Thursday, April 05, 2007

Every day I get in the queue / Too much, the Magic Bus (The Who - The Magic Bus)

Mercredi 4 Avril, mon amie Cata m'a invitée à passer le long week-end de Semana Santa chez ses parents, ainsi qu'une autre amie - Betty. Ici, ce sont le Jeudi et le Vendredi Saint qui sont fériés, mais pas le Lundi de Pâques. On peut enfin échapper à la pollution de Bogotá et aller se reposer à Ibagué, capitale du département du Tolima.

On se rejoint donc, chacune avec notre petit sac à dos, des vêtements et des chaussures confortables, et en route pour le Terminal de Transportes. Au Terminal, c'est l'hystérie collective. Il faut se frayer un chemin à travers l'entrée "Sud", où sont situées les compagnies de bus desservant les régions au Sud de Bogotá. Puis trouver les compagnies qui desservent Ibagué et commencer à faire la queue, en se répartissant sur 3 files d'attente... Après quelques temps on se regroupe sur la compagnie Velotax, car Cata connaît le gérant et c'est une compagnie de confiance.

Le Terminal est plein à craquer, et bien que la Police Nationale et l'Armée soient là pour canaliser et protéger la foule, les compagnies pirates font leurs choux gras. Des "pirates" passent à travers la foule à la recherche des desespérés, ceux qui ne trouvent plus de place de bus pour leur destination. En criant le nom des destinations, ils rallient les gens à leurs véhicules. Or c'est totalement interdit et extrêmement dangereux: leurs bus ne sont pas forcément en état, les chauffeurs ne sont pas contrôlés, pas de tickets de bus donc pas de preuve etc... Il vaut donc mieux prendre son mal en patience et faire la queue pour voyager avec une compagnie disposant de toutes les autorisations et de tous les contrôles nécessaires.

On arrive presque au guichet et là, Velotax est à court de bus et on doit attendre qu'un bus de la compagnie arrive. La compagnie d'à côté a soudain un bus de retour, qui repartira à Cali. En 3 secondes, c'est pratiquement l'émeute! Les gens qui faisaient sagement la queue se ruent sur le guichet, débordant les pauvres policiers qui tentent en vain de faire respecter la ligne de convivialité au sol. En 2 minutes presque tous les tickets sont vendus. Il reste des familles nombreuses dépitées devant le guichet, et 3 places libres dans le bus. La compagnie fait donc appel aux jeunes recrues de la Police pour aller haranguer les passagers seuls à destination de Cali et les rabattre - légalement cette fois - sur eux pour compléter le bus. Une demi-seconde suffit pour trouver un monsieur âgé qui doit être escorté par la Police à travers la foule pour rejoindre le guichet, et une femme et sa fille. Complet!

Un mini bus de Velotax arrive enfin, et on est les premières dans la queue pour acheter nos billets. On passe dans la salle d'attente et un quart d'heure après on peut monter dans le bus. La plupart des colombiens voyagent par route, car le transport aérien est horriblement cher en Colombie: un billet d'avion pour un trajet national coûte presque aussi cher qu'un billet d'avion pou une des capitales voisines. Le transport routier est donc très réglementé et la sécurité est une priorité. Alors qu'en France les chauffeurs s'endorment au volant et on en conclut qu'il faut renforcer les toits des cars, en Colombie cela fait longtemps qu'ils ont compris la dimension humaine. Il y a toujours 2 chauffeurs par car, et le deuxième en profite pour se reposer, ou pour parler au chauffeur pour lui éviter de s'endormir, ou pour s'occuper des passagers. En plus de celui du tableau de bord, il y a un compteur de vitesse géant à l'intérieur du car, et chaque passager peut donc contrôler la vitesse du véhicule. Si le véhicule dépasse la vitesse autorisée, c'est carrément une alarme qui se déclenche. A part ça les cars sont très confortables, les sièges s'inclinent d'une demi-douzaine de façons différentes. Bref, c'est parti pour 4h de route entre Bogotá et Ibagué...

Euh... en fait ça sera 7h de route, car tout Bogotá part en week-end prolongé et ça roule au pas. Jamais plus de 30 km/h au compteur!! C'est un peu désespérant mais finalement on arrive... à 3h du matin! Aaaahh... c'est les vacances...

Wednesday, April 04, 2007

Mi corazón te quiere hablar, que por tí está latiendo, y te quiere preguntar qué vas a hacer el resto de tu vida (Shakira - Eterno amor)

Et pour finir plus gaiement, un passage de El amor en los tiempos del cólera de Gabriel García Márquez (Editorial Norma - 1985), l'histoire de l'amour passionné et éternel de Florentino Ariza pour la belle Fermina Daza... L'adaptation par Mike Newell (Quatre mariages et un enterrement, Donnie Brasco...) a été tournée en septembre-octobre dernier à Cartagena de Indias, avec entre autres Javier Bardem (Mar adentro...) et Catalina Sandino (Maria pleine de grâce...), et la sortie est prévue pour Noël 2007.

"_ ¿Quieres quedarte sola? – preguntó.
_ Si lo quisiera no te hubiera dicho que entraras – dijo ella.
Entonces él extendió los dedos helados en la oscuridad, buscó a tientas la otra mano en la oscuridad, y la encontró esperándolo. Ambos fueron bastante lúcidos para darse cuenta, en un mismo instante fugaz, de que ninguna de las dos era la mano que habían imaginado antes de tocarse, sino dos manos de huesos viejos. Pero en el instante siguiente ya lo eran. Ella empezó a hablar del esposo muerto, en tiempo presente, como si estuviera vivo, y Florentino Ariza supo en este momento que también a ella le había llegado la hora de preguntarse con dignidad, con grandeza, con unos deseos incontenibles de vivir, qué hacer con el amor que se le había quedado sin dueño.
Fermina Daza dejó de fumar por no soltar la mano que él mantenía en la suya. Estaba perdida en la ansiedad de entender. No podíá concebir un marido mejor que el que había sido suyo, y sin embargo encontraba más tropiezos que complacencias en la evocación de su vida, demasiadas incomprensiones recíprocas, pleitos inútiles, rencores mal resueltos. Suspiró de pronto: “Es increíble cómo se puede ser tan feliz durante tantos años, en medio de tantas peloteras, de tantas vainas, carajo, sin saber en realidad si eso es amor o no.” Cuando terminó de desahogarse, alguien había apagado la luna. El buque avanzaba con sus pasos contados, poniendo un pie antes de poner el otro: un inmenso animal en acecho. Fermina Daza había regresado de la ansiedad.
_ Vete ahora – dijo."

Tuesday, April 03, 2007

Y en sus ojos siempre el dolor existió, todo fue porque en su niñez un malpa la violó y ella se vengó (Juanes - Rosario Tijeras)

Un bout de Rosario Tijeras, de Jorge Franco (Editorial Planeta - 2005), l'histoire de Rosario, racontée par Antonio, fou d'amour pour elle mais qui doit se contenter d'être son meilleur ami... Rosario qui a gagné son surnom grâce à sa première arme (une paire de ciseaux avec laquelle elle a castré son violeur, à l'âge de treize ans), bien qu'en grandissant elle se soit professionalisé en affinant son style (embrasser sa victime tout en lui tirant dessus à bout portant), et qui sort avec Emilio, l'ami d'enfance d'Antonio lorsqu'elle rentre de "mission".

"Cada vez estábamos más confundidos con Rosario. Se comenzaron a crear historias sobre ella y era imposible saber cuáles eran las verdaderas. Las que se inventaban no eran muy distintas de las reales, y el misterio y las desapariciones de Rosario obligaban a creer que todas eran posibles. En las comunas de Medellín, Rosario Tijeras se volvió un ídolo. Se podía ver en las paredes de los barrios: “Rosario Tijeras, mamacita”, “Capame a besos, Rosario T.”, “Rosario Tijeras, presidente, Pablo Escobar, vicepresidente”. Las niñas querían ser como ella, y hasta supimos de varias que fueron bautizadas María del Rosario, Claudia Rosario, Leidy Rosario, y un día nuestra Rosario nos habló de una Amparo Tijeras. Su historia adquirió la misma proporción de realidad y ficción que la de sus jefes. Y hasta yo, que conocí los recovecos de su vida, me confundía con las versiones que venían de afuera.
_ Emilio, ¿sí has oído todo lo que andan diciendo?
_ No me digás nada, viejo – decía-, que me estoy volviendo loco.
Entre los nuestros también se colocaron las historias incorroborables de Rosario, historias que tomaban un pedazo de realidad y el resto se iba añadiendo de boca en boca, acomodándose a las necesidades del interlocutor. Algunas de ellas nos incluían. Pero alcancé a escuchar tantas cosas que nunca pude recopilarlas para contárselas a ella, que gozaba hasta más no poder con lo que decían.
_ Contame, parcero, ¿qué más dicen de mí?
_ Que has matado a doscientos, que tenés muelas de oro, que cobrás un millón de pesos por polvo, que también te gustan las mujeres, que orinás parada, que te operaste las tetas y te pusiste culo, que sos la moza del que sabemos, que sos un hombre, que tuviste un hijo con el diablo, que sos la jefe de todos los sicarios de Medellín, que estás tapada de plata, que la que no te gusta la mandás tusar, que te acostás al tiempo con Emilio y conmigo... en fin, ¿te parece poquito? Qué tal que todo fuera verdad.
_ Todo no – me dijo-. Pero sí la mitad.
Ya hubiera querido ella que todo fuera cierto, y yo también. Porque mi sitio estaba en la mitad excluyente, con las historias que nunca tuvieron lugar, junto con el hijo del demonio, mentiras, porque Rosario nunca pudo tenerlos, junto a las tetas y el culo artificiales, porque yo se los toqué, una sola vez, una sola noche, y nunca antes ni después tocaría algo más real, más de carne, más hermoso; junto a la Rosario que era hombre, mentiras, porque no existía nadie tan mujer.
_Qué más dicen, parcero, contame más.
_ Puras güevonadas. Imaginate. Dizque yo ando enamorado de vos.
_ ¡Eh! Ya no saben qué inventar –dijo ella y me mató.
_ Imaginate –dije yo agonizante."

Monday, April 02, 2007

Si tropiezo y me caigo en el intento me paro otra vez, no hay nada que perder... (Maná - Nada que perder)

On continue avec Perder es cuestión de método de Santiago Gamboa (Editorial Planeta, 2003), l'enquête d'un journaliste fatigué sur une sombre histoire de cadavre empalé et ses ramifications des clubs louches jusqu'aux hautes sphères de Bogotá...

"_ Detective, aquí Estupiñán al habla. Cambio.
_ ¿Ya está listo?
_ Sí, y hablé con Catastro. Me dieron libre hasta el lunes.
_ Entonces salga a la Caracas con Avenida Chile, ahí lo recojo dentro de media hora.
_ ¿A dónde vamos?
_ Otra vez al Sisga.
_ Caray, parece que le gusta ese lago. ¿Hay alguna pista?
_ Por el camino le cuento.
_ Señor sí. Cambio y fuera.
La autopista estaba vacía. Sólo algunos camiones y flotas.
_Permítame una pregunta, jefe – dijo Estupiñán rascándose el mentón-: ¿Usted cree que los liberales son socialdemócratas?
_ No sé, Estupiñán, ¿por qué me pregunta?
_ Es que el otro día leí en El Tiempo que los colombianos no tenemos educación política. Por eso a mí me gusta sacar el tema de vez en cuando, a ver qué aprendo.
_ Pues no sé, el problema es que yo también soy colombiano."

Sunday, April 01, 2007

Agujero, quiero salir de este agujero, quiero tomarme el mundo entero (Jox - Agujero)

Depuis mon arrivée je fais un rattrapage intensif de littérature colombienne. Pour apporter ma pierre aux événements littéraires du mois, je vous propose donc quelques transcriptions de paragraphes de mes dernières lectures.

