et l'intérêt pour eux d'éliminer des otages "échangeables" à l'heure où se mettent en place de difficiles négociations de paix avec le gouvernement.
En tout état de cause, l'assassinat des députés a remis en cause autant qu'il a justifié la nécessité d'un "accord humanitaire" avec la guerrilla, c'est-à-dire l'échange d'otages contre des guerrilleros emprisonnés. Remis en cause par le gouvernement, qui a sauté sur l'occasion pour affirmer que seule l'intervention armée était justifiée face à un ennemi impitoyable. Justifié de la façon la plus crue pour les familles d'otages, qui n'ont de cesse de clamer que l'intervention armée met en danger de mort leurs parents -la guerrilla ayant toujours affirmé (et déjà mis en application) qu'ils tueraient les otages s'ils sentaient un campement menacé.
Etrangement, la nouvelle de l'assassinat des députés n'a suscité de réactions qu'au niveau régional et parmi les familles d'otages et les défenseurs des droits de l'Homme. Au niveau du grand public, c'est l'accablement qui a prévalu dans les premiers jours. Puis le gouvernement, les parlementaires et les élus locaux ont lancé un appel à manifester le 5 juillet "contre les enlèvements et pour la liberté", appel qui a été entendu de façon différente par des millions de colombiens. Le résultat: une mobilisation sans précédent, un pays totalement paralysé pendant près de 2h, et des manifestants unis sur le but (pour la paix, contre les enlèvements) mais divisés sur les moyens, certains manifestant leur soutien au président, d'autres leur opposition, certains l'intervention armée pour libérer les otages, d'autres l'échange humanitaire... une belle pagaille et une dangereuse polarisation du pays...
Au bureau, tous mes collègues sont des aficionados de la méditation et de la "guérison pranique". Ils ont donc répondu à l'invitation de différentes organisations de la société civile et d'organisations religieuses à prier ensemble pour la paix en Colombie le 5 Juillet de 11h à 12h. A 10h55, les collègues ont donc carrément éteint les lignes téléphoniques et fermé les locaux, et on s'est tous regroupés dans la salle de réunion pour 1h de méditation! Un peu étrange pour moi, mais très émouvant... Alors que l'on remettait nos chaussures vers midi, une clameur impressionnante a commencé à monter de la rue. Les organisateurs de la manifestation avaient en effet appelé à tout arrêter et à faire le plus de bruit possible entre 12h et 12h05. Dans notre quartier, la circulation s'est totalement paralysée pendant plus d'une demi-heure (taxis, bus, TransMilenios remplis de passagers compris!), et c'est pendant près d'une heure que des sifflets, des klaxons, des casseroles et autres ont résonné sans discontinuer. Des bureaux et appartements alentour, dans la rue, partout, les gens s'étaient habillés de blanc et agitaient tous les mouchoirs et tissus blancs qu'ils avaient pu trouver. Mes collègues étaient euphoriques devant la première mobilisation pour la paix de cette ampleur en Colombie. A la télé, les journalistes montraient en direct les images identiques dans toutes les villes du pays, et égrenaient la réalité des enlèvements en Colombie: plus de 3000 otages retenus par la guerrilla, dont un nombre effrayant d'enfants (près de 10%, il semble)...
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