Hier soir je suis allée au ciné voir un film colombien récent: "Soñar no cuesta nada" (Rêver ne coûte rien). C'est un petit film sympa sympa tiré d'une histoire vraie, un peu moins sympa, enfin ça dépend comment on le voit....
En 2003 un bataillon de l'armée colombienne est tombé sur un trésor des FARC protégé par un champ de mines en plein milieu de la jungle au sud de la Colombie. Ici en Colombie on parle de la "guaca de las FARC", la "guaca" étant les bijoux et objets de valeur avec lesquels on enterrait les défunts dans les civilisations précolombiennes de la région. La guaca en question: 40 000 millions de pesos (plus de 13 millions d'euros) cash en dollars!!! Les soldats se sont réparti tout ce qu'ils pouvait porter sur leurs épaules avec l'accord et la participation de leurs chefs, et ont apparemment brûlé le reste (!!). Mais ils se sont fait attraper peu après, notamment parce que beaucoup d'entre eux ont flambé l'argent dès qu'ils ont pu, dans les bars et les bordels de Popayan! 92 militaires ont réussi à prendre le large, et les 55 militaires arrêtés viennent d'être jugés en Cour Martiale il y a une dizaine de jours (d'où le timing bien calculé de la sortie du film!)..
Tout cela a déclenché deux polémiques différentes en Colombie. D'une part, évidemment, chacun se demande en son âme et conscience ce qu'il aurait fait en de pareilles circonstances. Certains excusent les militaires, pour la plupart de simples soldats qui viennent de familles pauvres et qui risquent leur vie pour une solde pas bien grosse. Ils ajoutent que de toutes façons, si l'argent avait été remis aux supérieurs, ce seraient eux qui s'en seraient mis plein les poches. D'autres soulignent que cet argent était la propriété de l'Etat et devait être remis aux autorités compétentes. Mais surtout que c'est l'argent du Crime: "gagné" par le biais de l'extorsion de fonds, de la drogue, des meutres et des enlèvements, c'est-à-dire du sang des Colombiens.
D'autre part les peines exemplaires qui ont été dictées ont soulevé pas mal de questions: entre 6 et 10 ans de prison pour les militaires arêtés. Beaucoup de Colombiens trouvent les faits "pas si graves" pour des sentences aussi lourdes. Mais c'est surtout en comparaison avec d'autres peines que surgit la polémique. Les cas de corruption de haut vol -quand ils sont jugés!- génèrent des sentences à peine plus lourdes. Et surtout, la Ley de Justicia y Paz, qui encadre le désarmement et la démobilisation des paramilitaires -responsables des pires massacres de civils en Colombie- prévoit des peines de 5 ans fermes ou moins!! Un contraste écoeurant...
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