Pour ouvrir le bal, la première page de Sin tetas no hay paraíso, de Gustavo Bolívar Moreno (Quintero Editores - 2005), l'histoire basée sur des faits réels de Catalina, qui du haut de ses quatorze ans à Pereira a une idée très particulière de l'ascension sociale: trouver à tout prix l'argent de l'augmentation mamaire qui lui permettra de passer du statut de prostituée de quartier à celui d'épouse de trafiquant de drogue:

"Catalina nunca imaginó que la prosperidad y la felicidad de las niñas de su generación quedaban supeditadas a la talla de su brasier. Lo entendió aquella tarde en que Yésica le explicó, sin misericordia alguna, por qué el hombre que ella esperaba con tanta ilusión la dejó plantada en la puerta de su casa :
_¡Por las tetas ! ¡ “El Titi” prefirió llevarse a Paola, porque usted las tiene muy pequeñas, parcera !
Con estas agraviantes palabras Yésica puso fin al primer intento de Catalina por prostituirse, mientras Paola ascendía sonriente a la lujosa camioneta que la conduciría a una hacienda de Cartago donde, por 500 mil pesos, haría el amor y posaría desnuda para un narcotraficante en ascenso con ínfulas de Pablo Escobar apodado “El Titi” en la playa de una descomunal piscina, al lado de otras mujeres igual de ignorantes y ambiciosas y junto a innumerables estatuas de mármol y piedra de las cuales brotaba agua con aburrida resignación.
A pesar de su corta edad, acababa de cumplir los catorce años, Catalina quería pertenecer a la nómina de Yésica, una pequeña proxeneta, apenas de un año mayor, que vivía de cobrar comisiones a la mafia, por reclutar para sus harenes las niñas más lindas y protuberantes de los barrios populares de Pereira.
El descarnado desplante de “El Titi” frustró para siempre a Catalina quien nada pudo hacer por evitar que de sus ojos brotaran ráfagas mojadas de odio y autocompasión. No tengo buena ropa, no me mandé a alisar el pelo, le parecí muy niña, decía, rebuscando en su mente algunas disculpas que pudieran atenuar su humillación. Pero Yésica no la quería engañar. Escueta y crudamente diagnosticó la situación con honestidad aún sabiendo que cada palabra suya le taladraba el orgullo y el ego, pero sobre todo el alma a su pequeña amiga:
_ Paola las tiene más grandes y ante eso, no hay nada que hacer, amiga.
En un segundo intento por reivindicar su naturaleza y su orgullo Catalina llevó sus manos a los senos y se defendió de una nueva humillación replicando que “las tetas” de Paola eran de caucho y que las suyas, aunque muy pequeñas, eran de verdad. Cansada de la pataleta de su vecina de infancia Yésica sepultó su rabieta con el mismo, único y contundente argumento:
_ No importa hermana, las de Paola pueden ser de caucho, de madera o de piedra, pueden ser de mentiras, pero son más grandes y eso es lo que les importa a los “tales” parce: ¡que las niñas tengan las tetas grandes!
Catalina aceptó con rabia y resignación la despiadada explicación de Yésica y maldijo con odio a “El Titi” por haberla privado de obtener sus primeros 500 mil pesos con los que pensaba hacer un gran mercado para mitigar el hambre de su familia a cambio de que su madre le permitiera abandonar para siempre el colegio. El estudio la indigestaba y para ella resultaba de tanta importancia dejar de asistir a la escuela como empezar a ganar dinero a expensas de su inconcluso cuerpo."

Friday, March 30, 2007

Eres epopeya de un pueblo olvidado forjado en cien años de amor y de historia (Celso Piña - Macondo)

CECI N'EST PAS UN LIVRE...

Ceci est le roman le plus emblématique d'un journaliste-activiste politique colombien devenu écrivain et inspiré par ses souvenirs d'enfance, ainé d'une famille de 12 enfants d'Aracataca, village bananier endormi par la chaleur tropicale dans la province du Magdalena, né il y a quatre-vingt ans exactement;

Ceci est un monstre de la littérature colombienne et hispanophone en général, traduit en plus de 35 langues, vendu à plus de 30 millions d'exemplaires depuis sa parution il y a quarante ans exactement;

Ceci est le chef d'oeuvre du plus grand auteur colombien, qui pour l'ensemble de son oeuvre et son influence sur tout un courant littéraire connu sous le nom de realismo mágico, a reçu le prix Nobel de Littérature il y a vingt-cinq ans exactement;

Ceci est une publication de la Real Academia Española et de l'Asociación de Academias de la Lengua Española du monde entier, éditée à l'occasion du XIII Congreso de la Asociación de Academias de la Lengua Española qui s'est tenu du 21 au 24 mars 2007 à Medellin et du IV Congreso Internacional de la Lengua Española qui s'est tenu du 26 au 29 mars 2007 à Cartagena de Indias, et alors que Bogotá est à partir du 23 avril la Capitale Mondiale du Livre en plus d'être Capitale IbéroAméricaine de la Culture 2007;

Ceci est le plus grand phénomène de tous les temps dans le domaine de la littérature en langue espagnole, après avoir épuisé en quelques jours (voire quelques heures dans certains endroits) les stocks de cette édition très particulière, publié à bas prix (tellement bas qu'apparemment cela a même découragé les copies pirates) à 650 000 exemplaires dans tout le monde hispanophone, dont 140 000 en Colombie prétenduemment épuisés la semaine dernière;

Ceci est une édition commémorative revue et corrigée par l'auteur lui-même, préfacé par les plus grands auteurs vivants de langue espagnole -Alvaro Mutis, Carlos Fuentes, Mario Vargas Llosa...-, complété par une généalogie de la famille Buendía et un lexique du vocabulaire de l'auteur;

Ceci est le seul livre dont je suis capable de réciter la première page par coeur, entre autres parce que pendant toute mon adolescence je me suis endormie face à un poster en reproduisant l'introduction, édité par l'Instituto Cervantes;

Ceci est mon acquisition du jour pour 23 000 pesos sur les 45 000 qu'il me restait dans mon porte-monnaie pour vivre cette semaine, et j'en suis extrêmement fière même si je vais devoir manger des pâtes pendant quelque temps;

Ceci est Cien Años de Soledad, de Gabriel García Márquez ...

Sunday, March 25, 2007

Cuando yo me esté muriendo que vengan mis compañeros que toquen y beban ron porque eso es lo que quiero, ay Caramba! (Petrona Martínez - El Parrandón)

Ooops attention, n'oubliez pas qu'il faut lire à l'envers pour avoir les vidéos dans l'ordre ;-)

Non hispanophones, j'ai pensé à vous ;-) Voilà un article qui résume bien le fil conducteur du documentaire précédent. Bonne lecture!

Tambour au féminin: Petrona Martínez, la Reine du Bullerengue

Thursday, March 01, 2007

En el barrio Chambacú fui a visitar una familia de origen bantú que con sus pregones alegraba los rincones (Totó La Momposina - Oye Manita)

Après tout ce blabla, un peu de divertissement!

J'innove dans mon blog: j'ai enfin compris comment montrer des vidéos :-D Il n'est jamais trop tard pour innover...

Je vous propose donc ce joli documentaire sur l'histoire musicale de la Côte Caraïbe colombienne, plus précisément Cartagena et la région des Montes de Maria. A 2-3h de route à l'est, à l'ouest ou au Sud, ce n'est déjà plus la même culture! Et il se trouve que c'est exactement la région d'où vient ma famille: Cartagena, Maria La Baja, Turbaco, Mahates, Malagana... Ce qui fait qu'en regardant le documentaire pour la première fois, j'avais l'impression de voir ma cousine danser le mapale, mon père et mes oncles jouer des percussions et mes grands-tantes assises sur leur chaise en plastique sous les manguiers, hahaha...

Plus que la musique et la danse, ce documentaire montre une foule de petits détails qui font la culture de Cartagena et ses environs. Une partie d'échecs devant le Palacio de la Inquisición, les voix nasillardes des Costeños, les bus, le poisson frit, les timbales en métal... Et les deux petits films d'animation sont une merveille.

Non hispanophones, désolée il n'y a pas de sous-titres. Mais la musique n'a de frontières et la danse non plus, alors ouvrez grand les yeux et les oreilles! Hispanophones ne vous réjouissez pas trop vite et préparez vous à l'accent costeño! Accrochez-vous et vous entendrez toute la musicalité et la poésie du parler de Cartagena de Indias.

Le documentaire est en 5 parties. Je vous conseille de laisser télécharger jusqu'au bout avant de regarder chaque partie: ça évite les coupures. Bonne séance...

Sunday, February 18, 2007

Voilà, c'est fini... (Jean-Louis Aubert - Voilà, c'est fini)

Vous savez donc toute l’histoire. Désolée, ça a été bien long à raconter (et encore plus à écrire). Mais c’est une grosse partie de la réalité de mon quotidien en Colombie depuis mon arrivée il y a 7 mois et demi. La nationalité colombienne ne « sert à rien », quand on a un passeport européen et qu’on peut voyager partout. Pour mon projet professionnel ça me facilite quand même beaucoup la vie de pouvoir être embauchée comme « locale ». Je me sens aussi plus colombienne maintenant que je vis ici donc c’est important sur le plan personnel. Et puis, après 11 ans de démarches, c’est une question de principe et d’amour-propre…

Friday, February 16, 2007

La conclusion que je donne à cette analyse... (MC Solaar - La Devise)

Les circonstances ont fait que je n’ai pu retourner voir Mme Gloria avec mon ancienne logeuse que fin mars, car j’ai été malade, puis elle n’était pas disponible… J’ai donc enfin ma résolution en main, et Mme Gloria l’a envoyé immédiatement au Consulat en me recommandant de la tenir au courant. Le hasard a fait que ce jour-là j’ai re-croisé Loren dans les couloirs. Elle est revenue des Etats-Unis et réintègre son bureau au Service de « Cedulación en el Exterior » début avril. Elle se souvient parfaitement de mon cas et était très étonnée d’apprendre la suite des aventures. Surtout, elle me conseille de la tenir au courant et de venir la voir quand toutes les démarches du Registro Civil seront terminées, pour pouvoir faire un processus express de cédula et ne pas avoir à attendre 2 ans. 2 alliées à la Registraduría :-)

Par ailleurs, mon amie Cata continue à explorer son carnet d’adresses pour me recommander à des gens pouvant m’aider. Prochainement je rencontrerai une Magistrat de la Registraduría qui essaiera de voir si on ne peux pas faire un recours administratif à un moment ou à un autre. Cette procédure obligerait la Registraduría à me délivrer ma cédula dans un délai de… 48h ! Le problème est que je ne peux le faire que dans le cas où l’administration est hors-délai, et je dois réagir très vite. Comme je ne suis pas juriste et qu’il m’est pratiquement impossible de détecter ce genre d’opportunités, je cherche également à prendre enfin un avocat, sans doute l’un des amis de Cata. Plusieurs personnes me disent que je devrais également rendre mon histoire publique, dans les médias, pour ne pas laisser passer ce genre d’inepties administratives à défaut de réussir à faire condamner les fonctionnaires incompétents qui ont jalonné ce parcours. Depuis, j’ai pu m’inscrire à l’assurance médicale obligatoire avec ma contremarque sans plus de problème. J’ai également pu louer un appartement (signature du bail devant Notaire), et éviter d’avoir trop de contrats à mon nom grâce au fait qu’en Colombie les factures restent au nom du propriétaire. Toutes choses qui ont confirmé la possibilité de passer entre les mailles du filet d’ici à ce que ma situation se résolve, au moins tant que j’ai ma contremarque signée. Au travail, les circonstances font que mon contrat sera sûrement prolongé quelques mois, ce qui recule d’autant le moment où je devrais chercher à nouveau du boulot (et donc courir le risque qu’ils n’acceptent pas ma nouvelle contremarque non signée).

Mon billet de retour en France est pour l’instant fixé au 9 juin. Au pire je peux encore le déplacer jusqu’au 14 août (billet valable 1 an). Mais si ma situation ne se résout pas d’ici là, je n’aurai pas de passeport colombien. Soit je déciderai d’utiliser mon billet d’avion quand même, et je devrai payer une belle amende du DAS pour visa expiré (effraction que le DAS garde en mémoire, donc pas terrible pour l’avenir…). Soit je resterai en Colombie en perdant mon billet de retour, jusqu’à avoir un passeport colombien et ainsi prouver qu’ayant la double nationalité je peux séjourner autant que je veux dans chaque pays. Conclusion : famille et amis en France, vous êtes les bienvenus ici car que je ne sais absolument pas si et quand je pourrai rentrer vous voir ;-)

Wednesday, February 14, 2007

Demain, c'est loin, on n'est pas pressé, au fur et à mesure (IAM - Demain c'est loin)

A nouveau, je rappelle régulièrement pour savoir où ça en est. Début mars, l’Assistante m’annonce enfin que la nouvelle résolution est prête, et que je dois aller au Service de Notification du Registro Civil du lundi au vendredi de 8h à 9h pour l’obtenir. Je m’y rends dès que je peux. C’est maintenant beaucoup plus difficile pour moi, car depuis la mi-janvier je suis passée à plein temps, mais ça fait partie des choses importantes à résoudre donc je me lève aux aurores pour faire ça avant d’aller travailler. J’y vais avec une amie d’origine colombienne qui a été adoptée aux Etats-Unis et souhaite demander sa cédula colombienne, afin de faire l’interprète pour elle.

On arrive à 8h15 : Gloria, la fonctionnaire, arrive tranquillement à 8h45… J’ai le numéro de résolution 939 mais elle n’a reçu les résolutions du Service Juridique que jusqu’au numéro 850… Bon, elle appelle le Service Juridique et l’Assistante amène les dernières résolutions, 45 minutes après… nis En attendant elle m’a fait raconter toute l’histoire et est scandalisée. Elle fait plusieurs tentatives pour accélérer une partie ou une autre de mes démarches, mais peine perdue : il faut effectivement suivre le processus indiqué par le Service Juridique. Elle me confirme que ma contremarque n’a aucune valeur selon l’Administration, et qu’en théorie je ne peux pas travailler, ni ouvrir de compte en banque, ni prendre l’assurance médicale obligatoire, ni avoir de passeport colombien me permettant de sortir légalement du territoire avant que ma nouvelle cédula arrive, d’ici 2-3 ans. Elle me dit aussi que lorsque je referais ma demande de cédula on me donnera une nouvelle contremarque, mais qu’elle ne sera pas signée (en Colombie c’est la signature du fonctionnaire qui donne valeur de document d’identité à la contremarque, et ce n’est pas automatique). En effet, cela a été une erreur du Vice-Consul de signer la contremarque que j’ai en ce moment car cela lui donne une pseudo-valeur qu’elle n’est pas censée avoir. Elle est désolée, mais elle prend le temps de m’expliquer en long et en large et jusqu’à ce que je comprenne toutes les étapes qui me restent à effectuer… avant de pouvoir faire ma nouvelle demande de cédula.

En gros, elle doit envoyer la résolution au Consulat de Colombie à Paris, afin qu’ils annulent effectivement mon Registro dans leurs archives (délai : 1 mois). De mon côté je dois faire traduire mon Acte de naissance français par un traducteur officiel, faire authentifier la traduction, faire un Acte notarié rectifiant mon nom à l’aide de mon Acte de naissance traduit, puis envoyer l’Acte notarié à ma mère qui le présentera au Consulat. Le Consulat fera donc une nouvelle correction sur le Registro Civil de 1980. Ensuite le Consulat enverra la correction à la Registraduría Nacional à Bogotá (délai : 1 mois). A la suite de quoi je devrais faire un nouveau « derecho de petición » (délai : 15 jours ouvrables) pour qu’on m’autorise à faire les démarches de cédula depuis Bogotá bien que je les ai commencées à Paris. Je pourrai alors… genre en mai… faire ma nouvelle demande de cédula !

Bref, après 2h d’explications, Gloria demande à mon amie sa cédula. Ben tiens, pourquoi donc, elle venait justement se renseigner pour ça… Ah, c’est qu’en fait la fonctionnaire croyait depuis le début que la personne assise à côté de moi était la personne qui avait signé ma demande... Et qui est en fait la seule personne à qui elle peut délivrer la résolution !!!! Il faut donc en fait que je revienne avec mon ancienne logeuse car vu qu’on me considère comme une mineure, je ne peux pas retirer ma propre résolution… Grrrr….

Monday, February 12, 2007

J'connais la baronne du Maine, son fils Absalon, j'vais les voir chez eux un'fois par s'maine (Charles Trenet - Les relations mondaines)

A nouveau, j’ai recours aux relations. Cata me présente un nouveau contact, qui a travaillé à la Registraduría Nacional. La dame me reçoit chez elle pour pouvoir consulter tous les documents que j’apporte et que je lui explique la situation. Pour la énième fois, je fais le récit de mes aventures… Je luis montre la résolution et lui explique le « coup » que m’a fait la Directrice du Service Juridique. Elle lit la résolution avec beaucoup d’étonnement, trouve qu’ils sont vraiment allés chercher la petite bête, puis m’annonce que la fameuse Directrice est l’une de ses très bonnes copines ! Elle me garantit qu’elle tentera de l’appeler, ainsi que le Directeur du Service du Registro Civil, qu’elle connaît aussi, afin qu’ils accélèrent l’annulation du Registro Civil et que je n’ai pas à attendre 3 mois…

De mon côté, j’ai pris une décision ferme : je ne quitterai pas le territoire au 15 février. Sortir du territoire, pour aller où ? Au Venezuela, où je pourrais en profiter pour rendre visite à une partie de la famille, ou bien je dois forcément retourner en France, ce qui me forcerait à racheter un billet d’avion hors de prix ? Par ailleurs, j’ai commencé à travailler, et sortir du territoire ne me garantit pas qu’on m’autorisera à re-rentrer une ou deux semaines plus tard pour une nouvelle période de six mois : le risque est trop grand. Ne pas sortir maintenant implique ne pas pouvoir sortir jusqu’à ce que ma situation soit réglée, mais j’ai encore au moins 4 mois de boulot où je dois rester à Bogotá, de toutes façons… Il suffit de rester discrète, d’éviter de voyager même en car. Seule la Registraduría considère que mon document temporaire n’est pas valide, mais pourtant j’ai bien réussi à décrocher un boulot et ouvrir un compte en banque avec, alors que la Registraduría m’assurait du contraire… Je pourrais donc continuer à me glisser entre les mailles du filet. Et puis après tout… l’administration colombienne est tellement lente pour délivrer les cédulas que des centaines de milliers de colombiens sont obligés d’utiliser leur contremarque en attendant : je ne suis qu’une personne parmi toutes celles-là… Et puis à la fin, pourquoi devoir sortir du territoire : je suis colombienne !

Fin janvier début février, je relance la Registraduría : toujours 90 jours de délai, et le contact de Cata : malgré tous ses efforts elle n’est pas arrivée à ce que l’Assistance lui communique la Directrice du Service Juridique, qui est apparemment débordée de travail en ce début d’année, mais elle a laissé plusieurs messages sur mon cas… Avant de rentrer dans la semi-illégalité, je souhaite quand même me protéger un peu et je demande au Service Juridique de me rédiger une attestation que la procédure est en cours auprès de leurs services. L’Assistante me l’avait déjà proposé quelque temps auparavant, donc je la prends au mot. Elle me confirme par téléphone qu’il n’y a aucun problème. Le lundi 12 janvier, je me rends donc à la Registraduría pour obtenir cette attestation. Arrivée sur place, les différents filtres à l’entrée ne me croient pas et me disent que l’administration ne délivre pas ces attestations. Après 45 minutes de débat et après m’avoir renvoyée de bureau en bureau (4 allers-retours très exactement), on accepte enfin de me faire rentrer. Il faut dire que depuis 3 mois je viens régulièrement, la plupart du temps en dehors des heures de réception du public, et les agents de sécurité –qui me connaissent maintenant par mon prénom- en ont un peu marre de me voir…

L’Assistante me reçoit et me fait poireauter plus d’une heure dans le bureau du Service Juridique. Je trouve ça gonflé, pour une attestation que j’ai demandée il y a plusieurs jours. Mais bon, je ne proteste pas… Aujourd’hui ni larmes ni scandale : j’ai décidé de rester de toutes façons, donc j’attend l’attestation, stoïquement... Lorsqu’elle arrive enfin, on me demande de la signer pour accuser réception. Je ne signe jamais rien sans lire d’abord, et là je découvre que l’attestation se termine par : « Nous répondrons à votre demande sous 15 jours ouvrables » !! Je demande à l’Assistante si j’ai bien lu et si je ne rêve pas. Non, non, la Directrice du Service Juridique a décidé d’accélérer la procédure ! Ah ? Bon. Ok, euh... merci ! Le jour où je ne « demande rien », ils décident d’accéder à ma demande ! A trois jours de l’expiration définitive de mon visa, et donc du moment où je suis censée partir de Colombie, on m’annonce une décision pour dans 15 jours ouvrables… La logique de l’administration…

Saturday, February 10, 2007

Me siento atrapada, alma engañada... (Paulina Rubio - Enamorada)

Le lundi 22 janvier, je passe à la Registraduría pour avoir des nouvelles. J’en profite pour essayer de voir Loren, mais on m’apprend qu’elle a quitté définitivement la Registraduría… et la Colombie, pour partir s’installer aux Etats-Unis ! Mince, j’ai perdu un contact à la Registraduría…

L’Assistante du Service Juridique constate que ma demande n’a pas encore été traitée. Après quelques recherches supplémentaires, elle m’annonce une nouvelle coup de massue : ma demande n’est pas un « derecho de petición » comme la lettre que m’avait faite Loren en décembre, mais une demande normale. Donc elle n’a pas un délai de réponse de 15 jours ouvrables mais…90 jours ouvrables, soit près de 4 mois !!!!!!!!!!!!!!

J’explique à l’Assistante que j’ai fait exactement ce que m’avait dit de faire la Directrice du Service Juridique, qui m’a assurée que j’aurai une réponse fin janvier !! C’est normal, me dit l’Assistante, la Directrice n’est pas autorisée à conseiller la procédure rapide et ne pouvait que m’expliquer la procédure normale. Il n’y a rien à faire, j’aurai une réponse dans 3 mois et c’est tout. Mon visa va expirer ? Mademoiselle on ne peut rien pour vous, il vous faudra quitter le territoire colombien.

Thursday, February 08, 2007

Hammer of Justice Crushes You (Metallica - ...And Justice For All)

Le jeudi 28 décembre, le Service Juridique du Registro Civil me délivre enfin sa réponse, 1 jour après ma miraculeuse extension de visa. Le comble, c’est que la lettre est datée du 26 décembre… L’assistante me remet 3 pages de résolution juridique absolument incompréhensible, donc j’exige d’être reçue par la Directrice du Service pour qu’elle me les traduise en espagnol courant.

Loin de simplifier la situation, la réponse du Service Juridique empire les démarches. Le Service a conclu que mon Registro de 2005 devait être annulé, afin de revenir à celui de 1980 et corriger ce dernier. La Directrice me dit que l’annulation de mon Registro n’est pas automatique, mais que c’est à moi de faire la demande auprès du même Service !! Et d’ailleurs, même pas, car la Registraduría considère que mon document d’identité temporaire n’a aucune validité (et donc que théoriquement je n’ai pas le droit de travailler). Je suis donc considérée à peu près comme un mineure : un citoyen colombien adulte doit signer pour moi ! La Directrice me donne le formulaire et m’explique comment faire. Cette démarche prendra à nouveau 15 jours ouvrables, à la suite de quoi je pourrai enfin refaire ma demande de cédula. C’est ubuesque…

Tous les gens que je connais autour de moi et à la Registraduría, comme Loren, sont en vacances et je ne peux donc demander conseil à personne. Je fais donc au plus vite ce qu’on m’a dit de faire. L’après-midi même ma logeuse accepte de signer pour moi, je réunis tous les documents et je reviens à la Registraduría. Ah, on m’apprend qu’il manque une photocopie qu’on ne m’avait pas demandée jusqu’alors ! On me dit que je peux faire des photocopies en face, à la Gubernación de Cundinamarca et on m’ assure que c’est encore ouvert. Je traverse l’Avenida El Dorado en courant, mais peine perdue : la Gubernación est fermée, revenez demain… Le lendemain j’arrive à la Registraduría à 12h30 car il m’a fallu travailler le matin : trop tard. C’est le week-end avant le Jour de l’An et l’administration a exceptionnellement fermé à 12h… Lundi c’est férié, rien à faire… Mardi, je dépose enfin ma demande !!

Dans la semaine, histoire de pas les laisser s’endormir, j’appelle le Service Juridique. L’assistante n’a toujours pas reçu ma demande. La semaine d’après elle me confirme qu’elle l’a reçue, datée du 10 janvier : je l’ai déposée au Service du Courrier Interne le 2 janvier, et elle mis 8 jours pour grimper 2 étages !!! Elle m’apprend aussi que les avocats sont en vacances jusqu’au 20 janvier, et que ce sont eux qui doivent faire la démarche. Donc, rien à faire jusqu’au 20, de toutes façons ça rentre encore dans le délai de 15 jours ouvrables… Quand même, c’est pas le top car ça ne me laissera que 2-3 semaines pour ma démarche de demande de cédula avant que mon visa arrive définitivement à expiration sans possibilité de le prolonger, cette fois…

Tuesday, February 06, 2007

J'haïs Noël et toutes ses bêtes fêtes (Corneille - Seul au monde)

15 jours ouvrables, ce sont à peu près 3 semaines. Seulement, comme par hasard… d’après mes calculs l’échéance des 15 jours ouvrables tombe à peu près le 24 décembre…Vers le 20, je commence donc à appeler le Service Juridique pour avoir des nouvelles : pas encore, me dit-on… J’ai commencé à travailler le 15 décembre, de 9h à 13h, et Sumi est arrivée quelques jours après. Tous les 2 jours je passe un coup de fil à la Registraduría l’après-midi, après le boulot. Bizarrement j’ai beaucoup de mal à les avoir au téléphone.

Le vendredi avant le week-end de Noël, je débarque donc à la Registraduría pour exiger du nouveau. Le temps de sortir du boulot, manger sur le pouce et sauter dans un taxi avec Sumi, on arrive sur place vers 14h30. Sur place règne une drôle d’ambiance : des fonctionnaires accompagnés de leur famille entière rentrent peu à peu dans le bâtiment et se dirigent vers la Cour intérieur où a été érigée une énorme estrade, on entend des musiciens accorder leurs instruments et des techniciens régler le son… Et là je réalise qu’on est en pleine période des Novenas, c’est-à-dire qu’à partir de 14h30 / 15h il n’y a plus personne dans les bureaux et tout le monde se réunit dans pour prier et chanter!

Nooooooooooooonnnnn, pas maintenant ! Pourquoi !! J’ai une affaire urgente à régler !!! Mon visa arrive à expiration !!!! Je vais devenir illégale ou devoir quitter le pays, alors que je viens de trouver un boulot !!!!! Je croise dans un couloir les fonctionnaires du Service Juridique, qui me disent de revenir mardi matin, lors de l’horaire d’ouverture au public. Je leur rappelle l’urgence de la situation, leur demande s’il y a du nouveau, les supplie… Rien à faire. Elles sont pressées d’aller à la Novena et me laissent là, plantée dans le couloir…

Le vendredi soir je pars pour Cartagena… je laisse Sumi continuer son séjour là-bas et je reviens le lundi de Noël au soir : bien que je n’ai pratiquement rien à faire au travail je dois rester « de garde » à Bogota pour le boulot, et pour m’occuper de toutes ces démarches administratives qui doivent justement aboutir ces jours-ci. Le mardi matin, 26 décembre, à la première heure, je suis dans les bureaux du Service Juridique avant d’aller travailler. Ah non, me dit l’assistante de la Directrice, le document n’est pas encore prêt, revenez demain ou jeudi… J’insiste, je gueule, je supplie, je pleure, rien à faire…

Le lendemain 27 décembre, toujours sans nouvelles de la Registraduría, je vais au DAS demander mon extension de visa. La situation est plus délicate qu’en octobre, car j’ai commencé à travailler et donc mon statut de touriste est devenu purement virtuel. Théoriquement, le DAS est tout puissant et peut me détenir et me reconduire à la frontière sans plus de procès. Mais mon document temporaire colombien rend ma situation d’ « étrangère » ambiguë. Je me présente donc au DAS : pas par l’entrée principale mais pour expliquer ma situation à un contact par mon amie Cata qui travaille là. Relations, toujours relations… Grâce à l’intervention de ce contact, le chef du bureau des visas accepte de prolonger mon visa jusqu’à la date maximale (15 février, 6 mois après mon entrée sur le territoire), le temps de résoudre ma situation avec la Registraduría. Son assistant me confirme que lorsque j’aurai mes papiers colombiens en règle, je n’aurai pas de démarche spéciale à faire, notamment pas à sortir du territoire ni à faire des démarches spéciales pour être enregistrée comme colombienne et non française, comme on m’avait dit au départ. Ouf…

Sunday, February 04, 2007

J'ai des relations mondaines, j'ai des relations... (Charles Trenet - Les relations mondaines)

Suite à cette première aventure au CAN, et vu que la voie normale ne semble pas donner de fruits (ou plutôt, des fruits pourris…), je change de méthode et je commence à solliciter de l’aide autour de moi. Ma logeuse me présente à un de ses amis, Jaime, retraité de la Registraduría Nacional. Plus précisément du bureau de « Cédulación en el Exterior », c’est-à-dire des Colombiens enregistrés en dehors de la Colombie… comme moi ! Ca tombe pile poil.

Un matin, on repart donc, Jaime et moi, à la Registraduría. Il est aux anges car il en profite pour faire le tour de l’institution et revoir tous ses anciens collègues. Et en passant il me présente à l’une de ses amies, Loren, devenue responsable du bureau à sa place. J’explique mon cas depuis le début : tout le bureau est abasourdi d’apprendre que ça fait 10 ans que j’essaye d’obtenir ma cédula.

Loren explore ses archives et retrouve une lettre envoyée par son service au Consulat de Colombie à Paris. Datant de mai 2006, soit bien avant que je ne parte en Colombie, la lettre stipule que ma cédula ne peut être émise car, au lieu d’envoyer une demande d’expédition de cédula, le Consulat a envoyé… une demande de duplicata !!! En toute logique, l’administration nationale a dû répondre qu’elle ne pouvait faire de duplicata d’un document qui n’a jamais existé !!! Tout d’un coup beaucoup de choses s’éclairent : pourquoi la fille du Consulat me disait qu’il y avait un problème avec ma demande, pourquoi ma demande de cédula était introuvable, pourquoi j’ai une contremarque correspondant à une cédula n’arrivera jamais… Je suis en état de choc dans le bureau de Loren… Je n’arrive pas à retenir une crise de larmes… Ca provoque la panique de tous les employés du bureau de Cédulación en el Exterior, qui viennent me consoler et me jurent qu’ils feront leur possible pour m’aider.

Loren me dit alors qu’il faut refaire une demande de cédula, mais que cela peut se faire directement dans les bureaux de la Registraduría Nacional et que ça ne prendra pas beaucoup de temps. Elle me demande si j’ai des photos d’identité sur moi : oui j’en ai. Mon Registro Civil ? Euh… oui je l’ai mais apparemment il y a un problème avec mon Registro Civil… Loren n’en croit pas ses oreilles : pour elle mon Registro est parfaitement valable. Elle va elle-même au bureau de Registro Civil demander à ses collègues (ceux qui m’ont reçu la semaine précédente) et se fait confirmer la non-validitéé du Registro de 2005 et le problème de nom sur le Registro de 1980. C’est un gros problème : le Registro Civil est le document sur lequel se base la demande de cédula, et donc on doit vérifier que j’ai un Registro Civil en ordre.

Elle m’aide donc à rédiger une lettre pour le Service Juridique du bureau de Registro Civil, afin qu’ils statuent rapidement sur la validité ou invalidité de l’un ou l’autre des Registros. Loren me fait les photocopies nécessaires et fait enregistrer elle-même ma lettre auprès du Service Juridique, qui me garantit une réponse dans les 15 jours ouvrables. Donc en théorie, dans 3 semaines je peux refaire une demande de cédula et l’obtenir rapidement… On est dans les premiers jours de décembre et mon extension de visa court jusqu’au 27 décembre…

Friday, February 02, 2007

Zen, restons Zen, du sang froid dans les veines, Zen (Zazie - Zen)

Je fais donc ma première visite d'une longue série à la Registraduria Nacional, dans le CAN, le Centro Administrativo Nacional. Le CAN, c'est un énorme quartier entier de Bogota consacré exclusivement aux bureaux des administrations provinciales et nationales. Tous les quartiers généraux des Forces Armées, de la Police Nationale, le Ministère de la Défense, l'Etat Civil etc... sont réparties le lond de la Avenida El Dorado.

Je me présente donc à l'acceuil de la Registraduria Nacional avec mon document temporaire. La fonctionnaire ne retrouve pas mon numéro dans les fichiers. Les numéros de document temporaire précédents et suivants apparaissent, et ont effectivement été délivrés par le Consulat de Colombie en France, mais pas de trace du mien. Pendant une demi-heure, elle cherche par tous les moyens à retrouver mon dossier avec ses collègues et sa chef. Sans succès. Elle m'annonce alors qu'avec le document temporaire qu'on m'a délivré, je ne recevrai jamais mon document définitif (!!!) car le dossier n'apparaît pas. Ca ne sert à rien d'attendre, me dit-elle, il faut relancer une demande de carte d'identité à l'aide de mon registre d'état civil.

Registre? Mais justement on ne le retrouve pas non plus et c'est pour ça qu'on m'a envoyé là! La fonctionnaire m'envoie alors directement au bureau national de l'Etat Civil, dans un autre bâtiment. Là, avec mon numéro de série, les fonctionnaires épluchent tous les registres informatiques sans me trouver. Puis ils demandent à voir la copie de mon registre et arrivent à la conclusion suivante:

- Votre registre n'a pas été enregistré sur informatique lorsqu'on l'a reçu, tout simplement (sic) parce qu'il a été mal rédigé.
- Mal rédigé???!!! Encore???!!! Mais c'est justement la nouvelle version, qui corrigeait l'erreur de nom sur l'ancien!
- Oui, il n'y a pas de problème par rapport au nom, mais le registre n'est pas valide car il n'a pas été fait en présence des deux témoins obligatoires.
- Mais la dame du Consulat l'a fait devant moi sans jamais me dire qu'il fallait des témoins! Et lorsqu'il y en a besoin elle demande à des gens dans la salle d'attente de bien vouloir faire office de témoins pour la circonstance, même pour des inconnus! La preuve, on m'a déjà demandé d'être témoin pour enregistrer un bébé sur les registres du Consulat, et finalement je n'ai pas pu parce qu'il fallait être détenteur de sa cedula!!! Si j'avais eu besoin de témoins, ça n'aurait pas été un problème donc pourquoi j'apprends aujourd'hui que mon registre n'est pas valable pour absence de témoins???!!!!
- Voyez avec le Consulat, Mademoiselle.
- Comment voulez-vous que je voie avec le Consulat à Paris si je suis devant vous à Bogota, avec l'intention de rester en Colombie?? Et alors que le Consulat m'a justement dit de voir avec l'administration nationale à Bogota!!!
- Votre registre n'est pas valable, Mademoiselle, il faut le faire annuler auprès du Consulat.
- ....

On est déjà en novembre. Après trois mois en Colombie j'apprends donc que mon 2e registre est lui aussi invalide, et que ma 3e demande de carte d'identité s'est à nouveau terminée en queue de poisson...

Wednesday, January 31, 2007

J'tourne en rond, j'cours toujours, et je tourne autour... (Zazie - Je tourne)

Dans les semaines suivantes j'ai appelé le Consulat chaque semaine pour savoir s'ils avaient des nouvelles de Bogota: rien. Au moment d'acheter mon billet d'avion, le gars de l'agence m'a prévenu que si je partais avec mon passeport français je ne pouvais pas avoir un billet d'avion de plus de 3 mois et m'a conseillé d'appeler la compagnie pour être sûre. La compagnie, elle, m'a dit de voir avec le Consulat. Le Consulat m'a dit de voir avec la Compagnie. Donc j'ai fini par prendre un billet d'avion valable un an, tout en fixant le retour à une date de moins de 3 mois que je savais que j'allais repousser, perdant d'office ma possibilité gratuite unique de changer ma date de retour parce que personne n'avait été capable de me répondre... Et je suis finalement partie avec mon passeport français et j'ai donc reçu à nouveau le fameux tampon "TV" une nouvelle fois, valable 2 mois par contre.

Arrivée en Colombie, je commence à me renseigner pour savoir où en est ma demande de carte d'identité. La première étape, me conseillent d'autres bi-nationaux, c'est d'aller à la Notaria Primera demander mon registre d'Etat Civil. A la Notaria Primera, la dame me dit qu'elle a besoin du "numéro de série" inscrit en haut de mon registre pour le retrouver dans les archives. Pas de chance, ma photocopie est coupée pile à cet endroit! J'appelle Môman en France à la rescousse, pour qu'elle demande au Consulat une nouvelle copie de mon registre. Le Consulat accepte en traînant les pieds car ils affirment que la Notaria n'a pas besoin de ce numéro...

Je retourne à la Notaria quelques semaines après avec le fameux numéro: la dame ne trouve pas mon registre... Elle me fait passer dans la salle d'à-côté pour que je cherche moi-même parmi les archives. La salle est tapissée d'énormes classeurs avec les noms des pays sur la tranche. Venezuela et Etats-Unis occupent la moitié de la salle. Elle me donne le classeur "Francia" qui correspond à mon numéro de série, et repart au guichet assailli par une foule impresionnante. Je cherche minutieusement parmi les registres qui, effectivement, sont classés par un numéro de série qui ne correspond pas à l'ordre chronologique (!). Rien.

La dame revient toutes les dix minutes pour me donner un nouveau classeur. Au bout d'une heure, j'ai épluché tous les classeurs receuillant les registres des colombiens nés en France au cours des 5 dernières années. Je peux alors faire une étude sociologique de l'immigration colombienne en France (nombre d'enfants franco-colombiens Vs enfants de 2 parents colombiens, le parent colombien est-il plus souvent la mère ou le père, le prénom le plus courant parmi les colombiens de 2e génération, etc...). En revanche, pas de trace de mon registre... La dame est désolée pour moi et me dit de m'adresser à la Registraduria Nacional, qui est l'administration centrale de l'Etat Civil Colombien, pour savoir ce qui se passe.

Avec toutes ces démarches, mon visa arrive presque à échéance, et je vais au bureau du DAS pour demander à le faire renouveler. A nouveau, les fonctionnaires ont du mal à me voir comme une touriste et me regardent bizarrement, d'autant plus qu'on se rend compte qu'on m'a encore mis un tampon "TV" au lieu de "TU"! Bon, j'arrive finalement à convaincre et on me fait mon extension de visa jusqu'au 27 décembre, date de mon retour sur mon billet d'avion. Ca, c'est cool parce qu'en général le DAS ne délivre que des extensions d'1 mois et il faut se retaper la même démarche tous les mois même si on sait d'entrée qu'on va rester 6 mois. Comme souvent dans mes démarches en Colombie, les bonnes comme les mauvaises nouvelles tombent sans explication ni raison apparente... J'ai donc 3 mois de plus pour démêler l'affaire avec la Registraduria Nacional.

Monday, January 29, 2007

Vlan! Prends ma douce main dans ta face... (Zazie - La Zizanie)

Vers le printemps 2006, je commence à réfléchir sérieusement à chercher du travail en Colombie; j'ai déjà quelques contacts... Je commence à me renseigner sur les billets d'avion, sans savoir comment je rentrerai en Colombie...

Pour les touristes français, il n'y a pas besoin de visa donc c'est un souci en moins. Seulement, si je rentre comme touriste, je n'aurai pas le droit de travailler. Il faudrait donc entrer en Colombie avec un visa de travail, mais ils ne sont délivrés qu'avec une preuve d'embauche. Or je me rends compte qu'il est pratiquement impossible de trouver un travail en Colombie tout en étant en France, et qu'il faut au contraire que je puisse me rendre sur place pour pouvoir démarcher, prendre des contacts etc...

Une solution plus osée serait de me rendre en Colombie comme touriste avec mon passeport français. Mais alors, je serai officiellement française en Colombie, et je devrai demander un visa de travail sur place une fois que je trouve du boulot, dans tous les cas. Problème, les touristes ont le droit de rester 6 mois en Colombie, donc que se passera-t-il si je n'ai pas trouvé de boulot dans les 6 mois?

Je retourne donc au Consulat avec toutes mes questions, et je demande à revoir le Consul. Le Consul ne peut pas me recevoir, mais la Vice-Consul si. Bon, je recommence mon histoire depuis le début pour la Vice-Consul. Atterrée elle aussi, mais surtout elle a pitié de moi. Drôle de sentiment pour une fonctionnaire censée être en position de pouvoir pour faire avancer ce genre de situation...

Elle fait le tour des solutions qui s'offrent à moi:
- Passeport colombien: "Il n'y a rien à faire; on ne peut pas vous délivrer de passeport tant que vous n'avez pas votre carte d'identité définitive, et pour cela il vous faut encore attendre 1 an."
- Passeport colombien temporaire: "Impossible; on est obligés d'attendre le résultat de la recherche d'empreintes et on ne peut pas accélérer le processus."
- Visa de travail: "Il n'en est pas question Mademoiselle, vous êtes colombienne." (sic)
- Visa de résident en tant que parent d'un citoyen colombien: "Ah oui, ça pourrait être la solution pour vous Mademoiselle. Ce statut vous permet de travailler; le visa est valable 2 ans. En fait pour obtenir ce statut, il faudrait juste que vous renonciez à la nationalité colombienne. Ca serait le plus simple pour vous..."


La Vice-Consul de Colombie en France, alors que je lui demande de m'aider à obtenir les documents d'identité colombiens auxquels j'ai droit de par la loi colombienne, ne trouve donc rien de mieux à me dire que de renoncer à la nationalité colombienne. C'est à mon tour d'être atterée...

Je lui dit que c'est hors de question et que là n'est pas la question. D'après elle, si je veux faire avancer ma situation, c'est directement à Bogota qu'il faut que je le fasse. Je lui demande si ce qu'elle est en train de me dire c'est de rentrer en Colombie en tant que touriste avec mon passeport français pour y chercher du travail. Du bout des lèvres et en tournant autour du pot, elle répond par l'affirmative. Puis elle met le dernier coup de marteau pour bien enfoncer le clou de son incompétence dans mon dossier, en me disant qu'elle ne peut pas faire plus pour moi:
- "En arrivant à Bogota, prenez un avocat, c'est tout ce que je peux vous conseiller. Que pena con usted."

Le vrai gâchis de la conversation avec la Vice-Consul, c'est de ne pas l'avoir enregistrée...

Saturday, January 27, 2007

Pour que je les ouvres un jour, dis-moi que j'ai toujours la vie devant moi (Zazie - La vie devant moi)

Comme mon projet de partir en Colombie se précise, je ne m'avoue pas vaincue. Quelques semaines plus tard, je suis de nouveau au Consulat et je demande à parler à Monsieur le Consul. Je lui raconte mon histoire depuis le début. Il est attéré. Il demande à la fonctionnaire en charge des documents d'identité d'envoyer d'urgence un mail à l'administration centrale à Bogota, pour savoir s'ils ont déjà reçu le résultat de la recherche d'empreintes. Si le résultat est arrivé, et même si la carte d'identité définitive met encore plusieurs mois à arriver, on peut faire un passeport temporaire valable pour un seul voyage, me dit-il. Cela permettrait de débloquer la situation effectivement. Pas de problèmes, la fonctionnaire le rédige de suite et me dit que son interlocutrice répond rapidement en général.

Quelques jours plus tard j'appelle la fonctionnaire: pas de nouvelles de Bogota. Je rappelle la semaine d'après: pas de réponse. J'insiste encore: rien. Entre temps je suis passée à temps plein pour économiser pour mon départ, ce qui ne facilite pas les choses sachant que le Consulat n'ouvre que de 9h à 13h pours les sollicitudes en personne et ne répond jamais au téléphone l'après-midi quand ils sont censés justement répondre aux demandes téléphoniques. Je me demande encore comment font les pauvres provinciaux pour ce genre de démarches...

Bref... un jour j'arrive à trouver le temps d'aller au Consulat. La fonctionnaire me dit qu'elle a reçu une réponse de sa collègue. Euréka! La réponse, c'est qu'elle ne retrouve pas ma demande de carte d'identité... Je jette un coup d'oeil suspect dans le bureau... Non, il n'y a pas de caméra cachée pour me faire une blague, c'est bien la réalité... Je n'en crois pas mes oreilles.

Thursday, January 25, 2007

La vie devant moi, pour que je ferme les yeux sur les portes qui se ferment (Zazie - La vie devant moi)

Quelques temps après mon retour de Colombie, je décide d'y retourner pour y chercher du boulot et essayer de m'installer quelque temps. Je vais donc au Consulat savoir où en est ma demande de carte d'identité. Pas de nouvelles, et en plus ça ne fait même pas un an que j'ai fait la demande, donc ça ne sert à rien de venir demander maintenant, me dit-on.

Bon... Quelques semaines plus tard, je reviens à la charge. Je n'ai pas encore mon document définitif, certes, mais je demande à avoir un passeport. J'ai appris que tout colombien peut demander un passeport même s'il n'est muni que de son document temporaire. A Bogota je suis même passée par hasard devant le bureau où on les délivre: il faut venir le matin, et on reçoit son passeport en quelques heures. Quelques heures, vous avez bien lu. Comme quoi l'administration colombienne peut faire vite quand elle veut.

La fonctionnaire me répond:
- Ah non! Pas dans votre cas...
- Pardon?
- Vous avez fait votre première demande de carte d'identité après vos 25 ans, donc on doit procéder à une recherche d'empreintes, et on peut pas vous délivrer de passeport sans le résultat de la recherche.
- ...

Non ce n'est pas une blague: non seulement je dois attendre 2 ans au lieu d'1 pour avoir ma carte définitive, mais en plus ma carte temporaire ne me donne pas les mêmes droits qu'aux autres colombiens. Je crois rêver... La fonctionnaire me dit qu'il n'y a rien à faire sinon attendre...

Tuesday, January 23, 2007

La vida te da sorpresas, sorpresa te da la vida, ay Dios... (Ruben Blades - Pedro Navaja)

Début 2006, je commence à former le projet de partir m'installer en Colombie. Je pars deux semaines entre fin février et début mars, pour une première visite "exploratoire". C'est un court séjour donc je ne me soucie pas trop de ma demande de carte d'identité en cours. Je pars avec mon passeport français qui me donne le droit de rentrer en Colombie sans visa (et de sortir sans problème) en tant que touriste.

A l'arrivée à Bogota, le fonctionnaire du service d'immigration (le DAS - Departamento Administrativo de Seguridad) me pose les questions d'usage:
- Que venez-vous faire en Colombie? Combien de temps restez-vous? etc...
- Je viens faire du tourisme et rendre visite à ma famille et à des amis.
- Ah, ok. Effectivement vous parlez bien l'espagnol, je me demandais... Mais si vous avez de la famille colombienne, vous avez vos papiers colombiens?
- Non, je n'ai pas de passeport colombien, monsieur.
J'évite les détails, il me met un tampon sur mon passeport et je ne m'en soucie pas vraiment. Après 10h de vol, le tampon c'est le signe qu'on va enfin respirer de l'air frais et pouvoir se reposer. Pas le moment de se poser des questions existentielles...

Le jour de mon départ, 15 jours après, je repars directement de Cartagena à Paris avec une escale de 3h à Bogota. A Bogota, il y a un aéroport national (Puerto Aereo) et un international (Aeropuerto Internacional El Dorado), l'un à côté de l'autre. Avianca n'a pas trop de retard sur le vol national, encore une chance... Je récupère mes 2 bagages extra-lourds et prends la navette de suite. Du coup je me retrouve à El Dorado dans les premiers à enregistrer pour le vol à destination de Paris.

En faisant la queue, je découvre horrifiée le montant de la taxe d'aéroport: j'ai totalement oublié de garder des sous pour la payer! Mais je vois que ce n'est pas un si gros montant vu qu'en tant que touriste je suis dispensée d'une seconde taxe plus élevée. Bon, je n'ai "plus qu'à" trouver un distributeur. Soit dit en passant, en Colombie il n'y a pas de charriot à bagages à disposition des passagers, mais des coolies qui louent leurs services (et leur chariot). Je m'abstiens donc et me trimbale avec mes valises à l'étage au-dessus (sans ascenseur) jusqu'au distributeur. Je retire les sous nécessaires et repars faire la queue.

Après quand même vingt minutes, l'hôtesse qui jette un coup d'oeil préliminaire aux passeports des gens qui font la queue arrive jusqu'à moi. Etonnée, elle me demande ce que je suis venue faire en Colombie. Je répète:
- Faire du tourisme et voir ma famille et des amis
- Ah bon? C'est bizarre, vous n'avez pas un visa de touriste sur votre passeport!
- QUOI???!!!!
- Ben oui, vous avez un tampon "TV" au lieu d'un tampon "TU". Le tampon "TV" ne vous dispense pas de la deuxième taxe d'aéroport.

Aaarrrgghhh... Un groupe de filles colombiennes et européennes derrière moi prend ma défense et crie au scandale. Peine perdue, il faut voir ça avec le DAS. Comme je ne suis pas trop pour laisser mes bagages pour aller au bureau du DAS, elles prennent l'affaire en main et vont se renseigner pour moi. Elles obtiennent que la fonctionnaire accepte d'étudier mon cas, mais si je me déplace moi-même. Et c'est reparti pour un tour dans l'aéroport avec mes valises et en abandonnant ma place dans la queue encore une fois. Arrivée au guichet, je demande, je supplie, j'explique, je m'énerve. La fonctionnaire prend mon passeport sans m'adresser un regard, puis appose un coup de tampon et me le rend sans plus de commentaires: "TU"! Euhh... merci!

Je repars vers la queue, l'encre de mon "TU" à peine sèche et je brandis mon passeport au visage de l'hôtesse. Elle me dit:
- Ah, quelle chance! Maintenant vous pouvez aller demander l'exemption de taxes
- Comment ça, c'est pas automatique?
- Ah non, il faut que vous alliez demander un certificat d'exemption au bureau XYZ

Et c'est re-reparti! Le monsieur me regarde d'un air louche (quinze minutes avant, l'hôtesse lui avait montré mon tampon "TV") mais me délivre le fameux sésame. Pffioouuuu... Je retourne enfin dans la queue et j'enregistre parmi les derniers passagers, épuisée, en sueur, énervée... Les filles derrière moi m'affirment que tout cela n'a sûrement pas été le fruit d'une erreur. Elles y voient plutôt une entente entre douaniers et hôtesses pour se mettre l'argent des taxes dans la poche au passage, ce qui expliquerait que finalement la fonctionnaire du DAS n'a pas bronché pour corriger mon passeport (on fait ses bénéfices sur tous ceux qui ne râlent pas, de toutes façons...). A bout de forces mais victorieuse, je m'écrase sur mon siège et je suis endormie avant même le décollage...

Avec le recul, je suis arrivée à une autre conclusion. D'après moi, la raison pour laquelle les douaniers refusent systématiquement de me considérer comme une touriste, c'est évidemment à cause de ma tête et de mon espagnol. Comme ils supposent automatiquement que j'ai la double nationalité, ça les défrise que je "n'utilise pas" mon passeport colombien (inexistant en fait). Et cette petite aventure en mars dernier n'a été qu'un avant-goût de ce qui m'attendait depuis que je suis revenue. Comme pour bien confirmer cette version de l'"incident", on m'a refait le coup du tampon "TV" lors de mon arrivée à Bogota en août dernier, compliquant encore plus ma situation vu que je n'avais plus un billet d'avion de deux semaines mais d'un an...

Sunday, January 21, 2007

Los caminos de la vida son muy difícil de andarlos, difícil de caminarlos y no encuentro la salida (Omar Geles - Los caminos de la vida)

A 26 ans (en 2005), ma nationalité colombienne commence vraiment à me tenir à coeur. En plus on ne sait jamais avec les lois sur la nationalité, d'ici qu'ils changenet les critères et que je me retrouve le bec dans l'eau... Donc je repars à la charge du Consulat de Colombie à Paris, pour RE-faire une demande de papiers d'identité colombiens (si vous avez bien suivi: c'est la troisième fois).

Là, je suis pas au bout de mes surprises:
- Une erreur sur le registre? Pas de problème! On n'a qu'à en refaire un nouveau!
- Ah bon, et ça va me coûter combien?
- Mais c'est une procédure absolument gratuite mademoiselle!
- Ah, les lois ont changé alors, et la procédure est devenue gratuite?
- Non mademoiselle, ça a toujours été gratuit.
- Bah et les 1500FF qu'on m'a demandé il y a dix ans????
- Mademoiselle, ça s'appelle Corruption.
- .........!!!!!
Je manque d'en tomber de ma chaise. Comme quoi des fois il vaut mieux ne pas avoir de sous...

La nouvelle fonctionnaire chargée des cedulas me demande alors de lui amener mon extrait de naissance afin de corriger le registre sur la base de mes documents français. Le jour J, en 10 minutes, emballé c'est pesé: registre corrigé et nouvelle demande de cedula effectuée.

Mais surtout, pour la première fois en 3 demandes, la fonctionnaire considère que mon droit à la nationalité colombienne est avéré, et elle m'expédie un document d'identité temporaire, mon premier document d'identité colombien. Et jusqu'à maintenant, le seul...

Je dois avoir l'air un peu trop enthousiaste parce qu'elle s'empresse d'ajouter que "comme (j'ai) fait ma première (sic) demande de papier d'identité à plus de 25 ans", le processus est différent et beaucoup plus long. Au lieu d'attendre un délai très authentiquement colombien de 1 an avant de recevoir le document définitif, dans mon cas je devrais attendre... 2 ans! Ceci parce que l'administration procède à une recherche d'empreinte dans je sais pas quels fichiers... Je manque de l'étrangler quand elle me parle de "première demande", mais je me contiens car j'ai enfin une ébauche de tentative de début de document d'identité temporaire... Putain, deux ans...

Friday, January 19, 2007

Los caminos de la vida no son como yo pensaba, como me los imaginaba, no son como yo creía (Omar Geles - Los caminos de la vida)

A 17 ans, hop, je décide de demander faire mes papiers colombiens. On sait jamais, ça peut servir, et puis ça commence à me tenir à coeur. On fait tout le tralala, le Consulat envoie le tout à Bogota... Un an après: toujours pas de nouvelles!

Or entre-temps j'ai eu 18 ans, et ça change tout en Colombie. En effet les papiers d'identité sont différents pour les mineurs et les majeurs. Le Consulat me dit que ça ne sert donc plus à rien d'attendre vu que maintenant il me faut demander la "cedula de identidad" et non plus la "tarjeta de identidad". Soit... C'est reparti pour un tour: formulaires, photos, empreintes... envoi à Bogota... Un an après: toujours pas de nouvelles!

Là on commence à s'agacer un petit peu et on demande avec insistance des explications au Consulat. La chargée des cedulas part en exploration spéléologique dans les archives du Consulat et retrouve une lettre de l'administration colombienne à propos de ma demande. Et là on apprend, ébahies, l'histoire du nom de famille erroné sur le registre du Consulat de Colombie à Paris.

La fonctionnaire nous apprend alors que ce n'est pas un si gros obstacle. Pour corriger les registres officiels, on a le choix entre payer 1500 FF (si mes souvenirs sont bons) pour une correction du registre sur place... ou on peut aller à Bogota demander à le faire corriger!! Mais bien sûr, y'a juste à sauter dans le bus... A l'époque je n'ai pas 1500FF à dépenser et encore moins 8000FF pour un billet d'avion pour la Colombie. Je n'ai pas non plus assez de motivation, et rapidement je pars sur d'autres projets (le Canada). Donc, je laisse tomber...

Wednesday, January 17, 2007

Je le jure mon enfant, tu verras le monde, et tu seras l'amour car tu porteras mon nom (Diam's - Car tu portes mon nom)

Tout commence un beau jour de l'année 1980, quand mon père va m'enregistrer au Consulat de Colombie à Paris en compagnie de deux témoins...

Sur ma fiche d'état civil, le fonctionnaire de service oublie de noter mon deuxième prénom, ou peut-être que mon père oublie de le donner. Mais surtout, le fonctionnaire se trompe dans mon nom de famille. Pas une faute d'ortographe, mais une erreur dans le "choix" de noms.

En Colombie on porte le premier nom de famille de son père et le premier nom de famille de sa mère. A la génération suivante, idem pour le nouveau né. Donc les noms de famille des grands-mères disparaissent. Chaque personne a donc officiellement 2 noms de famille. Mon père a donc 2 noms de famille.

En France jusqu'à récemment, on donnait automatiquement le nom de famille du père au nouveau né. La plupart des gens ne portent donc qu'1 nom de famille. Ma mère porte donc 1 nom de famille.

Dnas mon cas, en France on m'a donné le nom de famille de mon père, ou plutôt les 2 noms de famille de mon père (puisque comme tout colombien il en porte 2). Ca ne pose pas plus de problème puisque ça suit à la lettre la loi française.

Lors de l'enregistrement au Consulat, le fonctionnaire aurait dû écrire le premier nom de famille de mon père et le nom de famille de ma mère, en laissant tomber le nom de famille de ma grand-mère paternelle qui doit disparaître à la génération suivante. Or... il a écrit les 2 noms de famille de mon père plus le nom de famille de ma mère.

Ma fiche d'enregistrement au Consulat, qui atteste du lien familial avec mon père, citoyen colombien, et qui me donne droit à la nationalité colombienne comporte donc 3 noms de famille dont un qui n'a rien à faire là...

Début des problèmes....

Monday, January 15, 2007

Mais comment on faisait avant, sans télécommande? Il paraît qu'on se déplaçait pour zapper, ça c'est étonnant! (Hocus Pocus - Comment on faisait?)

Un petit coucou à tous ceux qui lisent mon blog!

Un énorme merci à tous ceux qui me laissent régulièrement des commentaires qui font chaud au coeur:
Môman (t'inquiète, je ne suis toujours pas accro au rhum et à l'aguardiente ;-) ),
ChapatiKid (tables are turning... someday I'll take revenge for the Facebook pictures ;-) ),
Katykat (à quant ton blog miss? ;-) ),
Alain de Cherb (hehehe, joli la particule... Un placer leerlo en castellano ;-) ),
et tous les autres...

Pour ceux qui n'ont pas encore eu l'occasion ou l'inspiration , ou pour ceux qui n'ont pas essayé depuis longtemps de publier un commentaire: il y a quelques semaines j'ai introduit une petite modification pour protéger le blog des commentaires publicitaires qui polluent la blogosphère. Maintenant pour laisser un commentaire il faut absolument passer par la vérification des mots, car seul un être humain peut le faire et du coup ça empêche la publication automatique de commentaires.

Vérification des mots, kézako??

Blogger génère automatiquement un "mot", et il faut le recopier tel quel dans la case en dessous, avant de cliquer sur "publier". Si on se trompe, Blogger ne publie pas le commentaire mais ne l'efface pas non plus: il est là, il vous attend. Vous êtes juste revenus à la case départ avec... un autre mot à vérifier!

Bon, je vous l'accorde, les mots de veulent rien dire. Voire même, dans la majorité des cas on n'y arrive pas du premier coup :-) Les amis de ChapatiKid publient d'ailleurs régulièrement le "mot" avec lequel ils ont dû batailler pour arriver à lui laisser un commentaire parce que des fois ça donne des trucs amusants; d'autres fois ils font une mini-compétition pour savoir qui a réussi à publier son commentaire en ratant le moins de fois la vérification des mots! Et ceci venant de bloggeurs expérimentés...

Petit truc de bloggeur: si à vue d'oeil le "mot" a une sale tête, cliquez sur "Publier" sans vous abimer la vue, et Bloggeur vous en proposera un nouveau, peut-être plus sympathique :-) Pensez quand même à garder votre message en copie (Ctrl A+Ctrl C). Au cas où votre ordi déciderait de vous jouer un tour, un petit Ctrl V vous évitera alors des envies de meurtre...

Last but not least, n'oubliez pas que même si vous n'êtes pas bloggeur vous même vous pouvez cliquer sur "Autre" et taper votre nom (le site internet n'est pas un champ requis). Ca permet d'aficher votre commentaire directement avec votre nom, donc ça évite d'oublier de signer. Et c'est vachement plus sympathique pour moi que de recevoir dans mon mail un laconique "Anonyme vous a laissé un commentaire", hehehe...

Bon, je crois que tout le monde est paré pour la suite.

Ces dernières semaines plusieurs d'entre vous m'ont dit que dans mon blog je ne disais pas un mot des difficultés que je leur raconte par d'autres biais. Moi même j'ai frisé l'apoplexie lorsque - alors que j'étais dans la galère jusqu'au cou - on m'a dit pour la énième fois: "Wouah, t'as l'air de trop t'éclater en Colombie!". Après réflexion, je n'ai à m'en prendre qu'à moi de ne pas publier cet aspect de mon séjour en Colombie. Les prochaines semaines seront donc consacrées aux méga galères dans lesquelles je nage depuis mon arrivée. "Prochaines semaines??!! Mais y'en a donc tant que ça à raconter??!!" Attendez de voir... C'est pas pour rien que tout le monde me dit que je pourrais en faire un bouquin...

Sunday, January 07, 2007

Peyi mwen tounen toukou yon fim koboy, tout moun se bang bang Lucky Luke (Carimi - Ayiti Bang Bang)

Lors de la fausse dernière soirée de Sumi à Bogota, j'ai passé la moitié de la soirée à discuter avec le videur. Tout d'abord il nous a laissé à la porte car il était presque minuit. Puis il nous a pris en pitié quand on tournait les talons, dépités, et il nous a fait rentrer: les derniers clients de la soirée.

John Freddy a 20 ans. Ses parents sont du Santander et de Cucuta, à la frontière avec la Colombie, mais il a grandi à Medellin. D'ailleurs, le Cucuta Deportivo a beau être brillant champion de Colombie 2006, John Freddy, comme tous ceux qui ont Medellin dans leur coeur, ne jure que par l'Atlético Nacional. John Freddy a arrêté d'aller à l'école à 15 ans, ce qui n'est pas si jeune en Colombie. La plupart des jeunes finissent le lycée à 16 ans et, s'ils en ont les moyens, se retrouvent directement à l'Université alors qu'ils sortent à peine de l'adolescence. John Freddy, lui, n'a pas eu les moyens. Il a alors pris son sac à dos et est parti découvrir la Colombie. Il a voyagé pendant 4 ans, faisant tous les métiers, et essayant de se tenir à l'écart des "recruteurs" en tous genres. De la chaleur tropicale de la Côte aux paramos du Tolima, il a vu de tout.

Revenu à Bogota il y a un an, il a commencé à travailler comme videur dans la Zona de Tolerancia de La Alameda, entre les Calles 19 et 24, de la Carrera 17 à la Avenida Caracas. Aussi appelée "Zona de Servicios Especiales" (sic), c'est un des quartiers de Bogota officiellement spécialisé dans les bars et clubs ouverts toute la nuit (contrairement aux boîtes de nuit qui ferment à 3h)... et les maisons closes. John Freddy y a travaillé quelques mois, puis il a estimé que c'était trop dangereux et qu'il valait mieux changer de boulot avant d'y laisser sa peau.

Son oncle et sa tante étant propriétaires et gérants d'un bar sur la Avenida Jiménez, il est venu travailler avec eux. Ce n'est qu'à dix pâtés de maison mais ça fait toute la différence. Comme la différence entre la Avenida Jiménez et le quartier de Las Cruces, où il habite, à la même distance mais vers le sud. Techniquement il pourrait y aller à pied, mais c'est hors de question. John Freddy finit de travailler au milieu de la nuit, et dans ce quartier des enfants de huit ans sont armés jusqu'aux dents. Il préfère donc prendre le taxi tous les soirs et rentrer tranquillement chez lui. Il arrive vers 4h-5h à la maison, se fait à manger, écoute de la musique romantique (vallenatos, baladas...), dors quelques heures... En milieu de matinée il s'ennuie chez lui et il repart travailler! Ces derniers jours, on lui a proposé de prendre quelques semaines voire seulement quelques jours de vacances, mais il a refusé: peur de trop s'ennuyer... Et puis c'est une sorte de protection: John Freddy n'est chez lui que quelques heures par jour (ou plutôt par nuit), et ainsi il n'embête personne et personne ne l'embête.

Cette année, John Freddy a envie de prendre une grande résolution et de concrétiser un rêve: il veut entrer dans la Police. Je lui demande si ce n'est pas aussi dangereux que de retourner dans la Zona de Tolerancia, car enfin la Colombie n'est pas un modèle de tranquilité. Mais John Freddy a confiance en sa bonne étoile, et il trouve que c'est un beau métier, proche des gens. A quelques mètres du bar il y a une station de police, et comme il fait le pied de grue devant la porte du bar, il en profite souvent pour discuter avec les policiers de service. Par contre il ne s'engagera jamais dans l'Armée: ça c'est vraiment dangereux! Il ne manquerait plus qu'ils le renvoient dans le monte alors qu'il est revenu à Bogota pour être tranquille!

Malheureusement sa bonne étoile n'a pas été suffisante pour lui éviter une mauvaise rencontre. Un jour, deux hommes et une femme armés de couteaux ont tenté de le voler. John Freddy a résisté, et s'en est tiré avec l'épaule lacérée de coups de couteau. Je lui fait remarquer que j'aurai préféré repartir à poil que blessée. Il me répond que c'est parce que je n'ai pas grandi en Colombie et que je n'ai pas la même vision des choses. Si c'était à refaire il referait pareil, et selon lui si j'avais grandi en Colombie j'aurai réagi de la même façon: il préfère perdre la vie que de se laisser dépouiller.

Cette phrase me restera dans la tête, ou plutôt dans le ventre, pendant des jours et des jours. A force d'y avoir réfléchi, je comprends la théorie: on tient à ce qu'on a durement gagné. Je comprends aussi qu'énormément de gens en Colombie grandissent dans un niveau de violence que j'arrive à peine à m'imaginer, et que ça forge forcément un autre type de caractère. Je comprends enfin qu'on ait envie de dire stop à cette violence, mais ce qui me reste en travers de la gorge, c'est qu'on soit près à le faire à son corps défendant. Pas seulement les militants des droits de l'Homme, les avocats et journalistes, les leaders communautaires qui eux se battent pour des causes plus grandes qu'eux. Mais aussi l'homme de la rue, qui a décidé qu'il voulait vivre en paix, et que ça implique aussi de ne pas se laisser faire.

Après cette discussion, il m'a fallu tout de très longues minutes pour revenir à ce pourquoi j'étais assise dans ce bar: fêter le départ de Sumi. Mais heureusement les délires contagieux de Sumi et Marquinhos ont rendu l'atmosphère plus légère, et j'ai même été invitée par le patron à programmer la musique, hehehe. John Freddy ne m'a pas oubliée et me salue chaque fois que je passe par là, planté devant l'entrée de son bar. J'espère sincèrement qu'il concrétisera sa grande résolution de l'année 2007.

Friday, January 05, 2007

Esta es mi cancion de despedida... (Kaleth Morales- Todo de cabeza)

Revenue de Cartagena en début de semaine, Sumi est repartie faire un tour dans le Boyaca avec Marquinhos le voyageur brésilien, pour visiter Villa de Leyva et Tunja. Elle est de retour aujourd'hui et repart déjà demain: c'est son dernier jour en Colombie.

L'aprèm, shopping! Le cuir est excellent en Colombie, et Sumi se trouve une paire de bottes rouges en cuir souple à tomber par terre. Evidemment, pour un salaire nord-américain ou européen ça vaut vraiment le coup. Les bottes qui m'intéressent moi coûtent l'équivalent de 66€: vraiment pas cher pour des bottes en cuir de qualité supérieure. Le problème évidemment, c'est que maintenant je suis payée en pesos colombiens, et que 200 000 pesos représentent... 1/5 de mon salaire!!! La mort dans l'âme, je m'abstiens... Désormais il faut que je m'habitue et que je commence à ne raisonner qu'en pesos...

Le soir, on trouve un bar dans la Candelaria pour que Sumi finisse son voyage en beauté. Son quart de litre d'aguardiente en Tetrapak à la main, Sumi fête son départ ;-)

Enfin... croyait-on! En fait le lendemain à l'aéroport, Continental lui demande si ça ne la gêne pas de rester un jour de plus, logée au Sheraton tous frais payés et avec un bon de plusieurs centaines de dollaurs US sur un prochain vol, car ils ont fait de l'overbooking. Pas folle la guêpe, on lui répetera pas deux fois! On en profite pour faire tous les petits achats qu'elle n'avait pas eu le temps de faire (cartes postales, souvenirs...). Et on se dit au revoir pour la deuxième fois. Snif...

Le voyage de Sumi en Colombie aura été mémorable, pour elle comme pour moi. Cela faisait 5 ans qu'on ne s'était pas vues, et j'espère que je la reverrai dans moins de cinq ans. D'ailleurs, c'est fort probable, car à peine a-t-elle mis un pied dans l'avion qu'elle était déjà en train de préparer son prochain voyage en Amérique Latine... mais, elle me le jure, pas avant d'avoir appris à parler l'espagnol :-D !!

Monday, January 01, 2007

Relax yourself, girl, please settle down (A Tribe Called Quest - Electric Relaxation)

Jour férié...

Personne en ville...

Rien à faire...

Je décide de profiter d'une journée qui s'annonce magnifique et d'étrenner ce premier jour de l'année dans le Parque Simon Bolivar, sous le soleil brûlant de l'altitude (2600m).

Lorsque je grimpe dans la buseta vers 12h-13h, je suis la seule passagère. Le chauffeur s'ennuie comme un rat mort et me propose de passer devant pour avoir un peu de compagnie. D'habitude c'est quand il n'y a plus de places assises dans la buseta que les chauffeurs acceptent des passagères dans la cabine, mais là le pauvre est désespéré... Il a commencé à 6h du matin et n'a récolté que... 6 passagers au total!!

Le chauffeur me parle de la pluie et du beau temps tout en conduisant. Un oeil dans le rétro et un sur les trous dans la route, un sur les piétons susceptibles de lui faire signe et un sur les feux rouges. Une main sur le volant, une sur le bouton d'ouverture des portes, une à travers le petit guichet où les passagers passent les billets et pièces, une pour trier les billets et rendre la monnaie. Impressionnant... Pendant tout ce temps là, il me raconte sa vie: il vient de Manizales dans l'Eje Cafetero. Manizales est célèbre en Colombie pour sa Feria, qui va d'ailleurs commencer sous peu. Il y a d'autres fêtes taurines dans d'autres villes de Colombie pendant tout le mois de janvier, mais selon lui on ne peut pas comparer car les autres villes n'ont pas... le Reinado Internacional del Café! A part ça, il sait bien qu'un jour le développement du TransMilenio lui coûtera son travail, mais quand même que ça en jette, et puis c'est bien pratique. Il trouve que les gens ont changé à Bogota. Avant les gens rasaient les murs et chacun se méfiait de son voisin. Maintenant les gens sortent plus, de jour et même de nuit; ils se parlent dans la rue. Ca rend la vie plus agréable dans la capitale...

Pendant qu'il me parle, le temps passe et la ville se réveille doucement. Petit à petit la buseta finit par se remplir. Le chauffeur me dépose à l'entrée du parc et je marche vers le lac sous un soleil de plomb. Heureusement, ma peau est maintenant habituée, et je ne me crame plus la figure comme lors de mon premier week-end à Bogota... justement au Parque Simon Bolivar!



Le parc est incroyablement vide pour un jour où personne ne travaille. Déjà en temps normal, on ne voit plus du tout la ville lorsqu'on est au bord du lac dans le parc. Seulement les cerros au loin, et le point blanc immaculé (c'est le cas de le dire) de Monserrate perché là-haut. Aujourd'hui, on en oublierait carrément qu'on est en plein milieu d'une ville de 8 millions d'habitants. Ca fait du bien...

A 16h30 la lune se lève déjà, et une demi-heure après le froid tombe sur la ville. A cette époque de l'année, il fait quelques degrés de plus dans la journée soit 22-23°C (les habitants de Bogota crèvent de chaud) et quelques degrés de moins la nuit, soit 3-5°C (ils crèvent de froid). C'est à nouveau l'"été", et dans un ou deux mois reviendra l'"hiver", d'après les colombiens. Je renonce définitivement à comprendre le climat de Bogota... Mais j'en profite!

Faltan cinco pa' las doce, el año va a terminar, me voy corriendo a mi casa a abrazar a mi mama (Nestor Zevarce - Cinco pa' las doce)

31/12/2006

Le soir du Nouvel An, bizarrement le feu d'artifice éclate à 21h30 du côté de Monserrate. Il n'y en aura pas d'autres, et d'ailleurs il n'y aura aucun autre signe de réveillon de toute la soirée.

Vers 22h je croise le brésilien dans la salle à manger. On décide d'aller boire un verre histoire de ne pas passer le réveillon dans une chambre d'hôtel. On fait un premier tour dans la Candelaria. Tout, absolument tout est fermé; il n'y a même pas un vendeur ambulant. Les rues sont désertes et on ne croise que quelques clochards, des militaires, des maîtres-chiens et autres agents de sécurité. On décide alors de changer de quartier, mais ce soir-là, pas de compteur dans les taxis (obligatoires à Bogota). On trouve finalement un taxiste raisonnable et on file vers la Zona Rosa. Les rues sont absolument vides, encore plus que le 25 décembre au soir quand je suis revenue de Cartagena. Pas un fêtard pressé, pas un bar ouvert, pas une seule fête en vue dans les immeubles environnants. Rien. C'est le silence total. Bogota est une ville fantôme.

Arrivés dans la Zona Rosa vers 23h30, on ne trouve qu'un restaurant et un bar ouverts dans un quartier qui en compte un cinquantaine sur seulement quelques pâtés de maison. On opte pour le bar, qui est moitié moins rempli qu'un soir normal. Trop tard pour la serveuse, on passera minuit le gosier sec! On a discuté et dansé un peu, et à 2h30 le bar a rallumé toutes ses lumières et arrêté la musique = dehors!

Bon, voilà ce qu'a été mon réveillon. Ma première résolution de l'année 2007 est de ne plus jamais passer un réveillon de la Saint-Sylvestre à Bogota. première et dernière fois!

Ps: pour enfoncer le clou, la Saint-Sylvestre à Cartagena c'est la méga-fête, avec places publiques envahies de tables et chaises, concerts, feux d'artifice et rumba toute la nuit... Sumi au moins en aura profité...

Vamos a brindar por el ausente, que el año que viene esté presente (Cornelio Reyna - El ausente)

28/12/2006

Entre Noël et le Jour de l'An, c'est la déprime totale.

Bogota s'est vidée de ses habitants; il n'y a pas un chat dans les rues. Je n'ai pu rester à Cartagena que 3 jours. Je laisse Sumi aux bons soins de mes amis et je repars à Bogota travailler. 90% de mon travail se fait par mail, Internet ou téléphone; les bureaux qui nous hébergent ont fermé, mes interlocuteurs à l'étranger sont tous en vacances; ma superviseure reste joignable mais prend une semaine de repos. Malgré tout ça, je dois être à Bogota... "pour le cas où". Le privilège du dernier arrivé... Jusqu'à la 2e semaine de janvier je n'aurai jamais plus de 2h de travail par jour au lieu de 4, coincée à Bogota.

En plus de ça, je me retrouve entre deux solutions d'hébergement, et je dois me résigner à prendre une chambre d'hôtel en attendant d'avoir à nouveau un toit. Je trouve une auberge de jeunesse dans la Candelaria, prix imbattable, simple et propre. Bizarrement, la pension est spécialisée sur les touristes israéliens, et la moitié des informations aux hôtes sont en hébreu! A part ça, les clients viennent de partout dans le monde et ont tous les profils:
* un trentenaire négociant en pierres précieuses indien, grandi à New York de parents élevés en Tanzanie, qui part voir les mines dans la jungle pour faire les meilleures affaires;
* un autre négociant en pierres précieuses, français d'origine algérienne, qui vient en Colombie depuis plus de dix ans et connaît tous les filons du marché;
* une hippie canadienne, dread locks blondes jusqu'à la taille, qui fabrique des bijoux et les vend dans la rue;
* une jeune femme d'origine colombienne adoptée par des colombiens-américains, qui vient rechercher et faire la connaissance de ses deux familles;
* un brésilien qui a l'accent British en anglais car il a vécu deux ans à Londres, et l'accent madrilène en espagnol car son ex est britanno-espagnole;
* un australien qui trouve la Colombie reposante après avoir traversé la frontière Inde-Chine en jeep en compagnie de trois moines tibétains clandestins;
* deux israéliennes épuisées après 5 mois de voyage à travers l'Amérique Latine, qui ont décidé d'aller s'écraser sur la plage à Taganga, tant pis pour la visite de la Colombie...

Certains sont sympas, intéressants, mais ce n'est pas non plus l'Auberge Espagnole. Ce qui ressort de ma petite analyse sociologique du touriste en Colombie n'est pas très flatteur. Pour la plupart, ils voyagent à travers l'Amérique Latine et en profitent pour visiter la Colombie, la destination ultime. On n'est pas un "vrai" voyageur si on n'a pas "fait" la Colombie. Beaucoup ne parlent pas un mot d'espagnol et font l'effort minimum; pour les échanges culturels on repassera... Plusieurs me disent que je suis la première colombienne avec qui ils parlent (en anglais). Et le programme est serré, pas vraiment de place à l'improvisation car il y a encore 2 mois de voyage derrière.

D'ailleurs, le quotidien du tour-du-mondiste n'est pas bien attrayant. Un pot-pourri des discussions avec mes co-hôtes, ça donne: Arrivés dans la nuit après un voyage de 24h en provenance d'une capitale voisine, la grasse mat' est royalement autorisée jusqu'à... 8h. Les cernes bien marquées, direction le supermarché pour le ravitaillement, puis étude des guides touristiques et élaboration du programme du jour entre deux fourchettes d'oeufs brouillés-saucisses-céréales. Sans plus traîner, on lace les grosses chaussures, on vérifie les batteries de l'appareil photo numérique, bouteille d'eau dans le sac à dos et top départ! Retour épuisés à la tombée de la nuit, il faut maintenir les yeux ouverts et passer 2h à mettre les photos en ligne pour les amis. Puis on refait les sacs car on prend le premier car le lendemain. On se reposera pendant les 15h de route (sic)... Dans ces conditions, je suis bien contente de ne connaître "que" trois pays d'Amérique Latine, et je laisse le fantasme du Tour du monde à d'autres!

Las campanas de la iglesia están sonando, anunciando que el año viejo se va, la alegría del año nuevo viene ya (Néstor Zavarce - Cinco pa' las doce)

26/12/2006

Pour illustrer ce que je voulais dire sur les Noëls à Montréal et à Cartagena, voilà mon amie KatyKat à Montréal à peu près au même moment que moi à Cartagena. Je ne sais pas quelle est la meilleure façon de passer Noël, mais je sais juste que ça n'a rien à voir!


Yo no olvido al año viejo, porque me ha dejado cosas muy buenas (Tony Camargo - Yo no olvido el año viejo)

25/12/2006

C'est Noël (en vrai :-) )!

Je n'oublierai pas plus ce 25 décembre que le réveillon. Je repars ce soir à Bogota, et Sumi déménage donc dans une auberge de jeunesse du centre ville histoire d'être plus près des sites à visiter ... et de la plage ;-) Sac à dos déposé, on en profite pour faire un tour dans le centre historique de Cartagena, pratiquement seuls dans les rues en ce 25 décembre. C'est l'occasion de prendre des photos comme ce n'est sûrement possible qu'1 ou 2 jours dans l'année (Noël, 1er janvier), et de vous montrer ENFIN de quoi je parle quand je divague sur les murailles, l'architecture coloniale, le patrimoine de l'Humanité... la plus belle ville de Colombie (hehehe, jugement totalement subjectif mais partagé par des millions de colombiens...). Sans plus de commentaires (et merci à Sumi pour ses photos des palenqueras et des murailles):













Un abrazo a mi vecino, un trago'e ron p'al amigo que se va, la alegria de nuestros hijos, el año que viene ya (Gloria Estefan - Felicidades)

24/12/2006
C'est Noël!!!

La journée commence doucement pour cause de récupération de la soirée de la veille ;-) Mon oncle se réveille à 10h (au lieu de 4h30!!) et renonce donc à ses 2h de vélo matinales vu qu'il fait déjà plus de trente degrés. On commence la journée affalés sur des chaises en plastique sur la terrasse en écoutant du vallenato à fond la caisse, une bière glacée à la main. C'est une étrange sensation de lendemain-veille de fête :-)

La saison taurine approche en Colombie, et un voisin tient à nous initier aux subtilités de la "corraleja". Les baffles géantes ont déjà été déménagées sur la terrasse donc pas de problème pour déplacer le meuble télé itou... En matière de "La corraleja pour les Nuls", on a droit à un best of des vidéos les plus croustillantes des corralejas colombiennes. La corraleja, c'est comme les lâchers de taureaux dans les villages d'Espagne, sauf que ça se pratique dans une arène montée pour l'occasion. Les intrépides se battent au portillon, armés de divers accessoires pour attirer le taureau (le parapluie est un must). Et là, c'est le carnage... corps piétinés par le taureau, lancés plusieurs mètres en l'air par ses cornes, éventrés (avec zoom du cameraman histoire de voir de ses yeux vus que le gars n'est pas près de se relever...), chevaux massacrés, vaines tentatives de sauvetage, évacuation des agonisants par le col de la chemise (civière? minerve? connais pas!). Commentaires de mon oncle (approuvé par toute l'assistance): "s'il n'y a pas de mort(s) pendant la corraleja, c'est une mauvaise année..." Les voisins nous apprennent les arcanes de la corraleja: la plupart des intrépides payent pour entrer dans l'arène (et risquer leur vie!!) mais d'autres sont payés. C'est par exemple le cas lorsqu'un éleveur décide de se débarrasser de l'un de ses taureaux qui a trop mauvais caractère, et propose une récompense pour celui qui parviendra à planter les banderilles. Sumi et moi sommes au bord du vomissement, mais le reste de l'assistance s'éclate... Trois jours après, mes amis emmèneront Sumi à la corraleja de Turbaco, qui marque le début de la saison taurine sur la Côte. Moi merci, ça m'a pas manqué!

Heureusement, c'est l'heure de partir à la plage. Yiiihhhaaaaa!!!! On part pour Bocagrande en troupeau (hahaha) et on marche pendant un temps interminable car les messieurs n'arrivent pas à se mettre d'accord sur la meilleure plage. Trop de choix tue le choix... Et on se pose donc à Castillo Grande une demi-heure avant le coucher du soleil. Sumi fait la planche dans la mer en grignotant des bâtons de mangue verte salée sur fond de soleil couchant... c'est le plus beau jour de son année 2006, me dit-elle. Je n'arrive pas à croire que c'est Noël et j'essaye déséspérément de trouver le lien entre ce que j'ai sous les yeux et mes Noëls d'il y a 3-4 ans (Montréal, tempêtes de neige, jus de canneberge...). Ben en fait y'en a qu'un... c'est moi! Je savoure chaque seconde...

Bon, c'est pas tout ça mais y'a un réveillon à préparer! Direction le supermarché, car Sumi et moi, vaillantes, avons promis de cuisiner la moitié du repas de Noël :-) A 20h-21h, le centre commercial est plein à craquer. Normal, ici on ne commence à manger qu'à minuit. Au menu, plus métissé, c'est pas possible:


Foie gras allongé sur son canapé
Boeuf en sauce créole
Riz à la noix de coco
Haricots verts à l'ail
Pommes de terre masala
Fontaine d'Uva Postobon

A minuit, tout le monde s'embrasse, et on commence à manger. Enfin presque. Il faut d'abord servir une assiette pour la voisine qui a fait goûter sa cuisine la veille, puis servir quelques toasts de foie gras aux opportuns visiteurs qui viennent de passer nous souhaiter un Joyeux Noël, puis encore deux autres assiettes pour les voisines sinon on se fait mal voir... Bon ok, à notre tour! Etrangement, on n'a pas raté notre coup et les saveurs se marient bien. Le seul petit problème, évidemment, c'est le foie gras par 30 degrés... Il a beau être dans le congélateur depuis son arrivée à Cartagène, et sorti au dernier moment, c'est la fonte des glaces accélérée (cf l'amas jaune vif sur la petit assiette)! Mais bon, j'ai pas encore battu le record de Môman avec sa légendaire tentative d'importation de camembert à Cartagena il y a vingt ans, hihihi...

La tradition pour les jeunes, c'est de sortir danser après le repas de Noël. Mais entre les émotions du jour, la plage et le repas de Noël, Sumi et moi nous endormons en quelques secondes malgré l'air saturé de décibels dans tout le quartier... Joyeux Noël!